Identification et description | |
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Nom du jardin | Jardin de La Forge Roussel |
Nom ancien | Forge d'Epioux-bas |
Date de création | vers 1920 ; 1990 |
Province | Luxembourg |
Arrondissement | Virton |
Commune | Florenville |
Auteur/ Créateur | Jules Buyssens, horticulteur, paysagiste à Bruxelles (1921) |
Auteur/ Créateur | Eva Gundersen, paysagiste à Londres (jardin régulier, 1990) |
Coordonnées | La Forge Roussel6821, Lacuisine |
Localisation | Latitude : 49.7268457 |
Longitude : 5.308887199999958 |
En 1604, Jean Antoine de Sainte-Cécile implante une platinerie au confluent de la Semois et du Tamijean, sur une terrasse rocheuse dominée de toute part par les bois. En 1618, Pierre Petit, maître de forge acquiert la propriété pour quelques années, avant de la revendre en 1622 à Jean de Roussel, neveu du fondateur. Celui-ci remplace la platinerie par des forges et fait édifier une demeure sur l'éperon rocheux dominant le site. La maison de plan carré est flanquée de deux échauguettes aux angles sud-ouest et nord-ouest et couverte d'un toit d'ardoise à quatre pans. Elle est accompagnée de dépendances en vis-à-vis. De 1693 à 1764, la famille Piret fait prospérer les activités industrielles. En 1770, Jean-François Wendel, membre d'une grande famille de métallurgistes implantée dans le bassin lorrain, transforme l'entreprise en fenderie, se spécialisant dans la fabrication d'objets de petite métallurgie offrant davantage de rentabilité. Le 29 janvier 1778, les berges des deux étangs de retenue lâchent et les eaux emportent une partie des bâtiments. À ces dégâts s'ajoutent ceux causés par la vindicte des habitants des environs, poussés par le vent de la Révolution. Confisquée un temps, l'entreprise devenue non-rentable, est rendue à Jean-François de Wendel. En 1815, François-Antoine de Nonancourt donne un second souffle aux forges en créant, entre autres, un laminoir fabriquant du fil de fer, premier établissement de ce type dans le pays. Il fait également construire l'aile nord, reliant la maison aux dépendances et intégrant un porche sous lequel passait une servitude. Dans les angles de la cour ainsi formée sont élevées deux tourelles coiffées de bulbes polygonaux couverts d'ardoise posée en écaille de poisson. L'industrie, alors prospère, est vendue à François Bradfer (1855) puis à Louis Poncelet (1861), notaire à Florenville, qui mettra définitivement un terme aux activités en 1888, suite à la rupture de digues de plusieurs bassins de retenue en amont qui dévastent une nouvelle fois le site et les bâtiments. Exploité un temps en carrière d'ardoises, le site est rapidement délaissé et abandonné. En 1893, l'écrivain E. Putaert décrit les lieux et l'atmosphère qui y règne en ces termes : « Au plus profond des bois, près d'un coude de la Semois, dans une solitude romantique, au cœur d'un nid de verdure, apparaissent des constructions inhabitées. Nous sommes à la Forge Roussel. Un chaos de pièces de fer écroulées les unes sur les autres au milieu de murs en ruines, voilà tout ce qu'il reste de l'usine d'autrefois. La maison vide, le jardin envahi de plantes parasites, une nappe d'eau dormante forment un tableau empreint d'une indicible mélancolie. Une halte dans ce paysage sauvage où tout sent l'abandon et porte à la rêverie, rêverie douce, reposante en laquelle on se complait. On se sent loin de toute agitation humaine, l'âme est envahie par un sentiment de profonde paix. Le calme absolu qui règne en ces lieux déserts imprègne insensiblement l'être tout entier et l'on est amené à se dire que pour se livrer à la méditation à l'étude, c'est dans cette retraite silencieuse où seuls les oiseaux prennent leurs ébats au sein de l'épais feuillage, qu'on devrait venir vivre ». En 1921, l'industriel verviétois Charles Graux entreprend d'importants travaux d'aménagement qui définissent aujourd'hui encore le caractère du site. La servitude qui passait sous le porche intégré dans l'aile nord, est rachetée à la Commune de Lacuisine afin d'agrandir l'habitation : le porche est refermé et les annexes sont transformées en logis. Dans la cour, un vaste salon d'hiver est surmonté d'une terrasse. De hauts murs de soutènement sont élevés à l'avant de la demeure, permettant d'étager les jardins en terrasses reliées par des escaliers. À l'emplacement de la grande halle à charbon proche de la Semois, est créée une roseraie agrémentée d'une pergola, récemment restaurée. Les berges de l'étang sont consolidées et deux ponts à tablier courbe sont jetés, l'un, au-dessus d'un chemin creux, l'autre près du déversoir. De nouveaux sentiers sont tracés sur les coteaux de Ia vallée du Tamijean et quelques dégagements forestiers permettent d'ouvrir des perspectives sur la valée et de valoriser quelques essences nobles déjà en place ou plantées à cette occasion. En 1960, une seconde période de travaux rend à la demeure son allure d'antan. Puis, au début des années 1990, le potager en terrasses fait l'objet d'un nouvel aménagement par l'architecte de jardin Eva Gundersen qui crée, sur la longue terrasse médiane, un jardin compartimenté abondamment fleuri.
Éléments architecturaux : De hauts murs en pierre de schiste soutiennent les terrasses étagées au sud et à l'ouest du château. En contrebas, à l'ouest, se tiennent d'anciens ateliers transformés en dépendances. Au-delà du plan d'eau, une ancienne halle à chardon de bois, sans doute de la seconde moitié du XIXe siècle, un maka et une balance à peser les fers rappellent le passé industriel du site. Le long de la Semois, un mur d'enceinte en pierre de schiste intègre une avancée circulaire formant belvédère. La terrasse bordant la Semois est agrémentée d'une pergola à piliers en pierre de schiste et structure de bois (restaurée) construite vers 1921 en accompagnement d'une grande roseraie.
Éléments végétaux : Sur une ancienne terrasse potagère, jardin régulier divisé par des haies basses de buis (Buxus sempervirens) et planté de deux cyprès de Lawson (Chamaecyparis lawsoniana). Proche du potager, un wellingtonia (Sequoiadendron giganteum) planté en 1880. Au nord, un pin Weymouth (Pinus strobus) et un hêtre (Fagus sylvatica). Près du bassin de retenue, un massif de rhododendron (Rhododendron ponticum), un hêtre (Fagus sylvatica), un frêne commun (Fraxinus excelsior), un tilleul d'Europe (Tilia x europaea), un tsuga de Californie (Tsuga heterophylla). Non loin, enraciné dans la roche, un frêne commun (Fraxinus excelsior). Le long du chemin d'accès bordant les terrasses et surplombant la Semois, alignement d'ifs (Taxus baccata) taillés en cube et en boule sur tige, un hêtre pourpre (Fagus sylvatica 'Atropurpurea') et trois érables sycomores (Acer pseudoplatanus) au pied d'une passerelle en cordage jetée sur la Semois.
Potager : Implanté au sud du logis, il occupait trois longues terrasses ; aujourd'hui, seule la terrasse médiane est encore cultivée. La terrasse inférieure est transformée en surface gazonnée tandis que le niveau supérieur, dont le mur de soutènement s'écroule, est livré à la végétation sauvage. Sur la terrasse médiane, un tracé régulier dessiné dans les années 1990 définit des planches de cultures et des carrés de fleurs à couper bordés de buis, disposés de part et d'autre d'un axe central. À la croisée, un petit bassin en pierre est agrémenté de nénuphars. Adossée au mur nord, serre à vignes installée à la fin des années 1940.
L'eau : La Semois s'écoule en contrebas de la propriété selon un axe nord/sud. Une longue passerelle en cordage enjambe son cours. Détourné en amont et au nord, le Tamijean alimente un petit bief qui se jette dans un long bassin de retenue. Deux ponts en pierre permettent de le franchir. Au sud de ce bassin, un déversoir en glissière approvisionnait les ouvrages hydrauliques de la forge. Dans le potager, petit bassin en pierre à la croisée des chemins. Sur la terrasse surplombant la Semois, petit bassin rectangulaire.
État de conservation : Les différents bâtiments industriels qui occupent le site depuis le XVIIe siècle ont pour la plupart disparu ou ont été détruits lors des importantes inondations de 1778 et de 1888. Quelques annexes sauvegardées ont été réhabilitées dans le courant du XXe siècle. Durant la première moitié du IXe siècle, la demeure est agrandie vers le nord. À la fin du siècle, bien que l'activité industrielle y est maintenue, l'ensemble tombent en ruine et les jardins sont livrés à la nature. En 1921, une ancienne servitude traversant le corps de logis est rachetée et les bâtiments sont transformés. À cette occasion, un salon d'hiver est construit dans la cour, éclairé au plafond par des verrières et flanqué d'une arcade extérieure, l'étage supérieur formant terrasse. Cette construction a disparu dans le courant des années 1960 lors d'une nouvelle phase de modification de l'ensemble bâti. Vers 1921, la construction d'importants murs de soutènement est l'occasion de créer des jardins en terrasses reliés par des escaliers. Quelques arbres de haute-tige témoignent cependant d'un aménagement antérieur, notamment un wellingtonia planté en 1880. Les anciens bassins de retenue sont restaurés et traités en éléments paysagers. Vers 1963, la roseraie en bordure de la Semois est supprimée. Au début des années 1990, le jardin potager en terrasses est simplifié à l'exception de la terrasse médiane qui fait l'objet d'un nouvel aménagement régulier généreusement fleuri.
Maintenance : L'ensemble de la propriété reçoit des soins constants et appliqués avec rigueur. Toutefois, les murs de soutènement de starresses nécessitent des interventions de consolidation voire de restauration.
Jardins en terrasses soutenus par de solides murs en pierre de schiste, créés vers 1920 en contrebas de la demeure. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie
Belle scène paysagère en périphérie de l'ancienne retenue d'eau. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie
Terrasse médiane de l'ancien potager, redessinée dans les années 1990. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie
Petit pont de pierre des années 1920 reliant le château au grand étang, ancien bassin de retenue des forges. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie
Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 162/4
Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 67/7 (Florenville) Impr. coul. 1897
Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 67/7
Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 67/7/2
Autre(s) source(s) cartographique(s) : Plan cadastral. Florenville. Sections de Chassepierre et Lacuisine, éch. 1/2.500e, s.d. (Archives de la propriété).
Autre(s) source(s) iconographique(s) :
La Forge Roussel. Eau forte de S.A.R. la Comtesse de Flandre, vers 1870.
Série de photographies anciennes, noir et blanc, s.d. (entre 1920 et 1945) (collection
privée).
Photographie aérienne, noir et blanc, s.d. (vers 1960) (archives de la propriété).
DE MEVIUS Sophie, « La Forge Roussel », Maisons d'hier et d'aujourd'hui, n° 49, mars 1981, p. 40-61.
Recensement des arbres et haies remarquables de Wallonie, Ministère de la Région Wallonne.
Intitulé du classement : Site
Éléments classés : alentours de la Forge Roussel
Arrêté : 1982-12-01
Publié : oui
Superficie : non communiquée
Auteur du formulaire : Didier Hoyos / Odile Moreau
Date de création de la notice : 2003-02-07
Statut du jardin : privé
Accueil du public : fermé au public
Classement : Site
Type de jardin : À la française