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Les créations des princes-évêques von Schönborn en Franconie : Gaibach, Seehof, Pommersfelden, Würzburg par Emmanuel DUCAMP – Château de Bénouville
La forme actuelle de l’organisation administrative de l’Allemagne, en seize Länder différents, est largement tributaire de son histoire ancienne, lorsqu’elle était constituée d’états souverains tels que les royaumes de Bavière, de Wurttemberg et de Prusse ou les grands-duchés de Bade, de Saxe, et de Hesse. Mais on oublierait presque qu’elle était encore plus morcelée jusqu’au début du XIXe siècle, avec près de trois cents entités administratives incluant également des villes libres et des principautés ecclésiastiques.
Les stratégies politiques des souverains allemands intégraient pleinement ces territoires dont le poids pouvait devenir décisif puisque certains des princes-évêques – ou Kurfürst – participaient à l’élection de l’empereur du Saint-Empire Romain Germanique, à Francfort.
D’une façon inhabituelle, la famille de Schönborn se distingua au XVIIIe siècle en réussissant à contrôler sur plusieurs générations, d’oncle à neveu, aussi bien les archevêchés électorats de Mayence et de Trêves que les évêchés de Bamberg et de Würzburg, situés en Franconie, territoire aujourd’hui intégré au Land de Bavière.
Soucieux de faire briller leurs cours, les princes évêques de Schönborn enrichirent considérablement le patrimoine architectural – ou paysager – de la Franconie. Voulus par le prince-évêque Lothar-Franz von Schönborn, les jardins particulièrement élaborés de Schloss Gaibach et de Schloss Seehof, aujourd’hui entièrement ou partiellement détruits, nous sont aujourd’hui connus par les gravures de Salomon Kleiner ; comme celui de Pommersfelden, dont le château de Weissenstein, l’un des plus beaux monuments de toute l’Allemagne, a heureusement survécu. Pareillement, le château de Würzburg, créé au milieu du XVIIIe siècle pour le neveu de Lothar Franz, le prince-évêque Johann Philipp Franz von Schönborn, abrite un escalier unique, chef d’œuvre de Balthazar Neumann, orné de fresques du grand Giovanni Battista Tiepolo, ainsi que des intérieurs baroques et néoclassiques admirablement restaurés après les dommages de la Deuxième Guerre mondiale.
Conférence organisée dans le cadre du 30ème anniversaire du partenariat Calvados / Basse-Franconie. En collaboration avec le service Europe du Conseil départemental du Calvados.
Emmanuel Ducamp
Diplômé en Droit et Histoire de l’Art de l’Université de Paris X, Emmanuel Ducamp a été directeur éditorial chez Alain de Gourcuff Editeur à Paris entre 1992 et 2001. A ce titre, il a coordonné la publication d’une série d’ouvrages sur l’architecture, les arts décoratifs et l’art russe aux XVIIIe et XIXe siècles. Avec Oleg Neverov, conservateur au musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg, il a collaboré à l’ouvrage « Grandes collections de la Russie impériale », publié en France en 2004 (Flammarion). Plus récemment, il a dirigé la publication de « Tsarskoïe Selo », grand ouvrage sur les palais et jardins de cette résidence impériale d’été (Swan Editeur, Paris, 2010, et Thames & Hudson, Londres, 2012) et publié « Saint-Pétersbourg », grand livre de référence sur l’histoire générale et l’architecture de la ville et de ses palais (Editions Citadelles et Mazenod, Paris, 2012). Les jardins étant un de ses grands centres d’intérêt, Emmanuel Ducamp s’intéresse depuis longtemps aux parcs impériaux et aristocratiques en Russie, desquels il a publié de nombreuses aquarelles conservées dans les collections des musées russes. Professeur à l’Ecole du Louvre, il donne régulièrement des conférences sur des sujets russes ou français en Angleterre et aux Etats-Unis (Metropolitan Museum of Art, New York ; J.-Paul Getty Museum, Los Angeles ; San Francisco Museum of Art, etc). Membre de l’Association des Parcs botaniques de France et de la Société des Amateurs de Jardins, Emmanuel Ducamp est président de l’Association Paris-Saint-Pétersbourg, qui promeut les rapports culturels entre la France et la Russie.
A lire :
Saint-Pétersbourg, Citadelles et Mazenod, 2012
Tsarskoïe Selo, Swan Editeur, 2010 et Thames & Hudson, 2012
Grandes collections de la Russie impériale, Flammarion, 2004