Identification et description
Nom du jardin Domaine du Château d'Argenteuil
Date de création 1840 ; vers 1856 ; années 1920 ; années 1990
Province Brabant wallon
Arrondissement Nivelles
Commune Waterloo
Auteur/ Créateur Edouard Keilig, paysagiste allemand installé à Bruxelles (vers 1856)
Auteur/ Créateur Philippe de Boncourt, paysagiste (années 1990)
Coordonnées square d'Argenteuil1410, Waterloo
Localisation Latitude : 50.7184314
Longitude : 4.424545800000033

Historique

Implantée dans la forêt de Soignes et traversée par la vallée de l'Argentine, cette vaste propriété de 350 hectares à ses origines, est acquise au lendemain de l'Indépendance de la Belgique par le Comte Ferdinand de Méeus, premier Gouverneur de la Société Générale de Belgique. Après d'importants travaux de défrichement, un château précédé d'une longue avenue plantée de platane est construit en partie haute du site. Depuis celui-ci s'offrent de longues vues sur l'Argentine dont le cours est aménagé en 1840. A partir d'un premier plan d'eau existant, deux étangs sont créés. Un complexe de ferme et un potager au sud-ouest ainsi que des dépendances (pavillons, orangerie, chapelle) complètent la propriété. En 1847, la résidence d'été déjà plusisuers fois agrandie et ses dépendances sont ravagées par un incendie. Entre 1856 et 1858, le Comte de Meeûs entreprend la reconstruction entière de son domaine et, pour ce faire, s'entoure de personnalités déjà célèbres dans la région bruxelloise : l'architecte Jean-Pierre Cluysenaar pour le château et le paysagiste d'origine allemande Edouard Keilig pour le parc. Le château prestigieux élevé sur les fondations de l'ancienne résidence, adopte le style éclectique à la mode d'influence Renaissance. Flanqué de quatre tours d'angle et coiffé d'une curieuse toiture, c'est un édificeen pierre blanche et bleue dont la façade, percée de nombreuses fenêtres en plein cintre, est précédée d'un perron sous balcon doté d'une marquise en fer forgé. à l'opposé, une galerie en onze arcades s'ouvre sur un panorama verdoyant précédé d'une large bande de gazon. Trois perspectives sont tracées dans les bosquets, distribuant des vues furtives sur une suite de plans d'eau dont les abords sont aménagés par Edouard Keilig dans le style pittoresque. Un entrelacs de sentiers sillonne le parc, exploitant le relief naturellement mouvementé du terrain, et ouvrant de jolies scènes autour de petites constructions décoratives ou fabriques. La plus proche du château est un belvédère implanté à flanc de coteau. Depuis celui-ci, un escalier disparaît dans une grande salle de fraîcheur percée d'une large ouverture en direction des plans d'eau. Une deuxième construction est située sur la digue séparant les étangs. C'est une galerie courbe éclairée par des embrasures permettant de jouir des effets d'un rideau d'eau provoqué par une cascade en amont. Un ingénieux système d'alimentation dissimulé derrière les parois de l'édifice arrose le promeneur aventureux. En regard de cette scène aquatique, un kiosque (partiellement conservé) accueillait des musiciens à la belle saison. En 1862, l'architecte nivellois Raymond Carlier édifie l'église de fer à proximité de l'accès est du domaine. Cet étonnant édifice néogothique, également connu sous le nom de Notre-Dame d'Argenteuil, est réalisée en pièces de fonte moulées et de fer laminé. Il a été démoli en 1941. Ente les deux guerres, des aménagements modifient le tracé du parc initial. Des chemins relient de nouveaux points de vue matérialisés par des banquettes en pierre de sable, deux embarcadères, un pavillon néoclassique ainsi que divers éléments décoratifs en pierre. En 1927, la propriété est divisée en une quinzaine de parcelles mises en vente pour sortir d'indivision. La partie nord du parc (près de 150 hectares) est acquise par un homme de confiance du président américain Herbert Hoover qui y construit une gentilhommière avant d'être revendue à la fin des années 1940 à la Société Nationale des Chemins de fer qui y installe un home de vacances. Finallement rachetée par l'Etat belge pour y recevoir des hôtes de marque, la propriété devient domaine royal en 1950. La partie sud du parc comprenant le château, le potager, la ferme et le couvent adjacent, ainsi que les étangs est occupé durant une dizaine d'années par une communauté de Carmélites avant d'être acquise en 1937 par le Comte de Launoit. C'est sur une partie de ces terres cédées en 1939 que sera bâtie la Chapelle Musicale Reine-Elisabeth. En 1947, l'Etat se rend acquéreur du château et de 20 hectares de terrain sur lesquels sera édifiée l'Ecole du Berlaymont en 1960. Aujourd'hui le château est occupé par la Scandinavic School et par la Fondation Reine-Astrid. Malgré le morcellement et les différents changements de propriété, le caractère paysager du parc a été relativement préservé et son entité protégée grâce à l'absence de clôture ou autre élément de division. Les fabriques et les éléments pittoresques, introduits tardivement dans la composition mise en place par Keilig vers 1856, s'y sont intégrés harmonieusement et cotoient aujourd'hui d'anciennes dépendances réaffectées. Installées en situation dominante, ces constructions offrent de nombreux points de vue sur la vallée de l'Argentine et sur ses étangs.

Description

Éléments architecturaux : A l'ouest de la propriété, un pavillon de garde classique sous une toiture à la Mansard marque l'entrée et signale encore l'importance du domaine. Deux piliers carrés en pierre coiffés d'une pomme de pin rappellent l'emplacement d'une grille en fer forgé. Divers piliers en brique et pierre coiffés de vases se trouvent à différents endroits de la propriété, marquant d'anciennes entrées. Dominant l'étang supérieur, élégant pavillon classique enduit sous fronton triangulaire. Aménagé dans les années 1920, il est accompagné d'une terrasse à balustrade et d'un escalier monumental descendant à un embarcadère. De manière plus anecdotique, deux grottes constituent des curiosités. La première, dans l'axe de la façade postérieure du château, comprend une salle avec piliers et rampes d'accès - le tout en pierre de sable - menant par l'extérieur à un belvédère sur un des étangs. La seconde grotte, non loin de là, est aménagée sur la digue séparant les deux plans d'eau dont la différence de niveau est importante. Elle est prétexte à la création d'une cascade sauvage conférant un caractère insolite à cet endroit du parc. Ce havre de fraîcheur est un couloir percé d'ouvertures permettant le passage d'une rive à l'autre de l'étang. Un jeu d'eau dans l'esprit des « lustgarden » allemands arrose sur commande les promeneurs qui s'y aventurent. Près de cette grotte et de l'étang supérieur, un embarcadère dont il ne reste que les fondations offrait une vue sur un étrange kiosque sis sur la rive lointaine. Celui-ci est supporté par quatre piliers en moellons de pierre de sable établis sur un plancher en béton. Une rambarde en fer forgé contourne l'ouvrage.

Éléments végétaux : Précédant le pavillon d'entrée à l'est, longue allée de platane (Platanus occidentalis). Le chemin se poursuit en limite de la forêt de Soignes où le hêtre vert (Fagus sylvatica) domine. A l'arrière du château d'Argenteuil, parmi les quelques arbres intéressants, un tilleul (Tilia platyphyllos) et une remarquable cépée à cinq troncs de tilleul (Tilia platyphyllos). Un groupe de hêtre pourpre (Fagus sylvatica 'Atropurpurea') et de thuya (Thuja plicata) encadre la perspective arrière. Dans une propriété située au sud-ouest du château, un remarquable alignement d'arbres de fer (Parrotia persica). Situé en contrebas de cette propriété et proche du plus grand plan d'eau, heureuse association d'arbres comprenant une cépée de tilleul à feuilles cordées (Tilia cordata), un hêtre vert (Fagus sylvatica), un hêtre pleureur (Fagus sylvatica 'Pendula'), un hêtre à feuilles laciniées (Fagus sylvatica 'Asplenifolia') situé près d'une grotte. Non loin du kiosque, un groupe de trois hêtres pourpres (Fagus sylvatica 'Atropurpurea') forme une large couronne se reflétant dans le plan d'eau.

Potager : Au delà de l'allée de platane, ancien verger.

L'eau : Du sud-ouest au nord-est, chapelet d'étangs étirés respectivement agrémentés d'une fabrique placée dans le souci de créer une scène pittoresque. Les plans d'eau sont alimentés par l'Argentine. Les étangs inférieur et supérieur, ont été créés en 1840.

État de conservation : Le premier château (1831) est incendié en 1847. Les serres sont elles aussi entièrement détruites. Le premier étang amont, antérieur à 1840 et appelé « La mare au diable » ou « La mare qui pue » a aujourd'hui disparu. Le complexe potager au sud-ouest du château est désaffecté. Ses murs d'enceinte subsistent complétés de quelques appentis.

Maintenance : Les éléments les plus pittoresques (grotte et petit kiosque) appellent une restauration. L'implantation d'un bassin d'orage communal en amont (à l'extérieur de la propriété) est une source de pollution pour les étangs lors de débordements. La construction d'infrastructures scolaires aux abords du château a profondément dénaturé le caractère paysager du site. A l'arrière, le projet d'une salle de sport qui modifiera la topographie du terrain a déjà entraîné l'abattage de nombreux arbres hautes tiges. Les abords de la grotte nécessitent un débroussaillage et les chemins un reprofilage de leur tracé.

Documents iconographiques

Une suite d'étangs encaissés, créés vers 1840, bénéficient de versants densément arborés où des fabriques apparaissent ponctuellement. Le pavillon néoclassique, construit vers 1920, est accompagné d'une terrasse et d'un escalier rejoignant un embarcadère. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie

La différence de niveau entre les plans d'eau en ligne permet la création d'une cascade pittoresque à proximité du couloir de fraîcheur aménagé sous la digue et reliant les deux rives. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie

Cartographie

Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 95/2

Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 39/3 (Waterloo) Impr. coul. 1893.

Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 39/3

Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 39/3/2

Autre(s) source(s) cartographique(s)  :
Aéro Atlas, pl. 109.

Bibliographie

CLUYSENAAR Jean-Pierre, « Maisons de campagne, châteaux, fermes, maisons de jardinier, garde-chasse et d'ouvriers, etc exécutés en Belgique », Bruxelles, 1859, pl. 50.

PECHERE René, Parcs et jardins de BelgiqueBruxelles, Rossel, « Nouveaux guides de Belgique », 1976, p.158-161.

VAN WASSENHOVE Donatienne, « Le château d'Argenteuil », Maisons d'hier et d'aujourd'hui, n° 110, juin 1996, p. 213.

Informations administratives

Intitulé du classement : Site

Éléments classés : Domaine d'Argenteuil

Arrêté : 1997-09-01

Publié : oui

Superficie : 10 ha (privé) ; 14 ha (Scandinavic School) ; 50 ha (Château royal)

Informations complémentaires

Auteur du formulaire : Didier Hoyos / Katrien Depicker

Date de création de la notice : 1999-02-22

Caractéristiques du parc/jardin

Statut du jardin : privé

Accueil du public : fermé au public

Classement : Site

Type de jardin : Paysager