Identification et description
Nom du jardin Parc du Château de Warelles
Date de création fin du XVIIIe siècle ; fin du XIXe siècle
Province Hainaut
Arrondissement Mons
Commune Quévy
Coordonnées Grand'Route, 24-267040, Quévy-le-Grand
Localisation Latitude : 50.3759282
Longitude : 3.967713300000014

Historique

Elevé en bordure de la Wampe, le château de Warelles présentait encore au XVIIIe siècle un plan carré ponctué de tours d'angle et ceinturé de douves. A l'ouest du château, s'étendaient différents bâtiments de ferme disposés autour d'une cour dont une orangerie comme la montre une gravure anonyme. L'ensemble était prolongé au sud par un long et étroit potager. A l'est, quelques annexes disposées en « U » jouxtaient un vaste jardin dont les parterres réguliers étaient disposés de part et d'autre d'un axe central si l'on en croit la carte de Ferraris. Au-delà s'étendait un vaste verger. A la fin du XVIIIe siècle, ces jardins réguliers sont supprimés au profit d'un vaste parc pittoresque. Un plan, malheureusement resté anonyme, atteste des aménagements projetés. La propriété est alors entourée d'un mur et la Wampe qui la borde depuis le sud, est détournée en amont pour créer une dérivation baptisée le Bé, autour de laquelle s'articule la majeure partie de la composition pittoresque. Toujours d'après ce plan, le Bé traversait une zone de culture maraîchère à l'extrême sud et alimentait un vaste plan d'eau aux contours sinueux agrémenté d'une île où une fabrique (ou une statue) évoquait le dieu marin Neptune. Des chemins ceinturaient ce premier plan d'eau. Plus au sud, le cours du Bé serpentait à travers des bois et des prairies fleuries aux essences mellifères - en témoigne l'implantation de « ruches à miel » - avant de rejoindre un autre ruisseau venant du sud-ouest. A cet endroit, le Bé ceinturait une bande de terre accueillant « Le tombeau d'un troubadour » ; il alimentait ensuite un second plan d'eau, plus modeste, avant de rejoindre la Wampe en aval. Proche de cette embouchure et au centre du jardin, figure un mont gravi par un sentier hélicoïdal formant belvédère sur la composition sillonnée de sentiers courbes, de ruisseaux et ponctuée d'îlots arborés ponctuellement rehaussés de fabriques. Sur la rive droite de la Wampe, un « pont chinois » et un « pont russe » permettaient de rejoindre une glacière surmontée d'un pavillon chinois hexagonal et une cascade s'écoulant au sommet d'un rocher artificiel. D'autres fabriques pittoresques (deux chaumières, une pyramide et une grotte abritant une source) non légendées sur le plan complétaient la mise en scène paysagère. Une aire de jeu accueillant « bague, escarpolette et balançoir » figurait au sud du château. Des murets courbes surmontés de grilles fermaient la cour d'honneur occupée par un parterre central cerné de plantes d'orangerie. Un verger traversé par la Wampe jouxtait la cour. L'état actuel du parc ne permet pas d'affirmer que ce vaste projet a été réalisé dans son entièreté. La carte topographique (1/20.000e) de l'extrême fin du XIXe siècle confirme l'existence d'un dispositif comparable au plan mais laisse également deviner quelques simplifications ou disparitions : la partie sud de la propriété est transformée en zone boisée parcourue de sentiers, le second plan d'eau a disparu, l'espace potager à l'angle sud est supprimé tandis qu'un nouvel espace de culture apparaît au-delà des murs d'enceinte à l'ouest. Quelques fabriques sont indiquées sur la carte. La « cense du Pont de pierre », implantée dès le XVIIIe siècle en bordure de la chaussée reliant Mons à Maubeuge, est intégrée à la propriété de Warelles à laquelle elle est reliée par une allée de hêtre. Au début du XXe siècle, le projet de construction d'une vaste demeure de plaisance entraîne la destruction de la plupart des éléments bâtis du XVIIIe siècle : le château et ses douves, les différentes annexes et l'important complexe agricole alentours. Les travaux de construction du nouveau bâtiment débutés en 1914, sont rapidement interrompus suite à un vice de construction. La demeure n'atteindra jamais le premier étage. Afin d'ouvrir l'espace, l'ensemble agricole à l'ouest est supprimé et de nouvelles écuries sont implantées à proximité du potager, hors de la première enceinte. L'arrêt des travaux et le long procès qui s'en est suivi sont la cause probable du désintérêt pour le parc et sa reconversion progressive en exploitation agricole et forestière. Aujourd'hui, les lieux envahis d'un épais couvert végétal révèlent encore quelques traces du parc pittoresque : l'emprise du plan d'eau (aujourd'hui asséché), l'implantation du potager, les vestiges de la cascade de rocaille accompagnée de la glacière, la disposition de l'ancien plan d'eau et l'implantation des ponts. Ces éléments laissent penser que c'est bien une versions proche du plan mais simplifiée qui aurait été mise en place à la fin du XVIIIsiècle.

Description

Éléments architecturaux : En bordure de la Grand'Route, une villa de style « anglo-normand » remplace depuis les années 1930 l'ancienne ferme dite « du Pont de pierre ». A proximité, petite dépendance à faux-colombages, de même type que la demeure et récemment agrandie pour être réhabilitée en logement. Le long de la Grand'Route, l'entrée nord-est est marquée par deux piliers en pierre coiffés d'éléments piriformes. À l'entrée ouest, les piliers en pierre sont surmonté de sphères. A l'extrémité sud de l'allée de hêtre, pilier en pierre avec élément d'amortissement piriforme. Dans le parc, maison de régisseur en brique d'allure classique sous une toiture d'ardoises percée de lucarnes. A quelques distances, anciennes écuries et remise à voitures en brique et pierre bleue sous une toiture d'ardoise. A proximité, petite tour-colombier hexagonale en brique coiffée une toiture d'ardoise à six pans sur une corniche en bois denticulée, complétée d'une petite aile vers le nord. Proche de la rivière, belle tour carrée en briques et pierre bleue sous une toiture d'ardoises à la Mansart. La façade sud est percée d'une large baie à piédroits en pierre harpés et linteau légèrement bombé. Les étages sont percés d'une simple fenêtre et d'un oculus, cernés de pierre et brique. Sur la façade ouest, les marques laissées par une bâtière rappellent l'existence d'un corps de dépendances mitoyen autrefois encadré de trois tours. Au nord-ouest, à proximité du potager, vastes écuries et remise à voitures en brique du début du XXe siècle, récemment réhabilitées. A l'extrémité sud de l'allée de hêtre, pont en rocaille précédé d'un dispositif pittoresque de petites chutes, bancs et passerelle en blocs rocheux disposés sur les rives de la Wampe. Au centre du parc, en bordure du bois, ancienne glacière sous tertre précédée d'un couloir courbé et voûté.

Éléments végétaux : Aux abords de la maison de retraite, l'accès nord est bordé de hêtres (Fagus sylvatica) et de charmes (Carpinus betulus). Au sud-ouest, un érable à feuille de frêne (Acer negundo), un catalpa doré (Catalpa bignonioides 'Aurea'), un wellingtonia (Sequoiadendron giganteum). Au sud-ouest, deux magnolias (Magnolia x soulangiana), un autre wellingtonia (Sequoiadendron giganteum), deux ifs (Taxus baccata). Bordant la propriété sur l'ouest, longue allée de hêtre (Fagus sylvatica) comptant encore 27 beaux sujets. Vers l'ancien château, depuis l'entrée, quelques marronniers d'Inde (Aesculus hippocastanum), plusieurs beaux frênes centenaires (Fraxinus excelsior), quelques beaux platanes d'Orient (Platanus orientalis) dont deux remarquables sujets datant de la création du jardin pittoresque. Dans la zone boisée, un hêtre pleureur (Fagus sylvatica 'Pendula'), de nombreux châtaigniers (Castanea sativa), des hêtres pourpres (Fagus sylvatica 'Atropurpurea') ; plus à l'est, deux peupliers picards (Populus x canescens), un marronnier d'Inde (Aesculus hippocastanum), quelques frênes communs (Fraxinus excelsior), un chêne sessile (Quercus petraea), un érable sycomore (Acer pseudoplatanus), un catalpa (Catalpa speciosa), un érable à feuille de frêne (Acer negundo) et un caryer (Carya ovata).

Potager : Au XVIIIe siècle, un potager était compris dans l'enceinte du parc, au sud du château. Au XIXe siècle, un nouvel espace de culture est implanté sur le même axe mais davantage vers l'ouest, extra-muros. Une serre à vignes était adossée au mur nord et un vaste bassin à margelle en pierre - aujourd'hui partiellement comblé - marquait la croisée des chemins. Ce vaste terrain de culture encore partiellement clos d'un mur de brique est actuellement laissé à l'abandon. Entre le château et la ferme « du Pont de Pierre » existait, dès le XVIIIe siècle, un vaste verger. On y compte encore quelques beaux sujets de haute tige en variétés anciennes.

L'eau : La Wampe traverse la propriété du sud au nord tandis qu'une dérivation baptisée le Bé sillonne les bois et prairies aux abords du château. Cette dérivation alimentait un bassin (aujourd'hui asséché) bordé de berges en brique et doté, à son extrémité nord, d'une vanne intégrée dans un décor de rocaille avec cascade. Au-delà, le Bé s'écoule en limite des prairies avant de rejoindre la Wampe dans le parc. Celle-ci est enjambée par deux ponts. Le premier, à tablier plat bordé de garde-corps en briques, est terminé par de courts piliers en pierre surmontés d'amortissements spériques. Le second, situé dans les sous-bois, montre un décor rocaille. La partie sud-ouest du parc est sillonnée par un second ruisseau qui approvisionnait jadis une cascade à deux niveaux sur l'axe de l'ancien château (vers le sud) : un petit bief en brique, encore partiellement visible, contournait au préalable la butte de la glacière.

État de conservation : La réalisation complète du jardin pittoresque représenté avec précision sur un plan de la fin du XVIIIe siècle ne peut être affirmée : au gré de la promenade, on découvre un certain nombre de vestiges mal conservés d'aménagements pittoresques comme la cascade, le barrage-cascade, les ponts et les anciens cheminements ainsi que quelques belles essences paysagères (platane d'Orient, hêtre pleureur, hêtre pourpre, marronnier d'Inde) ou le verger maintenu la ferme et l'emplacement de l'ancien château. Le potager créé au XIXe siècle est à l'abandon ; on y voit toujours les vestiges d'une serre et un bassin à margelle en pierre. Toute la partie sud, jadis occupée par un (ou plusieurs) plan d'eau a été progressivement transformée en zone d'exploitation forestière. Un plan d'eau asséché depuis plusieurs dizaines d'années est aujourd'hui converti en peupleraie. Le canal et la cascade qu'il alimentait disparaissent peu à peu sous la végétation. La voûte du couloir de la glacière s'affaisse. Les murs d'enceinte présentent un grand état de fatigue. A l'extrémité sud de l'allée de hêtre, le pont en rocaille intégrant un dispositif de bancs, passerelle et cascades a été récemment restauré malheureusement avec une utilisation abusive du béton. Les anciens sentiers de promenade sont défoncés par le charroi forestier.

Maintenance : Les travaux portent principalement sur les abords de l'ancienne ferme (abritant une maison de retraite) et des dépendances réhabilitées en logements. Le reste de la propriété consiste en pâtures et zones boisées à caractère forestier. Les belles essences plantées à la fin du XVIIIe siècle, aujourd'hui perdues dans les parcelles de rapport, méritent d'être dégagées.

Cartographie

Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 55/2

Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 45/7 (Mons) - 51/3 (Aulnois) Impr. coul. 1901 et 1896

Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 45/7 - 51/3

Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 45/7/4 - 51/3/2

Autre(s) source(s) cartographique(s) :
Plan du château et jardin de Warelles etc…. Dessin à l'encre sur plan en toile, anonyme, n.d. (fin du XVIIIe siècle). Echelle de trois cent pieds du pays (Archives du château).

Iconographie

Autre(s) source(s) iconographique(s) :
Le château de Warelles et ses abords. Gravure, non datée (Archives du château).

Bibliographie

Recensement des arbres et haies remarquables de Wallonie, Ministère de la Région Wallonne.

Informations administratives

Publié : oui

Superficie : 20 hectares

Informations complémentaires

Auteur du formulaire : Didier Hoyos / Odile Moreau

Date de création de la notice : 2002-11-03

Caractéristiques du parc/jardin

Statut du jardin : privé

Accueil du public : fermé au public

Type de jardin : Pittoresque