Identification et description
Nom du jardin Jardins de l'hopital Notre-Dame à La Rose
Nom ancien Monastère hospitalier de Saint-Augustin
Date de création seconde moitié du XIXe siècle ; début du XXe siècle (cloître)
Province Hainaut
Arrondissement Soignies
Commune Lessines
Coordonnées place Alix de Rosoit, 17860, Lessines
Localisation Latitude : 50.7129238
Longitude : 3.83048210000004

Historique

L'hôpital Notre-Dame à la Rose avait jadis une structure abbatiale. Ceci justifie l'annexion d'une ferme à l'est du quadrilatère formé par les bâtiments abbatiaux, la présence d'un hôpital et d'une chapelle. Il s'agissait plutôt d'un monastère hospitalier capable d'assurer sa propre subsistance et celle des malades, des pauvres et des indigents qui y trouvaient refuge. L'institution fondée au XIIIe siècle par Alix du Rosoit était dirigée par des moniales de Saint-Augustin. Etablie au cœur de Lessines, sur la rive gauche de la Dendre - plus précisément en bordure d'une dérivation dénommée canal des Moulins - elle comprend dès l'origine une chapelle avec cimetière. Les moniales utilisent les produits de la ferme, cultivent la terre et assurent la maintenance de plusieurs jardins productifs alimentaires (potager et verger) ou utilitaires (herbarium) et symbolique (jardin du cloître). Les pommes de terre et les légumes sont conservés dans des caves situées sous la nouvelle salle des malades construite en 1812 dans le bâtiment attenant à la brasserie. Par ailleurs, des terres mises en rente, en location ou en fermage constituent de substantielles sources de revenus. En 1831, la crainte du choléra provoque la désaffection du cimetière intérieur converti en jardin d'agrément. Les moniales continuent d'utiliser un caveau dans le cimetière dit extérieur jusque vers 1860 lorsqu'on y construira la glacière. Durant le XIXe siècle et jusque dans les années 1950, le pays des collines connaît un développement important de la culture des plantes médicinales : angélique, camomille, bardane, jusquiame, guimauve, menthe, valériane, mauve, bouillon blanc et tête de pavot sont utilisés en grande quantité dans la pharmacopée traditionnelle pratiquée par les moniales de l'hôpital. Après la Révolution, l'institution administrée par la Commission des Hospices passe dans le patrimoine du CPAS qui y établit une maison de retraite. Depuis 1980, l'hôpital est transformé en musée hospitalier. La configuration des jardins avant le XIXe siècle est mal connue. Toutefois, le développement des bâtiments en quadrilatère induit rapidement la présence d'un jardin intérieur (cloître) tandis qu'un cimetière emmuré et des jardins productifs sont aménagés au sud des bâtiments sur plusieurs parcelles comprises entre le mur d'enceinte ouest et le canal des Moulins. Le quadrilatère est reconstruit en grande partie au cours du XVIIe siècle autour d'un cloître gothique tardif (restauré en 1888). Les bâtiments de deux niveaux en brique et calcaire sur un soubassement en moellons et pierre de taille forment un ensemble assez homogène malgré les campagnes successives : ailes ouest et nord avec pignon à gradins (entre 1609 et 1634) ; pignon de l'aile sud où se loge la porte d'entrée avec vantail clouté (1662) ; chapelle Saint-Eloi et Sainte-Ursule (entre 1667 et 1713) ; réédification de l'aile est (vers 1660). Au XIXe siècle, on construit une nouvelle salle des malades sur le bief de dérivation (1829) et le quartier des vieillards (1834) ; le bâtiment dit « des Espagnols » (1852) implanté en bordure du bras d'eau est agrandi à partir d'un rez-de-chaussée du XVIIIe siècle précédé d'un portique de neuf arcades à colonnes toscanes et prolongé d'autres constructions refermant la cour au sud. Entre le quadrilatère et l'enceinte du grand jardin (actuel potager-verger) établi en regard de l'aile sud, une ruelle pavée intérieure relie l'entrée sud (Porte à Vau) et la grande entrée ouest matérialisée par une haute porte charretière en plein cintre du XVIIe siècle fermée d'un double vantail de bois jouxtant la façade-pignon d'entrée de l'hôpital. Au cœur du quadrilatère, l'ancien jardin du cloître regroupe des arbustes à fleurs variés, plantés après 1950, principalement au pourtour du péristyle du puits. Trois jardins clos sont compris dans l'enceinte. Le plus grand - jadis appelé le grand jardin - dont la partie nord comprenait le cimetière des religieuses, est réaffecté aux cultures légumières et fruitières. Le petit espace situé en contre-haut au sud comprend une glacière parfaitement conservée sous un tertre couvert de lierre et quelques cépées de noisetier. Le dernier jardin, accesssible depuis la Porte à Vau (entrée sud), a perdu son décor végétal et ses circulations et devrait être réaffecté à l'espace muséal.

Description

Éléments architecturaux : Au cœur du grand jardin emmuré (ancien cimetière), oratoire fermé en brique du XVIIIe siècle ouvert en façade d'une porte en plein cintre. Sous la toiture à deux versants, plafond stuqué. Dans le mur d'enceinte ouest, grotte mariale aménagée tardivement. A l'angle sud-ouest, vestiges de murs de l'ancienne distillerie de l'hôpital. Au pied de ceux-ci, escalier de pierre conduisant au jardin suspendu (également emmuré) de la glacière. La construction entièrement masquée sous un long tertre planté de lierre terrestre et de noisetier comprend une cuve ovoïde (8 m de diamètre x 10 m de haut) en brique précédée d'un couloir d'accès descendant et d'une petite pièce formant sas. Construite vers 1860 suivant les règles (accès au nord, long couloir fermé de plusieurs portes, présence d'un sas, cuve voûtée entièrement enterrée), la glacière est remarquablement conservée. Dans le jardin du cloître, adossé à l'aile nord du quadrilatère, portique du XVIIIe siècle - appelé péristyle du puits - délimité par deux rangs de quatre colonnes toscanes en calcaire portant une toiture d'ardoise à croupe frontale sommée d'un petit campanile. L'édicule avait une fonction à la fois utilitaire (lavoir, nettoyage des légumes) et régulière (le son de cloche rythmait les journées des moniales). Devant, monument élevé en 1925 à la mémoire de Marie-Rose Carouy.

Éléments végétaux : Le seul grand arbre de position des jardins est un tilleul à petites feuilles (Tilia cordata) planté à la fin du XIXe siècle au milieu de la cour des Espagnols. Quelques vieux houx (Ilex aquifolium) isolés ou en groupe subsistent au pied des murs ouest et sud du potager ainsi que dans le jardin de la glacière dont le tertre est masqué par du noisetier (Corylus avellana) et du lierre (Hedera helix). Des massifs de rhododendron (Rhododendron hybride) encadrent l'entrée de la glacière. En limite est du jardin près de la porte à Vau, quelques pieds d'aulnes (Alnus glutinosa) bordent le canal.

Potager : Au XIXe siècle déjà, le grand jardin enclos comprend à la fois le cimetière des religieuses et un jardin légumier divisé en « jardin d'en bas » et « jardin d'en haut ». Au début du XXe siècle et jusque 1940, une grande place est réservée aux cultures fruitières - principalement des poiriers - palissées sur les murs est (côté cour des Espagnols) et nord (côté hôpital), conduites en espaliers, en cordons ou en pyramides. Deux carnets de notes manuscrites dressent l'inventaire des variétés cultivées, les formes de culture, le nombre de pieds et les dates de plantation échelonnées entre 1935 et 1939. On y relève le svariétés suivantes : Beurré Six, Beurré Hardy, Beurré Giffard, Beurré Dumont, Beurré Diel, Beurré Dilly, Beurré d'Ellezelles, Beurré Dubuisson, Beurré de Dinant ; Durondeau, Doyenné du Comice, Joséphine de Malines, Suzette de Bavay, Glon Moreau, Soldat Laboureur, Olivier des Serres, Passe Colmar, Bergamotte Hertricht, Duchesse d'Angoulème, Saint-Ghislain, Jules d'Airolles, Triomphe de Vienne, Seigneur Crapeau, Nouvelle Sylvie, Conseiller à la Cour, Saint-Michel, Triomphe du Dumont d'Achy, Bon Chrétien Willame, Saint-Rémy (à cuire), Epine d'Hiver, Passe Colmar doré, Seigneur d'Esperen, Louise Bonne d'Avranches, Catillac, Belle de Soignies. L'angle nord-est du jardin est toujours occupé par une grande serre à châssis métallique dont le faîte du versant dépasse sensiblement le sommet du mur d'enceinte. Les planches de culture potagères sont encore partiellement délimitées par des segments de haies de buis ponctuellement longés par de fruitiers de basse-tige pour partie replantés de variétés anciennes. À proximité de la serre à vignes, petit jardin d'herbes et de plantes officinales récemment aménagé. Le mur oriental, longeant la cour des Espagnols, est à nouveau garni de fruitiers palissés.

L'eau : Une dérivation de la Dendre traverse le site du sud au nord. L'hôpital est établi en rive gauche et une passerelle couverte le relie à la ferme. Le bief pour partie canalisé alimentait en aval plusieurs moulins. Derrière le jardin de la Porte à Vau, ses berges naturelles accueillent une végétation herbacée et quelques aulnes.

État de conservation : À l'instar des bâtiments plusieurs fois reconstruits, les jardins subsistants relèvent d'aménagements plus ou moins récents voire contemporains. Toutefois, leur emprise et leurs limites sont très anciennes et ont été à peine modifiées depuis le début du XVIIIe siècle. L'oratoire conservé dans le grand jardin atteste de l'utilisation ancienne de cette partie de l'espace (angle nord-ouest) comme cimetière des religieuses. Celui-ci est toutefois désaffecté dès le début du XIXe siècle et converti en jardin d'agrément comme en témoigne des photographies antérieures à 1914. Des topiaires et des plantes en pot occupent alors des parterres bordés de filets de buis. La plus grande partie du jardin est quant à elle réservée à la culture de poiriers et ce jusqu'en 1940 au moins. Le jardin du cloître n'est guère évoqué avant la fin du XIXe siècle où des chemins obliques divisent l'espace en parterres triangulaires bordés de filets de buis et plantés de lignes de rosiers-tiges. À l'intérieur sont disposés des végétaux persistants en caisse ou en pot (laurier-rose et cordyline). Une carte postale éditée pour faire la publicité de l'helkiase au début du XXe siècle atteste des changements : la division géométrique a fait place à une surface enherbée coupée en son milieu par une circulation en S reliant les portes des galeries opposées au cloître. Quelques plantes vivaces en terre agrémentent alors les abords du péristyle du puits. Le pourtour du jardin et la circulation sont, dès cette époque, pavés. Cet état, complété de diverses plantations arbustives dans les années 1950, a été maintenu jusqu'à la fin du XXe siècle. Le jardin situé près de la Porte à Vau (derrière le bâtiment dit des Espagnols) conserve quelques couches et des fruitiers moribonds témoignant de son affectation aux cultures potagères et aux semis. Dans les années 1990, grâce à l'aide financière d'une société pharmaceutique, le potager-verger a été replanté de variétés anciennes de pommiers et de poiriers et des carrés d'officinales ont été créés près de la serre. Dans le cadre de l'objectif II, les différents jardins clos devraient être revalorisés en complément de l'important programme de restauration des bâtiments et de revalorisation de l'espace muséal.

Maintenance : Les différents espaces jardinés ont été récemment nettoyés. Les nombreuses lignes de plantes potagères sont régulièrement semées et récoltées. Les chemins de terre sont sarclés pour leur rendre un profil régulier, les parterres de plantes officinales font l'objet d'une maintenance attentive. Des soins minimums sont accordés aux plantations des abords de la glacière.

Projet de restauration : Projet Objectif II.

Documents iconographiques

Carré d'herbes et de plantes médicinales dans la partie du grand jardin consacrée au cimetière des religieuses. Un petit oratoire du XVIIIe siècle et diverses pierres tombales rappellent cet usage. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie

A l'abri derrière son enceinte, le grand jardin associe les planches légumières et les cultures de fruitiers conduits en contre-espalier le long des chemins ou palissés sur les murs. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie

Cartographie

Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 50/3

Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 38/2 (Lessines) Impr. coul. 1897

Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 38/2

Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 38/2/2

Iconographie

Autre(s) source(s) iconographique(s) :
Vue du grand jardin et du jardin du cloître. Différentes photographies, notamment bromures sur plaque de verre avant 1914.
« Le jardin du cloître. L'helkiase. Hôpital de Lessines. Préau ». Carte postale, éd. van Nienwenhove, n.d. (début du XXe siècle).

Bibliographie

BRASSART O., DEBRUYN R., DEBUSSCHERE P., DECOSTER G., RAULIER G., L'hôpital Notre-Dame à la Rose, Fédération du Tourisme de la province de Hainaut, s.l. (Patrimoine et tradition de Lessines), s.d.

DE HARLEZ DE DEULIN Nathalie, L'hôpital Notre-Dame à la Rose à Lessines. Aménagement et réhabilitation des jardins. Pré-étude d'orientation, 2000.

DE LATTRE P., « La Communauté des chanoinesses de Saint-Augustin et l'hôpital Notre-Dame à la Rose de Lessines de 1795 à 1844 », Annales du Cercle royal archéologique d'Ath et de la région, t. XXXVI, 1952, p. 133-238.

DUCASTELLE Jean-Pierre, L'hôpital Notre-Dame à la Rose. In : JORIS Freddy, ARCHAMBEAU Nathalie, PAQUET Pierre (coord.), Le patrimoine majeur de Wallonie, Éd. du Perron, 1993, p. 124-127.

Le patrimoine monumental de la Belgique Wallonie, Liège, P. MARDAGA, vol.2, t.23, 1972 à 1997, p. 535-542.

Recensement des arbres et haies remarquables de Wallonie, Ministère de la Région Wallonne.

Informations administratives

Intitulé du classement : Monument

Éléments classés : ancien cimetière des religieuses avec monuments funéraires

Arrêté : 1940-03-14

Publié : oui

Superficie : moins d'1 hectare

Informations complémentaires

Auteur du formulaire : Serge Delsemme / Nathalie de Harlez de Deulin

Date de création de la notice : 2002-09-17

Caractéristiques du parc/jardin

Statut du jardin : public

Accueil du public : ouvert au public

Classement : Monument

Type de jardin : À la française