Identification et description
Nom du jardin Jardin du Château d'Aigremont
Date de création début du XVIIIe siècle
Province Liège
Arrondissement Liège
Commune Flémalle
Coordonnées Rue du Château4400, Les Awirs
Localisation Latitude : 50.5943313
Longitude : 5.4353049000000055

Historique

Installé sur un rocher abrupt dominant la vallée de la Meuse, le château d'Aigremont est construit entre 1717 et 1725 par Mathias Clercx, chanoine de la cathédrale de Liège, devenu seigneur d'Aigremont deux ans plus tôt, par voie d'achat. Clercx dresse lui-même les plans du château dont l'histoire de la construction a été retracée avec grande précision par P. Colman et B. Lhoist-Colman, à partir de l'étude du livre de comptes conservé aux Archives de l'Etat à Liège. Ce« Manuel ou journalier », dressé par Mathias Clercx entre 1715 et 1730, mentionne un certain nombre de données relatives aux deux pavillons, aux bassins des fontaines, aux ferronneries (treillis, rampes des escaliers des terrasses, portes de fer) et aux vases de cuivre accompagnant les rampes de la terrasse, enfin aux plantations. Dès 1719, Clercx achète des« noyers, pêchers, brugnons, abricotiers, pruniers, cerisiers, poiriers, poiriers nains pour espaliers, poiriers sur cognassiers, 'poiriers sauvages semer', 'cormes' et 'cornaliers' (cornouillers, ormes, châtaigniers, marronniers), mûriers, 'ives' (ifs), 'espinnes' (épines, probablement aubépines) en quantité, 'gris bois', blanc bois (peupliers), sapins et romarins ». Certains des fruitiers cités étaient certainement destinés à être palissés sur les murs du jardin exposés plein sud, comme le montre le dessin de Remacle Leloup représentant le château vu du côté de la vallée. Quant aux épines, on peut penser qu'elles étaient destinées à former des haies de protection, comme il était de tradition. Dans le potager, on trouve essentiellement des choux (cabus) mais aussi des artichauts et des asperges. Au livre des comptes, Clercx mentionne également divers fournisseurs parmi lesquels Delhaxhe (ou Dellehaxhe) qui est aussi son jardinier, et d'autres plus occasionnels dans la région liégeoise mais aussi à Lens-Saint-Servais, Guigoven, Bruxelles, Reims et même la Chartreuse de Paris renommée à l'époque pour la qualité de ses pépinières, notamment de fruitiers. Les dessins de Remacle Leloup, réalisés au plus tard en 1738, montrent clairement le jardin en terrasses emmuré, ses deux pavillons d'angle ainsi qu'un bois traversé d'allées en étoile au sud. La carte de Ferraris confirme cet état des lieux qui ne changera plus fondamentalement durant les siècles suivants. En 1827, le château est occupé par un pensionnat puis, en 1833, est loué à un négociant de Liège avant de devenir la propriété de Jean-Michel-Mathias-Léonard de Clercx de Waroux. En janvier 1869, un éboulement produit de graves dégâts à la ferme. Si le château et le jardin en sortent indemnes, l'activité industrielle (travaux miniers) est responsable de la dégradation progressive du site. En 1971, l'Association royale des Demeures historiques de Belgique rachète le château (dépouillé de son décor mobilier) avec plus de neuf hectares de terrain. A l'image du château, le jardin apparaît privé de l'ensemble des végétaux qui agrémentaient ses murs et ses parterres. Le seul effort de plantation a constitué à disposer des rosiers dans les plates-bandes ornant la première terrasse et à mettre en place une suite de vingt topiaires d'if sur les angles des parterres de gazon de la grande terrasse supérieure. De cet ensemble harmonieux du XVIIIe siècle, aujourd'hui mis en péril par l'exploitation des carrières toutes proches, il convient de souligner le caractère homogène de ses différents éléments construits (le château, la ferme, la chapelle, les terrasses et ses pavillons d'angle) encore mis en valeur par des ouvrages d'enceinte et de soutènement témoignant d'une grande qualité de mise en oeuvre.

Description

Éléments architecturaux : A l'angle nord-est de la cour d'honneur, belle chapelle baroque élevée en 1725 et dédiée à Saint-Mathias (du nom de son constructeur Mathias Clercx). Edifice en brique, harpé aux angles et doté d'une façade à volutes percée d'une porte à refends surmontée d'un panneau mouluré marqué du chronogramme de la construction et d'une grande niche cintrée occupée par une statue de Saint-Mathias. Le jardin est clôturé au nord et à l'est (entre les pavillons) par un mur d'enceinte en moellons de calcaire assisé, protégé d'un couvre-mur dans le même matériau. Long mur nord percé d'une élégante porte à encadrement de blocs de calcaire, accessible depuis la grande terrasse supérieure.

Éléments végétaux : Précédant la cour d'honneur, courte allée de marronnier (Aesculus hippocastanum). Sur la terrasse supérieure, vingt hauts topiaires d'if (Taxus baccata) encadrent les quatre parterres de gazon. Sur la terrasse inférieure, quelques plates-bandes de rosiers polyanthas rouges soulignent les circulations. Au pied du mur nord et le long du mur sud, arbustes décoratifs en désaccord avec le caractère de ce jardin régulier. L'axe du jardin est prolongé vers l'est, extra-muros, par une allée de poirier (Pyrus communis).

Potager : Exposée plein sud, au pied du mur d'enceinte, longue et étroite terrasse de culture, aujourd'hui en friche.

L'eau : Marquant le centre de la terrasse inférieure, bassin de fontaine en pierre à margelle circulaire. Dans la cour d'honneur, adossées au mur nord, de part et d'autre de la grille d'entrée, fontaines monumentales dédiées à Neptune et à Amphitrite. Il s'agit de grandes niches dont l'importants décor polychrome reproduit des motifs végétaux en relief : des roseaux avec graines (?) à gauche et des feuilles de chêne avec glands à droite. En partie supérieure de chaque niche, aigle sur fond de décor de rocaille.

Particularités : Marquant les angles nord-est et sud-ouest du jardin emmuré, deux pavillons en brique rouge, à chaînage d'angle en harpe et encadrements de baies en pierre calcaire, de deux niveaux, sous une toiture d'ardoise en pavillon percée d'une lucarne et sommée de deux épis. Plutôt que d'occuper les angles de la terrasse, comme il est de tradition, les pavillons sont placés sur l'angle, leur maçonnerie débordant pour partie à l'extérieur du mur d'enceinte. Terminés en 1725 (charpente datée de 1723), ces« cabinets » comme les appelle P.L. de Saumery, constituent un témoignage caractéristique de l'art des jardins du début du XVIIIe siècle dans la principauté de Liège.

État de conservation : Le décor actuel des deux jardins en terrasse résulte d'un aménagement relativement récent, tant pour les topiaires d'if que pour les plates-bandes de rosiers. De la structure originale du XVIIIe siècle subsistent les deux pavillons d'angle et l'ensemble des murs d'enceinte et de soutènement qui inscrivent toujours très clairement son assise dans le paysage. Jusque dans les années 1970, la cour d'honneur était décorée de quatre compartiments de gazon enserrant une surface circulaire pavée. Ces parterres ont été supprimés de manière a retrouvé l'esprit d'une cour d'honneur du XVIIIe siècle. De larges fissures apparaissent dans le mur d'enceinte nord, en particulier au pied du pavillon occupant l'angle nord-est, risquant de provoquer prochainement des dégats importants aux deux pavillons.

Maintenance : Le potager est désaffecté, les surfaces gazonnées sont régulièrement tondues et les topiaires d'if sont taillés avec soin. Le développement de ceux-ci est aujourd'hui beaucoup trop important et apparaît hors proportion par rapport à la dimension du jardin et à la hauteur des murs d'enceinte. Les plates-bandes de rosiers de la première terrasse sont soignées avec un minimum d'attention.

Cartographie

Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 171/1

Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 41/8 (Saint-Georges) Impr. coul. 1933

Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 41/8

Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 41/8/4

Autre(s) source(s) cartographique(s) : - Mémoire pour Mons[e]ig[neur] touchant son jardin d'Aigremont. (A.E.L., Fonds Clercx).

Commentaire(s) : Plan schématique avec annotations d'arpentage correspondant sans doute à un avant-projet. La superficie totale se décompose en trois carrés, de onze verges de côté (un peu plus de 51 cm) chacun, séparés les uns des autres par une« montée de quelques pas degré ».

Iconographie

Autre(s) source(s) iconographique(s) :
Le château d'Aigremont vu du côté cour. Dessin de Remacle Leloup, 1738 au plus tard.
Le château d'Aigremont vu du côté de la vallée. Dessin de Remacle Leloup, 1738 au plus tard.

Bibliographie

COLMAN Pierre, LHOIST-COLMAN Berthe, « Le château d'Aigremont. I. Construction, aménagement et remaniements », Bulletin de la Commision royale des Monuments et Sites, 1975-76, t. 5, p 115 et suiv.

DE TRAZEGNIES D., « Aigremont a retrouvé son lustre d'antan », L'Eventail, n°8, 1995, p. 48-55.

GENICOT Luc-Francis (dir.), Le grand livre des châteaux de Belgique, Bruxelles, Vokaer, 1977, t. 2, p. 38-40.

La Maison d'Hier et d'Aujourd'hui, numéro spécial : Nos châteaux, 1971, p. 10-11.

Le patrimoine monumental de la Belgique Wallonie, Liège, P. MARDAGA, 1972 à 1997, vol. 8, t. 1, p. 98.

PECHERE René, Parcs et jardins de BelgiqueBruxelles, Rossel, « Nouveaux guides de Belgique », 1976, p. 15-17.

Informations administratives

Intitulé du classement : Site

Éléments classés : alentours du château

Arrêté 1 : 1978-01-16

Arrêté 2 : 1979-12-21

Publié : non

Superficie : 9 hectares

Informations complémentaires

Auteur du formulaire : Serge Delsemme / Nathalie de Harlez de Deulin

Date de création de la notice : 1999-03-01

Caractéristiques du parc/jardin

Statut du jardin : privé

Accueil du public : ouvert au public

Classement : Site

Type de jardin : À la française