Identification et description
Nom du jardin Parc du Château de La Trapperie
Date de création milieu du XVIIIe siècle (disparu) ; vers 1873 ; vers 1887 ; années 1920 ; 1978-1979
Province Luxembourg
Arrondissement Virton
Commune Habay
Coordonnées chemin de la Trapperie6723, Habay-la-Vieille
Localisation Latitude : 49.7299724
Longitude : 5.632493199999999

Historique

Le 19 septembre 1613, Herman Trappé, ancien bourgmestre de Liège, obtient l'autorisation d'établir une forge au confluent de la Rulles et de l'Anlier. À son décès, sa veuve, Catherine Gérard, épouse en seconde noce, François de Vaulx, également maître de forges. En 1627, le bien est acquis par Hubert Marchant, issu d'une famille d'industriels Couvinois. Suite à un décès prématurée, c'est son frère, Guillaume, qui reprend la gestion du domaine, menant ses affaires avec beaucoup d'habileté, agrandissant le site industriel et diversifiant ses activités. La propriété passe ensuite par héritage aux descendants de la famille Marchant dont Servais-François Baillet, qui fait construire, en 1737, un nouveau château, ouvert au sud sur des jardins. À cette époque, la bande de terre prolongeant la digue sur le plan d'eau comprend un petit jardin clos précédé de deux bâtiments. En 1783, le bien est vendu à François d'Anethon qui, par son ralliement aux idées révolutionnaires, parvient à éviter le déclin des activités durant ces périodes troublées. Le château agrandi forme désormais un quadrilatère. En 1839, toutefois, la cessation des activités, amorcée dès le début du siècle par la concurrence des bassins sidérurgiques de Liège et de Charleroi, est confirmée. En 1850, Charles Rogier, Ministre de l'Intérieur crée en ce lieu une école d'agriculture, supprimée cinq ans plus tard. En 1864, la douairière de Bellefroid d'Oudoumont reprend le site dans un état d'abandon total. À partir de 1873, son fils Auguste de Bellefroid d'Oudoumont, métamorphose le château, encore désigné comme « ruine » sur un plan cadastral de la même année. L'agencement chaotique des volumes, l'ajdonction de fausses-tours et de lucarnes confèrent à la construction un caractère romantique. Un jardin d'hiver est accolé dans l'angle sud-ouest de la façade tournée vers un parc où la plupart des témoins de l'activité industrielle ont disparu à l'exception des ouvrages hydrauliques, intégrés comme éléments majeurs de la composition paysagère. À partir de 1887, le vicomte Albert de Curel renforce le caractère résidentiel des lieux en supprimant les derniers bâtiments industriels et en embellissant le parc, avec la création de nouvelles perspectives, l'aménagement de passerelles, l'édification de dépendances de style régional lorrain et l'introduction d'un groupe animalier en bronze. L'avancée de terre sur l'étang est plantée d'une haute palissade de charme, taillée au carré, formant une tonnelle et abritant un embarcadère. Le vicomte de Curel ajoute également au château, une chapelle de style néogothique, en remplacement de l'ancien lieu de culte, détruit en 1840. En 1920, le domaine passe par mariage au Prince de Mérode qui procède à une vaste campagne de plantation, rendue nécessaire par la mise à sac, par les troupes allemandes, des zones forestières ceinturant la propriété. À la fin des années 1970, deux plans d'eau agrémentés d'îlots et destinés à la pêche, sont creusés à proximité de l'allée du Prince, ancienne voirie communale rachetée à la fin du XIXe siècle. Ces étangs participent aujourd'hui d'un vaste espace naturel. La campagne de plantation se poursuit avec l'introduction d'essences paysagères (tulipier, cyprès…) permettant de renouveler l'écrin végétal de la propriété et de diversifier le caractère des boisements voisins, essentiellement constitué de résineux.

Description

Éléments architecturaux : À l'ouest, les dépendances sont disposées suivant un quadrilatère ouvert au sud. Construit en 1887, l'ensemble adopte le style régional lorrain. Sous le talus séparant le château du plan d'eau, des caves abritent notamment une ancienne turbine hydraulique installée en 1885 pour alimenter le château en eau courante. Dans le coteau est, au-delà de la route, glacière sous tertre. À gauche de l'entrée du potager, maison du jardinier en pierre de schiste, couverte d'une bâtière d'ardoise. Un fronton triangulaire surmonte la travée centrale de la façade enduite tandis que des bandeaux de brique rouge encadrent les baies et marquent les articulations du mur.

Éléments végétaux : Depuis l'entrée nord-est, un hêtre pleureur (Fagus sylvatica 'Pendula'), un massif de cyprès de Lawson (Chamaecyparis lawsoniana), deux ifs dorés (Taxus baccata 'Semperaurea'), un frêne pleureur (Fraxinus excelsior 'Pendula'). Sur l'avancée de terre prolongeant la digue, haute charmille formant tonnelle (Carpinus betulus). Au pied du château, haies de thuya (Thuja pliccata), de laurier (Prunus laurocersus 'Zabeliana'), de troène (Ligustrum vulgaris) et d'épine vinette (Berberis vulgaris 'Atropurprea'). Au nord, sur une île accessible par deux passerelles, plusieurs cyprès dorés (Chamaecyparis lawsoniana 'Lanei'). Bordant le plan d'eau, quelques beaux hêtres (Fagus sylvatica) dont un sujet pleureur (Fagus sylvatica 'Pendula') et un jeune tulipier de Virginie (Liriodendron tulipifera). À l'ouest de la Rulles, quelques ifs (Taxus baccata), un tulipier de Virginie (Liriodendron tulipifera), un frêne commun (Fraxinus excelsior), un massif de hêtre pourpre (Fagus sylvatica 'Atropurpurea'). Bordant l'allée du Prince, alignement de hêtre pourpre (Fagus sylvatica 'Atropurpurea'), quelques chênes d'Amérique (Quercus rubra) et chênes sessiles (Quercus petraea). Plus loin, quelques platanes communs (Platanus x acerifolia) et des hêtres verts (Fagus sylvatica). Au-delà d'un petit pont enjambant la Rulles, quatre cyprès de Lawson (Chamaecyparis lawsoniana) forment tonnelle avec deux ifs dorés (Taxus baccata 'Semperaurea'). À proximité des dépendances, deux sapinettes d'Orient (Picea orientalis), un if (Taxus baccata) et un massif de mélèze (Larix decidua). Derrière les dépendances, deux tilleuls d'Europe (Tilia x europaea).

Potager : Le long du chemin d'accès ouest, s'étend un vaste verger, suivi d'un potager clos d'un mur en pierre de schiste. Partiellement cultivé, il comprend encore une serre adossée à l'enceinte, au nord-est. Une maison de jardinier jouxte l'entrée, fermée par une grille de fer.

L'eau : La propriété se situe au confluent de la Rulles - venant de l'est - et de l'Anlier - s'écoulant depuis le nord. Ces deux cours d'eau alimentent un vaste étang retenu par une digue et un pont-barrage en pierre à trois arches. Au-delà, la Rulles, partiellement canalisée, continue sa course vers le sud à travers la propriété. Quelques passerelles métalliques, dont l'une à rambarde en béton imitant le branchage et un pont en pierre sont jetés sur la rivière dont le niveau d'eau est relevé par un barrage plus modeste. En aval, deux étangs de pêche ponctués d'îlots occupent, depuis 1979, une ancienne zone marécageuse. En amont de la retenue d'eau sur la Rulles, un îlot boisé est relié aux berges par un pont métallique dont le garde-corps en fer-forgé peut-être daté du second quart du XVIIIe siècle.

État de conservation : Les ouvrages hydrauliques sont les seuls témoins des forges qui, au XVIIIe siècle, étaient accompagnées de deux petits jardins emmurés : l'un, sur une avancée jetée sur le bassin de retenue; l'autre, au sud du château. Entre 1875 et 1885, la suppression des bâtiments industriels et des jardins clos, permet la création d'un parc paysager. L'avancée sur le bassin - désormais traité en plan d'eau - est plantée d'une charmille formant tonnelle de verdure et abritant un embarcadère. À la fin du XIXe siècle, de nouvelles dépendances sont construites et le domaine est agrandi au sud par l'acquisition d'une voirie communale et de terrains contigus. À la fin des années 1970, deux étangs de pêche y sont créés. Après 1918, la propriété fait l'objet d'une campagne de reboisement suite à la déforestation opérée par les allemands.

Maintenance : La propriété fait l'objet d'opérations d'entretien régulières et attentives. Les surfaces gazonnées sont tondues à intervalles réguliers et de nouvelles plantations sont mises en place.

Documents iconographiques

Carte postale, s.d. (vers 1920). La plantation d'une charmille pour abriter un embarcadère sur la presqu'île de l'étang de retenue des anciennes forges participe des grands travaux d'embellissements de la propriété menés à partir de 1887 par le vicomte de Curel, de même que la suppression des derniers bâtiments industriels. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie

Pont-barrage à trois arches sur la Rulles. © K. Hebbelinck

Grand étang alimenté par les cours de la Rulles et de l'Anlier en amont du pont-barrage. © K. Hebbelinck

Cartographie

Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 202/1

Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 68/6 (Etalle) Impr. coul. 1898

Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 68/6

Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 68/6/2

Iconographie

Autre(s) source(s) iconographique(s) :
Château et forges de la Trapperie (Grand Duché) à Monsieur le baron d'Anethon. Gravure anonyme mise en couleur, s.d. (vers 1787) (coll. privée).
Habaye-la-Vieille - Etang de la Trapperie. Carte postale, éd. Lallemand à Marbehan, s.d. (avant 1920) (coll. privée).
La Trapperie par Habay. Cartes postales, s.d. (avant 1920) (coll. privée).
Arlon. Château de la Trapperie à Habay-la-Vieille. Carte postale, éd. Nels, Bruxelles, s.d.
Arlon. Château de la Trapperie à Habay-la-Vieille. L'étang. Carte postale, s.d.

Informations administratives

Mérite le classement pour : le parc

Publié : oui

Superficie : environ 18 hectares (dont 13 hectares d'eau)

Informations complémentaires

Auteur du formulaire : Didier Hoyos / Odile Moreau

Date de création de la notice : 2003-02-09

Caractéristiques du parc/jardin

Statut du jardin : privé

Accueil du public : fermé au public

Type de jardin : Paysager