Identification et description | |
---|---|
Nom du jardin | Parc du Château du Rond-Chêne |
Nom ancien | Château du Rond Chêne |
Date de création | XVIIIe siècle ; vers 1850 ; 1874 ; 1882 ; 1898 ; 1908 ; années 1930 |
Province | Liège |
Arrondissement | Liège |
Commune | Esneux |
Auteur/ Créateur | J Petersen, paysagiste de Copenhague (vers 1850) |
Auteur/ Créateur | Edouard Keilig, paysagiste d'origine allemande (1874) |
Auteur/ Créateur | Léandre Piret, jardinier en chef (1898) |
Coordonnées | Rond-Chêne, 124130, Esneux |
Localisation | Latitude : 50.5206465 |
Longitude : 5.549798799999962 |
Le fief du Rond-Chêne - aussi dénommé fief de la Salte ou du Sart - est déjà cité au XIIIe siècle tandis que le nom de Jackemin de Ronchienne apparaît sur une charte de 1298. Quant aux origines du parc, elles relèvent du XVIIIe siècle comme l'atteste la carte de Ferraris qui figure clairement un jardin emmuré, cultivé en carrés, à l'emplacement de la grande terrasse qui occupe l'avant-plan du château. L'ensemble bâti est entouré de vergers. De cette époque témoignent également deux groupes d'if plantés en hémicycle (aujourd'hui dans la Closerie) ainsi que de très vieux charmes-têtards conservés en bordure du chemin des Amoureux, un ancien sentier oublié qui limitait la campagne du Rond-Chêne au sud. En 1802, le domaine est vendu aux Nizet-Berleur, déjà propriétaires du château du Lavaux à Esneux. Il passe ensuite dans les mains des familles Melotte, Jamar puis, en 1850, à Pierre Francotte, négociant liégeois. Le parc, les promenades du Rond-Chêne et son potager sont aménagés à cette époque par J. Petersen, paysagiste au service du Roi de Danemark. Le tracé des longues et nombreuses promenades demeure en partie lisible et un grand nombre d'arbres de position subsiste dans les prairies vallonnées du domaine. Petersen crée également les viviers de la Fontaine et de la Pisserotte. En 1874, Henri Orban-Francotte transforme entièrement le château qu'il dote d'une façade d'esprit Renaissance dont il rehausse toutes les toitures. Avec l'aide d'Edouard Keilig, il crée un« jardin fleuriste » en terrasses devant la façade est du château. Entièrement contenu à l'intérieur d'une« haie d'ifs taillés à la mode des Trianons », ce jardin est orné« de roses en milliers de variétés (...) de buis et arbres d'orangerie » et décoré en son centre de deux bassins de fontaine (PIRET, Notice (...), p. 4). A partir de 1882, le Sénateur Georges Montefiore-Levi poursuit les transformations du château avec les architectes J. Rémont de Liège (auteur du jardin botanique), Janssen de Bruxelles et les décorateurs Malfait et fils. C'est le début de soixante années de faste durant lesquelles le parc est agrandi et doté d'une citerne (20.000 litres) pour l'arrosage et d'un bélier hydraulique relevant l'eau depuis les nouveaux étangs vers le château, le potager et les fontaines du jardin. Le domaine comprend encore une pépinière (1887) pour les espèces forestières et« de forcerie », un grand jardin potager et fruitier, une orangerie et une série de serrées chauffées réservées à la culture des figuiers, des fougères et gesnériacées (remplacés en hiver par des lilas), des géraniums (remplacés en été par des passiflores et des bougainvillées). Enfin une grande serre à palmiers et fougères est édifiée en 1898 par Léandre Piret, jardinier en chef du domaine. La même année, celui-ci crée un jardin de roches (Rock garden) en simulant un ravin encaissé, parcouru par un ruisseau, planté de plus de quinze cents espèces botaniques appartenant à la flore des Alpes et des Pyrénées (plantes et fougères rustiques à l'ombre, végétation saxatile en plein soleil) ainsi que de nombreuses plantes aquatiques, des marais et du bord des eaux. Enfin, en 1908, Piret enrichit la terrasse d'une« roseraie avec motifs d'ornement » dans l'esprit des roseraies anglaises et de celle de Bagatelle. Avec la Guerre, commence le démembrement du domaine. En 1916, le parc du Mary est vendu à la Commune d'Esneux ; le reste du domaine est scindé en deux parties : le château avec une centaine d'hectares, est vendu à plusieurs reprises avant d'être acquis, en 1931, par le Baron Louis Empain qui augmente sensiblement les collections d'arbres et d'arbustes. La partie supérieure du parc avec quelques 50 hectares revient à Monsieur Charlier et devient la« Closerie du Rond-Chêne ». Les deux propriétés évoluent alors distinctement. Durant la Seconde Guerre, le jardin en terrasses est saccagé et les cultures situées aux abords du château sont détruites. En 1963 puis 1974, le château et la plus grande partie du parc sont vendus à l'Etat qui y installe des classes d'Ardennes tandis que le baron Empain conserve la partie basse du domaine.
Éléments architecturaux : En bordure de la route conduisant à l'entrée du domaine, conciergerie en brique rouge et pierre calcaire présentant de hauts volumes de toiture couverts d'ardoise. Non loin de l'ancien jardin des roches, orangerie sous la forme d'un long bâtiment rectangulaire en moellons de grès sous toiture à deux versants. Anciennes baies transformées, à chaînage en brique. Au XIXe siècle, ce vaste bâtiment était équipé d'un système de chauffage, de bassins, de ventilateurs, de tablettes et d'une porte sur rails. Elle abritait les sujets les plus importants.
Éléments végétaux : Parmi les arbres plantés dans les années 1850 par Petersen, il subsiste : une allée d'érable pourpre (Acer pseudoplatanus 'Purpureum') au nord du jardin en terrasses, une allée de tilleul (Tilia platyphyllos), deux tulipiers (Liriodendron tulipifera), un if (Taxus baccata 'Dovastoniana Aurea'), un frêne à feuilles étroites (Fraxinus angustifolia), un frêne à fleurs (Fraxinus ornus), un cryptomeria (Cryptomeria japonica), un tilleul à feuilles laciniées (Tilia platyphyllos 'Laciniata') et un calocèdre (Calocedrus decurrens). Ces sujets demeurent dans les surfaces gazonnées aux abords du château. D'autres groupes d'arbres plantés en mêmes variétés - essentiellement des tilleuls et des érables - ainsi qu'un châtaignier (Castanea prolifera) sont conservés dans le bas de la grande prairie attenante au château. Enfin, près de la conciergerie, un groupe de trois wellingtonias (sequoiadendron giganteum). Des nombreuses essences mises en place par le Baron Empain dans les années 1930, on remarque une importante collection de cyprès, des hêtres à feuilles laciniées (Fagus sylvatica 'Laciniata') et des châtaigniers en variétés (Castanea sativa 'Argenteovariegata ; Castanea sativa 'Heterophylla' et Castanea sativa 'Spicata'). Dans« La Closerie du Rond-Chêne », les collections actuelles résultent des travaux de plantation effectués durant plusieurs dizaines d'années par André Charlier et, avant lui, par son père. Les innombrables plantes rares rassemblées sur une longue prairie de fauche proviennent de pépinières spécialisées, de greffons et de graines rapportées de ses voyages. Des nombreuses espèces réunies dans cette collection privée, on retiendra notamment le genre sorbus particulièrement bien représenté.
Potager : Au sud-ouest du château, le potager-fruitier de la fin du XIXe siècle subsiste dans ses dimensions originelles, encore fermé de trois côtés par ses hauts murs en moellons de grès blanchis couverts d'une dalle de calcaire. Des trois entrées existantes au XIXe siècle, seule demeure l'entrée monumentale sur l'angle nord-est, flanquée de deux piliers carrés surmontés d'amortissements décoratifs dans le style néoghotique. La presque totalité du dispositif de culture a disparu à l'exception de quelques couches et substructures de serres. Une partie de la surface est aujourd'hui affectée à une zone de parquage asphaltée. A l'époque du sénateur Montefiore, le potager représentait le centre d'un important complexe destiné aux productions légumière, fruitière et florale. A la suite du légumier venait un grand jardin fruitier cultivé« suivant les méthodes scientifiques de l'arboriculture fruitière moderne ». On y rencontrait« l'arcade de poiriers, les pyramides ailées [il s'agit très probablement d'une forme de palissage, peut-être en palmette verrier] (...) la bâche à pêcher [culture sous châssis vitré et encaissé] (...) de belles plates-bandes de fraisiers, des groseillers en cordons et en vases, des cerisiers, abricotiers, mûriers (..), framboisiers (...) ». D'après la description de Léandre Piret, jardinier en chef de l'époque, ces cultures sont gérées de manière à assurer une production continue au fil des saisons, à travers une sélection rigoureuse de nombreuses variétés fruitières et potagères. L'ensemble est complété de bâches, de châssis vitrés, d'une cour à terreau et à fumier. Près de l'arrière-cour du château se trouvait un jardin de fleurs à couper avec un groupe de serres étagées et un atelier de fleuriste réservé à la préparation des bouquets destinés à orner les appartements du château. Enfin, longeant le mur sud, on trouvait un complexe de serres (à figuiers et à fougères) aux pieds desquelles étaient cultivés des chrysanthèmes et des oeillets américains. Cinq vergers d'une superficie totale de 2,5 hectares et exposés au sud, étaient protégés des vents par des rideaux de plantation.
L'eau : Au nord-ouest, en partie basse près de la maison du garde, long plan d'eau dénommé« étang du Mary », aménagé au XIXe siècle et complété tardivement de trois étang d'alevinage réservés à la reproduction de la truite. Au sud du domaine, en contrebas de la« Closerie », étang dit de la Glacière alimenté par la Pisserotte. Au bord de l'étang, un chalet abrite un bélier hydraulique qui relevait l'eau jusqu'à un réservoir à ciel ouvert conservé en partie haute, en bordure de la promenade des Lilas. De là, l'eau était conduite vers un bassin d'alimentation desservant le château, le potager et les fontaines du jardin. Le grand réservoir alimentait également différents points d'eau pour le bétail. En complément de ce dispositif complexe de canalisations, on avait construit un ouvrage de retenue des eaux dans la grande prairie en contrebas du réservoir. Cet ouvrage, découvert lors de travaux de désouchage, était destiné à collecter les eaux de ruissellement et à les drainer jusqu'à la citerne de la pépinière. Il s'agit de deux longs murs en moellon, élevés sur plusieurs centaines de mètres, dont l'espace entre eux a été comblé d'argile rapportée de manière à en assurer l'imperméabilité.
État de conservation : De l'important programme paysager mis en place en 1850 par le paysagiste Petersen, subsiste une petite partie du vaste réseau de promenade qui, à l'époque, semble avoir été ponctué d'une série de points d'attraction dont toute trace a aujourd'hui disparu. En partie haute (actuelle« Closerie »), on distingue encore la trace de la promenade des Lilas bordée de châtaigniers et, en sous étage, de philadelphus et de symphorine jadis associés à des chèvrefeuilles et à des lilas dont les fragrances s'exhalaient sous le couvert des grands arbres. Du« jardin fleuriste » aménagé par Keilig sur les terrasses du château, rien ne subsiste si ce n'est les ouvrages de terrassement et de soutènement. De l'important complexe des jardins productifs et du spectaculaire jardin de roches créé à la fin du XIXe siècle, il ne ne demeure que de pauvres vestiges. Parmi les ensembles plantés, s'imposent au premier regard les nombreuses collections mises en place dans les années 1930 par le Baron Empain. Par leur diversité et leur situation désordonnée, ces ensembles nuisent gravement à la lisibilité du grand tracé paysager antérieur. Enfin, dans les années 1960 et 1970, l'acquisition d'une partie du domaine par l'Etat et son affectation en classes de vacances a entraîné l'implantation de pavillons et de bâtiments administratifs en contrebas des terrasses du château.
Maintenance : Les abords directs du château (cour intérieure, grande terrasse et plantations en regard des pignons du château) font l'objet de soins minimums mais réguliers et suffisant étant donné l'usage actuel du parc comme lieu de séjour pour groupes scolaires (classes vertes). L'entretien des surfaces gazonnées encadrant la grande terrasse n'est certainement pas facilitée par l'implantation anarchique des conifères mis en place dans les années 1930. La« Closerie du Rond-Chêne » qui constitue une entité distincte depuis 1916 fait l'objet d'une gestion privée axée d'une part sur la protection et la surveillance des zones boisées et, d'autre part, sur le développement d'une collection dendrologique. Bien que constituée de nombreuses familles et genres végétaux, celle-ci ne prétend pas constituer un ensemble systématique.
Vue aérienne. © Société belge de dendrologie (SBD)
Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 172/2
Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 49/1 (Tavier) Impr. coul. 1933
Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 49/1
Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 49/1/2
Autre(s) source(s) iconographique(s) :
Vue du château de Rond Chêne prise du chalet, 1862. (Coll. Université de Liège).
AMBROISSE V., Esneux. Le domaine du Rond-Chêne, Esneux, 1980.
BAUDOUIN Jean-Claude et de SPOELBERCH Philippe, Arbres de Belgique. Inventaire dendrologique 1987-1992, s.l., 1992, p. 283-284 ; 434-436.
Le patrimoine monumental de la Belgique Wallonie, Liège, P. MARDAGA, 1972 à 1997, vol. 8, t. 1, p. 283.
PIRET Léandre, 1900.« Le rock Garden du Rond-Chêne à Esneux », Revue de l'horticulture belge et étrangère, XXVI, p. 88-93.
PIRET Léandre, Notice sur le domaine du Rond-Chêne, Document dactylographié attribué à Léandre Piret, n.d.
Recensement des arbres et haies remarquables de Wallonie, Ministère de la Région Wallonne.
STASSEN Benjamin, Géants au pied d'argile. 150 arbres exceptionnels de Wallonnie, Gembloux, Ministère de la Région Wallonne, Le Maronnier association sans but lucratif, 1993, p. 200-203.
Publié : non
Superficie : 50 hectares (parc) ; 38 hectares (Closerie)
Auteur du formulaire : Serge Delsemme / Nathalie de Harlez de Deulin
Date de création de la notice : 1999-03-10
Statut du jardin : privé
Accueil du public : ouvert au public
Type de jardin : Paysager