Identification et description | |
---|---|
Nom du jardin | Parc du Domaine des Cailloux |
Nom ancien | Château des Cailloux |
Nom ancien | Château Defoër-Bey |
Date de création | vers 1875 |
Province | Brabant wallon |
Arrondissement | Bruxelles |
Commune | Jodoigne |
Auteur/ Créateur | Pierre Barillet-Deschamps, paysagiste français |
Auteur/ Créateur | Louis Fuchs, paysagiste d'origine allemande installé à Bruxelles (vers 1875) |
Auteur/ Créateur | Emile Janlet |
Auteur/ Créateur | Pierre Liévain Rosseels, paysagiste à Louvain (projet, 1876) |
Coordonnées | chaussée de Hannut, 1291370, Jodoigne |
Localisation | Latitude : 50.7162482 |
Longitude : 4.888947300000041 |
De retour d'Egypte où il fait fortune dans l'administration des finances et reçoit le titre de Bey, le jodoignois Hector Defoër (1832-1905) achète la propriété du bois des Cailloux en 1871. Celle-ci comprend alors un « chalet » mais surtout un important complexe horticole constitué d'un « ensemble de serres chauffées dans lesquelles on pénétrait par une grande rotonde qui donnait directement dans une orangerie » contigüe (VERDICKT et VAN DEN DRIESSCHE, p. 116). Ce bâtiment était construit dans un appareil mixte de brique et de pierre. Il abritera encore les plantes exotiques du Bey. Defoër charge l'architecte Charles-Emile Janlet (1839 -1918) de construire un château éclectique d'inspiration Renaissance flamande. De plan rectangulaire flanqué de trois tours d'angle et de nombreux avant-corps, le bâtiment présente un appareil mixte de brique rouge et de pierre de Gobertange. Dès sa construction, le château jouit d'un confort exceptionnel pour l'époque, disposant d'eau chaude à tous les étages et d'électricité grâce à l'installation, au nord de la propriété, d'une machine hydraulique pompant l'eau de source et la relevant jusqu'aux réservoirs d'un étonnant château d'eau à tours jumelées et d'une usine à gaz. Depuis le château d'eau, des conduites rejoignent également les serres et les différents jardins. Ce réseau d'alimentation privé est demeuré fonctionnel jusque dans les années 1950. L'aménagement du parc est confié au français Pierre Barillet-Deschamps (1824-1873) - collaborateur d'Alphand à Paris - et achevé par Louis Fuchs, architecte des plantations de la Ville de Bruxelles. Après plusieurs propriétaires privés, le domaine est acheté en 1939 par l'Etat qui y installe l'internat de l'Athénée de Jodoigne. En 1952, un incendie détruit l'imposante toiture et le dernier niveau qui ne sera pas reconstruit. Malgré la disparition du remarquable complexe horticole du milieu du XIXe siècle et de plusieurs fabriques plus tardives (pavillon mauresque, grotte et plusieurs passerelles sur les étangs) qui lui conféraient un caractère plus pittoresque, le parc demeure un intéressant témoin de l'art paysager de la fin du XIXe siècle. Le long plan d'eau aux berges ondoyantes qui parcourt toute la partie ouest du site, traversant des prairies relevées des silhouettes de grands arbres isolés ou en petits groupes, constitue son principal attrait. Depuis le château installé en situation dominante, des vues longues s'ouvrent sur cette belle partie paysagère du par cet, au-delà, sur la plaine brabançonne. Un réseau de promenades sinueuses sillonne le parc, tant en périphérie qu'à l'intérieur de la composition, où elles se distribuent à partir de l'esplanade du château. L'une d'entre-elles rejoint en limite orientale de la propriété le grand verger enclos aujourd'hui désaffecté.
Éléments architecturaux : A l'entrée du parc, modeste conciergerie contemporaine de l'agencement de la grille monumentale de 1875 frappée des initiales H et D en fer forgé et autrefois surmontée de deux lanternes. A l'est du château, écuries disposées en U autour d'une cour en brique et pierre, bâties dans le même esprit que le château. Dans le prolongement du pignon nord du potager et mitoyen à la tour nord-ouest du château d'eau, deux annexes abritant les communs du personnel et la porcherie. Exposées plein sud dans le potager, deux serres encadrant le porche d'entrée du potager, lui-même sous une toiture à croupe coiffée d'un amortissement en fer forgé et percé d'une porte cochère en plein cintre. Dissimulée dans les bois au sud-ouest du château, une glacière sous tertre montre une belle maçonnerie de brique sur champ jouissant d'une entrée maintenue en bon état et d'une capacité de 100 mètres cubes. Elle est considérée comme l'une des plus importantes de Wallonie.
Éléments végétaux : Au nord, près de l'entrée principale, aux abords de l'étang, cinq cyprès chauves (Taxodium distichum), une allée de peuplier (Populus nigra 'Italica'), un hêtre pourpre (Fagus sylvatica 'Atropurpurea'), un chêne pédonculé (Quercus robur), un massif de hêtre pourpre (Fagus sylvatica 'Atropurpurea'). Au sud, quelques peupliers picards (Populus canescens), sur une île, un cyprès chauve (Taxodium distichum). Aux abords du château, six énormes topiaires d'if (Taxus baccata) en boule. Devant le château, un séquoia (Sequoiadendron giganteum), un robinier faux-acacia (Robinia pseudoacacia). A l'est, dans les sous-bois, allée de marronnier d'Inde (Aesculus hippocastanum), un ptérocaryer (Pterocarya fraxinifolia). Près du potager, un érable champêtre (Acer campestre).
Potager : En limite est de la propriété, vaste potager (80 ares) enclos d'un haut mur de brique avec dépendances, percé de deux entrées axialées au sud et au nord. La surface de culture rectangulaire est divisée par des chemins orthogonaux bordés de contre-espaliers autour d'un bassin central. Des serres à vigne adossées flanquent l'entrée nord, proche du château d'eau. Initialement destiné aux productions légumières, l'enclos a été réaffecté à la culture fruitière, en particulier des nombreuses variétés de poires qui ont fait la célébrité de Jodoigne à la fin du XIXe siècle, notamment à travers des personnalités comme François Xavier Grégoire (1802-1887). Des pieds de cognassiers utilisés comme porte-greffe complétaient les collections de poires.
L'eau : Dans l'axe nord/sud, un long plan d'eau s'étirant tantôt en ruisseau tantôt en étangs agrémentés d'îlots arborés, traverse la propriété. Il est alimenté par les ruisseaux Saint-Jean et Pisselotte dont les eaux étaient détournées en amont par des vannes. Plusieurs ponts et passerelles reliaient les deux rives. Les berges ont été restaurées par un clayonnage en azobé.
Particularités : Voisin du mur d'enceinte nord du verger enclos, château d'eau construit après 1871 par Charles-Emile Janlet et destiné à approvisionner le château en eau alimentaire ainsi que les orangeries, les serres, le potager-verger et les différentes fontaines des étangs. Il s'agit en réalité d'un double château d'eau composé de deux tours octogonales (6,35 m à la base) jumelées par une arche en anse de panier surmontée d'une passerelle avec balustrade en fer forgé. Les tours, identiques sont construites en brique sur un soubassement en pierre de taille et couronnées d'une toiture d'ardoise polygonale à égoût retroussé. Au niveau supérieur (12,90 m sous toiture), les cuves en acier à fond plat (2 x 37 mètres cubes) ont été placées en léger encorbellement sur des murs épais. Elles sont revêtues d'un bardage de bois de forme polygonale. L'architecture massive de ces tours rappelle les châteaux d'eau construits dans le Bois de la Cambre entre 1880 et 1890 tandis que leur forme 1et leur couvrement de bois évoque davantage les châteaux d'eau jumeaux des Chemins de fer du Midi français. Dans chaque tour, une porte cintrée donne accès à un escalier en bois de plusieurs volées. Le long des murs, on distingue toujours les conduites d'amenée et de distribution. L'eau courante était distribuée à tous les étages du château, dans les dépendances et dans le parc : les serres chauffées, l'orangerie, le jardin légumier et fruitier. Ce réseau assurait également la pression suffisante pour faire jaillir les fontaines au milieu des étangs. L'eau de source était pompée à l'aide d'une machine installée à l'extrémité nord du domaine, aujourd'hui au-delà de la chaussée de Hannut. Entre la station de pompage et les cuves du château d'eau, l'eau était relevée sur une hauteur de 35 m. Le château d'eau a été maintenu en fonction jusque dans les années 1950.
État de conservation : Contemporain du chalet primitif et donc antérieur au château, un important dispositif de serres chauffées avec orangerie était agrémenté d'un jardin à la française. L'entrée était marquée par une large rotonde donnant directement dans l'orangerie. Ce complexe se situait face au château, le jardin légumier et les écuries. Des photographies d'archives (reprod. dans VERDICKT et VAN DEN DRIESSCHE) permettent d'aprécier cet étonnant ensemble régulièrement visité par les cercles et sociétés horticoles autour de 1900. Une usine à gaz établie en contrebas de la chaussée de Hannut à hauteur de la grande grille du parc, procurait l'énergie d'éclairage et de chauffage tandis qu'une machine hydraulique pompait l'eau de source pour la relever jusqu'aux réservoirs du château d'eau. Jusqu'en 1989, une grotte artificielle enjambait les rives de l'étang proche de l'entrée tandis que vers le sud, un pavillon dit mauresque (disparu) rappelait au Bey l'Afrique du Nord. Le verger fruitier est dans un état d'abandon total. Quelques vieux pieds au troncs noueux subsistent en bordure du chemin central entièrement envahi par les rejets et la végétation spontanée. Le reste de l'enclos est inaccessible. De nombreuses statues en bronze et des vasques en fonte ont disparu ou ont été remisées. Plusieurs passerelles métalliques enjambant les étangs ou permettant l'accès aux îles ont été démontées. La structure du double château d'eau est intacte mais la machinerie intérieure et le système de pompage sont hors d'usage depuis les années 1950. Enfin, en 1952 un violent incendie a ravagé la couverture du château et le second étage qui n'a jamais été reconstruit.
Maintenance : Ce vaste parc géré par l'Athénée de Jodoigne et le service des Eaux et Forêts ne reçoit qu'un entretien minimum, limité à la fauche des prairies, la coupe des gazons à proximité du bâtiment et le fleurissement des massifs qui y prennent place. Les sous-bois nécessitent d'importants travaux de nettoyage et de dégagement. Les longues perspectives tracées depuis les sous-bois sont envahies par le développement naturel des arbres. Les berges du plan d'eau, bien que stabilisées, nécessitent une maintenance régulière, en particulier au sud.
Projet de restauration : L'association sans but lucratif « Le verger du Domaine des Cailloux » nourrit le projet de restaurer l'entièreté du verger en y créant un conservatoire de la pomologie. Les quelques pieds survivants pourront être retaillés tandis que la majeure partie de l'espace de culture accueillera des nouvelles plantations fruitières mettant l'accent sur les variétés locales, particulièrement nombreuses à Jodoigne jusqu'à la Seconde Guerre.
Date de réalisation du projet : 1997-1998
Carte postale, s.d. Le château éclectique construit par Charles-Emile Janlet vers 1870 dominait un bel étang aux contours souples. En 1952, un incendie détruit sa toiture et le dernier niveau qui ne sera jamais reconstruit. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie
Le double château d'eau est constitué de deux tours jumelées. Cliché G. Focant © Service Public de Wallonie (SWP)
Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 113/4
Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 40/4 (Jauche) Impr. coul. 1891
Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 40/4
Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 40/4/1
Autre(s) source(s) cartographique(s) :
Projet de parc pour cerf par Pierre Liévain Rosseels aîné, architecte paysagiste,
Louvain, le 13 mars 1876. Dessin aquarellé (Archives Générales du Royaume à Bruxelles,
Fonds Janlet).
Situation du parc et des bâtiments de dépendances. Plan non signé, non daté (coll.
J.P. Crevecoeur).
Aéro Atlas, pl. 122.
Commentaire(s) : Si le projet de Rosseels n'a pas été exécuté, le dessin figure néanmoins la plupart des éléments qui seront effectivement mis en place : cascade avec grotte artificielle, pavillon mauresque, chemins, etc.
Autre(s) source(s) iconographique(s) :
Croquis préliminaire des deux tours du château d'eau, plans et détails de différents
bâtiments utilitaires (étables, poulailler, maison du chef de culture, glacière) par
l'architecte Jules Janlet (Archives Générales du Royaume à Bruxelles, Fonds Janlet).
Photographies, Album Defoër (coll. privée).
BAUDOUIN Jean-Claude et de SPOELBERCH Philippe, Arbres de Belgique. Inventaire dendrologique 1987-1992, s.l., 1992, p. 421.
Dossier de proposition de classement, 1996 (archives de la CRMSF à Liège).
VERDICKT M. et VAN DEN DRIESSCHE B., Château des Cailloux, Hector Defoër, Jodoigne, 1990, 200 p.
Mériterait le classement pour : le double château d'eau (comme monument) ; le parc (comme site).
Publié : oui
Superficie : 51 hectares
Auteur du formulaire : Katrien Depicker / Didier Hoyos
Date de création de la notice : 1998-09-04
Statut du jardin : privé
Accueil du public : fermé au public
Type de jardin : Paysager