Identification et description
Nom du jardin Parc du Château de Louvignies
Date de création années 1870
Province Hainaut
Arrondissement Soignies
Commune Soignies
Auteur/ Créateur Charles-Henri Petersen, paysagiste d'origine allemande (projet non réalisé, 1834)
Auteur/ Créateur Louis Fuchs, paysagiste d'origine allemande (1870)
Coordonnées rue de Villegas, 17063, Louvignies
Localisation Latitude : 50.58604439999999
Longitude : 3.9862375000000156

Historique

La seigneurie de Louvignies attestée dès 1389 était anciennement liée à l'existence d'une tour-forte dite « tour des Sarrasins ». Le site connu plusieurs constructions dont deux sont clairement attestées au XVIe siècle et au début du XVIIIe : un « château et thour encloz de fossez… une maison de cense et basse-court, granges, mares chanchies, estables, coulombiers… » (1589) et un « château entouré de fossez larges de trente pieds ou environ, avec Pont levy et un Etang d'un journel devant la porte (…) » (affiche de vente de 1715). Cette construction a été aménagée en 1716 - comme l'atteste une pierre incluse dans la façade actuelle (côté parc) portant l'inscription « Mr / MAYMILIEN / EMMANUEL / CHARLES DE PERALTA / 1717 » - puis transformée par la famille Peralta en 1867. Passée par alliance dans la famille Villegas de Saint-Pierre en 1798, la propriété fait l'objet de plusieurs projets d'aménagement dans le courant du XIXe siècle. Un projet du paysagiste Charles-Henri Petersen daté de mai 1834 atteste la volonté de créer un vaste parc paysager au nord intégrant plusieurs étangs tandis que le château subsiste dans son état ancien, encore cerné de douves même si les limites des fossés apparaissent légèrement adoucies. Ce projet reste sans suite jusque dans les années 1870. Le comte Léon de Villegas de Saint-Pierre, qui a perdu son père en 1865 et épousé Ferdinande de Maillen en 1869 - dont les initiales VSP et M figurent sur la pierre de façade à rue sous le millésime 1878 -, commandite de nouveaux projets respectivement au paysagiste Louis Fuchs (1818-1904) et à l'architecte athois Désiré Limbourg. Les deux hommes ont déjà travaillé ensemble au château de Moulbaix et leur entente se poursuit durant des années à Louvignies. Le plan du parc dessiné par Fuchs en 1870 est rapidement mis en exécution tandis que la transformation du château et la construction des nouvelles façades ne sont réalisées qu'entre 1878 et 1885. Sur ce plan, le château est encore figuré dans son état du XVIIIe siècle. D'après les notes de la comtesse Léon de Villegas : « on commence les travaux en abattant d'abord la levée en face du château, limite du parc actuel » (20/09/1871) et « on va chercher de la terre de bruyère à Casteau près Mons » (10/11/1871). En décembre de la même année, « les arbres de Hollande arrivent d'Oudenbosch : 600 arbres de futaie et du taillis » en présence de Fuschs. Dans un premier temps, le paysagiste fait planter des futaies et des massifs (1871-1872) destinés à former les grandes masses arborées extérieures du parc puis, dans un second temps (à partir de 1873) les arbres de position : tulipiers, hêtres pourpres et hêtres laciniés. Le cœur de la composition est - comme dans la majorité des parcs de Fuchs - traversé par un étang étiré dont les resserrements sont franchis par deux ponts ornementaux et une étroite passerelle métallique. Un petit ouvrage d'enrochement conservé aux abords d'un des ponts rappelle l'attrait du paysagiste pour la mise en œuvre de décors de roches artificielles. L'étang et les ponts sont terminés dès 1872 lorsque débutent ces travaux à la glacière. De grands arbres venus de Malines sont placés dans le parc et le nivellement des pelouses est réalisé en 1873. De longues promenades traversent les masses arborées en périphérie du parc tandis que des segments de liaison traversent les prairies, reliant les différents ponts et passerelles. Ce contraste entre les zones d'ombre (espaces plantés) et de lumière (espaces dégagés) n'est plus aujourd'hui perceptible que ponctuellement tant le développement des masses arborées est important, provocant une confusion des espaces. Le parc conserve néanmoins un réel attrait dendrologique grâce à la présence de nombreuses essences utilisées à la fois pour la qualité de leur feuillage et le contraste de leurs silhouettes. Ces arbres relèvent des deux grandes campagnes de plantation des années 1870. Cette manière de composer par grandes masses arborées - toujours perceptible aujourd'hui - est une constante du travail du paysagiste allemand (parc Petit à Péruwelz, château de Mianoye, château d'Hanzinelle, etc.). Le grand potager enclos, encore doté d'une orangerie et de serres, rappelle le faste qu'a connu la propriété à la fin du XIXe siècle lorsqu'on y cultivait près de cinquante variétés de poiriers, des melons et des ananas sous serres chauffés.

Description

Éléments architecturaux : En limite nord du potager compris derrière les dépendances du château, orangerie en brique de sept travées percées de larges baies cintrées encore munies de châssis à petits fers, couverte d'une bâtière de tuile noire, récemment convertie en espace d'habitation. Contre le pignon des écuries, butte couverte de végétation abritant une glacière à cuve ovoïde et voûte en brique précédée d'un couloir d'accès droit dans le même matériau.

Éléments végétaux : En regard de la façade du château, tulipier (Liriodendron tulipifera) isolé dans les surfaces gazonnées. En bordure de l'étang, un érable argenté (Acer saccharinum) de belles dimensions. De nombreux hêtres pourpres (Fagus sylvatica 'Atropurpurea') se distinguent dans les grandes masses arborées constituées majoritairement de marronniers (Aesculus hippocastanum), de tilleuls en variétés (Tilia vulgaris ; Tilia x europaea ; Tilia cordata ; Tilia petiolaris ; Tilia tomentosa), d'érables (Acer pseudoplatanus) et de châtaigniers (Castanea sativa). En limite des masses arborées, deux beaux hêtres à feuilles laciniées (Fagus sylvatica 'Heterophylla'), un catalpa (Catalpa bignonioides), un érable sycomore à feuilles panachées (Acer pseudoplatanus 'Leopoldii'), un groupe de trois platanes (Platanus x acerifolia). Parmi les arbres de première grandeur, quelques chênes rouges d'Amérique (Quercus rubra) et un chêne chevelu (Quercus cerris). Les différentes associations végétales regroupées en d'importants groupes plantés où chaque essence assume un rôle décoratif déterminé sont particulièrement représentatives de la manière de composer de Louis Fuchs.

Potager : Au nord-ouest du château, derrière les dépendances, important potager-fruitier (1 hectare) entouré de hauts murs en brique couronnés d'une couverture de tuiles. L'espace rectangulaire est divisé en quatre carrés gazonnés ceinturés de haies basses de buis en bordure desquelles figurent des lignes de poiriers. Une centaine de pieds avaient été plantés comprenant 46 variétés identifiées dont un grand nombre de poires régionales réparties entre variétés à couteau et à cuire : Fondante Herriot, Triomphe de Vienne, Bon chrétien Williams, Calebasse Carafon, Nouveau Poiteau, Conseiller à la cour, Castelline, Beurré de Mérode, Beurré Capiaumont, Beurré Clairjeau, Beurré Diel, Beurré d'Hardenpont, Beurré Six, Beurré Strycker, Beurré du Ruisseau, Louise Bonne d'Avranches, Durondeau, Marguerite Marillat, Soldat Laboureur, Doyenné du Comice, Duchesse d'Angoulème, Calebasse de Tirlemont, Jules d'Airolles, Président Druard, Bourgmestre Delporte, Bronzé d'Enghien, Doyenné d'Alençon, Doyenné de Chaumontel, Jeanne d'Arc, Nec plus Meurice, Belle Epine de Mai, Joséphine de Malines, Alliance franco-russe, Baltel Père, Docteur Jules Guyot, Charles Ernest, Jules Dison, Clap's Favourite, Comtesse de Paris, Mezy de chau, etc…Au nord, l'enclos est fermé par une orangerie en brique prolongée, à droite, par un volume plus bas et, à gauche, par une longue serre adossée au mur d'enceinte. Au pied de ces constructions, d'anciennes couches ont été réaménagées en bassins et en plates-bandes de vivaces et de rosiers. Au XIXe siècle, la propriété comptait également des serres à melons (variété Noir des Carmes) ainsi qu'une rare et coûteuse production d'ananas.

L'eau : Un grand étang de forme étirée occupe le cœur de la composition arborée au nord du château. Deux ponts métalliques légèrement arqués, bordés de longs gardes-corps en fonte ouvragés peints en blanc, enjambent des étranglements. Au pied de l'un d'entre eux subsiste un petit ouvrage d'enrochement participant à la régulation des niveaux d'eau de l'étang. Vers le sud, une étroite passerelle métallique portée par deux fins supports intermédiaires d'acier s'élève au-dessus de l'eau.

État de conservation : La composition paysagère mise en place par Fuchs dans les années 1870 est principalement conservée en partie nord et autour du grand étang. Toutefois, le développement anarchique des arbres et des semis naturels condamne les différentes perspectives tracées à travers les masses arborées et en direction du château, et réduit sensiblement les surfaces enherbées au pourtour de l'étang. Résultant d'une longue période de manquements dans la gestion du couvert arboré, les cheminements ont pratiquement disparu et les contrastes d'ombre et de lumière qui rythmaient les promenades à proximité de l'étang ont aujourd'hui cessé d'exister. Les grandes surfaces gazonnées comprises le château et l'étang ont perdu la majorité de leur décor planté ne laissant subsister qu'un tulipier isolé.

Maintenance : Les opérations de jardinage sont concentrées dans le jardin-potager ou l'ancien dispositif en croix est toujours conservé ; les haies de buis sont coupées avec soins, les surfaces gazonnées tondues régulièrement et les plates-bandes devant le château sont fleuries. Les grandes surfaces gazonnées précédant le plan d'eau sont fauchées ou mises en pâtures. La partie nord du parc, laissée à l'état de semi-abandon, est ponctuellement débroussaillée de façon à maintenir un espace de circulation aux abords de l'étang.

Documents iconographiques

Projet pour le parc du château de Louvignies (Soignies) par C.H. Petersen. Dessin aquarellé, mai 1834 (Archives du château de Louvignies). Cliché G. Focant © Service Public de Wallonie (SWP)

Plan aquarellé par Louis Fuchs, 1870. Cliché G. Focant © Service Public de Wallonie (SWP)

La composition paysagère est formée de grandes masses arborées accompagnant les berges de l'étang. © Service Public de Wallonie (SWP)

Cartographie

Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 52/4

Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 38/8 (Soignies) Impr. coul. 1893

Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 38/8

Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 38/8/3

Autre(s) source(s) cartographique(s) :
Plan aquarellé sur papier projeté par C.H. Petersen, mai 1834.
Plan aquarellé sur papier signé L. Fuchs, Bruxelles, le 25 août 1870.

Commentaire(s) : Le plan de Petersen, commandité par le Comte Pierre de Villegas n'a jamais été exécuté.
Le plan de Fuchs représente encore le château dans son état du XVIIIe siècle. En effet, celui-ci ne sera reconstruit qu'à partir de 1878.

Iconographie

Autre(s) source(s) iconographique(s) :
Vue du château. Huile sur toile par Emile Ysebrandt de Disque (vers 1844).
Vue du château de Louvignies à Madame la Comtesse de Villegas. Lithographie en couleurs signée de Marbais (vers 1850).

Bibliographie

Carnets manuscrits (agendas) de la Comtesse Léon de Villegas de Saint-Pierre, 1867-1928.

Le patrimoine monumental de la Belgique Wallonie, Liège, P. MARDAGA, 1972 à 1997, vol.2, t.23, p. 686-689.

Recensement des arbres et haies remarquables de Wallonie, Ministère de la Région Wallonne.

Informations administratives

Publié : oui

Superficie : plus de 10 hectares

Informations complémentaires

Auteur du formulaire : Serge Delsemme / Nathalie de Harlez de Deulin

Date de création de la notice : 2002-10-08

Caractéristiques du parc/jardin

Statut du jardin : privé

Accueil du public : ouvert au public

Type de jardin : Paysager