Identification et description
Nom du jardin Parc du Château de Moulins
Nom ancien Abbaye cistercienne de Moulins
Date de création à partir de 1826
Province Namur
Arrondissement Dinant
Commune Anhée
Auteur/ Créateur un paysagiste anglais non identifié
Coordonnées rue de la Molignée, 535537, Moulins
Localisation Latitude : 50.31804330000001
Longitude : 4.858374200000071

Historique

Fondée dès le XIIIe siècle, l'abbaye cistercienne de Moulins est implantée sur la rive gauche de la vallée de la Molignée. D'importants travaux hydrauliques sont encore opérés durant les siècles suivants. La Molignée est canalisée depuis l'est et détournée en amont. Un long bief rectiligne d'environ neuf cent mètres est creusé pour apporter l'énergie et l'eau nécessaires aux activités industrielles et aux besoins journaliers de l'abbaye. Ce canal alimentait également trois viviers disposés à l'ouest des bâtiments conventuels. Les différents bâtiments abbatiaux ainsi que la ferme attenante s'organisaient suivant la règle prônée par l'ordre de Saint-Bernard. Après la Révolution, lors du rachat de la propriété par Jean-Louis Rousseau, nombre de bâtiments disparaissent exceptés la ferme abbatiale, l'espace potager et le petit pavillon dit « vide bouteille » enjambant le bief ainsi que l'aile orientale de l'ensemble conventuel. Convertie en demeure de plaisance par le baron Alphonse de Jacquier de Rosée, propriétaire des lieux dès 1826, cette aile conserve une façade chaulée de style classique agrémentée à l'arrière, d'une imposante rotonde.Tirant parti d'un imposant réseau hydraulique mis en place par les cisterciens, la famille Rosée installe une usine à cuivre dont les activités diversifiées se perpétueront jusqu'en 1988. Dès 1830, un parc paysager est créé entre le bief d'alimentation, la Molignée et une large bande boisée abritant de multiples essences paysagères (hêtre pourpre, marronnier, etc...). Une zone de culture ponctuée de quelques îlots arborés occupe la partie orientale de la propriété. Une longue allée de hêtre souligne le tracé rectiligne du bief et invite à découvrir tout au long de son chemin de ceinture l'entièreté de la propriété.Les anciens viviers sont réunis pour former un vaste plan d'eau aux contours naturels, agrémenté d'un îlot central arboré. Un petit pont romantique enjambe le ruisseau alimentant le plan d'eau. Depuis la terrasse arrière, on découvre plusieurs perspectives orientées sur l'île, sur l'un ou l'autre arbre remarquable ou encore sur un curieux promontoire planté de pins noirs, sans doute destiné à accueillir un élément architectural ou un belvédère. Quelques éléments formels tels des topiaires et d'étroites plates-bandes fleuries forment avant-plan au parc paysager. A l'est, l'emprise d'aménagements hydrauliques antérieurs demeure profondément marquée dans le terrain. Quelques topiaires et parterres fleuris ponctuent également les pelouses et les aires gravillonnées à proximité des biefs canalisés et de la cour d'honneur. Au-delà de la composition décorative, des prairies traversées par la Molignée forment un paysage champêtre rythmé de plantations de peuplier.

Description

Éléments architecturaux : L'entrée est marquée par deux piliers du XIXe siècle confortés par une grille en fonte ornementale en quart de cercle. A droite, ensemble agricole de l'ancienne ferme abbatiale comptant logis, ailes et grange des XVII, XVIII et XIXe siècles organisé autour d'une cour rectangulaire. Séparant la cour du château de celle de l'ancienne ferme abbatiale, ancien moulin de l'abbaye en brique, pierre bleue et pierre calcaire du XVIIe siècle. Dans le prolongement du château vers la gauche, dépendances dont une remise à voitures. Au-delà, petit ensemble de la première moitié du XIXe siècle en brique, pierre bleue et pierre calcaire sous bâtière d'ardoises composé d'écuries, étables, porcheries et abreuvoir à chevaux disposés autour d'une cour rectangulaire. Perpendiculaire au château, autres écuries et remises à voitures aménagées sur les vestiges de l'ancienne église abbatiale édifiée dans la première moitié du XVIIIe siècle. Aux limites de la propriété, enjambant le bief, petit pavillon en pierre calcaire surmonté d'un toit à la Mansart dit « vide bouteille ». Au sud-ouest, des anciennes usines à cuivre composé de divers bâtiments industriels édifiés de 1830 à 1987. A proximité de la vieille usine, une glacière.

Éléments végétaux : Proche de l'entrée au nord-est, massif de hêtre pourpre (Fagus sylvatica 'Atropurpurea') et de hêtre fayard (Fagus sylvatica). Précédant la cour d'honneur du château, à l'est, nombreux topiaires d'if (Taxus baccata) et de buis (Buxus sempervirens) aux formes classiques. Au sud de la cour d'honneur, quelques ifs (Taxus baccata), un marronnier d'Inde (Aesculus hippocastanum), un tilleul de Hollande (Tilia platyphyllos) et un hêtre pourpre (Fagus sylvatica 'Atropurpurea'). Bordant le long bief, allée de hêtre (Fagus sylvatica). Non loin du petit pont romantique, un chêne sessile (Quercus robur) et un hêtre pourpre (Fagus sylvatica 'Atropurpurea'). Encadrant le pont, deux hêtres verts (Fagus sylvatica) et topiaires d'if (Taxus baccata). Le long du chemin de promenade ceinturant le plan d'eau, un tilleul tomenteux (Tilia tomentosa), un marronnier d'Inde (Aesculus hippocastanum). Sur la butte, massif de pin noir d'Autriche (Pinus nigra 'Austriaca'), quelques frênes communs (Fraxinus excelsior) et un jeune welloingtonia très prometteur (Sequoiadendron giganteum). Plus loin, des tilleuls de Hollande (Tilia platyphyllos), trois platanes (Platanus occidentalis) et un hêtre pourpre (Fagus sylvatica 'Atropurpurea').A proximité du plan d'eau, un cyprès chauve (Taxodium distichum). A l'arrière de la ferme, un hêtre pourpre (Fagus sylvatica 'Atropurpurea'), une longue charmille (Carpinus betulus) et un platane (Platanus occidentalis). Dans le potager, nombreuses portions de haie en buis (Buxus sempervirens), des topiaires de buis (Buxus sempervirens) et d'if (Taxus baccata). Quelques fruitiers palissés (palmette verrière, cordon vertical et oblique, double « U ») sont conduits sur les murs d'enceinte.

Potager : Au nord de l'ancienne ferme abbatiale, un vaste potager ceinturé d'un haut mur en brique sous glacis de tuile est partiellement maintenu en activité. Son tracé en croix est encore marqué par des haies basses de buis complétées par des plates-bandes fleuries. Le parterre central ceinturé de topiaires et de haies de buis est marqué par le socle en pierre calcaire d'un ancien cadran solaire. Quelques parcelles de légumes et de fleurs à couper occupent la partie nord du potager. Sur le mur s'appuient les vestiges de deux serres chauffées dont il ne subsiste plus que les murs latéraux et les châssis métalliques vitrés. L'une était réservée à la culture des fleurs et la seconde, à celle de la vigne comme l'atteste encore la présence de quelques ceps. Le long des murs, nombreux fruitiers palissés. Entre les serres subsiste une orangerie constituée de deux pavillons joints en brique, couverts de bâtières d'ardoises à double pente. Les pignons sont respectivement percés de deux fenêtres à linteau arrondi de part et d'autre de la porte tandis qu'une fenêtre en demi-lune apparaît au centre du fronton.

L'eau : Au nord, la Molignée délimite naturellement la propriété. Détournée en amont, celle-ci alimente au sud un long bief rectiligne d'environ 900 mètres, contemporain de l'ancienne abbaye cistercienne. Un petit plan d'eau formant réservoir alimentait également le canal. Au centre de la composition paysagère, les trois étangs creusés par les moines ont fait place à un plan d'eau aux formes courbes agrémenté d'une petite île arborée. Un pont romantique à tablier arqué muni d'une rambarde métallique finement ouvragée enjambe le ru reliant le bief et le vaste plan d'eau. Derrière le château, petit bassin en pierre alimenté par une source, vestige d'un aménagement monastique. A l'avant, un bief canalisé par des murs en moellons de calcaire conduisait l'eau au moulin avant de rejoinde le cours naturel de la Molignée. Un pont en pierre permet de le franchir pour donner accès à la cour d'honneur du château. Dans le potager, deux petits bassins en pierre.

État de conservation : Le site occupé par les cisterciens depuis le XIIIe siècle connaît, jusqu'en 1787, une vaste expansion. De nombreux éléments témoignent encore de ces six siècles d'occupation monastique : le bief et les ouvrages hydrauliques, les zones potagères et de cultures, les zones boisées ainsi que l'implantation de certains bâtiments. Après l'annexion des biens, l'abbaye est rachetée par Jean-Louis Rousseau, citoyen français. Tous les bâtiments conventuels sont détruits à l'exception du choeur de l'église et de l'aile est du cloître, transformée en habitation en 1826 par le baron Alphonse de Jacquier de Rosée. L'important réseau hydraulique conçu par les moines incite ce dernier à créer au sud-est de la propriété une vaste usine à cuivre qui sera prospère jusqu'en 1978. En 1830, la famille Rosée aménage un parc paysager. Trois plans d'eau, vraisemblablement des viviers situés à l'ouest de l'ancienne église, déjà attestés par un relevé topographique de 1788, sont réunis pour former une vaste surface d'eau aux formes courbes et naturelles.A partir de cette époque, les replantations se succèdent. D'étroits parterres fleuris, des topiaires aux formes diverses marquent les abords des différents bâtiments et encadrent les perspectives. Le jardin potager bien que simplifié et réduit dans sa surface de culture est relativement bien conservé. Dans les années 1980, le parterre central de la cour d'honneur (dite cour du Donjon) est supprimé. Deux projets sont à l'étude : la restauration des serres et la création d'un petit jardin d'esprit oriental sur la butte dominant le plan d'eau.

Maintenance : Les surfaces gazonnées sont tondues régulièrement, les divers ouvrages hydrauliques, les plans d'eau et les ponts font l'objet d'une maintenance attentive. Les nombreux renouvellements de hautes tiges effectués depuis la création du parc permettent d'apprécier aujourd'hui une palette végétale diversifiée, d'âges différents, et en excellent état sanitaire. Les nombreux topiaires et parterres fleuris reçoivent tous les soins nécessaires.

Documents iconographiques

Ancien canal d'alimentation du moulin de l'abbaye creusé par les moines cisterciens. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie

Les berges du grand plan d'eau créé vers 1830 en réunissant trois anciens viviers sont densément arborées. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie

Cartographie

Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 118/2

Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 53/3 (Bioul) Impr. coul. 1911

Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 53/3

Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 53/3/4

Autre(s) source(s) cartographique(s) :
Plan géométrique (...) à Monsieur Louis Rousseau (...) levé par F.S. Lambert, arpenteur géomètre à Bioulx, en l'an 1806. (Coll. privée).
Plan de l'abbaye de Moulins par Depaye, 1788. (AGR, Fonds des Cartes et Plans).

Iconographie

Autre(s) source(s) iconographique(s) :
Vue de l'abbaye de Moulins de l'ordre de Citeau, dans le comté de Namur. Dessin à l'encre de R. Leloup, 1738 au plus tard.
VASSE Abraham-Jacques, La province de Namur pittoresque ou vues des châteaux, des sites pittoresques, des ruines et des monuments de la province, dessinées d’après nature. Lithographiées par Lauters, Fourmois, Ghémar, Kindermans, Bruxelles-Paris, [1844].

Bibliographie

Le patrimoine monumental de la Belgique Wallonie, Liège, P. Mardaga, 1972 à 1997, vol. 1, t. 22, p. 92-94.

TOUSSAINT Jacques, Les cisterciens en namurois, XIIIe-XXe siècles, Musée des arts anciens du namurois, 1998.

Informations administratives

Publié : oui

Superficie : 15 hectares

Informations complémentaires

Auteur du formulaire : Didier Hoyos / Odile Moreau

Date de création de la notice : 2001-12-05

Caractéristiques du parc/jardin

Statut du jardin : privé

Accueil du public : fermé au public

Type de jardin : Paysager