Identification et description
Nom du jardin Jardin du Château « Les Beaux Arts »
Nom ancien Villa Mon Caprice
Nom ancien Château de Ronzon
Date de création années 1920 ; vers 1985 (replantation de l'ancien jardin productif)
Province Luxembourg
Arrondissement Marche-en-Famenne
Commune Rendeux
Auteur/ Créateur Jules Buyssens, horticulteur, paysagiste à Bruxelles (années 1920)
Coordonnées rue Saint-Thibaut, 156987, Ronzon
Localisation Latitude : 50.2301819
Longitude : 5.516978800000061

Historique

Au début du XXe siècle, une modeste villa est installée sur le versant ouest de la vallée de l'Ourthe, à l'entrée du village de Ronzon. La « Villa mon Caprice » - ainsi dénommée -, devient propriété de Marie-Thérèse Gillard qui agrandit sensiblement la maison et aménage un parc de trois hectares aux alentours. La propriété est rapidement rendue célèbre par les visites qu'y effectuent le Prince Victor Napoléon, les ministres van Zeeland et Paul-Henri Spaak. En 1919, âgée de 36 ans, Mademoiselle Gillard épouse le Baron de Vivario (1878-1952). La villa fait l'objet de nouveaux embellissements. Un important personnel est employé par la maison dont sept jardiniers et aide-jardiniers qui travaillent au jardin régulier établi sur le versant en regard de la façade ouest de l'habitation. Passionné de chasse, le baron de Vivario, s'adjoint un régisseur et fait spécialement aménager sa voiture Dion-Bonton pour ses chiens tandis que son épouse se déplace en Packard. En 1944, lors de l'Offensive von Rundstedt, le « château de Ronzon » est occupé par les Allemands mais les dégâts n'y sont pas trop importants. Au décès de son époux en 1952, la baronne de Vivario continue d'occuper le château jusqu'à son décès en 1976. La propriété est reprise par le comte Januez, ingénieur polonais né à Varsovie et venu en Belgique pour étudier, qui l'habite jusqu'à sa mort le 30 mai 1995. Depuis 1998, le château a fait l'objet d'une importante campagne de rénovation pour adapter la maison privée aux exigences de l'hôtellerie et à l'organisation de diverses manifestations culturelles. L'importante bâtisse en moellon de grès de trois niveaux - dont un dans les toitures - est implantée à mi-versant. Ses longues façades sont tournées, à l'est, vers la vallée et, à l'ouest, vers un jardin en terrasses épousant la pente du coteau. Une haute toiture d'ardoises terminée par un brisis couvre l'entièreté du corps d'habitation. Le pignon est marqué par une tour hexagonale hors-œuvre, coiffée d'une courte flèche à six pans piquée d'une girouette. Le jardin, créé dans les années 1920, décline le vocabulaire complet du Nouveau jardin pittoresque défendu par Jules Buyssens, à qui on doit probablement attribuer cette réalisation. Celle-ci réunit un jardin régulier en regard de la façade arrière du château, une petite composition paysagère à son pourtour et un parcours pittoresque sous-couvert occupant le bas du versant descendant vers la vallée. Aménagé sur un plan légèrement relevé, soutenu par d'importants murs de soutènement en shiste, interrompus par plusieurs volées d'escaliers alternant avec des repos dallés, le jardin régulier est divisé par des chemins orthogonaux en dalles de shiste bordés de murets, aujourd'hui couverts de lierre. De nombreux et hauts topiaires de buis placés sur les limites des parterres de gazon rythment les axes de circulation, reliant trois aires de repos ornées de corbeilles fleuries ou d'éléments sculptés pour partie rapportés depuis la disparition des groupes sculptés d'Amours associés à des dauphins. Un élégant pavillon de bois peint, flanqué d'une longue pergola à piliers carrés en appareil de grès, surplombe le jardin. À l'instar des coupoles métalliques couvertes de rosiers qui subsistent, alignées au sud de la pergola, cette dernière conduisait une longue guirlande de roses. En limite nord du jardin, un alignement de hauts topiaires devance une haute frange paysagère composée d'essences aux feuillages lumineux où les silhouettes élancées de conifères contrastent avec le port étagé d'un érable du Japon à feuilles pourpres. En contre-haut de cette scène plantée, un haut portail en moellons marque l'entrée de l'ancien potager emmuré, contigu à la maison du jardinier, aujourd'hui occupé par un petit jardin d'agrément non dénué de charme. En contrebas du château et au-delà de la rue Saint-Thibaut, le coteau dominant la vallée de l'Ourthe conserve d'importantes traces d'un jardin pittoresque traversé par un escalier installé dans un décor intégrant des affleurements rocheux artificiels. Celui-ci relie, en partie basse, un ouvrage de maçonnerie intégrant un bassin de fontaine, axé sur la clôture de la propriété, à un important pavillon d'agrément en briques doté d'un bow-windows, installé au sommet du coteau. Des ifs et des cyprès accompagnent le parcours pittoresque. Bien que laissé à l'état d'abandon, ce jardin demeure, avec le jardin régulier étagé, un témoin particulièrement représentatif du courant mixte soutenu par Jules Buyssens dans les années 1920-1930 sous l'expression Nouveau jardin pittoresque.

Description

Éléments architecturaux : En limite supérieure du jardin régulier en terrasses, élégant pavillon rectangulaire en bois, largement ouvert, élevé sur une base en moellons et conforté aux angles par quatre piliers carrés dans le même appareil. Sa toiture d'ardoise artificielle à deux versants, largement débordante, est interrompue de manière axiale par une bâtière surmontant la double porte-fenêtre d'accès. L'arêtier de couverture est sommé de deux épis de faîtage. De part et d'autre du pavillon, six piliers carrés en moellons, alignés, portent respectivement une longue solive de bois destinée à être couverte de végétaux grimpants. Au pied de l'habitation, une suite de volées d'escaliers convergentes, en moellon de grès, sont ménagées dans les ouvrages de soutènement du jardin. Elles sont accompagnées de courts pilastres dans le même matériau, coiffés de dalles de shiste qui ponctuent les volées et les repos où ils sont reliés par des barres de fer formant garde-corps. Les repos comme les chemins de circulation du jardin, sont couverts de grands cassons de shiste à joints ouverts. Des murets, aujourd'hui couverts de lierre, accompagnent les cheminements. Une seconde pergola agrémente la façade nord de l'habitation. À proximité de celle-ci, une petite aire de repos circulaire en dalles de shiste est, elle aussi, bordée des mêmes murets en moellons de grès protégés par une fine couverture d'ardoises. Au nord-ouest du jardin régulier, un haut mur en appareil de grès isole l'ancienne maison du jardinier et son jardin étagé. Le mur est percé, sur l'axe, d'un portail en plein cintre sommé de deux hauts vases à couvercle posés sur une base carrée. À l'intérieur du jardin, de part et d'autre du portail, deux serres à vignes sont adossées à cette haute enceinte, Dans la parcelle boisée située au-delà de la rue Saint-Thibaut, subsiste un important pavillon en briques élevé sur un haut soubassement en moellon de grès, qui jouxtait autrefois un court de tennis. La construction de plan rectangulaire, installée à flanc de coteau, présente vers la vallée une façade agrémentée d'un bow-window dont les trois larges baies rectangulaires sont protégées par d'élégants garde-corps en fer forgé de style Art Déco. De plan légèrement courbe, les panneaux sont centrés sur un motif stylisé de vase sur pied à anses involutées, cantonné de paires de barres verticales enserrant un segment ondoyant. Deux étroits panneaux occupés par des motifs losangés, noués par des carrés, encadrent la composition. Depuis le pavillon, un chemin pittoresque descend le coteau pour rejoindre l'entrée basse ménagée sur la route de la vallée. Il est constitué d'une suite de degrés en blocs de pierre grossièrement équarris, reliés par de courtes rampes aujourd'hui en terre battue. De lourds blocs de roche rapportés sur des bords du chemin imitaient des affleurements rocheux naturels. Ce parcours pittoresque rejoint, en regard de l'entrée, un ouvrage en appareil de moellons intégrant, en son centre, une large niche en plein cintre destinée à accueillir un bassin. L'ouvrage très dégradé est épaulé de murets courbes soutenant les terres à la base du versant. Un belvédère orné d'un garde-corps en fer forgé surmontait cet ensemble. Deux pilastres flanquent la grille d'entrée composée de deux vantaux et de deux étroits panneaux latéraux ornés d'un motif médian de culot prolongé d'un pistil. Le couronnement est formé d'une couronne à cinq fleurons dressée sur un socle dont les extrémités s'enroulent vers l'intérieur.

Éléments végétaux : De nombreux topiaires de buis (Buxus sempervirens) taillés en pain de sucre ponctuent les axes et les chemins de circulation du jardin régulier. Au nord de celui-ci, une haute et étroite frange plantée délimite la propriété. Des variétés décoratives de feuillus et de conifères en constituent le premier rang : thuya doré (Thuja occidentalis 'Rheingold'), chêne d'Amérique (Quercus rubra), robinier (Robinia pseudoacacia), hêtre vert (Fagus sylvatica) et pourpre (Fagus sylvatica 'Atropurpurea'), if (Taxus baccata), cyprès (Chamaecyparis pisifera 'Filifera'). Quelques hauts topiaires d'if (Taxus baccata) taillés en des formes complexes avoisinent un bel érable du Japon (Acer palmatum 'Atropurpureum') au feuillage pourpre, dont la silhouette forme un contraste élégant sur les fonds végétaux. Dans l'ancien jardin productif emmuré, un catalpa (Catalpa bignonioides 'Aurea'), un robinier (Robinia pseudoacacia 'Aurea') et un cornouiller (Cornus controversa) plantés vers 1985. Des plates-bandes associent des hortensias à des vivaces d'ombre (Macleaya cordata ; Rodgersia pinnata ; Hosta sieboldiana).

Potager : L'ancien jardin productif, situé au nord du jardin régulier, relève aujourd'hui d'une propriété séparée. L'étagement initial de ce jardin emmuré a été conservé mais l'espace a été entièrement replanté d'un choix harmonieux d'essences décoratives vers 1985. Deux serres à vignes adossées sont conservées sur le niveau inférieur ; elles sont encore utilisées pour les semis.

L'eau : Un point d'eau, aujourd'hui disparu, approvisionnait le bassin de fontaine qui agrémentait l'entrée du jardin pittoresque.

État de conservation : Le jardin régulier conserve son organisation initiale tant minérale (chemins dallés, escaliers et hauts soutènements) que végétale (topiaires de buis), à l'exception des plates-bandes fleuries et des corbeilles de rosiers. L'ensemble de son décor mobilier, constitué de groupes sculptés représentant des Amours et des dauphins, a quant à lui entièrement disparu. Le jardin pittoresque établi sur le bas du versant est laissé à l'abandon depuis plusieurs dizaines d'années. Les ouvrages d'enrochement et les degrés en blocs de pierre sont gravement déstabilisés. L'ouvrage décoratif et son bassin de fontaine, jadis surmonté d'un belvédère, sont en ruine. L'alimentation en eau du bassin n'est plus assurée depuis longtemps. Les deux pavillons en bois (au sommet du jardin régulier) et en maçonnerie (en haut du jardin pittoresque) ont fait l'objet de récents travaux de rénovation.

Maintenance : De grands travaux d'urgence entrepris en 1998 ont permis de sauvegarder le jardin régulier : opérations de taille des topiaires et réfection des chemins, des escaliers et des hauts de murs de soutènement. Les surfaces enherbées du jardin et celles qui le jouxtent sont régulièrement coupées. Les abords de l'entrée haute n'ont pas encore fait l'objet d'opérations de reconditionnement et le jardin pittoresque est toujours à l'état d'abandon.

Documents iconographiques

Les soutènements en schiste des terrasses sont interrompus sur une suite de courtes volées d'escaliers alternant avec des repos. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie

Un élégant pavillon encadré de pergolas, de topiaires de buis et d'if rythment la terrasse supérieure du jardin. © N. de Harlez

Cartographie

Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 175/2

Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 55/5 (Hotton) Impr. coul. 1890

Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 55/5

Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 55/5/4

Informations administratives

Mériterait le classement pour : le jardin en terrasses des années 1920.

Publié : oui

Superficie : 2 hectares 50 ares

Informations complémentaires

Auteur du formulaire : Serge Delsemme / Nathalie de Harlez de Deulin

Date de création de la notice : 2003-03-26

Caractéristiques du parc/jardin

Statut du jardin : privé

Accueil du public : ouvert au public

Type de jardin : Pittoresque