Le « fonds du duché de Caderousse » provient de la dévolution des archives conservées dans le château de Caderousse lors de la mort sans descendance directe du dernier duc, Emmanuel Jean Ludovic de Gramont, survenue dans sa trentième année, accidentellement, en 1865.

Le fonds comprend les archives des deux familles qui ont détenu successivement le duché, la famille d’Ancézune, la famille de Gramont, augmentées inégalement et partiellement des archives de familles et de seigneuries comme la baronnie du Thor ou la seigneurie de Saint-Alexandre, essentiellement au cours de la période médiévale et au début du XVIe siècle. Coseigneur de Caderousse, connue depuis la fin du XIe siècle, la maison d’Ancézune obtint l’érection de la seigneurie en duché en 1665 par bulle du pape Alexandre VII. Ce n’était déjà plus la branche aînée qui se trouvait à la tête des domaines, deux substitutions de cadets ayant dû survenir au cours du XVIe siècle.

Joseph André Cadard d’Oraison d’Ancézune, sans descendance, fit de la maison de Gramont son héritier en la personne de Marie Philippe Guillaume de Gramont, famille alliée aux Ancézune. Originaire de Navarre et du Béarn, la maison de Gramont était solidement implantée en Dauphiné et assurait pour le roi le gouvernement de Crest.

Leur position sociale leur permit de s’allier aux maisons nobiliaires célèbres que furent les Crussol d’Uzès, Tournon, Alemand, Sassenage, Grignan, Simiane de Gordes, Rambures de Courtenay, Guénégaud de Plancy et Guercheville, Oraison, Colbert de Torcy, Sinety de Levis, Vassé, Paulze d’Ivoy... Bien que résidant à Caderousse, Avignon ou Paris, en Bourbonnais, en Savoie, les ducs et duchesses du XIXe siècle participèrent cependant amplement à la vie locale comtadine et furent précurseurs pour les travaux d’aménagement des rives du Rhône.

Les archives conservées à l’époque de la Révolution dans le château de Caderousse furent mises sous scellés lorsque le duc de Gramont-Caderousse fut porté sur la liste des émigrés. Un inventaire en fut dressé en octobre-novembre 1792, ce qui avait échappé au « brûlement » des années 1790-1791 fut transporté en novembre 1792 dans le dépôt du district, dans l’ancien archevêché d’Avignon. Philippe Marie Gramont-Caderousse obtint sa radiation de la liste en janvier 1795, la réintégration dans ses possessions et la restitution de ses archives en octobre 1795. Depuis lors, la majorité des archives paraît demeurer dans le château de Caderousse, les documents de la gestion courante se trouvant aussi à Paris ou dans les mains des comptables.