Identification et description
Nom du jardin Parc du Château de Jenneret
Date de création 1861; 1905
Province Luxembourg
Arrondissement Marche-en-Famenne
Commune Durbuy
Auteur/ Créateur Edouard Keilig, paysagiste d'origine allemande (1861)
Auteur/ Créateur Elie Laîné, paysagiste français (1905)
Coordonnées Jenneret, 18-196940, Jenneret
Localisation Latitude : 50.3350543
Longitude : 5.434562400000004

Historique

Implanté sur le versant escarpé et boisé du Néblon - un affluent de l'Ourthe - le village de Jenneret relevait, jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, de la principauté de Stavelot-Malmedy. Toutefois, depuis le plateau, on pouvait apercevoir les confins de la principauté de Liège vers le nord et l'ouest, et ceux du duché de Luxembourg vers l'est. C'est sur ce vaste plateau verdoyant que le baron Paul-Michel de Favereau, résidant à Liège, fait élever, entre 1858 et 1860, un important édifice éclectique doté de tours. La façade sud-ouest est tournée vers la vallée, en direction de l'ancien château de la famille Favereau, qui devient alors château-ferme. L'enceinte de ce remarquable complexe traditionnel de la première moitié du XVIIIe siècle groupé autour d'une cour, abrite au sud-ouest et en contrebas, un jardin en terrasses dont les angles inférieurs sont toujours occupés par deux pavillons du XVIIIe siècle. Dès le début du XIXe siècle, un parc est aménagé sur le versant nord de la vallée, au nord-est du vieux château. Une longue charmille coudée, plantée sur une levée de terre, marque toujours la limite de ces premiers aménagements paysagers. En 1861, le baron de Favereau charge l'architecte-paysagiste d'origine allemande, Edouard Keilig (1827-1895), de créer un vaste parc paysager au pourtour du nouveau château installé au sommet du versant. Le programme inclut, outre la replantation du parc de l'ancien château et les abords directs du nouvel édifice, la mise en place d'un vaste dispositif paysager mettant en valeur le paysage naturellement escarpé, typique de la Famenne. Une lettre du baron de Favereau, datée du 21 décembre 1861, confirme le choix du paysagiste allemand qui deviendra célèbre l'année suivante lorsque son projet pour le bois de la Cambre sera retenu par le Conseil communal de Bruxelles, devant ceux de Louis Fuchs, Egide Rosseels et Jean-Pierre Barillet-Deschamps. En 1905, le baron Paul-Louis de Favereau, Ministre des Affaires Etrangères de Léopold II, fait appel au paysagiste français Elie Laîné - qui a remodelé les propriétés royales d'Ardenne, Laeken et Ciergnon - pour réaménager les abords directs du château de son père, décédé en 1901, et pour créer deux nouvelles avenues y conduisant : la première (au sud-ouest), rejoignant la route Ouffet-Hamoir, consiste en un chemin encaissé creusé dans la roche naturelle; la seconde avenue (à l'ouest) crée un nouvel accès depuis la route Jenneret - Bende. Laîné remodèle complètement l'esplanade devançant le nouveau château, encadrée de deux volumes de dépendances en brique (écuries et remises à voitures), flanqués symétriquement de pavillons carrés en demi-hors-œuvre. Depuis ceux-ci des haies de charme délimitent la partie nord de l'esplanade, axée sur un hémicycle occupé par un banc de pierre courbe installé sur une petite aire dallée. De grands tapis d'annuelles, contournés d'un chemin et coupés d'une large aire de circulation gravillonnée, créent une ample respiration au cœur du dispositif planté. Depuis la disparition du château en 1980, une large vue s'ouvre désormais vers la vallée, encadrée par les hautes frondaisons des groupes plantés par Edouard Keilig.

Description

Éléments architecturaux : Marquant les angles sud et est du jardin en terrasses du vieux château, deux pavillons classiques de plan carré encadrent la terrasse inférieure. Ils sont compris à l'intérieur de l'enceinte en pierre. Un haut mur isole la cour du jardin. Contre celui-ci, un édicule carré sommé d'un fronton triangulaire en bois abritait l'escalier donnant accès au jardin en contrebas. Au devant de l'hémicycle de charme clôturant l'esplanade du nouveau château vers le nord-ouest, banc courbé à assise ouvragée dont les accotoirs terminés en masques grimaçants sont respectivement sommés d'une figure sculptée de hiboux (à gauche) et de coq (à droite). En contre-haut de l'entrée du parc, pont métallique sur culées en pierre, daté 1852, portant sur le parapet les armoiries des Favereau.

Éléments végétaux : En bordure de l'ancienne esplanade du château, un hêtre pourpre (Fagus sylvatica 'Atropurpurea') isolé. Au nord-ouest, derrière un hémicycle de charme (Carpinus betulus), anneau planté de tilleul (Tilia platyphyllos), de marronnier (Aesculus hippocastanum) et de hêtre (Fagus sylvatica). Derrière l'habitation, plusieurs mélèzes (Larix decidua) et charmes (Carpinus betulus). En limite sud-ouest de l'esplanade, ensemble constitué de hêtres pourpres (Fagus sylvatica 'Atropurpurea') et de chênes pédonculés (Quercus robur). Dans les grandes prairies descendant le coteau, un premier groupe de trois érables argentés (Acer saccharinum), un groupe de trois noyers noirs (Yuglans nigra), deux érables rouges (Acer rubrum), un wellingtonia (Sequoiadendrum giganteum) dépérissant. Parallèle à la longue course de la charmille, des séquences plantées associant des chênes pédonculés (Quercus robur) et des tilleuls (Tilia platyphyllos) accentuent l'effet perspectif depuis la promenade de la charmille, autrefois taillée en berceau. En contrebas, ensemble planté de frênes issus des collections de Belder à Kalmthout (Anvers), installé après 1960. Parmi ceux-ci, un frêne plus âgé (Fraxinus excelsior 'Diversi folia') et un étonnant sujet de collection (Fraxinus quadrangulata), deux ailantes glanduleux (Ailanthus altissima), trois épicéas communs (Picea abies) plantés en 1843 et un sapin noble (Abies procera). Dans le parc, des sapins de Vancouver (Abies grandis), des sapins blancs du Colorado (Abies concolor), un sapin de Nordmann (Abies nordmanianna) et un tsuga (Tsuga canadensis). À proximité de l'ancienne maison des Sœurs, un châtaignier à feuilles laciniées (Castanea sativa 'Asplenifolia'). Bordant la drève du Centenaire, reliant Jenneret à Bende, alignements de tilleul (Tilia platyphyllos) plantés en 1930, sur près d'1 kilomètre de long.

L'eau : Dans la vallée, subsistent les vestiges d'une machine à eau des années 1840, dont les pompes étaient mises en action par une roue hydraulique alimentée par une dérivation du Néblon. Ces pompes relevaient une partie des eaux du ruisseau vers une vasque installée dans le village et vers le vieux château. Un élégant pavillon d'agrément avait été aménagé au-dessus du puits des pompes. Sa pièce unique était décorée d'un parquet et de stucs. L'ensemble n'est plus qu'une ruine.

Particularités : Une longue charmille (Carpinus betulus) en L, plantée au début du XIXe siècle sur un rythme espacé, est installée sur une étroite levée de terre offrant des points de vue sur la vallée et en direction du vieux château.

État de conservation : Les jardins les plus anciens sont les deux terrasses emmurées contiguës au vieux château (actuel château-ferme) dont elles sont contemporaines et où subsistent deux pavillons d'angle du XVIIIe siècle. La machine à eau qui approvisionnait le château avec l'eau du Néblon est à l'état de ruines. À proximité, demeurent des vannes destinées à l'irrigation des prairies. La longue charmille coudée installée dans le coteau, au nord-est du château, n'a plus été taillée en berceau depuis la Seconde Guerre. Sa plantation remonte au début du XIXe siècle. Elle a été complétée d'une section en tilleul. Les grands gestes paysagers mis en place par Edouard Keilig en 1861, autour du château éclectique et dans les vastes prairies environnantes, sont encore identifiables dans les vieux groupes d'arbres subsistants aux abords de l'esplanade mais surtout dans les longues séquences arborées qui rythment les lignes d'horizon du paysage au nord-est du site. Un seul chemin de promenade du XIXe siècle traverse encore le parc, en contrebas de la charmille. La configuration de la vaste esplanade du château éclectique - abattu en 1980 suite à d'importants dégâts provoqués par les eaux et le gel - relève d'un aménagement de 1905 confié au paysagiste Elie Laîné de même que les deux avenues plantées, vers la vallée (au sud-ouest) et vers Bende (à l'ouest). Depuis 1918, de nombreux arbres du parc de 1861 ont disparu, aérant quelque peu le dispositif paysager densément planté par Keilig. Au début du XXe siècle, des lauriers en caisse de bois cerclée de barres d'acier, taillés en colonne ou sur tige, étaient disposés le long des bâtiments de dépendances, sur l'esplanade. Durant l'hiver, ils étaient abrités dans le volume sud, faisant office d'orangerie, de menuiserie et de remise à voitures. Depuis la suppression du château, le volume nord (anciennes écuries) a été réaffecté en habitation.

Maintenance : L'esplanade et les abords directs de l'habitation font l'objet de grands soins dans la coupe des haies et des gazons, dans l'entretien des plates-bandes d'annuelles et des larges aires gravillonnées. La longue allée d'accès présente toujours une emprise nette au travers de grandes pâtures délimitées par des clôtures normandes. Dans les vastes prés de fauche situés en contrehaut de la charmille, les pieds des grands arbres sont piétinés par le bétail et certains troncs sont rongés.

Documents iconographiques

Beau groupe d'érables comprenant notamment un érable rouge (Acer rubrum) et un érable plane (Acer platanoides Faassen's Black). © Société belge de dendrologie (SBD)

Cartographie

Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 173/1

Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 49/5 (Hamoir) Impr. coul. 1891

Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 49/5

Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 49/5/3

Bibliographie

BAUDOUIN Jean-Claude et de SPOELBERCH Philippe, Arbres de Belgique. Inventaire dendrologique 1987-1992, s.l., 1992, p. 450-451.

Bulletin communal de Bruxelles, I, 1862. p. 104-105 (séance du 22/02/1862).

DE FAVEREAU DE JENERET Paul-Ch., Jeneret. Le grand château avec la relation anecdotique de la vie des maîtres, sujets et familiers qui y vécurent de 1860 à 1975 jusqu'à sa disparition en 1980. Document inédit, dactylographié, 1991 (6 octobre).

Recensement des arbres et haies remarquables de Wallonie, Ministère de la Région Wallonne.

Informations administratives

Mériterait le classement pour : le parc (comme site) - la longue charmille coudée plantée sur le haut du versant (comme monument).

Publié : oui

Superficie : plusieurs dizaines d'hectares

Informations complémentaires

Auteur du formulaire : Serge Delsemme / Nathalie de Harlez de Deulin

Date de création de la notice : 2003-03-26

Caractéristiques du parc/jardin

Statut du jardin : privé

Accueil du public : fermé au public

Type de jardin : Paysager