Identification et description | |
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Nom du parc | Villa et jardins Ephrussi de Rothschild |
Commune | Saint-Jean-Cap-Ferrat |
Département | Alpes-Maritimes |
Région | Provence-Alpes-Côte d’Azur |
Type de propriétaire | État |
Coordonnées | Villa Ephrussi de Rothschild06230, Saint-Jean-Cap-FerratMail : message@villa-ephrussi.com |
Site Internet | www.villa-ephrussi.com |
Localisation | Latitude : 43.6967656897482 |
Longitude : 7.32848167419434 | |
Source | Inventaire des Parcs et Jardins – Comité des Parcs et Jardins de France – mai 2007 |
Une rose excentrique
Par sa naissance puis par son mariage, Madame Ephrussi devait devenir l’un des plus
grands collectionneurs de son siècle. Fille du baron Alphonse de Rothschild, elle
grandit au château de Ferrières. Là, elle s’initie à l’art grâce à la fabuleuse collection
de James de Rothschild. En 1883, elle épouse Maurice Ephrussi ("Frousse", comme elle
le surnomme affectueusement). Elle entre alors dans une famille de banquiers et d’exportateurs
de blé originaire d’Odessa, eux-mêmes collectionneurs et amis des Rothschild. Un des
cousins de son époux n’est autre que Charles Ephrussi, mécène des impressionnistes.
Pour la construction de la villa, elle s’adjoint les talents de tous les experts et
marchands, amis de la famille. Un conseil d’excellence, efficace, à en juger par les
pièces exposées ici. La prospection, à travers le monde, commence, jubilatoire et
élitiste. Les recherches portent leurs fruits : la baronne fait parvenir par le train
de Beaulieu des oeuvres qu’elle sélectionne sur le quai de la gare. Petite anecdote :
un jour, elle achète les ruines d’une chapelle, pour ne garder qu’une fresque !
Au cours de ses pérégrinations, elle affirme, outre sa passion pour l’art, son amour
de la nature. Vérone, Florence, Venise entre autres (d’où le terme de palazzino),
des jardins exotiques aux déserts, tout la fascine. Et naturellement, de la même façon
qu’elle s’entoure d’oeuvres d’art, elle recrée dans la villa un cadre propre à répondre
à son insatiable curiosité. Entre bon goût et fantaisie, la baronne choisit le fantasque
telle une jolie fleur d’extravagance.
Béatrice Ephrussi reçoit ses fournisseurs toute de rose vêtue, de l’ombrelle de soie
à la pointe des bottines ; même le sac à main en peau de crocodile n’y échappe pas.
Du rose, encore du rose, partout du rose. A la fois couleur et fleur. Édifier une
villa rose, faire de cette fleur mythique l’ornement indispensable de chaque pièce.
Mme Ephrussi voue un culte à cette couleur. Sa villa de Monte-Carlo ne s’appelle-t-elle
pas "Rose de France" ? Elisabeth de Gramont fait ainsi son portrait : "Elle était
ravissante et dès l’âge de vingt ans, ses cheveux devinrent blancs, ce qui lui donnait
l’air d’être poudrée. Elle portait presque toujours des robes roses et semblait partir
éternellement pour un bal paré." Et Béatrice ne s’arrête en si bon chemin. Elle compte
bien recevoir ses amis avec le faste d’une Marie-Antoinette, transformer sa maison
en zoo exotique, havre de paix pour ses compagnons favoris : perruches, singes, mangoustes,
flamands roses... Encore du rose... Extravagante, excentrique, la baronne n’en demeure
pas moins fidèle.
Elle séjourna peu dans ce palazzino, et n’y habita plus du tout après la mort de son
mari, en 1916, préférant alors ses résidences de Monte-Carlo. Elle s’éteint en 1934
à l’âge de 70 ans, léguant sa propriété à l’Académie des Beaux-Arts.
La Belle Époque de la Riviera
La Riviera. Un nom évocateur de luxe, de richesse. Un condensé d’élégance sur quelques
kilomètres entre ciel et mer. Emplacement idyllique pour les volontés impérieuses
de Béatrice. En effet, apprécié pour sa beauté mais aussi pour la proximité de Nice
et de Monte-Carlo, le Cap Ferrat attire à la belle Époque l’attention de l’élite internationale,
qui prend ses quartiers d’hiver sur la Riviera. En 1905, Mme Ephrussi acquiert sept hectares de terrain sur la partie la plus étroite de l’isthme.
Un achat au nez et la barbe du roi Léopold II de Belgique, qui aurait volontiers agrandi
le parc de sa villa voisine, avec ce paradis terrestre.Un paquebot en partanceLa topographie
même de son nouvel Eden inspire déjà la baronne. Elle décide de concevoir le jardin
principal comme le pont d’un paquebot. En effet, quel que soit l’endroit où l’on porte
le regard, on voit la mer. Béatrice peut ainsi s’imaginer à bord du paquebot "Œle
de France". Laisser remonter les souvenirs heureux d’une croisière à bord de ce navire.
C’est décidé : la villa sera baptisée "Œle de France" ! De la loggia, l’amirale Béatrice
peut même surveiller son équipage de trente jardiniers, coiffés de bérets à pompon
rouge.
La villa est entourée de neuf magnifiques jardins ornés de patios, de cascades, de
bassins, de parterres fleuris, d’allées ombragées et d’arbres aux essences rares :
jardins florentin, espagnol, à la française, exotique, lapidaire, japonais, provençal,
roseraie et enfin jardin de Sèvres. La réalisation des jardins nécessita sept ans
de travaux, de 1905 à 1912. Comme pour la villa, elle a fait appel à des personnalités
de renom comme Harold Peto, Achille Duchêne. Paysagiste fort prisé en Europe et aux
États-Unis, il a bâti sa réputation sur la création de jardins d’inspiration classique.
Senteurs et splendeurs des essences, diversité des plantations ravissent le visiteur,
étonné et charmé par tant de magie végétale. Pénétrer dans cet Eden, c’est embarquer
pour un voyage autour du monde. Une croisière transatlantique.
Le jardin à la française domine tous les autres. Par sa taille et par son emplacement.
Il se trouve dans le prolongement direct de la villa. Du bâtiment, la perspective
s’impose, magnifique, close en son terme par le temple de l’Amour. Cette réplique
exacte de celui de Trianon domine la cascade à degrés. La pente de celle-ci a d’ailleurs
été spécialement structurée pour donner à l’eau un effet de blancheur, le fameux "chale
d’eau" des Orientaux. Côté jardin, le lieu offre aux amoureux de l’art une vue unique
sur le palazzino. L’été, lotus et nénuphars colonisent les grands bassins. Les pelouses,
ornées de pots à feux classiques et de grands vases Renaissance italienne, se prélassent
dans un agencement parfait. Sur la terrasse du Levant, les sculptures catalanes attendent,
sereines, sûres de leur succès auprès du visiteur. Émerveillement face à une nature
épanouie et pourtant si structurée.
En descendant les grandes marches, le visiteur atteint le jardin espagnol. Datura,
arums, chèvrefeuille exhalent, l’été, leurs parfums entêtants. Aranjuez n’est pas
loin... A l’extrémité de ces escaliers, une grotte, cachée derrière les colonnes de
marbre rose. Une nouvelle subtilité dans cet isthme enchanté. Au milieu de la grotte,
la fontaine au dauphin. Grâce à elle, le bassin prend toute son importance dans le
décor, et s’étend au pied de la pergola, parée d’amphores catalanes et d’un banc gallo-romain.
Une pause hors du temps, à l’ombre des colonnes.
Au-delà du bassin et de la pergola, face à la rade de Villefranche, le jardin florentin.
Nouveau changement d’univers. En son centre, un grand escalier en fer à cheval encadre
une grotte rocailleuse : derrière les philodendrons, jacinthes d’eau et autres papyrus,
un éphèbe de marbre détourne le regard du panorama qui lui fait face. En suivant l’allée
florentine, bordée de cyprès, le visiteur parvient au jardin lapidaire. Un spectacle
étrange intrigue par une accumulation recherchée d’oeuvres d’art, de provenances et
d’époques diverses. Parmi le camphrier et le laurier de Californie, se tient un conclave
disparate d’oeuvres pour lesquelles la baronne n’a pas trouvé de place à l’intérieur
de la villa : des arceaux, des fontaines, des chapiteaux, des bas-reliefs du Moyen-Âge
et de la Renaissance, des gargouilles monstrueuses, des grotesques en pierre, des
gnomes provençaux et carnavalesques.
Entièrement restauré en 2003, grâce à un mécène, la Nippon TV, le jardin japonais
"Cho-Seki-Tei" qui signifie « jardin où l’on écoute tranquillement l’agréable bruit
des vagues au crépuscule », plonge le visiteur dans un « monde zen » où chaque élément
symbolise le microcosme spirituel. Conçu et réalisé par le professeur Shigeo Fukuhara,
ce jardin japonais accueille le traditionnel pavillon en bois, le pont, les lanternes
et les vasques qui illustrent plus de mille ans de tradition japonaise. Apaisement
assuré. Des pas de pierre enjambent une petite source d’eau. Voici le jardin exotique,
royaume des agaves et cactées gigantesques. Seuls ou par groupe serrés, ils semblent
défier l’azur. Impressionnant !
Enfin, le bouquet final de ce feu d’artifice de verdure : la roseraie. La fleur fétiche
de Béatrice sous toutes ses épines et tous ses pétales. Plusieurs variétés embaument
ce lointain bout de jardin. Un coin à part, avec son petit temple hexagonal. Au centre
de celui-ci, pour seule habitante, une divinité gracieuse. Une jeune fille qui se
rit des sept colonnes qui la ceignent. Et il ne faut pas manquer non plus le jardin
provençal situé sur le flan Est et enfin le jardin de Sèvres qui achève la visite
au pied du salon de thé.
Superficie : 7ha
Protection : classé au titre des Monuments Historiques
Classification : label Jardin remarquable
Ouverture au public : oui
Durée de la visite : 01h30
Visite libre : oui
Visite guidée : oui
Documents disponibles : fiche de visite et plan du parc
Type de jardin : Jardin à la française, Jardin à l'anglaise
Éléments de décoration : Statues, Sculptures, Pavillon, Kiosque, Pont, Jeux d’eau, Cascade, Cours d’eau, Plan d’eau, Grotte
Statut du jardin : public
Accueil du public : ouvert au public
Classification : Classé au titre des Monuments Historiques, Label Jardin Remarquable