Chacun d’entre nous possède, peu ou prou, une image du jardin potager, que ce soit celui qu’entretenait l’un de ses aïeux ou celui de l’un des châteaux parcourus à l’occasion d’une visite. Jardin vivrier, jardin nourricier, jardin légumier, jardin potager, fruitier-potager, potager-fruitier, cultures maraîchères… autant de mots qui désignent la parcelle consacrée à la culture de plantes alimentaires. Depuis le Moyen Âge, le jardin potager a été tantôt glorifié et admiré, tantôt déclassé, méprisé et rejeté, pour finalement disparaître, avant de réapparaître sous des formes multiples depuis quelques décennies. Le jardin potager est abondamment traité dans la littérature horticole, en revanche il est peu visible dans les écrits de l’art des jardins, sans en être néanmoins jamais totalement absent. C’est l’analyse de sa place dans l’organisation spatiale et sociale des parcs et jardins qui sera le fil conducteur de la présentation à partir de textes et plans qui figurent dans les ouvrages des paysagistes, au cours des siècles.

Yves-Marie Allain est ingénieur horticole et paysagiste D.P.L.G., formé sur le site du Potager du roi à Versailles. Il a d’abord été directeur d’espaces verts de collectivités locales avant d’intégrer le Muséum national d’histoire naturelle, en charge des collections végétales vivantes du Jardin des plantes de Paris et de l’Arboretum national de Chèvreloup. Il termine sa carrière à l’inspection générale de l’environnement. De 1998 à 2005, il siège comme membre de la Commission supérieure des monuments historiques (section parcs et jardins) du Ministère de la culture. Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur la relation des hommes et des plantes, dont Une histoire des serres, Une histoire des jardins botaniques aux éditions Quæ, ou comme co-auteur de Art des jardins en Europe, l’évolution des idées et des savoir-faire, éditions Citadelles-Mazenod.