Identification et description
Nom du jardin Domaine Provincial de Wégimont
Nom ancien Château de Wégimont
Date de création première moitié du XIXe siècle
Province Liège
Arrondissement Liège
Commune Soumagne
Coordonnées Chaussée de Wégimont, 754630, Ayeneux
Localisation Latitude : 50.6099863
Longitude : 5.738033599999994

Historique

Sous l'ancien Régime, le domaine de Wégimont (parfois écrit Wigermont, Wigiermont ou encore Wigimont) fait partie de l'avouerie de Fléron. Au XVIe siècle, il est habité par Thiry de Rosey, seigneur de Wégimont. En 1610, il passe par alliance à Charles-Ernest de Lynden dont la famille en reste propriétaire jusqu'au milieu du XVIIIe siècle. En 1738, P.-L. de Saumery donne une description détaillée du château et évoque ses abords. La maison est« adossée à un parc spacieux et tout enfermé d'une solide muraille (...) qui comprend l'espace de quatre vingt bonniers, est partagé en des Prairies, des Vergers et un bois de haute futaie, aussi agréable par la grandeur des Arbres que par l'ombrage épais que produit leur cime toufüe (...) ». En 1756, la famille d'Oultremont prend possession du domaine qu'elle occupera jusqu'en 1920, date à laquelle les comtesses Apolline et Camille d'Oultremont et de Warfusée déclarent en faire donation à la Province de Liège, du« château avec ses annexes, dépendances, remises, écuries, l'étang qui entoure les bâtiments et les allées encadrant le tout ». La Province rachète également 18 hectares 20 centiares de terrains et prairies voisins du château. Mais ce n'est qu'en 1937 qu'une affectation est donnée au domaine qui est aménagé en centre de loisirs pour la classe ouvrière. Le Domaine provincial est inauguré par le Roi Léopold III le 21 août 1938. Il comprend une plaine de jeux, une piscine et un terrain de camping. Durand la Seconde Guerre, le château abrite un« Lebensborn » puis un camp pour prisonniers allemands, un pénitencier pour soldats rebelles et enfin un centre de repos pour soldats américains. En 1964, un incendie détruit une grande partie du château qui n'est reconstruit qu'en 1981. De l'ensemble initial subsistent la tour d'entrée au sud, les extrémités des ailes latérales nord et sud, et la terrasse qui bordait sur toute sa longueur le corps de logis. Le château entouré de douves et encerclé par un glacis est accessible par un pont à trois arches précédant la haute tour d'entrée. Le parc, clôturé sur deux côtés par un haut mur de brique, est aménagé durant la première moitié du XIXe siècle en un long ensemble paysager tirant parti de la présence d'une succession de six plans d'eau reliés en cascade du nord vers le sud, dont l'origine est antérieure au parc. La composition se développe au nord et à l'ouest du château sur un terrain au relief mouvementé offrant une série de points de vue naturels ou aménagés en direction des deux étangs principaux. Le plus pittoresque de ceux-ci est occupé par une fabrique néoclassique édifiée au-dessus d'une grotte artificielle dont l'architecture émerge de l'éperon planté. En complément, l'extrémité nord du grand plan inférieur est traitée sous la forme d'un imposant ouvrage d'enrochement où la mise en oeuvre des pierres était destinée à accueillir plusieurs cascades. Ces deux scènes conservées attestent aujourd'hui encore de la volonté de mettre en place un décor éminemment pittoresque tirant parti de la présence de grandes surfaces d'eau. A cet égard, cet ensemble constitue un témoignage rare et représentatif de l'art de composer du début du XIXe siècle.

Description

Éléments architecturaux : Le long de la route menant au château, à l'intérieur de l'enceinte, anciennes écuries (1822) transformées en maison d'habitation. Dans le parc, deux constructions pittoresques sont conservées. A la pointe sud-ouest, sur un éperon rocheux dominant l'étang inférieur, petite rotonde (tholos) construite en calcaire de Meuse abritant une pièce intérieure (cella) percée de quatre portes, coiffée d'un dôme posé sur un tambour essenté. Huit colonnes ioniques forment un portique à péristyle et sont prolongées au-dessus de l'entablement, par autant de figures féminines à l'Antique. Le plafond du péristyle est ornés de caissons et la coupole de huit panneaux stuqués de style Empire. Les quatre baies sont surmontées de bas-reliefs mettant en scène des putti. Sous les bas-reliefs, traces d'arcs cintrés rebouchés. Cette rotonde« est édifiée au-dessus d'une grotte artificielle qui se termine, à l'aplomb du temple, par une salle de bains de plan circulaire comprenant une baignoire en pierre encastrée dans le sol, un foyer pour chauffer la pièce et l'eau et une vasque située au centre de la salle » (M. BOUCHAT). Bordant la berge nord du grand étang inférieur, important ouvrage d'enrochement constitué de blocs informes de calcaire de Meuse, de petit granit et de moellon de grès houiller masquant la différence de niveau entre les deux étangs. Cet étonnant décor en rocaille comprenait jadis un passage couvert tandis que l'eau s'écoulait en cascade sur les enrochements. A l'ouest du grand étang du milieu, au lieu-dit« Fond des Gottes », ancienne chapelle des Carmes élevée en 1643, remaniée et agrandie en 1671, conservant le caveau de famille d'Oultremont. Petit bâtiment en brique et calcaire avec choeur à trois pans, sous bâtière d'ardoise à croupe et coyaux surmontée d'un clocheton.

Éléments végétaux : Plantée parallèlement à la douve nord-est, alignement de tilleul (Tilia platyphyllos). Sur l'éperon rocheux dominant le grand étang inférieur, couverture d'essences indigènes dont les plus représentatives sont l'érable plane (Acer platanoides), le frêne commun (Fraxinus excelsior) et quelques châtaigniers (Castanea sativa). Au nord du parc, aux abords des petits étangs supérieurs, reliefs d'alignements de charme (Carpinus betulus). Dans le sous-bois, en remontant vers l'est, quelques beaux chênes pédonculés (Quercus robur) se dégagent d'un ensemble d'érable et de sorbier. Sur le versant dominant l'étang du milieu, nombreuses plantations de jeunes arbres à caractère de collection. Dans l'avant-cour du château, de nouvelles plantations hybrides décorent les abords des parkings et des circulations.

L'eau : Six étangs se succèdent en cascade (du nord au sud) alimentés par un ruisseau venant de Soumagne et rejoignant, au sud, le cours de la Magne. Le premier étang en amont est appellé« le réservoir », celui du milieu« l'étang gosi » (gosier) et l'étang inférieur« l'étang gorli ». L'existance de ces étangs est antérieure à l'aménagement du parc.

État de conservation : De la composition mise en place dans la première moitié du XIXe siècle, subsistent ses deux constructions les plus pittoresques : la rotonde sur son éperon rocheux et l'important ouvrage d'enrochement qui forme le fond de décor du grand plan d'eau inférieur. Cet ouvrage apparaît toutefois partiellement dégradé dans ses parties hautes. Les six plans d'eau en cascade, aménagés à partir d'étangs-réservoirs préexistants, constituent toujours la ligne de force de la composition. Le parc semble toutefois privé d'une grande partie de ses plantations d'origine. Les importants travaux de reconditionnement menés sur l'ensemble du domaine ont malheureusement altéré le caractère romantique de son décor original. Ces interventions sont en partie justifiées par l'utilisation du site en une suite d'espaces récréatifs.

Maintenance : Malgré une fréquentation élevée, le parc demeure un espace de promenade agréable, régulièrement nettoyé et entretenu.

Documents iconographiques

Carte postale, éd. Demarteau-Sosson-Soumagne, s.d. (vers 1900). Depuis 1900, le site a peu changé mais l'important ouvrage d'enrochement, visible en fin de perspective de l'étang sur la vue ancienne est aujourd'hui masqué par le développement de la végétation orborée. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie

© Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie

Le grand ouvrage d'enrochement construit à l'extrémité nord du plus grand plan d'eau formait un décor éminemment pittoresque, partiellement dégradé aujourd'hui. La mise en forme des blocs de pierre de différentes natures intégrait un passage couvert ainsi que plusieurs cascades. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie

Cartographie

Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 192/2

Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 42/7 (Fléron) Impr. coul. 1891

Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 42/7

Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 42/7/2

Iconographie

Autre(s) source(s) iconographique(s) :
- Le château d'Aigremont au milieu du XIXe siècle. Huile sur toile par L. Demaertelaer, 1859 (coll. d'Oultremont).
- Château de Wégimont. Dessin de Paul Lohest dans Recueil de pierres tombales, croix, armoiries et inscriptions, 15 mai 1899 (Bibliothèque Générale de l'Université, Manuscrits).

Bibliographie

BOUCHAT Marc, « A propos d'un projet de fabrique et de glacière pour le château de Deulin », Bulletin de la Commission royale des Monuments Sites et Fouilles, 10, 1981, p. 191, note 33.

FRANCK B.enoît, DE HARLEZ DE DEULIN Nathalie, TOURNEUR Francis, Le domaine provincial de Wégimont, MRW, Liège (Coll. Carnets du patrimoine, 9), 1995.

HANS H. (Dr), Le château, les seigneurs et le couvent des Carmes de Wégimont, Verviers, 1933.

Le patrimoine monumental de la Belgique Wallonie, Liège, P. MARDAGA, 1972 à 1997, vol. 8, t. 2, p. 605-608.

Informations administratives

Publié : non

Informations complémentaires

Auteur du formulaire : Serge Delsemme / Nathalie de Harlez de Deulin

Date de création de la notice : 1999-03-04

Caractéristiques du parc/jardin

Statut du jardin : public

Accueil du public : ouvert au public

Type de jardin : Paysager