Identification et description
Nom du jardin Jardins de l'abbaye Notre-Dame d'Orval
Date de création XVIIe siècle ; XVIIIe siècle ; 1924-1948
Province Luxembourg
Arrondissement Virton
Commune Florenville
Coordonnées Orval, 16823, Villers-devant-Orval (Orval)
Localisation Latitude : 49.6360418
Longitude : 5.34674480000001

Historique

La première occupation des lieux remonte à 1070 lorsque les moines bénédictins venus de Calabre - ou de Chalade (abbaye près de Verdun) - s'installent à Orval dans le domaine du comte de Chiny. Suite au départ de cette première communauté, le bien est offert à des chanoines provenant de Cheminon. En 1134, selon la volonté du comte de Chiny, Orval devient fille de Cîteaux. De nombreuses modifications sont apportées aux bâtiments claustraux ainsi qu'à l'abbatiale pour adopter le plan cistercien. Durant le XIIIe, le XVIe et le XVIIe siècles, incendies et conflits ravagent bâtiments et église qui seront reconstruits et agrandis. Le XVIIIe siècle est pour Orval, comme pour beaucoup d'abbayes, une époque de prospérité qui se marque dès 1759 par la reconstruction d'une nouvelle abbaye dont les travaux sont confiés à Laurent-Benoît Dewez (1731-1812). En 1793, le monastère est saccagé par les troupes de la Première République française. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la partie du domaine abbatiale comprenant l'enceinte claustrale est acquise par le baron de Loen d'Enschedé et les bâtiments encore présents sont démontés. Au début du XXe siècle, suite à une première campagne de fouille menée par des archéologues allemands, certains bâtiments sont restaurés, parfois de façon abusive. En 1926, le domaine est racheté par des moines cisterciens qui chargent l'architecte H. Vaes de réaliser un nouveau monastère. La plus ancienne illustration de l'abbaye et de ses jardins remonte au XVIIe siècle. Il s'agit d'un portrait de l'abbé Bernard de Montgaillard (vers 1615) conservé au Musée Archéologique d'Arlon présentant, dans le coin supérieur gauche, une vue de l'abbaye. Des jardins relient les nombreux bâtiments. Deux grands espaces se développent au nord-est et au sud-ouest du cloître, constitués de jardins réguliers en parterres de gazon agrémentés de motifs divers. Le coteau nord-ouest est planté d'alignements de hautes tiges. Une gravure du XVIIIe siècle montre l'abbaye et ses jardins en 1760, avant la dernière grande campagne de construction. Les jardins du XVIIe siècle sont toujours en place mais quelque peu modifiés. Un vaste bassin occupe désormais la cour avant. Les parterres du jardin au nord-est adoptent un tracé plus rigoureux. Le coteau nord-ouest, planté, s'étage en sept terrasses délimitées par des murs de soutènement, agrémentées probablement d'essences fruitières et dominées par la chapelle Notre-Dame de Montaigu et par un long bâtiment. Le coteau nord-est est également aménagé en terrasses. Cet axe se prolonge, derrière le monastère, par des carrés de culture jusqu'à un vivier. La carte de Ferraris confirme le maintien de ces jardins après la campagne de construction menée par Dewez. On y remarque la présence de nombreux petits éléments bâtis disposés de manière éparse sur les terrasses, l'existence d'un jardin extra-muros au nord-ouest et de deux très longs viviers dans la vallée de la Mouline. La carte montre également le bassin de retenue des forges implantées en aval dès le XVIe siècle. À la fin du XIXe siècle, ces aménagements ont presque entièrement disparu : le jardin hors les murs, les jardins réguliers, les jardins potagers et le vivier supérieur. Lors de la reconstruction de 1926, des petits jardins contemporains accompagnent les nouveaux bâtiments. La cour des retraitants, comprise entre l'hôtellerie et la nouvelle abbatiale, est aménagée en terrasses ponctuées de nombreux topiaires, reliées par des escaliers monumentaux menant au pied de l'église. Un vaste bassin trapézoïdal cerné d'une bande gazonnée rythmée de topiaires occupe le centre de la cour. En bordure des anciennes terrasses aujourd'hui plantées de bois de rapport, une large bande gazonnée encadrée d'un alignement d'arbres conduit le regard jusqu'à l'ancien vivier dénommé « Le noir étang ». Dans les années 1980, un jardin de plantes médicinales est créé au pied de l'ancienne pharmacie, sous l'ombrage d'un vieux chêne pédonculé (1793). Aujourd'hui, un verger et un espace potager sont encore cultivés au pied des terrasses occupant le coteau nord-ouest tandis qu'un aménagement sobre et fonctionnel a été mis en place pour l'accueil des visiteurs aux abords des ruines du monastère.

Description

Éléments architecturaux : Les campagnes de fouilles menées sur le site depuis la fin du XIXe siècle ont permis de mettre au jour les fondations des trois premières églises construites successivement au Xe siècle, au début du XIIe siècle et à la charnière des XIIe et XIIIe siècles. Aujourd'hui, on peut encore observer les vestiges de la dernière d'entre elles, l'abbatiale cistercienne, bordée au sud-ouest par le cloître, encadré autrefois de nombreux bâtiments. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, Laurent-Benoît Dewez entreprend la construction d'une nouvelle abbaye néoclassique à l'ouest du monastère initial. Réduite à néant à la Révolution française, il ne subsiste de celle-ci que les caves voûtées sur lesquelles est construit, à partir de 1926, un nouveau monastère par l'architecte H. Vaes, dans le respect du plan cistercien. L'ensemble en pierre calcaire, couvert de bâtières d'ardoises, affiche une certaine austérité adoucie toutefois par l'ajout de sculptures monumentales et ornementales. Le monastère actuel est bordé, au sud, par une série de bâtiments annexes, contemporains ou postérieurs à la première abbatiale cistercienne. Plusieurs d'entre eux ont été restaurés - parfois de manière abusive - lors de la reconstruction du monastère.

Éléments végétaux : Dans la cour des Aumônes, quelques topiaires de buis (Buxus sempervirens). Au sud-ouest de la pharmacie, un érable panaché (Acer pseudoplatanus 'Leopoldii'). Dans l'enceinte de l'ancienne abbaye, alignements de tilleul palissé (Tilia platyphyllos), un remarquable chêne pédonculé (Quercus robur), - le plus vieil arbre des jardins -, deux wellingtonias (Sequoiadendron giganteum) et un calocèdre (Calocedrus decurrens). Dans la cour des retraitants, nombreuses haies et topiaires d'if (Taxus baccata) taillés en colonne, en boule ou cône ou en cube. Un petit jardin de plantes médicinales a été recréé à proximité de la pharmacie.

Potager : Autrefois situé sur les terrasses (nord-ouest), il n'en subsiste que quelques segments des murs de soutènement. Non loin, verger comptant encore quelques pieds. Au nord-est de la pharmacie, petit jardin de Simples créé dans les années 1980. Plusieurs surfaces potagères existaient au sud de l'abbaye. Depuis le morcellement et le démantèlement du site dans la seconde moitié du XIXe siècle, elles se trouvent isolées de l'enceinte abbatiale.

L'eau : Derrière la basilique, deux longs viviers de forme trapézoïdale sont alimentés par le ruisseau de La Mouline qui rejoint en souterrain vers le sud-ouest un plus vaste étang de retenue destiné aux besoins des forges. À l'ouest des vestiges de la basilique, source dénommée fontaine de Mathilde en mémoire de la comtesse Mathilde de Toscane.

État de conservation : Les murs de soutènement des terrasses qui s'étageaient de part et d'autre de l'enclos abbatial sont les derniers vestiges des jardins somptueux du XVIIe et du XVIIIe siècles, attestés par une peinture, des gravures et par la carte de Ferraris. Peu après 1945, ces terrasses ont été plantées de bois de sapin. Les anciens viviers et le bassin de retenue existent toujours. Les jardins actuels, qui côtoient les ruines de l'ancienne abbaye, ont été réalisés pour l'essentiel 1924 et 1948. Le jardin médicinal est encore plus récent (années 1980).

Maintenance : Un entretien régulier et une bonne gestion des lieux permettent le maintien de l'ensemble. Les gazons, les topiaires et les parterres reçoivent tous les soins nécessaires.

Documents iconographiques

Le jardin de la cour des retraitants aménagé en 1926 autour d'un ancien vivier. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie

Un petit jardin des Simples a été recréé au pied d'un chêne plusieurs fois centenaire. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie

Cartographie

Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 163/4, 163/6

Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 70/4 (Villers-devant-Orval) Impr. coul. 1898

Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 70/4

Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 70/4/1

Iconographie

Autre(s) source(s) iconographique(s) :
Portrait de l'abbé Montgaillard. Peinture du début du XVIIe siècle (Musée Archéologique d'Arlon).
Abbaye d'Orval, 1615. Gravure In : TANDEL Emile, Les communes luxembourgeoises. Arrondissement de Virton, t. III, Arlon, 1890, p. 235
Abbaye d'Orval, 1760. Gravure In : TANDEL Emile, Les communes luxembourgeoises. Arrondissement de Virton, t. III, Arlon, 1890, t. III, pl. IV.

Bibliographie

TANDEL Emile, Les communes luxembourgeoises. Arrondissement de Virton, t. III, Arlon, 1890, p. 235.

Informations administratives

Intitulé du classement : Site

Éléments classés : alentours de l'abbaye

Arrêté : 1979-04-03

Publié : oui

Superficie : enceinte de 60 hectares dont bois

Informations complémentaires

Auteur du formulaire : Didier Hoyos / Odile Moreau

Date de création de la notice : 2003-02-08

Caractéristiques du parc/jardin

Statut du jardin : privé

Accueil du public : ouvert au public

Classement : Site

Type de jardin : À la française