Identification et description | |
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Nom du parc | La Grange Huguenet |
Commune | Besançon |
Département | Doubs |
Région | Bourgogne-Franche-Comté |
Type de propriétaire | Propriétaire privé |
Coordonnées | 32 Avenue de Montrapon25000, BesançonMail : lagrangehuguenet@cegetel.net |
Localisation | Latitude : 47.2469016073661 |
Longitude : 6.00784778594971 | |
Source | Inventaire des Parcs et Jardins – Comité des Parcs et Jardins de France – mai 2007 |
22 Mai 1674 : Louis XIV dîne sur une table de pierre ovale sous les ifs de La Grange
dite de « Calmoutier ». Après avoir assisté à l’assaut victorieux de la citadelle
par ses troupes, depuis la fenêtre du premier étage, le roi, heureux de sa conquête,
vient d’offrir son épée au propriétaire du domaine. La devise du roi : « Deo Soli
Gloria » s’inscrit, depuis dans la pierre de la porte d’entrée. Il faut rappeler que
lors de la deuxième conquête de la Franche-Comté, Besançon résista de nombreuses semaines
au roi de France et que la Franche-Comté fut la dernière région à être rattachée à
la France.
Les bâtiments sont contemporains du Grand Roi, il s’agit d’une ferme avec, de part
et d’autre d’une cour, à l’ouest les bâtiments agricoles intégrant le logement du
fermier (le poêle et son four à pain) et à l’est, les pavillons d’habitation des propriétaires.
Elle possède une vieille citerne du XVe qui servit jusqu’à 1930. La Grange était au centre d’un vaste domaine agricole ;
la devise de la propriété « nihil sine labore », inscrite à l’entrée de la cour, témoigne
de l’intense activité qui devait y régner. Un plan de la première moitié du XVIIIe siècle révèle que le bâtiment agricole comportait une serre permettant de faire hiverner
les orangers qui décoraient la grande allée d’honneur au nord de la cour.
A la fin du XVIIe siècle les propriétaires étaient de riches négociants bisontins, les Rochet. L’un
d’entre eux fut maire de Besançon en 1707. Au XVIIIe siècle, ses deux neveux, les frères Huguenet, dont l’un était médecin et l’autre
procureur du roi, laissèrent leur nom à la propriété. Ils vendirent leur domaine à
Jean François Munier, simple cultivateur devenu riche négociant en vin, le 9 décembre
1791. Une grande partie du quartier de Montrapon lui appartenait et sa richesse lui
permis d’offrir une cloche à l’église de la Madeleine. Avec lui, La Grange devint
un vaste entrepôt à barriques, elle disposait d’un pressoir. Le clos actuel existait
déjà et ses combes étaient plantées d’arbres fruitiers. La table de Louis XIV et ses
ifs étaient déjà considérés comme des souvenirs historiques.
En 1848, Alphonse Delacroix architecte de la ville, du département et du diocèse et
qui avait épousé Jenny Munier, petite fille de Jean François, s’installa à La Grange.
Il fut pendant plus de 40 ans l’architecte de la ville de Besançon dont il fit évoluer
l’urbanisme en profondeur (promenades, fontaines, écoles...). Il s’est aussi illustré
par ses recherches archéologiques puisqu’il fut l’inventeur de l’Alésia franc-comtoise
d’Alaise (Doubs). Il fut aussi géologue puisqu’il découvrit les mines de sel de Miserey,
assurant les approvisionnements de la place forte qu’était alors Besançon. Il fut
à l’initiative de l’exposition universelle de 1860 de Besançon afin de promouvoir
l’industrie (horlogerie...) et les arts locaux. Enfin, s’inspirant des Romains, il
fit revenir à Besançon les eaux de la source d’Arcier afin de remplacer les eaux insalubres
pompées dans le Doubs depuis plusieurs siècles. L’histoire nous raconte qu’il quittait
la ville le soir, pour dîner, respirer et dormir à la campagne, dans la vieille bâtisse.
La Grange était sa « villa » au sens romain du terme. Là ce grand esprit appréciait
tout particulièrement la possibilité de s’isoler avec ses amis archéologues, peintres,
sculpteurs, philosophes ou architectes. (Castan, Considérant, Bial, Ducat, Baron,
Français, Petit, Henri et Brice Michel, Quicherat...) pour refaire le monde et s’avancer
sur de nouveaux terrains : études celtiques qui aboutirent à la découverte de l’Alésia
franc-comtoise d’Alaise dans le Doubs, organisation de l’exposition universelle de
Besançon en 1860 (promotion de l’horlogerie bisontine), découverte des gisements de
sel de Miserey, création de la société d’émulation du Doubs, création de la société
de Secours Mutuels établie pour la classe ouvrière etc...
La Grange fut l’objet d’attentions particulières de sa part, qui lui ont donné son
aspect d’aujourd’hui, d’une belle et solide maison de campagne. Il s’appliqua toujours
à conserver l’aspect initial de cet ensemble mais chercha à en améliorer le confort.
Il rendit donc les bâtiments plus fonctionnels et créa d’importantes baies vitrées
sur la façade est, d’où on jouissait alors d’une large vue sur la ville et ses alentours.
Il installa son bureau dans une extension d’un style rocaille hardi. Le clos fut l’objet
de la même créativité dans la continuité : notre architecte respecta les anciens massifs
d’ifs et de charmes et créa le parc actuel, selon les mêmes principes et avec les
mêmes espèces (wellingtonias, cèdres, sophoras...) que lorsqu’il conçut la remarquable
promenade bisontine « Micaud » en 1838. C’est à cette époque que la charmille en tonnelle
qui avait succédé aux orangers des Huguenet devint la grande voûte actuelle.
L’architecte Delacroix compte parmi ses descendants, trois personnalités intéressantes :
- son petit fils, le sculpteur Alphonse Voisin, mort en 1893, à l’âge de 35 ans. Il
venait de rencontrer un grand succès dans la célèbre galerie parisienne Georges Petit,
avec son associé le céramiste Dalpayrat, lors d’une exposition-vente de leurs céramiques
en grès flammés ;
- son arrière petit fils l’archéologue Robert Demangel fut directeur de l’école française
d’Athènes et s’illustra tout particulièrement sur les sites de Délos et de Delphes ;
- son arrière petite fille, Andrée Demangel Pernel fut surtout célèbre à Besançon
pour ses sculptures d’arbres sur pied (Vierge à l’enfant, Christ...). Cette habituée
du Salon des indépendants était aussi une excellente pastelliste.
La Grange Huguenet reste la propriété familiale des descendants d’Alphonse Delacroix ;
Robert Guillaume en assure la gérance. L’association (loi de 1901) « Les Amis de La
Grange Huguenet » compte plus de 400 membres et a pour vocation d’assister les propriétaires
dans leurs projets de sauvegarde et d’ouverture au public.
« La Grange Huguenet de Besançon (Doubs) présente un intérêt d’histoire et d’art suffisant
pour en rendre désirable la préservation en raison de la rareté des granges urbaines
aussi complètes et en raison des aménagements apportés par l’architecte Delacroix,
caractéristiques de l’art de vivre du XIXe siècle ».
Cet extrait de l’arrêté préfectoral du 29 novembre 2000 officialisant l’inscription
au titre des Monuments Historiques résume bien le caractère exceptionnel de La Grange
Huguenet, vieille bâtisse familiale chargée d’histoire, enfouie dans 4,5 hectares
de nature en plein coeur de Besançon. Il s’agit du plus grand parc de Besançon. Le
site est classé depuis 1937, à la demande de Robert Demangel (archéologue et copropriétaire)
pour le préserver des risques au niveau urbanisme. Au niveau du POS, il s’agit d’un
espace boisé classé et d’une zone non constructible.
Superficie : 4ha
Protection : inscrit au titre des Monuments Historiques
Arbres : ifs tricentenaires de Louis XIV, cèdres, séquoia, févier d’Amérique, sophora, etc.
Arbres d’alignement : allée de noyers, deux charmilles
Arbres fruitiers : cerisiers, pommiers, poiriers, pruniers
Arbustes : nombreuse espèces : seringua, forsithia...
Plantes vivaces : très grande glycine sur la maison...
Fleurs annuelles : nombreuses variétés
Ouverture au public : oui
Visite libre : oui
Visite guidée : oui
Type de jardin : Jardin à l'anglaise
Statut du jardin : privé
Accueil du public : ouvert au public
Classification : Inscrit au titre des Monuments Historiques