Identification et description
Nom du jardin Parc du Jardin Botanique
Nom ancien Jardin botanique de l'Université de Liège
Date de création 1819 ; 1839
Province Liège
Arrondissement Liège
Commune Liège
Auteur/ Créateur Jules-Etienne Rémont, architecte de la Ville de Liège
Auteur/ Créateur Charles Morren, directeur du Jardin botanique de Liège
Auteur/ Créateur Edouard Morren, directeur du Jardin botanique de Liège
Coordonnées Rue Louvrex - rue Fuchs4000, Liège
Localisation Latitude : 50.6343498
Longitude : 5.564079499999934

Historique

Le jardin botanique a été fondé en 1816, suite à la parution d'un règlement par lequel le Gouvernement hollandais du Roi Guillaume Ier arrêtait que chaque université serait dotée d'un jardin botanique. Ce même règlement instituait à Liège une université. C'est ainsi que le jardin particulier des anciens jésuites wallons, compris entre la Meuse et la place de l'Université, est affecté en jardin botanique et aménagé entre 1825 et 1834 par le Professeur Gaëde aidé de Richard Courtois. Charles Morren qui lui succède comme directeur en 1835, accroît les collections qui rassemblent bientôt quelques 2000 espèces en serres et 3500 en plein air. Face à l'exiguïté de ce jardin, Charles Morren obtient en 1836 le transfert du jardin botanique au pied de la colline de Saint-Gilles sur environ 6 hectares. Les plans en sont dressés et présentés en 1839 (approuvés par le Conseil Communal du 26 juin 1839) par l'architecte de la Ville J.E. Rémont, selon un aménagement paysager offrant un lieu de promenade répondant à la fois aux besoins de la science et à ceux du public. Les plantations sont réalisées entre 1841 et 1854. En 1843, lorsque le Conseil communal arrête le règlement d'ordre intérieur du nouveau jardin botanique, les fondations de toutes les serres sont déjà mises en place. Leur achèvement nécessite toutefois de longues années et l'ensemble n'est inauguré qu'en 1883. Suite à des voyages en Allemagne et dans les Alpes suisses, Edouard Morren fait aménager une grande rocaille résertvée aux plantes de montagnes. Alors que les collections des plantes de pleine terre sont l'oeuvre de Charles Morren, la base des collections des serres est davantage l'oeuvre de son fils Edouard qui lui succède. Suite à la destruction, en 1944, des grandes rotondes des serres hautes, seules les serres basses sont maintenues. Le 12 juillet 1961, la décision est prise de transférer le jardin botanique au Sart-Tilman où sera aménagé le nouveau campus universitaire. Les premières collections de pleine terre y sont installées en 1968. Alors que le parc est cédé à la Ville de Liège, l'Université continue d'assurer la gestion des serres et de leurs collections. Le parc occupe un espace de forme pentagonale, cerné de toutes parts par des voiries, et limité par les soubassements en pierre calcaire des anciennes grilles démontées dans les années 1970. Il forme un petit ensemble paysager parcouru par un important réseau de promenade circulant sous les frondaisons rapprochées des grands arbres. Ceux-ci constituent actuellement l'essentiel des collections dendrologiques maintenues dans le parc. Quant aux serres aujourd'hui sauvegardées, elles constituent un exceptionnel témoin architectural et offrent, avec leur collections, un espace de recherche vivant, perpétuant ainsi la mission de recherche propre aux facultés universtaires de pharmacie et de botanique.

Description

Éléments architecturaux : Dans l'angle nord-est du jardin, ancienne maison occupée par le Jardinier en Chef, haute habitation en brique rouge du milieu du XIXe siècle. Le complexe des serres implanté au nord-ouest du jardin et orienté sud-ouest, était composé de deux ensembles parallèles et étagés, disposés de part et d'autre d'un axe de symétrie. De l'ensemble supérieur ne demeurent que les vestiges des murs des deux rotondes octogonales (palmeraie et orangerie) et le vestibule axial. De part et d'autre des rotondes subsistent les bâtiments classés de l'Institut de Botanique comportant hémicycles, laboratoires et locaux de service. Les deux ensembles sont séparés par une terrasse bordée au sud-ouest d'une balustrade en pierre calcaire fondée sur le mur de soutènement de l'espace réservé aux serres basses. Des vasques en fonte à décor de mufle de lions, volées dans la nuit du 24 mars 1994, ponctuaient la balustrade interrompue dans son axe par un escalier à volée double à montées convergentes. L'ensemble des anciennes serres basses (tempérées à l'ouest, chaudes au sud et froides à l'est) constitue un U articulé sur des pavillons d'angle, et qui se répartit de part et d'autre de l'aquarium axial. En 1954, celui-ci a été prolongé au nord par une nouvelle serre flanquée de deux plus petites. Ces trois constructions qui ont été remplacées par des parterres d'étude, les châssis et les semis, nuisent à la perception des serres originelles. Les serres sont surmontées de passerelles courantes en ferronnerie et les deux pavillons d'angle sont surmontés de beaux épis métalliques à motif feuillagé.

Éléments végétaux : A partir des années 1880, une vaste rocaille réservée aux plantes montagnardes occupait la partie la plus élevée du jardin. Etablie en forme de demi-lune, elle était composée de trois massifs constitués de rochers de grès, de calcaire et de tuf séparés par des vallées. Sous un des massifs se trouvait une grotte pour les Hyménophylles et, sous une autre, une petite glacière destinée à maintenir le froid sous les plantes de hautes altitudes durant l'été. Remodelée vers 1950, la rocaille a ensuite été abandonnée puis remplacée en 1965 par une nouvelle construction. A l'origine, celle-ci accueillait plusieurs centaines de plantes provenant des différentes zones montagnardes tempérées du globe. Cette rocaille a à nouveau été abandonnée à la fin des années 1960. Outre son caractère de collection inhérent à sa vocation, ce parc botanique se caractérise également par son tracé paysager desservi par un grand nombre de chemins dont les largeurs varient en fonction de leur fréquentation. Ceux-ci permettent de contourner chaque parcelle de plantation pour en apprécier la qualité. Celles-ci rassemblent toujours par endroits des groupes de même famille qui, au cours du temps, ont été complétés selon des orientations diverses. L'ensemble forme un petit parc paysager densément planté. Près de l'ancienne maison du Jardinier en Chef (angle nord-est), on trouve un splendide zelkova (Zelkova serrata) - qui aurait été acheté en 1881 par Edouard Morren aux pépinières de Perck (Vilvorde) - accompagné de deux torreyas (Torreya californica) reconnus parmi les plus beaux du pays. Dans l'angle sud-ouest, une parcelle regroupe plusieurs faux-féviers (Gleditsia triancanthos ; Gleditsia macracantha ; Gleditsia sinensis) associés à deux bonducs (Gymnocladus dioicus). En bordure est, longeant la rue Louvrex, une jolie scène inclut trois catalpas (Catalpa bignonioides 'Aurea' ; Catalpa ovata). Parmi les essences rares : un frêne (Fraxinus xanthoxyloides), un pterostyrax (Pterostyrax hispida), un tilleul (Tilia dasystyla), un marronnier (Aesculus hippocastanum 'Digita Pendula'), un caryer glabre (Carya glabra). Enfin, parmi les arbres de taille exceptionnelle, relevant de l'époque de création du parc, on doit citer à l'entrée principale, un magnifique platane d'Orient (Platanus orientalis) et un platane commun (Platanus x acerifolia) de taille remarquable. Près de l'escalier descendant aux serres et abrité derrière le mur d'enceinte du complexe, un arbre à kaki (Diospyros kaki), un figuier (Ficus carica) et un magnolia à grandes feuilles (Magnolia grandiflora). De part et d'autre du complexe des serres, deux petites surfaces de culture sont partiellement comprises dans le mur d'enceinte. La première, découpée en plate-bandes, est réservée aux plantes médicinales ; la seconde accueille les plantes à leur sortie des serres froides. Dans les collections anciennes des serres, sont particulièrement bien représentées les plantes de serres froides, les plantes tropicales témoignant des introductions horticoles du XIXe siècle, les broméliacées et les cycadales. Dans cette dernière famille, on remarque la présence de deux spécimens relativement rares de plantes endémiques : un ceratozamia et un encephalartos. Un don récent a permis d'acquérir une collection de plantes carnivores. La plupart des cactacées - dont le leg Doinet - et des plantes grasses qui complétaient les collections historiques sont aujourd'hui conservées à l'Observatoire du monde des plantes, nouveau complexe de serres du jardin botanique installé au Sart-Tilman.

L'eau : Au coeur du parc, plan d'eau aménagé en creux dans les surfaces gazonnées, dont les berges sont prolongées par des courtes pentes enherbées. Sa berge ouest était initialement agrémentée d'un décor d'enrochement dont ne subsistent que les fondations. En bordure de ses berges, on apprécie quelques petits arbres décoratifs parmi lesquels un arbre de Judée (Cercis silicastrum) montrant une étonnante et abondante fructification apparaissant sur le bois du tronc et des branches, un arbre de fer (Parrotia persica), un sophora pleureur (Sophora japonica 'Pendula') et un frêne pleureur (Fraxinus excelsior 'Pendula'). Au pied de l'escalier à double volée descendant aux serres, petit bassin adossé au mur d'échiffre lui-même creusé d'une petite grotte de rocaille.

État de conservation : En 1944, les grandes rotondes octogonales qui abritaient des orangers et des palmiers, hautes de 17 m, sont détruites par une bombe volante. Grâce au dévouement du personnel et des habitants du quartier, la plupart des plantes transportables sont sauvées ; 151 espèces (755 exemplaires) sont toutefois perdues parmi lesquelles de magnifiques specimens de palmiers, de cycadales, de fougères arborescentes, de lianes tropicales, de broméliacées. Seules les serres basse sont reconstruites en 1954. Depuis la rétrocession du parc à la Ville de Liège (en 1961) et le transfert des cultures du jardin botanique vers le Sart-Tilman (entamé en 1968), le jardin a beaucoup souffert. Les grilles qui le ceinturaient ont été enlevées, la rocaille et ses collections de plantes de montagnes a été plusieurs fois remodelée avant d'être démantelée, et le contour de l'étang modifié. La crise des années 1970 a réduit les budgets et les effectifs d'entretien. Durant une vingtaine d'années, les seules plantations effectuées proviennent des pépinières de la Ville, réduisant de ce fait l'intérêt botanique et dendrologique du parc. Enfin, les tempêtes de janvier 1991 et août 1992 ont été particulièrement dévastatrices, endommageant un grand nombre d'arbres qui ont dû être abattus. L'état actuel du jardin est le résultat de ces vingt cinq années de remaniement durant lesquelles le jardin a perdu une partie de son caractère d'agrément - essentiellement en partie centrale - et de son patrimoine dendrologique. En 1994, année du classement comme Monument de l'ensemble des serres, une première phase de travaux a donné lieu au reprofilage des allées et sentiers consacrant malheureusement l'usage intensif du jardin botanique comme zone piétonne de transit. Un important programme de restauration a permis de sauvegarder la structure complexe de l'ensemble des serres basses.

Maintenance : Depuis 1991, des collaborations ont été mises en place pour la gestion du parc, faisant notamment appel aux compétences scientifiques de botanistes et de dendrologues. Un inventaire complet et actualisé des collections de pleine terre a été réalisé sous la direction de Philippe de Spoelberch et de Jean-Claude Baudouin, experts et membres de la Société Belge de Dendrologie, en concertation avec le Service des plantations de la Ville de Liège. Cet inventaire est à la base d'une réorientation des collections et de l'établissement d'un programme de replantation étalé sur plusieurs années. Malgré sa situation urbaine qui l'expose à des dégradations diverses (pollution, fréquentation élevée) le parc est maintenu dans un état de propreté et d'entretien tout à fait satisfaisant. L'inventaire complet des collections des serres est lui aussi en cours.

Restauration : Le plan directeur approuvé pour la gestion future du parc s'est donné trois objectifs : rendre au parc son intérêt botanique par la qualité et la variété de ses collections, retrouver son caractère d'agrément initial et développer une mise en valeur didactique du patrimoine végétal existant par le placement d'un étiquetage correct et la réalisation d'une plaquette-guide. L'inventaire réalisé en collaboration avec la Société Belge de Dendrologie a mis en évidence les sujets endommagés ou les variétés horticoles trop communes par rapport aux objectifs d'un jardin botanique. Ces sujets seront supprimés au fur et à mesure et remplacés par des sujets de collection. Ceux-ci, choisis parmi quelques soixantes espèces différentes, permettront d'apprécier de nouvelles variétés d'essences déjà existantes ou des arbres particulièrement attractifs par la coloration de leur feuillage ou par l'aspect décoratif de leur écorce. Deux collections spécifiques seront désormais développées au niveau national : l'une à feuillage persistant, le Torreya, beau conifère assez rare en Belgique ; l'autre à feuillage caduc, le Zelkova, petit genre allié aux ormes. Par le nombre limité de leurs espèces et par leur compatibilité avec les conditions locales, ces deux collections sont particulièrement adaptées au jardin botanique de Liège. Enfin, le programme de replantation prévoit également la remise en place de nombreux massifs arbustifs en périphérie du parc, en accompagnement d'espaces de repos ou en bordure des principaux chemins de circulation. Une partie des collections est en préparation dans les pépinières de la Ville et devrait être replantée dans les dix années à venir.

Cartographie

Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 170/4

Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 42/6 (Chênée) Impr. coul. 1890

Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 42/6

Carte 1.5.000e (Ministère des Travaux Publics) : 42/6/1

Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 42/6/1

Autre(s) source(s) cartographique(s) :
Plan parcellaire de la Ville de Liège et partie de sa banlieue, dressé par l'Inspecteur du cadastre soussigné, dessiné par J.J. Jamar, Inspecteur des Travaux Publics de la Ville, Liège, le 1er septembre 1843 (Coll. privée).
Nouveau plan de la Ville de Liège indiquant par ordre alphabétique les édifices publics, les monuments, etc. Liège, L. Severeyns et A. Faust, s.d. (Coll. privée).
Plan du jardin botanique avec localisation des groupes de familles végétales. Université de Liège, Institut de Botanique. Carte d'accès aux sentiers du jardin et aux serres, Liège, Vaillant-Carmanne, n.d. [vers 1950] (Coll. Ville de Liège, Service des Plantations).

Bibliographie

BAUDOUIN Jean-Claude et de SPOELBERCH Philippe, Arbres de Belgique. Inventaire dendrologique 1987-1992, s.l., 1992, p. 285 ; 438-439.

BEAUJEAN Joseph, « Le jardin alpin du jardin botanique de l'Université de Liège », Bulletin de la Société de Lausanne, 2, 1981, p. 1-6.

BOXUS Paul, « Le jardin botanique de Liège. Histoire et perspective », Science Culture, 39e année, n°328, 1994, p. 24-33.

Dossier de classement (Archives de la Commission Royale des Monuments sites et fouilles à Liège).

DE HARLEZ DE DEULIN Nathalie, « Les lieux de loisirs et les espaces publics », dans : Le patrimoine civil public de Wallonie, Liège, 1995, p. 394-395 ; ill. 88-90.

GOBERT Théodore, Liège à travers les âges. Les rues de Liège, t. VI, Bruxelles, 1976, p. 297-302 ; pl. 1590.

JOLY Ch., « Note sur le jardin botanique de Liège », Journal de la Société nationale d'Horticulture de France, 3e série, t. VI, 1884, p. 89-95.

LAMBINON J., AUQUIER P., DAMBLON P., DUVIGNEAUD J., SCHUMACKER R., Les anciens jardins botaniques de Liège. le nouveau jardin botanique au Sart-Tilman. Les rôles d'un jardin botanique. Conclusions, Université de Liège, Conseil scientifique des sites du Sart-Tilman (Cahier des 2000 hectares, 1. 10), 1975.

LAMBINON J., AUQUIER P., DAMBLON P., DUVIGNEAUD J., SCHUMACKER R., « Le jardin botanique de l'Université de Liège. Histoire, rôle et perspectives des jardins botaniques de Liège », La Vie liégeoise, juin 1977, p. 3-15 ; 18-19.

LE ROY A., Notice sur le jardin botanique de Liège et sur les collections qui s'y rattachent, Liber Memorialis de l'Université de Liège, Liège, 1869, p. 1-5.

MORREN Ed., « Le jardin botanique de l'Université de Liège », Bulletin de la Société royale d'Horticulture de Liège, 1868, p. 51-61.

Recensement des arbres et haies remarquables de Wallonie, Ministère de la Région Wallonne.

STASSEN Benjamin, Géants au pied d'argile. 150 arbres exceptionnels de Wallonnie, Gembloux, Ministère de la Région Wallonne, Le Maronnier a. s. b. l., 1993, p. 226-227.

Informations administratives

Éléments classés : Site : jardin botanique - Monument : serres

Arrêté 1 : 1975-05-26

Arrêté 2 : 1994-07-07

Publié : non

Superficie : près de 4 hectares (y compris les serres)

Informations complémentaires

Auteur du formulaire : Serge Delsemme / Nathalie de Harlez de Deulin

Date de création de la notice : 1999-03-10

Caractéristiques du parc/jardin

Statut du jardin : public

Accueil du public : ouvert au public

Classement : Site

Type de jardin : Arboretum