Identification et description | |
---|---|
Nom du jardin | Parc du Château de Beloeil |
Date de création | XVIIe siècle ; XVIIIe siècle |
Province | Hainaut |
Arrondissement | Ath |
Commune | Beloeil |
Auteur/ Créateur | Claude Lamoral II |
Auteur/ Créateur | Jean-Baptiste Bergé |
Auteur/ Créateur | Jean-Michel Chevotet, architectes (XVIIe siècle) |
Auteur/ Créateur | Charles-Joseph de Ligne, propriétaire |
Auteur/ Créateur | François-Joseph Bélanger, architecte français (XVIIIe siècle) |
Coordonnées | rue du Château, 117970, Beloeil |
Localisation | Latitude : 50.5510053 |
Longitude : 3.730156299999976 |
Si les jardins actuels résultent d'aménagements opérés pour l'essentiel au XVIIIe siècle sous Claude Lamoral II de Ligne, d'autres les ont précédés. On sait, en effet, qu'à la fin du XVIIesiècle, des réservoirs, des buses et des tuyaux d'alimentaion de plusieurs bassins avaient été restaurés ou remplacés. A cette même époque, des plants de hêtres pourpres avaient été ramenés de la Forêt Noire par la Princesse Claire-Marie ; plusieurs d'entre-eux avait été plantés aux abords de l'orangerie. Dès 1711, le Prince de Ligne crée avec l'aide des architectes français Jean-Michel Chevotet et Jean-Baptiste Bergé, le premier jardin inspiré des grandes compositions classiques françaises. La composition majestueuse couvre un vaste rectangle de terrain de 20 hectares dont le « miroir » dit aussi « bassin de Neptune » car à son extrémité trône un groupe sculpté de la main d'Adrien-Joseph Henrion représentant le dieu marin, en est la pièce maîtresse. Au pied de la façade nord-est du château à la manière d'un miroir, il offre une large perspective qui se prolonge encore, au delà d'un parterre, par une longue allée de hêtres tracée à travers bois, couramment appelée la « grande vue ». De chaque côté du « miroir », au-delà de deux allées latérales de charmilles, une succession de bosquets et de salons de verdure, divisés géométriquement, trace un deuxième axe de perspective, parallèle au premier de même qu'une série d'échappées transversales et obliques. A la fantaisie des salles réservées aux divertissements et aux jeux, répond de l'autre côté du « miroir », l'intimité du « bassin des dames » et du « cloître ». Les canaux rectilignes qui bordent la composition se prolongent en autant de perspectives suivies par des percées dans les bois. En 1721, un potager divisé géométriquement est adjoint en bordure ouest du jardin. En 1749, le « miroir » est agrandi et porté à ses dimensions actuelles. Un bassin dénommé « la héronnière » est creusé au centre de la « grande vue ». Vers 1770, le Feld-Maréchal Prince Charles-Joseph de Ligne fait transformer la partie nord-ouest des jardins, la plus proche du château, dans le style paysager avec l'aide de l'architecte français Bélanger qui y construit le « temple de Morphée ». Ce jardin deviendra le « parc aux daims », agrémenté de « l'île de Flore », de la « ruine » et de « l'obélisque ». Aujourd'hui, les 10 kilomètres de charme représentant cinq hectares et demi de surface à tailler, demeurent un témoin unique, véritable monument vivant, et tout récemment classé comme tel et reconnu patrimoine exceptionnel de Wallonie.
Éléments architecturaux : Entrée ponctuée par deux pavillons de style classique, de plan carré, en brique à chaînage de pierre calcaire. Au centre du canal du Midi, « pont tournant » en pierre de Maffle qui, au XVIIesiècle, servait d'accès au château. A l'extrémité de l'allée formant la « grande vue », deux pavillons du XIXe de plan carré, en brique sur soubassement de grès ; ces pavillons des gardes se situent sur le territoire de la commune de Quevaucamps. Dans le parc paysager, subsistent plusieurs fabriques: le « temple de Morphée », tholos néo-classique en pierre sur emmarchement de six degrés, construite par l'architecte français Bélanger (1744-1818) ; la « ruine », partie de temple antique en pierre, aménagée en 1786 par Charles-Joseph de Ligne ; « l'obélisque » en marbre blanc élevé par le Prince en hommage aux faits d'armes de son fils Charles. De nombreux ponts, certains surmontés de balustrades en calcaire ponctuées de vases sculptés, assurent la continuité des promenades par dessus les différents canaux.
Éléments végétaux : De part et d'autre du « miroir », des charmilles et palissades de charme ( Carpinus betulus) organisent des salons de verdure. Certaines charmilles atteignent 6 mètres de haut ; l'ensemble forme 10 km de haies ; un bassin ponctue l'intersection des chemins qui structurent les différents salons. A l'est, le « bassin vert » ou « boulingrin » servait de théatre. Le « champs des roses » contenait autrefois les premiers rosiers du Bengale introduits en Belgique ; il est aujourd'hui planté de nombreuses variétés de roses. La « salle du grand diable ». Le « bassin des dames » entouré de 72 colonnes de charme formant des arcades en ogives. Le « cloître » cerné de palissades de charme percées de baies en plein cintre. Le « quinconce », jadis planté de hêtres verts en rangs serrés, a été replanté sous le Prince Eugène, en 1948-1949, de hêtres pourpres (Fagus Sylvatica 'Atropurpurea') suite à la tempête de 1942. L'« allée du Doyen » se compose de charmilles de 6 m de haut sur 600 m de long. La « grande vue », prolonge l'axe du miroir sur 4 km par une triple allée de hêtres verts (Fagus sylvatica). L'allée du « mail » est formée de chênes (Quercus robur). La partie paysagère est constituée de larges étendues gazonnées et de bosquets de grands arbres. Au nord du château, on trouve le « bosquet de Jean-Jacques Rousseau » et le « parc aux daims ». On relève quelques grands arbres isolés: un sophora (Sophora japonica 'Pendula'), un liquidambar (liquidambar styraciflua), un hêtre pourpre (Fagus sylvatica 'Atropurpurea'), un févier à trois épines (Gleditsia triacanthos), plusieurs platanes d'Orient (Platanus orientalis), un érable sycomore (Acer pseudoplatanus).
Potager : A l'ouest du château, séparé du jardin régulier par le « canal de l'occident », s'étend le potager ; créé dès 1721 par Claude Lamoral II, il est clos de murs de brique sur trois côtés. Le croisement des allées principales est occupé par le « pavillon de Pomone », édicule octogonal en brique et pierre construit en 1738. Autrefois divisé en carrés de culture et accompagné d'un verger, le potager a été partiellement aménagé en zône de loisirs. Une orangerie de style néo-classique réédifiée en 1830 par le Prince Eugène I, en brique et grès, le borde au nord.
L'eau : Elle joue un rôle primordial dans la composition du jardin où les douves, le miroir, plusieurs canaux et une série de bassins occupent une superficie de 12 hectares. Le « bassin des poissons rouges », avec les « jeux d'enfants » ; le « grand bassin ovale » autrefois entouré de hêtres pourpres ; le « bassin aux glaces » où, jusqu'en 1925, on y puisait la glace nécessaire à l'alimentation de la glacière ; le « bassin des dames » où la profondeur du bassin permettait aux dames de se baigner sans être vues ; enfin, le « bassin de la héronnière » dit aussi la « canardière » situé dans le prolongement de la « grande vue ». Un long canal en « U » encadre la partie centrale des jardins et des salons de verdure ; il est appellé tantôt « canal du midi », « canal de l'occident », « canal de l'orient ». La partie sud du parc paysager est occupée par un canal formant en son centre un croissant, lui-même occupé par « l'île de Flore ». Le ruisseau la Hunelle parcourt le parc.
Particularités : Le « miroir » dit aussi le « grand lac » ou « grand bassin » ou encore « bassin de Neptune » a été agrandi et porté à ses dimensions actuelles, soit 450 m X 130 m en 1749. Le rectangle, d'une superficie de six hectares, se rétrécit à l'extrémité par plusieurs décrochements ponctués de vases pour se terminer en cintre.
État de conservation : Très variable. Certains ponts et balustrades sont fortement dégradés. Le revêtement des chemins a pratiquement disparu ; leurs bordures sont le plus souvent mal délimitées. Les berges présentent d'importants affaissements. Plusieurs charmilles nécessitent de nouvelles plantations. De nouveau semis sont à envisager pour certains gazons.
Maintenance : Quatre jardiniers entretiennent les jardins réguliers et les bassins. Les plants destinés au remplacement des arbres défaillants sont élevés sur place en pépinières. En 1973, les plantations de tilleuls autour du « miroir » ainsi que les charmes du « bassin des dames », aux abords des douves et dans les bosquets ont été renouvelées.
Restauration : Fin 1995, les interventions réalisées ont porté sur :1. la restauration et la consolidation d'une partie des berges du « miroir » dont les pierres, briques et tuiles de remploi qui la constituaient se désolidarisaient ; également endommagées par les rats musqués, elles ont été consolidées par palplanche en azobé.2. la restauration des berges de plusieurs bassins qui se décomposaient : du « bassin des poissons rouges », du « bassin des Dames » et du « bassin du Miroir » avec placement de parois en béton.3. le placement de supports d'acier pour guider certaines charmilles et notamment autour du « bassin des poissons rouges » ; le remplacement des guides de bambou de la charmille du « bassin des dames » par des tiges d'acier ; le renouvellement de la double charmille du « cloître », devenue trop âgée.4. la suppression et le remplacement de l'allée de tilleuls à l'entrée du domaine ; la restauration des berges, du pont et de sa balustrade endommagés par la chute d'un arbre en 1987 ainsi que des grilles.5. la restauration du « pont tournant » jeté sur le canal du Midi.
Auteur du projet : Bureau d'études René Pechère + Partners s. a., Bruxelles.
Date de la restauration : 1993-1995.
Projet de restauration : Lauréat du concours des C.E.E. 1993 : projet pilote de conservation du patrimoine architectural européen sur le thème des jardins historiques (Voir : restauration).
Date de réalisation du projet : Août 1993 - 1996.
© Les Miroirs, Nathalie de Harlez (14 juin 2010)
© Champs des Roses, Nathalie de Harlez (14 juin 2010)
Le pavillon de Pomone occupe le croisement des axes du potager. © J. Barlet
Le bassin de Neptune axé sur le château occupe le cœur des jardins réguliers. Il est véritablement l'âme de la composition baroque. © J-P. Gabriel
Le cloître et ses colonnes de charme. Cliché G. Focant © Service Public de Wallonie (SWP)
Temple de Morphée érigé par Charles-Joseph de Ligne dans le jardin anglais. © N. de Harlez
© Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie
Groupe sculpté d'Amours chevauchant des tritons sur l'embarcadère du bassin de Neptune. Œuvre en pierre blanche de Godefroid Devreese (XIXe siècle), détail. © J-P. Gabriel
Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 41/3, 41/4
Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 38/5 (Blicquy) - 45/1 (Beloeil) Impr. coul. 1911-1926
Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 38/5-45/1
Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 38/5/4 - 45/1/2
Autre(s) source(s) cartographique(s) : Beloeil. Plan général du parc dans son état final. D'après un plan anonyme de 1949, et R. Pechère, 1976. Echelle 1/10.000.
Autre(s) source(s) iconographique(s) :
Plan de Beloeil. A son Altesse Mongn. le Prince de Ligne. Gravure anonyme.
Vue à vol d'oiseau depuis le sud-ouest. Gravure par La Marcade, 1747.
Vue du château depuis le nord-ouest. Gravure par La Marcade, s.d., [milieu XVIIIe siècle].
Vue des jardins français. Gravure par La Marcade, s.d., [milieu XVIIIe siècle].
Le château vu du grand bassin. Lithographie d'après A. Wauters, 1844.
Vue par le côté du grand étang. Gravure par La Marcade, n.d., [début du XVIIIe].
Front occidental du château. Lithographie In : GOETHGEBUE P.J., Choix des monuments, édifices et maisons les plus remarquables du royaume des Pays-Bas, Gand, 1827.
BAUDOUIN Jean-Claude et de SPOELBERCH Philippe, Arbres de Belgique. Inventaire dendrologique 1987-1992, s.l., 1992, p. 278.
Castella [Châteaux de Belgique], Lierneux, 1992-1993, p. 52.
DE BORCHGRAVE D'ALTENA, Comte J. (sous la dir.), Châteaux de Belgique, Liège, éd. Desoer, 1967, p. 42-49 (coll. Terre d'Art).
DE LIGNE, Prince CH. J., Coup d'œil sur Beloeil et sur une grande partie des jardins de l'Europe, Bruxelles, 1786 (1ère éd., Beloeil, 1781).
GENICOT Luc-Francis (dir.), Le grand livre des châteaux de Belgique, Bruxelles, Vokaer, 1977, t. 2, p. 60-65.
HOBHOUSE Pénélope & TAYLORD Patrick, Des jardins en Europe. Guide des 727 plus beaux jardins, Stuttgart, Eugen Ulmer GmbH & Co, 1992, p. 208.
ICOMOS, Liste des jardins et paysages d’intérêt historique de la Belgique, s.d. ***.
LEURIDANT F., Beloeil : le château, les jardins, Bruxelles, éd. des Annales du Prince de Ligne, 1935.
Le patrimoine monumental de la Belgique Wallonie, Liège, P. MARDAGA, 1972 à 1997, vol.13, t.1, p. 390-399.
PECHERE René, Parcs et jardins de BelgiqueBruxelles, Rossel, « Nouveaux guides de Belgique », 1976, p. 43-52.
JELLICOE S. et G., GOODE P. & LANCASTER M., The Oxford Companion to Gardens, Oxford - New York, Oxford University Press, 1986, p. 50-52.
VAN DER ZWAELMEN Léopold, Beloeil : le « Versailles » Belge, Bruxelles, éd. Moderne, 1924.
Intitulé du classement : Monument
Éléments classés : jardin classique, potager et jardin anglais
Arrêté : 1993-12-09
Publié : oui
Superficie : 60 hectares pour l'ensemble du domaine
Auteur du formulaire : C. Guisset / Nathalie de Harlez de Deulin
Date de création de la notice : 1993-09-20
Statut du jardin : privé
Accueil du public : ouvert au public
Classement : Monument
Type de jardin : À la française, À l'anglaise