Identification et description
Nom du jardin Parc de l'abbaye
Nom ancien Prieuré de Beaufays
Date de création première moitié du XVIIIe siècle ; 1890 ; 1921
Province Liège
Arrondissement Liège
Commune Chaudfontaine
Coordonnées Route de l'Abbaye, 1104052, Beaufays
Localisation Latitude : 50.5595218
Longitude : 5.651937299999986

Historique

L'origine du monastère de Beaufays remonte au XIIIe siècle. Les terres données par l'évêque de Verdun comprennent à l'époque la forêt dite« Bellum fagetum », signifiant« Belle Hêtreraie », en wallon« Bê fayi » d'où vient Beaufays. Cette forêt s'étend jusqu'à la Vesdre, entre le ruisseau de la Waltine et celui issu des viviers du monastère, aujourd'hui dénommé ruisseau du Bois-les-Moines. Jusqu'à la fin du XIXe siècle, un fossé d'eau longe sur quelques centaines de mètres la façade est du prieuré. A partir du XVIIIe siècle, le prieuré fait l'objet d'importants travaux de reconstruction et d'embellissement auxquels les prieurs successifs associent leur nom. L'église est entièrement reconstruite (1700-1701), les bâtiments conventuels sont agrandis tandis que des décors en stuc et des boiseries embellissent les pièces intérieures ainsi que la« maisonnette » du jardin (actuel pavillon du potager) portant les armes du prieur Henry de Goha. A la Révolution, les biens de la communauté sont mis sous séquestre puis vendus par parties. Quatre anciens chanoines rachètent, en 1798, cinquante bonniers de terrain comprenant le prieuré, l'église, la ferme contigüe et le moulin dont l'étang est alimenté par le ruisseau issu des viviers du prieuré. A la même époque est vendu le manoir attenant de Bois-le-Moine avec douze bonniers. Dès 1802, les chanoines cèdent leurs droits de propriété à Gilles Meunier mais conservent l'usage de certains bâtiments ainsi que le droit de chasser et de jouir des« promenades du grand jardin » (actuel jardin potager) avec leurs visiteurs. En 1854, le domaine compte encore 85 hectares dont 35 de bois. En 1875, le prieuré est vendu à une congrégation de religieuses Ursulines allemandes qui, pour leur pensionnat, font construire une nouvelle aile de bâtiment dans le prolongement de la façade est. L'accès se fait alors grâce à l'ouverture d'un portail à fronton en face duquel une digue est jetée sur le fossé d'eau. En 1890, Adolphe Laloux, industriel et financier, rachète la propriété, fait combler les deux viviers supérieurs et transforme le troisième en plan d'eau d'agrément en même temps qu'il plante le parc. Enfin, il dote la façade est d'un large perron donnant directement sur le parc. A la mort d'Adolphe Laloux en 1919, la propriété compte encore 175 hectares de bois, cultures, pâturages et bruyères. En 1912, son fils Augustin entreprend d'importants travaux aux abords directs de la façade principale, axés sur un ouvrage de soutènement décoratif. Dans l'esprit d'un« jardin moderne », la composition comprend au pied du bâtiment une suite de plates-bandes de rosiers installées sur une terrasse gazonnée, en léger surplomb d'un alignement d'ifs taillés en cône. De l'autre côté du chemin, deux ifs placés sur des parterres découpés de gazon ponctuent une petite allée de circulation descendant vers l'étang. Ce dispositif, destiné à conduire le regard vers le coeur du parc, a aujourd'hui disparu, remplacé par une surface gazonnée libre. Celle-ci est contournée par une longue promenade de ceinture richement plantée d'arbres isolés et en cercle. Le coeur du parc est le grand plan d'eau au contour sinueux, supporté au sud-ouest par un épais couvert végétal. Au nord de l'ensemble formé par le château et la ferme, subsiste un important potager dont l'axe principal relie le portail d'entrée à l'élégant pavillon du XVIIIe siècle qui, initialement, agrémentait un jardin décoratif. La route de l'Abbaye qui longue le mur d'enceinte du potager est bordée d'un alignement de hêtre pourpre qui, malgré les abattages successifs, constitue toujours un élément de structure et de signalisation du site dans le paysage.

Description

Éléments architecturaux : En fin de perspective de l'allée longeant la façade principale du château et aménagé au pied du talus de l'ancien verger, ouvrage de soutènement (1921) composé d'un mur en moellons creusé d'une niche, prolongé latéralement de deux épaulements dans le même matériau.

Éléments végétaux : Depuis la route de l'abbaye, le chemin conduisant au porche de la ferme est replanté d'une allée de platane (Platanus x acerifolia) sur un rythme serré, chaque pied se dégageant d'un cube de troêne (Ligustrum ovalifolium) taillé. Longeant cette allée au sud et formant la limite du parc paysager, haute haie de charme (Carpinus betulus) interrompue au milieu de sa course par la barrière en bois peint donnant accès au parc. En bordure de la promenade de ceinture du parc, depuis l'entrée au nord et en contournant l'étang par le fond du parc : un gros tilleul (Tilia platyphyllos) suivi d'un séquoia (Sequoiadendrum giganteum) planté en 1890, d'un platane (Platanus x acerifolia) et d'un chêne d'Amérique (Quercus rubra) ; deux pins (Pinus nigra et Pinus strobus). A l'extrémité est de la course, un tilleul argenté (Tilia petiolaris) suivi d'un hêtre pourpre (Fagus sylvatica 'Atropurpurea'). Suivent trois plantations en cercle : sept hêtres verts à feuilles incisées (Fagus sylvatica 'Heterophylla'), six cèdres de l'Atlas (Cedrus atlantica 'Glauca') et quatre hêtres verts (Fagus sylvatica), relief d'un cercle de neufs sujets. Dans la zone enherbée précédant l'étang, un chêne d'Amérique (Quercus rubra) et un ailanthe (Ailanthus altissima). Soulignant la longue façade du château, alignement de topiaires d'if (Taxus baccata) en cône disposé sur un tapis de gazon dont le talutage, côté château, supporte des plates-bandes de rosiers. A l'extrémité est de la longue terrasse du château, cyprès de Lawson (Chamaecyparis lawsoniana) transplanté à la même époque (1921), à grande peine, pour libérer la grande perspective vers l'étang. A droite de l'entrée du parc, adossée à la haie de charme, large haie d'if (Taxus baccata) taillée avec des redents destinés à accueillir des éléments mobiliers, précédée de topiaires d'if et de plates-bandes de rosiers.

Potager : Occupant une grande parcelle triangulaire comprise entre la rue de l'Abbaye et l'allée d'accès du château, magnifique jardin potager et fruitier entièrement emmuré. Marquant l'entrée, beau portail de brique à chaînage de calcaire percé d'une porte en anse de panier, à claveaux harpés, avec ancres de fixation, aujourd'hui fermée par une belle barrière de bois. Couverture d'ardoise en bâtière, à croupes, avec corbeaux de bois. Le portail et le pavillon sont reliés par une allée axiale bordée de plates-bandes délimitées par des haies basses de buis. Au croisement des deux allées principales, parterre circulaire bordé de buis, accueillant autrefois des plantes annuelles de décoration florale estivale. La partie centrale du potager, toujours en activité, est découpée en carrés et planches de culture associant des plantes potagères, des rosiers et des fleurs à couper dont des lignes d'iris de Sibérie (Iris siberica) et des carrés de pieds d'alouette (Delphinium hybride) en variété. Les surfaces de culture les plus importantes sont réservées aux plantes potagères de grand rapport. A droite du pavillon, alignement d'arbustes à petits fruits. Au pied du mur d'enceinte, quatre grands ifs (Taxus baccata). A gauche du pavillon, serres vitrées et plantations sous châssis. La pointe orientale du potager est ponctuée d'un vieil if. Durant la première moitié du siècle, une serre à vigne métallique avait été curieusement appliquée contre la façade du pavillon.

L'eau : Formant le décor principal du parc, grand plan d'eau paysager résultant de la transformation d'un des trois anciens viviers du prieuré, alimenté par le ruisseau du Bois-les-Moines.

Particularités : Au fond de l'allée axiale du potager et adossé au mur d'enceinte, pavillon du XVIIIe siècle, en brique sous bâtière d'ardoise surbaissée par de forts coyaux et de larges croupes à épis, récemment restaurée. Encadrements en calcaire de la porte et des fenêtres modifiés. A l'intérieur, étonnant plafond stuqué, dans les tons bronze et ocre (?), portant les armes de Henri de Goha (le blason aux cinq fusées), prieur entre 1705 et 1732. Le blason , surmonté de la couronne, est entouré de guirlandes de feuilles d'acanthe formant le motif central d'une composition rayonnante se dégageant d'un fond à décor de nid d'abeille. Les angles sont occupés par un motif composé à partir de courbes en C et de feuilles d'acanthe, avec cul de lampe, un peu à la manière d'une grotesque. Sur le manteau de la cheminée, médaillon ovale (vide), entouré d'un décor stuqué dans le même esprit. Cet ensemble, même fragilisé, constitue un remarquable témoin décoratif à sauvegarder.

État de conservation : La plus ancienne partie de la propriété est son jardin potager déjà visible sur la gravure de R. Leloup, vers 1740, où il est clairement traité en jardin d'agrément découpé en parterres de broderies. Depuis sa création, ce jardin constitue une entité distincte, délimitée par son mur d'enceinte. Affecté, depuis le début du XXe siècle, aux cultures potagères et fruitières, il conserve néanmoins un caractère d'agrément. Dans le parc, la grande promenade ceinturant l'étang n'est plus entièrement lisible et ne relie plus les différentes scènes plantées. Sur les gazons, plusieurs cercles de grands arbres sont incomplets. Les aménagements réguliers effectués en 1921, de part et d'autre du chemin longeant la façade principale, ne sont conservés que du côté du bâtiment.

Maintenance : L'axe principal du potager et ses compartiments de fleurs et de légumes sont entretenus avec grand soin. Les plantations d'alignement accompagnant le chemin d'accès sont taillées selon des gabarits réguliers qui donnent son rythme à l'allée. Dans la partie proche du bâtiment, dont les aménagements relèvent de 1921, les plates-bandes sont proprement découpées dans les surfaces gazonnées. La grande zone paysagère est traitée de manière de plus en plus naturelle au détriment quelquefois de certaines scènes aux abords du plan d'eau. Quelques arbres parmi les plus remarquables mériteraient des soins importants à leur couronne, de manière à conforter leur statut d'arbre de position.

Cartographie

Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 192/3

Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 42/6 (Chênée) Impr. coul. 1889

Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 42/6

Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 42/6/4

Documents iconographiques

Grand plan d'eau créé vers 1890. © N. de Harlez

Iconographie

Autre(s) source(s) iconographique(s) :
Le prieuré de Beaufays. Peinture à l'huile, fin du XVIIIe siècle - début du XIXe siècle (Coll. Vincent Laloux, Bruxelles).
Le prieuré de Beaufays. Ses viviers. Aquarelle, 1ère moitié du XIXe siècle (Coll. M. Trasenster).
Beaufays. Prieuré, lithographie de Stroobant (Liège, Cabinet des Estampes).
Travaux effectués en 1921. Photographies n/bl. (Coll. Indivision Laloux).

Bibliographie

DESMEDT - WILLOT G., « Prieuré de Beaufays », Monasticum Belge, Province de Liège, t. 2, 3e fasc., Liège, 1955, p. 347-373.

LAMARCHE A., « Le prieuré de Beaufays », Maison d'hier et d'Aujourd'hui, 1994, n° 101, p. 18-30.

Le patrimoine monumental de la Belgique Wallonie, Liège, P. MARDAGA, 1972 à 1997, vol. 8, t. 1, p. 179-185.

STEKKE J., « Le monastère et l'église de Beaufays-lez-Liège », Bulletin de la Société d'Art et d'Histoire du diocèse de Liège, t. 38, 1953, p. 1-69.

Informations administratives

Intitulé du classement : Site

Éléments classés : alentours de l'ancien prieuré

Arrêté : 1936-01-15

Mériterait le classement pour : le pavillon du XVIIIe siècle dans le jardin potager et son décor intérieur.

Publié : non

Superficie : 27 hectares classés

Informations complémentaires

Auteur du formulaire : Serge Delsemme / Nathalie de Harlez de Deulin

Date de création de la notice : 1999-02-07

Caractéristiques du parc/jardin

Statut du jardin : privé

Accueil du public : fermé au public

Classement : Site

Type de jardin : À la française