Identification et description
Nom du jardin Parc du Château de Grune
Date de création vers 1890
Province Luxembourg
Arrondissement Marche-en-Famenne
Commune Nassogne
Coordonnées rue du Centre, 306952, Grune
Localisation Latitude : 50.1557959
Longitude : 5.38225680000005

Historique

Sous l'Ancien Régime, Grune est le siège d'une seigneurie hautaine dépendant du comté de La Roche. Citée dès le XIVe siècle comme propriété d'Henri de Wellin, elle passe dans la famille de Hemricourt à la fin du siècle suivant. La maison-forte est ensuite détruite dans un incendie. Un nouveau château avec fossés, ponts-levis et dépendances est construit en 1613 pour Gilles de Hemricourt de Mozet. Le château-ferme forme un vaste quadrilatère dont les trois ailes en U accueillent la ferme et les communs tandis que le logis seigneurial est élevé en léger retrait, au nord-est, isolé par un étroit fossé. Cette organisation autour d'une cour centrale a persisté jusqu'à aujourd'hui malgré les nombreux remaniements opérés tout au long du XIXe siècle et l'incendie qui a ravagé l'ensemble le 4 janvier 1944 durant l'Offensive von Rundstedt. Les fossés sont comblés entre 1806 et 1823 par Lambert-Joseph Thomas, qui fait également démolir des « poivrières ». Deux tours carrées sont adjointes au logis en 1851 (ou reconstruites) et des lucarnes sont ouvertes dans la toiture. La lithographie éditée dans l'ouvrage de Damseaux en 1878 consigne cet état, celui d'un manoir romantique qui sera une nouvelle fois modifié en 1894 par le comte Maurice de Ramaix. L'aile nord-ouest de la ferme est modifiée pour y aménager un logis et l'étage de la tour-porche qui ponctue cette aile est reconstruit. Son portail en arc surbaissé donnant sur la cour constitue toujours l'entrée du quadrilatère et du château. L'imposante demeure rectangulaire à double corps, élevée sur un soubassement biseauté, est flanquée de deux tours carrées de trois niveaux aux angles est et ouest. Ses murs de grès sont renforcés de chaînages d'angle. Une courte volée d'escaliers est axée sur la porte d'entrée, qui s'inscrit dans la feuillure de l'ancien pont-levis. En regard, les ailes sud-ouest de la basse-cour, qui n'ont pas été restaurées depuis l'incendie de 1944, ne présentent plus que leurs murs gouttereaux envahis par la végétation. Au sud du quadrilatère, au-delà de la douve, existait autrefois au grand jardin décoratif. Sur la carte de Ferraris (vers 1775), celui-ci occupe un vaste espace carré divisé par des chemins diagonaux sur un plan radian. Trois pièces d'eau s'échelonnent le long d'un ruisseau sur un axe nord-est/sud-ouest. Depuis les années 1890, un grand potager rectangulaire emmuré occupe une partie de l'ancien jardin régulier disparu, jouxté au sud-ouest par une orangerie. Maintenu dans son enceinte, cet espace productif conserve des parcelles de culture cernées de haies de buis et des lignes de fruitiers. Le parc paysager, dont quelques beaux clichés de 1895 montrent l'ampleur des aménagements, peut être daté vers 1890. Il développe une longue perspective champêtre sur l'axe de la façade nord-est du château. Les essences aux feuillages contrastés qui composent les franges arborées de ce large cône de vue sont réutilisées, dans les espaces ouverts du parc, pour former des groupes monotypes de trois sujets. Depuis un grand étang alimenté par une cascade de roches, un parcours pittoresque en sous-bois reliait différentes scènes agrémentées de constructions : une glacière sous tertre surmonté d'un joli pavillon hexagonal en brique et pierre, et un kiosque imitant le branchage inscrit au cœur d'un large hémicycle arboré. Cette dernière scène pittoresque a entièrement disparu. Bien qu'aujourd'hui densément arboré et privé de certaines sections de son réseau de promenade, le parc offre encore une course paysagère rythmée de belles ouvertures sur des scènes champêtres. Celles-ci s'apprécient particulièrement depuis la promenade en sous-bois et sa charmille.

Description

Éléments architecturaux : En bordure d'un chemin du parc, pavillon hexagonal en brique et pierre sur une base en moellon légèrement talutée, couvert d'une toiture d'ardoise à six pans dont un lambrequin décoratif souligne le débordement. L'édicule, percé de hautes baies rectangulaires dotées de volets, était jadis entouré d'un garde-corps en branchage. Il occupe le sommet du tertre d'une glacière précédée d'un couloir d'accès droit. L'entrée de ce couloir est ornée d'une façade en rocaille simulant l'ouverture d'une grotte naturelle. Au-delà de l'enceinte du potager, derrière l'angle sud-ouest, orangerie rectangulaire en briques à chaînage de pierre, couverte d'une large bâtière d'ardoises. Elle abritait notamment de grands lauriers en caisse taillés en cône (ou sur tige). Vers 1895, ceux-ci ornaient encore les angles du grand parterre fleuri de la cour.

Éléments végétaux : En regard de la tour est du château, un groupe de cinq hauts tilleuls (Tilia platyphyllos). À proximité de l'orangerie, un beau hêtre pourpre (Fagus sylvatica 'Atropurpurea'). Dans les prairies jouxtant les chemins de promenade, plusieurs séquences de plantation réunissant trois sujets : tilleul (Tilia platyphyllos), érable à feuilles panachées (Acer pseudoplatanus 'Leopoldii'), hêtre pourpre (Fagus sylvatica ''Atropurpurea') et hêtre pleureur (Fagus sylvatica 'Pendula'). En contre-haut de l'étang à décor de roches, un cèdre bleu (Cedrus atlantica 'Glauca'), deux tilleuls (Tilia platyphyllos), un chêne d'Amérique (Quercus rubra), un grand cyprès de Lawson (Chamaecyparis lawsoniana). Près des berges, un frêne pleureur (Fraxinus excelsior 'Pendula'). Dans le parc, une allée de marronniers (Aesculus hippocastanum), une longue plantation courbe de charme (Carpinus betulus) dont les hauts futs rythment un sentier de promenade en sous-bois et un grand thuya (Thuja occidentalis). La longue frange arborée délimitant la grande perspective sur le parc depuis la terrasse est du château, intègre les mêmes essences que celles qui se trouvent réunies par trois dans les prairies, complétées de cèdres bleus (Cedrus atlantica 'Glauca'). Les sous-bois ombrageant les promenades sont principalement composés de frêne commun (Fraxinus excelsior) et d'érable sycomore (Acer pseudoplatanus).

Potager : Compris derrière l'aile sud de la cour, vaste espace potager entièrement emmuré, divisé en quatre parcelles rectangulaires de culture - deux grandes et deux petites - délimités par de larges haies basses de buis. Les deux parcelles nord comptent encore des planches de culture longées par une ligne de poiriers conduits en contre-espalier dont les feuillages denses isolent les parcelles d'une longue serre à vignes (ruinée). Sa structure métallique jouxte une remise à outils, à parement décoratif alternant la brique et le bois, couverte d'une toiture à deux versants ornée d'un lambrequin. La serre et la remise sont adossées au mur des dépendances (en ruine) de la cour. Plusieurs portes de bois ponctuent l'enceinte en brique. Au-delà, vers l'ouest, s'étendent des vergers de plein vent.

L'eau : Un grand étang alimenté par une cascade chutant sur des enrochements décoratifs, avait été aménagé vers 1895 au sud du château, là où existait autrefois une surface d'eau, déjà attestée par la carte de Ferraris. L'étang apparaît aujourd'hui sous un épais couvert arboré. Des décors de roche figurent encore sur ses berges et au pourtour de l'îlot. Une canardière à haute toiture pyramidale émerge des hauts feuillages des plantes du bord des eaux. En partie basse du parc, subsiste un bassin-réservoir rectangulaire asséché et un bac de pierre adossé à un mur bas, rehaussé d'un masque cracheur à figure de lion. L'ensemble disparaît aujourd'hui sous une épaisse végétation naturelle.

État de conservation : Le grand parcours paysager créé vers 1895 tire parti d'un réseau d'alimentation préexistant - consigné sur la carte de Ferraris - comptant plusieurs surfaces d'eau. L'une d'elles semble avoir été réaménagée à cette époque en étang d'agrément doté d'une cascade et d'un îlot à décor de roches. Les petites constructions pittoresques qui agrémentaient le parcours de promenade sont très dégradées ou disparues. Le pavillon surmontant la glacière est privé de sa rambarde en branchage et le décor d'enrochement formant la façade du couloir d'accès est dissimulé parmi de jeunes semis naturels. En contre-haut de la fontaine au lion, une large scène plantée d'un hémicycle de conifères mettait en valeur un important kiosque hexagonal à décor de branchage et toiture à six pans. De nombreux arbustes à fleurs décoraient le pied des conifères ou étaient regroupés en corbeilles, à l'avant-plan du kiosque. Cette scène pittoresque, isolée du parc par son haut rideau de conifères, a entièrement disparu. Le circuit d'eau, interrompu et pollué, a provoqué l'assèchement du bassin-réservoir et l'envasement progressif de l'étang d'agrément dont les contours ne sont plus perceptibles que ponctuellement. Les pierres dressées qui décoraient la cascade et les abords du chemin établi en surplomb de l'étang sont dissimulées dans la végétation adventice. En regard de l'orangerie, existait un petit jardin compartimenté incluant des plantes vivaces et annuelles et un hémicycle de charme abritant une aire de repos.

Maintenance : La totalité des surfaces enherbées est gérée en pâtures de manière à conserver le caractère champêtre des espaces ouverts du parc. Les chemins de promenade sont maintenus praticables sur une courte partie seulement du réseau ancien. Dans le potager, les haies de buis sont taillées mais présentent de nombreux manques. Les alignements de fruitiers sont laissés en port libre et les planches de culture n'occupent plus qu'un tiers de l'espace. Les circulations, envahies par l'herbe, sont aujourd'hui tondues.

Cartographie

Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 176/1

Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 59/4 (Nassogne) Impr. coul. 1934

Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 59/4/2

Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 59/4/2

Bibliographie

GENICOT Luc-Francis (dir.), Le grand livre des châteaux de Belgique, Bruxelles, Vokaer, 1977, t. 2, p. 125.

Informations administratives

Publié : oui

Superficie : 12 hectares

Informations complémentaires

Auteur du formulaire : Serge Delsemme / Nathalie de Harlez de Deulin

Date de création de la notice : 2003-03-22

Caractéristiques du parc/jardin

Statut du jardin : privé

Accueil du public : fermé au public

Type de jardin : Paysager