Ce jardin est le jardin de ma vie. Mon enfance à St Cloud, au pied des jardins dits du Trocadéro, à l’intérieur du Parc de St Cloud. Terrain de jeu, pendant et après l’école, entre allées sinueuses, bosquets, pièce d’eau et volière. Aménagé sous Louis XVIII et Charles X, destiné aux « enfants de France », neveu et nièce du Roi, il présente une collection botanique riche et diversifiée. Entre forêts et étangs du Gâtinais, territoire de chasse, chez mes parents, pour les week-end et les vacances. Dans l’Aude près de Carcassonne, l’été, chez ma grand-mère, au milieu de jardins potagers et fleuris, à l’ombre d’une magnifique serre, d’une terrasse reflet d’une vie en Afrique et d’un jardin de bambous souvenir de ce que fut l’Indochine où elle habita un temps. Pour finir, le Surrey, en Grande-Bretagne, de mes années d’adolescence. Ce manoir est ma maison depuis 23 ans.
Un jardin, pour moi, se pense, se ressent autour du bâti. J’ai pris le temps nécessaire pour aménager la maison. Le temps pour observer la nature. Le temps de l’arrivée de mes trois enfants. Le temps aussi de m’imprégner de ce qui existait autour de chez moi, ailleurs, que j’aimais. Un peu en vrac, j’ai acheté fruitiers, rosiers anglais, vivaces avant de me décider à aller du côté de la Lande Chevrier à la rencontre de Pierre et Marie-France Joyaux. Structures Végétales, le livre de Pierre Joyaux, pour m’aider à donner un sens à l’espace.
Fille d’un père promoteur qui, dès l’enfance, m’emmena sur ses chantiers, au contact d’architectes, j’ai continué peu à peu ce jardin à ma façon. Consciente de mes lacunes en reconnaissance des végétaux j’ai suivi des cours de botanique après un peu de jardinage et d’Histoire des Jardins. Assidue des fêtes de plantes j’ai rencontré Claudie et Gérard Adeline. Leur aide a permis à mon jardin de se parer, selon les saisons, en écorces, fleurs, feuillages ou fructifications tous plus beaux les uns que les autres. Grâce à eux l’Arboretum a pu voir le jour. Petit Domaine Seigneurial morcelé à la révolution, cette maison c’est aussi l’histoire d’un village de France. Dès mon arrivée les « anciens » m’ont raconté « leur maison ». L’histoire d’une famille importante au XIXe siècle. Importante pour le village, pour la maison. Qui demanda au curé du village un travail de recherches et d’écriture. Depuis peu ce Domaine est conforme au Plan Terrier de la fin du XVIIe siècle. Là encore le végétal fit le lien. Christian Coureau vint pour tailler « en nuages » des buis anciens, marqueurs historiques de la maison. J’avais mis en jauge quelques Bambous, reliques de la métairie reconstituée, à la place d’anciens viviers en bordure de rivière. Autour d’eux, Christian imagina avec moi la suite de ce que fut le jardin de ma grand-mère. Je souhaite vous accueillir dans mon jardin ouvert depuis un peu plus d’un an. Sur 4,5 hectares vous trouverez bancs et chaises longues pour vous reposer ou rêver. Cabanes et aire de jeux attendent les plus jeunes des visiteurs.