Identification et description
Nom du jardin Parc du Château de Court-Saint-Etienne
Date de création seconde moitié du XVIIIe siècle (potager) ; vers 1850 ; vers 1890 ; années 1920 ; à partir de 1998 (potager)
Province Brabant wallon
Arrondissement Nivelles
Commune Court-Saint-Etienne
Auteur/ Créateur Van der Swaelmen père, paysagiste (vers 1890)
Auteur/ Créateur Jules Buyssens (années 1920)
Coordonnées rue du Village, 51490, Court-Saint-Etienne
Localisation Latitude : 50.6423891
Longitude : 4.569193499999983

Historique

Ancien fief du comté de Namur, le domaine de Court-Saint-Etienne est initialement occupé par un château-fort, encore représenté par une gravure d'Harrewyn à la fin du XVIIe siècle. Le château actuel a été élevé en 1788, à proximité directe de l'église paroissiale Saint-Etienne. C'est une importante construction en L à deux niveaux de briques et pierre calcaire coiffée d'une haute bâtière d'ardoises mansardée percée de lucarnes. A l'ouest, une cour pavée précède des dépendances et une conciergerie du XIXe siècle. Entre les deux corps de bâtiment, un chemin pavé rejoint un vaste potager enclos d'un hectare dont l'existence est déjà attestée dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Complété au XIXe siècle d'un important complexe de serres chauffées, cet espace a récemment fait l'objet d'une campagne de restauration conséquente visant sa réhabilitation aux cultures légumière et fruitière, la remise en état de fonctionnement des serres et la création d'une collection de buis assortie de nombreux topiaires ornementaux. Le parc paysager créé au XIXe siècle atteste quant à lui d'une évidente passion dendrologique de la part de ses propriétaires, la famille Goblet d'Alviella. Les plus vieux arbres sont situés tout près du château, notamment un hêtre pourpre et un tilleul argenté. Les plantations contiguës, sises au pied de l'éminence naturelle occupée par les bâtiments, relèvent d'un premier aménagement du général Goblet d'Alviella vers 1850. La plus grande partie du parc qui tire parti des prairies argileuses et fertiles de la vallée de l'Orne et de la Thyle résulte d'une composition du début des années 1890 par le comte Eugène Goblet conseillé par l'architecte Louis Vander Swaelmen père. La situation dominante du château permet d'apprécier dans sa plus grande longueur le vaste dispositif paysager traversé par les cours sinueux des rivières et dont le principal centre d'intérêt est une vaste surface d'eau agrémentée d'un îlot planté d'un arbre solitaire. Tant par leur nombre que par la rareté des variétés représentées, les plantations qui accompagnent les berges des cours d'eau, les chemins de promenade et les abords du grand étang constituaient une remarquable collection dendrologique que les nombreuses tempêtes de la fin du XXe siècle ont malheureusement pour partie saccagée. En 1933, Egide Rosseels en visite avec la Société Royale Forestière, met en évidence la qualité et la vigueur particulière de la strate arborée du parc, soulignant « l'amour pour les arbres et le savoir-faire sylvicole » du propriétaire le comte Goblet d'Alviella. Aux côtés des deux remarquables platanes d'Orient plantés au bas de la terrasse du château près de la rivière, Rosseels mentionne plusieurs copalmes, un beau févier à trois épines mesurant 2,90 m de circonférence, un arbre aux quarante écus, des mélèzes d'Europe près du château (disparus) dont l'un atteint alors 2,90 m, un curieux poirier pleureur (Pyrus salicifolia L.F.), un pavier (Aesculus pavia 'Macrostactya') ainsi qu'un très beau chêne pédonculé (Quercus fastigiata). A proximité du canal reliant les deux pièces d'eau, il se réjouit de l'excellente croissance d'une quadruple rangée de cyprès chauves plantée en 1893, toujours en place aujourd'hui mais relevant désormais de la propriété voisine tout comme la seconde pièce d'eau, alors « plantée de multiples essences exotiques, les unes forestières, les autres d'ornement, parmi lesquelles de nombreux magnolias (Magnolia acuminata), un robinier (Robinia hispida), quelques groupes de sumacs (…), un virgilier et quelques gracieux érables (Acer palmatum) émaillant la pelouse. Trois beaux épicéas (Picea Omorica), des peupliers, des saules et un beau peuplement de douglas ornent l'extrémité du parc au sol également fertile mais plus frais. Cette dernière plantation participe d'une nouvelle campagne réalisée entre 1917 et 1922 venant compléter les collections du XIXe siècle. Près des magnolias, une belle cépée d'arbre à caramel (Cercidiphyll).

Description

Éléments architecturaux : Au sud du grand étang, au-delà du cours de la rivière qui le contourne, un pavillon rustique en bois couvert d'une haute toiture de chaume conique est installé en limite de propriété. Sa toiture débordante en façade est soutenue par des ouvrages en branchage reliés par un garde-corps de même nature, très abîmé.

Éléments végétaux : Le parc comprend une collection dendrologique de premier ordre dont les plantations s'étalent sur près de 150 ans. Malgré les derniers grands dégâts de tempête, le parc conserve de beaux et singuliers sujets. Jouxtant le mur d'enceinte de l'église, une plantation de tilleul (Tilia x europaea) accompagne le chemin d'accès courbe. Proche de l'angle nord-est du château, un imposant hêtre pourpre (Fagus sylvatica 'Atropurpurea') relève certainement de la première plantation du parc vers 1850. Il voisine avec un tilleul argenté pleureur (Tilia petiolaris) développant une haute ramure retombante. Au pied de l'éminence du château, près de la rivière, un spectaculaire platane (Platanus x hispanica) étend une de ses charpentière basse à plus de 15 m de son tronc ; il est environné de beaux érables. Des ifs (Taxus baccata) et des houx (Ilex aquifolium) en plantations serrées, récemment complétés d'une colonie de laurier du Portugal (Prunus lusitanica), forment écran en limite de la voirie. Au sud du château et en contrebas, deux chênes d'une insigne rareté sont plantés en bordure du chemin : un chêne pédonculé pleureur (Quercus robur 'Pendula') et un chêne Tauzin (Quercus pyrenaica). Dans la vallée, suivant le cours de l'Orne, on rencontre un beau groupe de quatre platanes (Platanus orientalis), un cyprès chauve (Taxodium distichum), un hêtre pourpre (Fagus sylvatica), un ensemble de catalpas (Catalpa bignonioides) dont un sujet aux feuilles légèrement lobées (Catalpa ovata), deux arbres de fer (Parrotia persica) encadrés de deux hêtres pleureurs (Fagus sylvatica 'Pendula'). Au pourtour du grand étang, un copalme isolé (Liquidambar styraciflua), de beaux mélèzes (Larix decidua), des tulipiers (Liriodendron tulipifera), deux chênes d'Amérique (Quercus rubra) et un groupe de quatre jeunes ptérocaryers (Pterocarya fraxinifolia). Des massifs de symphorine (Symphoricarpus orbiculatus) annoncent la limite nord du parc. En limite est de la propriété, le long d'un canal, haute plantation de cyprès chauves (Taxodium distichum) sur quatre rangs datée de 1893. Dans un sous-bois voisin du grand étang, une collection de buis de soixante variétés et cultivars a été réunie en bordure d'un petit parcours. D'autres variétés sont cultivées et multipliées dans le grand potager emmuré. L'intérêt porté par la propriétaire à la culture et à l'art de la taille du buis l'a amenée à fonder la « European Boxwood and Topiary Society ».

Potager : Le grand espace emmuré (1 hectare), de plan rectangulaire, est compris entre le château et l'église. Il est traversé dans sa longueur par une allée bordée de vieux poiriers conduits en contre-espaliers en forme de U. En partie ouest, subsistent de nombreuses serres à vignes et de multiplications, témoins d'un très important complexe qui comportait un ingénieux système de chauffage. Les nombreuses couches attenantes sont aujourd'hui réservées à la reproduction de brins de buis de collection et de plantes annuelles. D'anciens fruitiers palissés demeurent sur certains murs en briques tandis que de nouveaux ensembles sont mis en place le long de certaines allées. L'angle sud-ouest est réservé à la culture de grands carrés légumiers où l'on rencontre encore cardons, panais, radis noirs, rutabagas,… La partie est du potager a été récemment divisée en quatre nouveaux espaces plantés. Le premier, le plus proche du château comprend un grand dessin de buis reproduisant un papillon associé à des lignes de santoline. Le deuxième, regroupe une association de roses et de nombreux topiaires d'if, de troène, de chèvrefeuille et de buis. Au-delà, de hautes clôtures décoratives définissent un jardin fruitier. Le long du mur sud ont été plantés des arbustes à petits fruits rouges de formes palissées, associés à des rangs d'iris et de pivoines. D'anciennes haies de buis taillées en banquette délimitent les allées principales. La croisée des chemins est marquée par une structure métallique couverte de roses.

L'eau : Les cours de la Thyle et de l'Orne traversent le parc dans sa plus grande longueur, sur un parcours sinueux qu'enjambent plusieurs ponts et passerelles. Quatre tabliers de béton sont dotés de garde-corps en barres de fonte amorties à leurs extrémités par un motif de fruit de grenadier. Une dernière passerelle récente et en bois, conduit vers le pavillon rustique. Un grand étang étiré avec îlot central planté d'un arbre solitaire occupe le fond du parc, contourné par les bras de rivière. D'importants travaux de curage étaient en voie d'achèvement lors de la visite (2002) et les arbres couchés dans l'eau suite aux tempêtes des années 1990 étaient retirés et évacués. Une petite surface d'eau ovale longe le pied du coteau à l'extrémité orientale du parc. D'étroits fossés de drainage ont été récemment ouverts dans les surfaces gazonnées pour collecter les eaux de ruissellement et les conduire à la rivière. Ce dispositif est destiné à pallier au drainage mis en place au XIXe siècle qui a malheureusement été perturbé par de récents travaux d'égouttage.

État de conservation : Quelques grands arbres de position conservés aux abords du château et des dépendances relèvent très probablement de la première plantation du parc au milieu du XIXe siècle. Les étangs constituent le cœur de l'aménagement paysager des années 1890. Les plantations qui les accompagnaient ont disparu au cours des ans libérant de larges zones dégagées à leur pourtour. Les abords du grand étang sont aujourd'hui en voie de réaménagement. Des plantations réalisées dans les années 1920, quelques-unes seulement sont identifiables. La plupart de ces embellissements ont aujourd'hui disparu. Depuis quelques années, de jeunes sujets ont été replantés en accompagnement des promenades. Dans le potager, le complexe de serres fait l'objet d'importants travaux de remise en état même si trois d'elles ont entièrement disparu. Les vieux poiriers en contre-espaliers qui bordent l'axe central de l'espace de culture ont été conservés et soignés et quatre nouveaux espaces ont été créés à l'initiative de la propriétaire.

Maintenance : Depuis le milieu des années 1990, le parc fait l'objet d'une grande campagne de restauration touchant le tracé des chemins de promenade, le nettoyage des étangs, la mise en place de nouveaux écrans d'essences à feuillage persistant, la réalisation de fossés de drainage et la replantation d'essences nobles. L'entretien du potager décoratif requiert à lui seul de nombreuses heures journalières pour le maintien des nombreux topiaires, la taille des fruitiers, le nettoyage des carrés légumiers et les soins apportés aux plates-bandes de fleurs à couper. La gestion des cours d'eau (classe 1) et l'entretien de leurs berges est assumé par le Service des cours d'eau non navigables de la Région Wallonne.

Cartographie

Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 96/2

Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 40/1 (Wavre) - 40/5 (Chastres) Impr. coul. 1933 et 1926

Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 40/1 - 40/5

Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 40/1/3 - 40/5/1

Iconographie

Autre(s) source(s) iconographique(s)  :
DE CANTILLON Philippe, Délices du Brabant et de ses campagnes ou description des villes, bourgs et principales terres seigneuriales de ce duché [...] enrichie de 200 très belles figures en taille douce, 1974, 4 tomes (rééd. de l’édit. orig. d’Amsterdam, 1757), t. II, p. 160.
LE ROY Jacques, Topographia historica Gallo-Brabantiae [...], Amsterdam, 1692.
LE ROY Jacques, Le grand théâtre profane du duché de Brabant […], La Haye, 1730.

Bibliographie

BAUDOUIN Jean-Claude et de SPOELBERCH Philippe, Arbres de Belgique. Inventaire dendrologique 1987-1992, s.l., 1992, p. 272-273 (notice) ; p.420.

GEERTS Paul, « Un potager extraordinaire à Court-Saint-Etienne. La passion d'une comtesse », Les Jardins d'Eden, n° 9, 1999, p. 87-91.

Le patrimoine monumental de la Belgique Wallonie, Liège, P. MARDAGA, 1972 à 1997, vol. 1, p. 119-120.

Recensement des arbres et haies remarquables de Wallonie, Ministère de la Région Wallonne.

ROSSEELS Egidius, « Une visite au domaine de Court-Saint-Etienne », Bulletin de la Société Royale Forestière de Belgique, 1933, p. 369-379.

Informations administratives

Intitulé du classement : Site

Éléments classés : parc

Arrêté : 1976-07-07

Publié : oui

Superficie : 30 hectares

Informations complémentaires

Auteur du formulaire : Serge Delsemme / Nathalie de Harlez de Deulin

Date de création de la notice : 2002-12-11

Caractéristiques du parc/jardin

Statut du jardin : privé

Accueil du public : fermé au public

Classement : Site

Type de jardin : Paysager