Identification et description
Nom du jardin Parc du Château de La Hulpe
Nom ancien Château Solvay
Date de création 1833 ; 1871 ; début du XXe siècle ; 1930-1937 ; années 1950-1960
Province Brabant wallon
Arrondissement Nivelles
Commune La Hulpe
Auteur/ Créateur Michiels Frères, firme à Montaigu (fin du XIXe siècle)
Auteur/ Créateur Louis van der Swaelmen, paysagiste à Bruxelles (projets, 1896-97)
Auteur/ Créateur Jules Buyssens, paysagiste à Bruxelles (début du XXe siècle)
Auteur/ Créateur Russel Page, paysagiste
Coordonnées chaussée de Bruxelles, 1111310, La Hulpe
Localisation Latitude : 50.73611529999999
Longitude : 4.474341699999968

Historique

En 1822, le roi Guillaume Ier fonde la « Société Générale des Pays-Bas pour favoriser l’Industrie Nationale » dont une partie importante du capital est constituée de domaines appartenant à l’Etat. Suite à la Révolution de 1830, la société est contrainte de vendre ses biens fonciers, parmi lesquels la forêt de Soignes dont le territoire est alors réparti entre les communes avoisinantes et près de la moitié vendue à des particuliers. Trois grands domaines se constituent à l’époque sur l’actuelle commune de la Hulpe : la Longue Queue qui s’agrandit des bois des Mottes (16 ha) et de la Ramée (22 ha) ; Jolimont et le Domaine de la Hulpe établi sur un terrain de 341 hectares 5 ares racheté par la Comte Maximilien de Béthune Hesdigneul, qui recevra le titre de Marquis en 1846. Celui-ci fait construire par l’architecte Jean-Pierre Cluysenaar (1811-1880) une ferme au lieu dit « Zondael » ainsi que trois maisons de garde près de l’entrée principale, sur le chemin menant à la forêt et à l’angle de la chaussée de Bruxelles et de la drève de la Meute. Ces pavillons représentés dans l’ouvrage : Maisons de campagne, Châteaux, Fermes, maisons de jardiniers, garde chasse et d’ouvriers etc. (…) exécutées en Belgique par Jean-Pierre Cluysenaar architecte, Bruxelles, B. Van der Kolk éditeur, 1859 (pl. 18) ont aujourd’hui disparu. Le comte fait effectuer d’importants travaux de coupe et de défrichage de parcelles qu’il met en location avant d’entreprendre la construction d’un château avec l’architecte parisien Jean-Jacques Harveuf-Fransquin (1802-1876), dont il confie la surveillance des travaux à l’architecte belge Jean-François Coppens (1799-1873). Elevé sur un point haut du domaine, le bâtiment en brique rouge fine adopte le style Renaissance française, accosté de quatre tours d’angle octogonales doublées de tourelles. Ce premier château est accompagné de nombreuses annexes et jardins pour une superficie totale de 343 ha 81 a 34 ca, comme l’atteste l’acte de vente du domaine du 9 janvier 1871 à la Baronne de Roest d’Alkemade (famille d’origine hollandaise) : « château, orangerie, écuries, selleries, remises, fermes, maisons, bâtiments de dépendance, pavillons de garde, pelouses, jardins, vergers, terres, prés, pâtures, étangs, chemins d’exploitation, sapinière (…) » ainsi que des étangs achetés en 1837, extérieurs à la propriété et plusieurs bâtiments. Les ventes de bois et de taillis se poursuivent tandis qu’un droit de chasse en bord de la rivière Argentine est loué à la famille De Goes. Des maisons de jardiniers sont construites, le potager emmuré - existant toujours au sud de la ferme - est créé à cette époque (1883) complété de six serres à vignes et à fleurs. En 1882, suite à la vente des étangs, du grand et du petit Nysdam, de bois et prairies environnantes, la rivière d’Argent (ou Argentine) forme désormais la limite naturelle entre ce domaine et celui de la Longue Queue. Une grotte à la Vierge de Lourdes, bâtie à la demande de la Baronne de Roest, devient rapidement le but d’un pèlerinage important. Au décès de celle-ci (1891), le domaine (347 hectares 60 ares) est vendu à l’industriel Ernest Solvay le 7 décembre 1893, l’année où il est nommé sénateur. En 1911, Solvay acquiert encore diverses parcelles dont le bois comprenant la grotte située au lieu-dit « Bruyère Guêpes ». Le château réaménagé et équipé par Victor Horta (1861-1947) – qui construit également la pompe à bras conservée près des écuries et réalisera plus tard le monument funéraire de la famille au cimetière d’Ixelles - abrite trois familles durant l’été tandis que l’hiver est passé dans la propriété d’Ixelles. Quelques années plus tard, Solvay fait remplacer les anciennes écuries et selleries par des bâtiments plus grands (garages précédés de verrière, bureaux et logements de fonction) et créer un nouveau chemin permettant de rejoindre le château sans emprunter celui de la grotte qu’il offre à la paroisse en 1911 et fait déplacer à ses frais derrière l’école Notre-Dame.

En tant que membre fondateur du « Nouveau jardin pittoresque » - association créée en 1913 par le paysagiste bruxellois Jules Buyssens - Ernest Solvay affecte des terrains de sa propriété à la création d'une école de viticulture et d'arboriculture fruitière. Des cours et conférences horticoles y sont données par Charles Gits, futur directeur de l'école de La Hulpe. Les liens existants entre Jules Buyssens - élève du paysagiste français Edouard André et Directeur des Plantations à la Ville de Bruxelles - et Ernest Solvay - permettent de penser que le premier a servi de conseiller technique au second pour l'aménagement de son parc même si peu de preuves matérielles subsistent, si ce n'est la plantation de massifs de rhododendrons consignée dans un cahier des charges. Le maître était quelquefois accompagné d'un jeune aide, René Pechère. On connaît mieux les travaux de Buyssens au domaine voisin du Long Fonds et pour Ia famille Janssen. Enfin, on sait que Solvay a fait appel à la firme Michiels Frères de Montaigu, très active à la fin du XIXe siècle dans la création de parcs et de vergers modèles.

Durant la guerre de 1914-1918, le château Solvay est réquisitionné par l'occupant durant sept mois. A la fin de la guerre, Solvay reçoit du roi Albert 1er le titre de ministre d'Etat. A son décès en 1922, ses biens sont partagés entre ses deux fils : le château Solvay et une partie du domaine à Armand qui succède également à son père à la direction de la société ; le domaine du Long Fonds à Edmond. Entre 1929 et 1932, le château est transformé et simplifié. Le volume est agrandi, les tourelles accolées aux tours d'angle et la verrière en façade principale sont supprimées, la brique rouge est couverte d'un cimentage imitant la pierre de France. Une inscription dans le soubassement, placée par Ernest-John Solvay, évoque ces travaux. La décoration intérieure du château est confiée à la Maison parisienne Janssen. Durant les travaux, la famille occupe la villa « Les Etangs », conservée à l'entrée du domaine.

En 1935, un jardin à la française est dessiné dans le prolongement de la terrasse sud. Un parterre de gazon découpé de gravier rouge est rehaussé de corbeilles d'annuelles soulignées de haies de buis. Son extrémité est occupée par un bassin circulaire agrémenté, depuis 1968, d'une Vénus au bain. Le jardin est ceinturé d'une haie d'if taillée alternant niches et arcades - inspirée d'un jardin visité en Angleterre - agrémentées de statues des Saisons. Si Solvay a effectivement consulté Russel Page (1906-1985) pour ce jardin, le projet du paysagiste anglais n'a pas été exécuté. Russel Page travaillera par contre au domaine du Long Fonds et chez le baron Hankar. Durant la seconde guerre, Solvay met à la disposition des habitants des parcelles de terrain pour y cultiver des légumes, notamment à « La Bruyère Guêpe ».

Dans les années 1950-1960, Ernest-John Solvay - petit-fils de l'industriel - effectue d'importants aménagements dans le parc. Il crée l'étang de la Ferme là où n'existait qu'une modeste mare et fait canaliser le cours de I'Argentinette sous terre. En regard de la façade ouest du château, il fait réaliser d'importantes levées de terre et aménager une longue perspective enherbée terminée par un obélisque surmonté d'un soleil à seize flammes. L'aménagement nécessite la construction d'un haut mur de soutènement des terres, utilisé comme point de vue sur le nouvel étang. En 1963, le belvédère monumental - réalisé sur les plans de l'architecte Léopold Semai - est installé en contre-haut de l'étang de la Longue Queue. Plusieurs volées d'escalier (140 marches), droites et raides, bordées de hauts thuyas conduisent à un édifice coiffé d'un dôme en ardoise de cuivre abritant une table en béton et surmonté d'un soleil doré d'où se découvre une vue longue en direction du château. D'étroits chemins sinuant dans des massifs de rhododendrons rejoignent le belvédère par l'autre côté de la colline. Sur la rive opposée de l'étang se trouvait, jusque dans les années 1960, un embarcadère en bois. Solvay transforme également le paysage du parc en y introduisant de nombreuses essences exotiques arborées et arbustives, jouant même le rôle d'introducteur pour certaines variétés nouvelles de forsythia (dès 1934) et pour le séquoia de Chine (en 1953), découvert seulement en 1941. La plupart des grands conifères isolés présents en bordure des chemins et des groupes ou massifs rehaussant les surfaces gazonnées ont été plantés à cette époque.

Classé en 1973, le domaine est cédé à l'Etat belge en 1968. Celui-ci ne devient toutefois propriété effective de l'Etat qu'en 1972 au décès de Ernest-John Solvay. L'année suivante, est créée la Fondation culturelle Solvay de la Hulpe qui ouvre le parc au public en 1975. En 1991, les biens immobiliers formant la « Donation Solvay de La Hulpe » sont transférés de l'Etat belge à la Communauté française puis cédés à la Région wallonne en 1995. Le domaine de 227 hectares est formé de bois, de pelouses et d'étangs. Le vaste parc forestier qui tire ses origines dans la forêt de Soignes conserve quelques vieilles hêtraies (notamment au Fond des Chevreuils) associées à différentes essences indigènes (charme, marronnier, châtaignier, tilleul, pin sylvestre) plantées en variétés. Ces replantations participent d'une gestion du massif forestier qu'E.-J. Solvay effectue en bon propriétaire foncier.

Au printemps, les promeneurs peuvent également admirer les jonquilles, les massifs de rhododendrons ou les tapis de muguets odorants. Le spectacle se poursuit jusqu'à l'automne qui fait ressortir les mille nuances des feuillages. Enfin, divers petits mammifères (chevreuils, renards, chauves-souris, campagnols, musaraignes, hermines, putois, lapins, lièvres, écureuils, etc.) animent les bois d'une vie furtive ; des oiseaux discrets (martins-pêcheurs, grèbes huppés, grèbes castagneux, rôles d'eau, fuligules milouins, sarcelles d'hiver) nichent aux abords des étangs qui abritent en outre des tritons et des grenouilles ainsi que le crapaud accoucheur. Par sa situation aux portes de Bruxelles et par sa taille exceptionnelle, le domaine Solvay offre tant aux amis de la nature qu'aux spécialistes un environnement de grande qualité paysagère et d'inépuisables richesses botaniques. La sélection et la diversité des plantations signalent le caractère historique du parc dont les premiers aménagements remontent aux années 1840, complétés et « embellis » durant près d'un siècle par trois générations de Solvay. Malheureusement, seule la dernière phase de l'histoire du parc est bien connue et les aménagements considérables réalisés après guerre ont transformé le domaine et presque fait oublier le caractère et l'originalité des aménagements pittoresques qui caractérisaient le parc au tournant du XIXe et du XXe siècles.

Description

Éléments architecturaux : Au sud-ouest, ferme du château construite en 1889 (anciennement Ferme de la Longue Queue) avec dépendances disposées en carré autour d'une cour pavée. Rénovée en 1982, elle abrite aujourd'hui la Fondation Folon. A proximité du château, bâtiments destinés aux écuries et aux voitures. A l'entrée ouest de la propriété, ancienne maison de garde construite par l'architecte J.-P. Cluysenaar. A l'entrée est, villa « Les Etangs » agrandie en 1926 et remaniée pour abriter la famille Solvay durant les travaux de transformation du château ; actuellement reconvertie en bureaux. Deux ponts enjambent les vallons. Le premier, dit pont de pierre, est situé entre le chemin de la Longue Queue et les bois vers Gaillarde. Sa structure en brique rouge à cinq arches est couverte d'un revêtement mêlant la pierre de sable, les blocs de grès et d'autres matériaux. L'ensemble a été récemment restauré, ne conservant ce revêtement que sur les faces du pont. En bordure du parapet et sous les trois arches centrales subsistent des bancs et autres ouvrages en blocs de roche rappelant le caractère pittoresque de l'ouvrage. Des points d'ancrage dans les piliers rappellent que jadis une passerelle de bois était suspendue entre les trois arches centrales. Le second pont, déjà représenté sur la peinture de Ligny en 1856, est situé au nord du château. Il est orné d'un garde-corps en ciment armé imitant le branchage. A l'extrémité ouest du parc, haut obélisque (36 mètres) surmonté d'un soleil à seize flammes forgé par un artisan local (M. Bonaventure) en acier trempé, placé au terme d'une perspective approchant les 800 mètres dans l'axe de la façade ouest du château. L'œuvre en pierre portée par une structure tubulaire est une réalisation de l'architecte Edouard Harchies, terminée en 1968. En contrehaut de l'étang de la Longue Queue, au sommet d'un escalier raide de 140 marches, alternant les volées et les paliers, belvédère coiffé d'un dôme en ardoises de cuivre sommé d'un soleil à douze flammes (1963). Implanté en regard d'un bras de l'étang de la Longue Queue, le belvédère procure une vue longue axée sur le château. La construction réalisée d'après les plans de Léopold Semal a nécessité la mise en place d'un volumineux socle de béton afin d'éviter des effondrements dans le terrain naturellement humide en bordure de la surface d'eau. Le belvédère pourvu de balustrades en fer forgé abrite une table en béton portant le décor d'un bouquet de vingt-deux joncs. Dans le parc, une construction en moellon de pierre couverte d'une double toiture de tuile, sert de passerelle et de belvédère.

Éléments végétaux : Le parc créé sur les lieux de l'ancienne forêt de Soignes conserve quelques belles hétraies (notamment au lieu-dit Fond des Chevreuils) voisinant avec des bois plus récents de bouleaux. Quelques 450 espèces de plantes sauvages ou taxons (représentant 38 % de la flore belge), 17 variétés d'arbres, 130 espèces de mousses et des dizaines de plantes ornementales venues des quatre coins du monde permettent au visiteur de découvrir tout au long de l'année des atmosphères diversifiées. Le patrimoine arboré et arbustif présent sur le site relève en majeure partie de plantations effectuées par Ernest-John Solvay qui, dans les années 1950-1960, constitue une véritable collection dendrologique où les essences exotiques tiennent une large place. Parmi les arbres et variétés remarquables, on doit citer: le platane hybride (Platanus hispanica), le séquoia géant (Sequoiadendron giganteum), un splendide robinier (Robinia pseudoacacia), le tilleul à grandes feuilles (Tilia platyphyllos), l'arbre aux quarante écus (Ginkgo biloba), le cyprès chauve (Taxodium distichum) près de l'étang rond, le ptérocaryer du Caucase (Pterocarya fraxinifolia), le copalme d'Amérique (Liquidambar styraciflua), le tulipier de Virginie (Liriodendron tulipifera), le libocèdre à feuilles décurrentes (Calocedrus decurrens), l'arbre aux mouchoirs (Davidia involucrata) ; le sapin de Vancouver (Abies grandis), le tsuga de Californie (Tsuga heterophylla) et le tsuga du Canada (Tsuga canadensis) dans le vallon encaissé séparant la maison de garde de Gaillemarde de l'obélisque ; le pin corse (Pinus nigra var. 'Maritime') et le pin sylvestre (Pinus sylvestris) au port tortueux sur la colline de la Bruyère Guêpe, le chêne pédonculé (Quercus robur), notamment le long du chemin de l'embarcadère, dont un sujet situé à l'ouest de l'étang Decellier est le plus vieil arbre du domaine (plus de 400 ans) ; le douglas de l'Oregon (Pseudotsuga menziesii), enfin un remarquable alignement de cèdre du Japon (Cryptomeria japonica) en contrehaut du chemin des Bucherons longeant l'étang de la Longue Queue. Le parc compte également de nombreux essences indigènes en variétés : le hêtre commun (Fagus sylvatica), pleureur (Fagus sylvatica 'pendula'), à feuilles laciniées (Fagus sylvatica 'Asplenifolia'), à feuillage pourpre (Fagus sylvatica 'Atropurpurea') ; le charme commun (Carpinus betulus), le marronnier blanc (Aesculus parviflora), le châtaignier (Castanea sativa), le tilleul argenté (Tilia petiolaris). On remarque encore une allée de thuja (Thuya plicata) encadrant l'escalier conduisant au belvédère et une superbe cépée de saule blanc (Salix alba) à six troncs. Des massifs d'azalées et de rhododendrons mauves, rouge (Rhododendron 'britannia' et Rhododendron 'Madame Lejeune') disséminés dans les surfaces gazonnées et en bordure des chemins offrent dès le mois de mai une palette colorée et odorante. Enfin, il convient de rappeler que dès 1951 Ernest Solvay acquiert des boutures - notamment une variété méconnue de forsythias - qu'il distribue à ses amis dendrologues. Il est également un des premiers introducteurs du séquoia de Chine (Metasequoia glyptostroboides) en Europe. Il y en a une septantaine dans le domaine. Les rives de l'Argentine hébergent une riche végétation de hautes herbes aux floraisons multicolores (valériane officinale, consoude officinale, reine des prés, morelle douce-amère, eupatoire, chanvrine, cirse maraîcher, épilobe, hérissé) tandis que les zones vaseuses des étangs sont envahies de roselières et de cariçaies. Quelques plantes herbacées devenues rares dans la région poussent dans le domaine, parmi lesquelles deux orchidées délicates : l'ophrys abeille et l'orchis tacheté des bois. Parmi les espèces ornementales, on remarque en particulier de splendides fougères (matteuccie à ailes d'autruche, osmonde royale) ainsi qu'une magnifique composée dont les grands capitules jaunes ornent les bords des étangs (télékie). Un inventaire de la flore indigène a été réalisé en 1991 sous la direction d'Alain Quintart, président de l'association des Naturalistes belges.

Potager : Situé au sud de la ferme, vaste potager d'un hectare entouré d'un haut mur de brique, laissé à l'abandon depuis quelques années. Dans la partie supérieure subsistent d'anciennes serres jadis réservées aux cultures de la vigne (Frankenthal ou muscat), des plantes d'intérieur et des orchidées. Dans l'angle sud-ouest du domaine (le long du chemin du Garde), un vieux verger montre toujours d'anciennes variétés fruitières.

L'eau : L'eau est une composante essentielle du parc. Longeant la propriété au sud, l'Argentine évolue librement dans le parc, accueillant de nombreuses variétés de plantes sauvages et rivulaires ainsi qu'une faune spécifique. Au sud-ouest, l'étang de la Ferme, visible depuis le château, est un vaste plan d'eau calme agrandi par Ernest-John Solvay au départ d'une modeste mare pour y créer un biotope naturel. Au nord-est, l'étang de la Longue Queue est légèrement encaissé. Il s'étire en demi-lune en s'élargissant vers le sud. En contrebas du belvédère, un plan d'eau plus modeste, dit l'étang Rond, est alimenté par un trop-plein de l'étang de la Longue Queue qui se déverse en une cascade pittoresque sur des roches artificielles envahies de mousses et de fougères. A cet endroit, la berge nord de l'étang est colonisée par les racines aériennes (pneumatophores) des cyprès chauves. Au sud du cours de l'Argentine, le vaste étang du Gris Moulin (qui rejoint l'entrée orientale du parc sur la chaussée de Bruxelles) et l'étang Decellier (à l'ouest) particpent d'une suite de plans d'eau naturels présents sur le site avant l'aménagement du parc paysager. Bien que participant visuellement de celui-ci, ces étangs relèvent désormais de la propriété voisine.

État de conservation : A l'exception de quelques modifications apportées aux bâtiments et de l'exclusion de plusieurs parcelles de terrain proches des entrées du domaine, la propriété actuelle de la Communauté Française est dans l'état tel que l'a léguée la famille Solvay. Le patrimoine dendrologique est particulièrement préservé et régulièrement complété de manière à poursuivre l'oeuvre menée par John-Ernest Solvay dans les années 1950-1960. L'état actuel du parc résulte des importantes modifications du relief du sol et des vastes campagnes de plantation menées à cette époque. Toutefois, plusieurs éléments antérieurs à ces transformations rappellent les intentions des aménageurs du XIXe siècle : les vastes étangs - dont seul l'étang de la Longue Queue fait encore partie de la propriété -, le potager emmuré et le verger, plusieurs bâtiments de fonction et de garde ainsi que le pont de roche et une jolie scène d'eau en bordure de l'étang rond, derniers vestiges des aménagements pittoresques qui caractérisaient le parc au tournant du XIXe et du XXe siècle. Une vue peinte par Ligny (1856) renseigne l'existence, sous le pont de pierre, d'une passerelle de bois reliant eux les piliers centraux (HOOGE C., p. 29). Ce dispositif n'est plus visible aujourd'hui. Le décor appliqué sur la maçonnerie de brique a été récemment restauré mais uniquement sur les faces de l'ouvrage. Parmi les éléments disparus, on se souviendra notamment de l'embarcadère de bois placé sur la rive du bras de l'étang de la Longue Queue, en regard de l'escalier montant au belvédère.

Maintenance : Depuis la reprise officielle du domaine par l'Etat belge en 1972, la propriété fait l'objet d'une maintenance rigoureuse visant à gérer les zones boisées, à maintenir les perspectives du parc et à restaurer les constructions endommagées. Afin de préserver les collectiuons dendrologiques et l'esprit d'initiative d'Ernest-John Solvay, de nouvelles plantations d'essences variées et/ou rares sont régulièrement effectuées. Les arbres remarquables, fréquemment inspectés, présentent un bon état sanitaire. Plusieurs massifs de rhododendrons disposés sous les couronnes de grands arbres présentent depuis quelques années des difficultés à se développer et devront être supprimés et/ou remplacés.

Documents iconographiques

Vue aérienne. Creusés dans la vallée de l'Argentine, cinq étangs pour partie naturels et pour partie aménagés par Ernest-John Solvay dans les années 1950, agrémentent le parc. © Service Public de Wallonie (SWP)

Cartographie

Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 78/2, 95/1

Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 31/8 (Tervueren) - 39/4 (La Hulpe) Impr. coul. 1894-1895

Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 31/8

Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 31/8/4

Autre(s) source(s) cartographique(s)  :
« Château de la Hulpe. Projet de barrière anglaise pour l'avenue. Bruxelles, le 27 juin 06 ». Signé L.v(ander) Swaelmen. Aquarelle sur papier.
« Propriété de Monsieur Ernest Solvay à la Hulpe. Un projet d'aménagement des étangs de la Ferme. Bruxelles, le 14 juillet 1896 ». Signé L.v(ander) Swaelmen. Aquarelle sur papier rehaussée d'un dessin au crayon dans l'angle infér. gauche.
« Propriété de Monsieur Ernest Solvay au château de la Hulpe. projet de groupement pour la culture de plantes à fleurs à couper pour toutes les saisons. Bruxelles, octobre 1897 ». Signé L. v(ander) Swaelmen. Aquarelle sur papier.
« Habitation de jardinier (principal). Propriété de M. Solvay à la Hulpe ». Document non signé, n.d.
DONNET S., Plan d'implantation, extr. de HOOGE C., «  La Hulpe : un château dans la nature ! », Bruxelles, 1991, p. 16-17.
Aéro Atlas, pl. 84.

Iconographie

Autre(s) source(s) iconographique(s)  :
Le château de La Hulpe, H/t par Ligny, sept. 1856 In : HOOGE C., La Hulpe: un château dans la nature, Bruxelles, 1991, p. 1.

Bibliographie

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Informations administratives

Intitulé du classement : Site

Éléments classés : Domaine Solvay ; M  : pompe à bras de Victor Horta près des anciennes écuries

Arrêté : 1993-06-08

Publié : oui

Superficie : 224 hectares 80 ares

Informations complémentaires

Auteur du formulaire : Didier Hoyos/Katrien Depicker

Date de création de la notice : 1999-02-21

Caractéristiques du parc/jardin

Statut du jardin : privé

Accueil du public : ouvert au public

Classement : Site

Type de jardin : Paysager