Identification et description
Nom du jardin Parc du Château de Thoricourt
Nom ancien Château Obert de Thieusies
Date de création fin du XVIIIe siècle ; 1830 ; début du XXe siècle
Province Hainaut
Arrondissement Soignies
Commune Silly
Auteur/ Créateur Achille Duchêne, paysagiste français (début du XXe siècle)
Coordonnées rue de Silly, 17 A7830, Thoricourt
Localisation Latitude : 50.6173363
Longitude : 3.9527653999999757

Historique

Ancienne dépendance de la Baronnie de Silly, la seigneurie de Thoricourt possède un premier château féodal appartenant durant trois siècles à la famille Brunquet. Le manoir est représenté en 1589 dans un des Albums du duc de Croy. Passé par alliance dans la famille du Fossey (Relief de la terre et seigneurie de Thoricourt, 1646), il entre en 1704 dans la Maison de la Marlière dont le dernier représentant mâle, Charles-François de la Marlière, construit le château actuel en 1768. C'est sa fille, Isabelle Françoise, Dame de Thoricourt, qui apporte la Seigneurie dans la Maison Obert par son mariage avec Zacharie-Vincent Obert de Quévy en 1774. Le château est édifié au fond d'une vaste cour d'honneur séparée de la voirie par une grille de fonte dont les deux colonnes centrales supportent des panneaux ouvrants. Deux pavillons en brique sur soubassement en calcaire raidis de pilastres d'angle et couverts de toitures à la Mansart flanquent la grille d'entrée. Ils sont respectivement suivis, à droite, d'une carrosserie rythmée en façade de cinq baies en plein cintre et, à gauche, d'une écurie de même type mais dont les baies ont été modifiées. Au-delà, deux courtes balustrades de brique et pierre ajourées terminées par des bases carrées sommées de sphères, isolent l'avant-cour du château. Celles-ci ont été placées tardivement, lorsque le parterre de l'avant-cour a été supprimé. L'ordonnance des dépendances encadrant la cour d'honneur magnifie la longue façade en brique du château rythmée de treize travées. Un large perron sous balcon précéde d'une avancée centrale à trois pans coupés, raidie de pilastres à refends et couronnée d'une corniche cintrée sous un dôme d'ardoises sommé d'un clocheton. De part et d'autre, les dernières travées de gauche et de droite forment de légères avancées. Les hautes toitures d'ardoise sont rythmées d'un rang de lucarnes et, au-dessus, d'une rangée d'œil de bœuf. La façade arrière tournée vers le parc présente également un avant-corps central à angles arrondis surmonté d'un fronton triangulaire. Au début du XXe siècle, une galerie abritant une terrasse a été accolée à la face latérale droite du château, surplombant un jardin régulier dessiné par Achille Duchêne. Ces travaux ont été commandés par le Vicomte Amaury Obert qui fut bourgmestre de Thoricourt durant cinquante ans, jusqu'à son décès en 1938. La propriété est demeurée dans les mains de la même illustre famille jusqu'à nos jours. D'après la carte de Ferraris, un dispositif de carrés cultivés se développait en regard de la façade arrière du château, complété latéralement d'un grand verger et, au nord, d'un enclos boisé traversé par un axe planté. Vers 1830, ces jardins sont abandonnés au profit d'une vaste composition paysagère intégrant quatre surfaces d'eau étirées exploitant le dévers du terrain en partie sud. Curieusement, dès cette époque, le nouveau parc est traversé de longs cheminements rectilignes plantés dont le principal, axé sur l'avant-corps de la façade du château, rejoint les limites nord-ouest du parc. A cet endroit, la charmille se referme en hémicycle autour d'un haut pilier de pierre ouvragé. Une seconde charmille plus étroite, perpendiculaire, rejoint la chapelle du Bon Dieu élevée à l'angle nord de la propriété dès la fin du XVIIIe siècle. Les allées plantées demeurent parfaitement en place au sein des grands ensembles arborés relevant encore majoritairement des plantations paysagères de 1830. Au cœur de ceux-ci, trois larges zones dégagées participent à la mise en valeur ponctuelle des berges des étangs. En lisière de ces espaces libres, les arbres ont développé de larges et belles couronnes appréciables depuis les sentiers courbes cheminant à leurs pieds. Au début du XXe siècle, des travaux d'abattage en regard du château permettent l'élargissement du grand axe préexistant et son aménagement en tapis de verdure. A la même époque, un élégant jardin formel dessiné sur un plan en croix est créé au pied de la terrasse. Ce jardin est bordé au sud par une longue galerie (« orangerie ») flanquée de deux hauts pavillons surplombant la composition. L'extrémité nord du jardin est fermée par des treillages métalliques peints ménageant un petit passage axial entre les tilleuls. Cette issue s'ouvre sur un espace enherbé descendant légèrement jusqu'aux rives d'un des étangs. La qualité du dessin des parterres de gazon bordés de doubles haies de buis et chantournés à leur extrémités nord, la présence de nombreux petits ouvrages d'art de soutènement font de cette petite composition un témoin représentatif du travail d'Achille Duchêne dans sa ré-interprétation de la grande tradition classique et un des rares exemples conservés en Belgique.

Description

Éléments architecturaux : Bordant le côté oriental du jardin régulier, galerie formant terrasse (erronnément appelée orangerie) de 1830 ouverte en façade de huit arcades en plein cintre de briqus reposant sur de fins pilastres de même matériau. Au centre, un portique encadré de colonnes jumelées soutient un fronton triangulaire portant les armoiries de la Maison Obert. Deux pavillons de briques et pierre de deux niveaux encadrent l'orangerie. L'ensemble est couvert de bâtières d'ardoise à corniches de bois. Contre la façade latérale gauche du château, galerie en brique et pierre à cinq arcades sous toit-terrasse à balustrade, ajoutée vers 1920, reliée au jardin régulier contemporain par une volée droite bordée de garde-corps en fer forgé. A l'extrémité d'une charmille rejoignant l'angle sud-ouest du parc, chapelle du Bon Dieu de Giblon, oratoire en brique chaulée et pierre calcaire d'une travée et chevet semi-circulaire du dernier tiers du XVIIIe siècle. La façade terminée en pignon chantourné est partiellement essentée d'ardoise au-dessus d'une porte en plein cintre inscrite dans un bel encadrement en calcaire de style Louis XVI.À proximité de la chapelle, haut pilier de pierre cannelé reposant sur une large base en brique cimentée parfois appelé Pilori de Thoricourt. Un large entablement débordant à pans coupés supporte un haut amortissement bulbeux terminé par une sphère.

Éléments végétaux : Au sud, longue allée simple de platane (Platanus x acerifolia) rejoignant l'entrée de la cour d'honneur. Encadrant l'avant-cour du château, deux courts alignements de quatre tilleuls (Tilia x europaea) longés de haies de charme (Carpinus betulus). Devant, plates-bandes de rosiers rouges (Rosa polyantha) ceinturées de haies basses de buis (Buxus sempervirens). Au pied de la façade arrière du château, haie de buis (Buxus sempervirens) précédée de deux séries de trois hauts topiaires d'if (Taxus baccata). En limite nord du jardin régulier, quatre tilleuls (Tilia platyphyllos). Plusieurs allées de charme (Carpinus betulus) sont comprises dans les grandes masses arborées du parc. La plantation la plus remarquable est constituée, au nord du parc, de deux longues charmilles axées respectivement sur la chapelle du Bon Dieu et, perpendiculairement, sur le pilori de Thoricourt. L'ensemble forme un dispositif cruciforme dont l'allée la plus large prolonge le tapis vert du château. Parmi les arbres les plus remarquables du parc, un cyprès chauve (Taxodium distichum) au bord de l'étang, un cèdre de l'Atlas (Cedrus atlantica) ; à proximité de l'étang supérieur, un court alignement de six platanes d'Orient (Platanus orientalis) accompagnant la chapelle. À l'extrémité gauche du tapis vert, un très vieil if (Taxus baccata) - dont le tronc atteint près de 4 mètres - est précédé d'un alignement de la même essence.À l'intérieur des masses arborées, de nombreux hêtres verts (Fagus sylvatica) et pourpres (Fagus sylvatica 'Atropurpurea'), un châtaignier (Castanea sativa), des frênes communs (Fraxinus excelsior) et des marronniers (Aesculus hippocastanum). Les parterres de gazon du jardin régulier sont délimités par des plates bandes de rosiers encadrées de haies de buis (Buxus sempervirens). Des groupes de rhododendrons (Rhododendron hybride) flanquent l'escalier de la terrasse sud du château surplombant le jardin.

Potager : Au sud du jardin régulier, à l'angle de l'orangerie, une grille fixée à deux piliers carrés sommés de paniers sur pied portant des grappes de raisins donne accès à une vaste surface triangulaire enherbée jadis cultivée en tant que verger avec zones potagères.

L'eau : La partie sud du parc est traversée par une suite de quatre longs étangs en ligne implantés en limite des masses arborées suivant la déclivité naturelle du terrain. Leurs berges enherbées, bien que déteriorées et consolidées ponctuellement, attestent toujours de l'ampleur des aménagements.

Particularités : A l'extrémité du tapis vert, deux élégants et rares bancs de pierre - à l'exception de l'assise en bois - du XVIIIe siècle. Le long dossier, dépourvu d'accotoirs, est bordé de volutes moulurées dont la rencontre, au centre du panneau, est rehaussée d'une large coquille. Au-dessus, un haut piédestal évasé, également bordé de larges volutes à moulure plate supporte une base carrée sommée d'un pot à feu godronné. Un banc est parfaitement conservé, l'autre privé de son pot à feu.

État de conservation : Dès sa construction, le château est accompagné au nord d'un grand jardin cultivé prolongé d'une zone boisée et à l'ouest d'un important verger. Ces aménagements ont été supprimés en 1830 lors de la création des quatre étangs et de la plantation d'un parc paysager intégrant de longs axes plantés de charme. De longues charmilles traversent toujours la partie nord du parc où les masses arborées contrastent avec des zones enherbées libres de plantation. Le grand tapis de verdure axé sur la façade arrière est créé au début du XXe siècle en coupant dans les premiers massifs de haute futaie. Le jardin régulier situé au pied de l'orangerie est dessiné à la même époque. Reconditionné au milieu des années 1970, le jardin conserve des treillages métalliques contemporains de sa création dont les vestiges sont dissimulés sous les couronnes des grands tilleuls marquant sa limite ouest. Les quatre plans d'eau subissent un important phénomène d'envasement. Leurs berges présentent d'importants signes de dégradation et sont ponctuellement envahies de semis naturels, les rendant inaccessibles.

Maintenance : Les grandes opérations de tonte et de fauche sont effectuées régulièrement au travers du parc paysager. Le tapis de verdure est tondu à fréquence plus rapprochée et les sentiers latéraux sont nettoyés et rechargés de fin concassé de calcaire. Les longs axes de circulation plantés de charme sont toujours bien dégagés. Le jardin régulier compartimenté fait l'objet de soins attentifs dans la taille des haies basses de buis ainsi que dans la découpe des bordures. La zone ombragée sous les quatre tilleuls offre un aspect plus négligé, les bases des treillages métalliques sont partiellement envahies de mauvaises herbes.

Documents iconographiques

Œuvre d'Achille Duchêne, le jardin régulier était délimité par des ouvrages de treillage directement inspirés de l'art classique français. Cliché G. Focant © Service Public de Wallonie (SWP)

Le tapis vert a été créé au début du XXe siècle par Achille Duchêne pour magnifier la façade arrière du château. Cliché G. Focant © Service Public de Wallonie (SWP)

Cartographie

Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 52/2

Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 38/7 (Lens) Impr.coul.1891

Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 38/7

Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 38/7/2

Iconographie

Autre(s) source(s) iconographique(s) :
Vue de la façade principale du château. Lithographie des frères Vasseur In : DE DAMSEAUX E., La Belgique pittoresque. Les Châteaux, Mons, 1872-1878.

Bibliographie

BAUDOUIN Jean-Claude et de SPOELBERCH Philippe, Arbres de Belgique. Inventaire dendrologique 1987-1992, s.l., 1992, p. 431.

BOURQUEMBRAY, « Le château de Thoricourt, La Maison d'Hier et d'Aujourd'hui, n°19, 1973 (sept.), p. 2-15.

GENICOT Luc-Francis (dir.), Le grand livre des châteaux de Belgique, Bruxelles, Vokaer, 1977, t. 2, p. 629-632.

Le patrimoine monumental de la Belgique Wallonie, Liège, P. MARDAGA, 1972 à 1997, vol.2, t.23, p. 629-632.

Dossier de classement (Archives de la Commission Royale des Monuments sites et fouilles à Liège).

Recensement des arbres et haies remarquables de Wallonie, Ministère de la Région Wallonne.

Terre et seigneurie de Thoricout : écrits, reliefs, livres de comptes (Archives de l'État à Mons, Famille Obert de Thieusies, n° 389-490).

Informations administratives

Intitulé du classement : Monument

Éléments classés : orangerie, chapelle et pilori ; site : parc.

Mérite le classement pour : oui

Arrêté : 1976-07-07

Publié :

Superficie : 15 hectares

Informations complémentaires

Auteur du formulaire : Serge Delsemme / Nathalie de Harlez de Deulin

Date de création de la notice : 2002-09-26

Caractéristiques du parc/jardin

Statut du jardin : privé

Accueil du public : fermé au public

Classement : Monument

Type de jardin : À la française