Identification et description
Nom du jardin Jardin du Petit Séminaire de Floreffe
Nom ancien Abbaye de Floreffe
Date de création vers 1660 (jardin suspendu, tour et galerie); vers 1725 (cour des soeurs); vers 1896; 1911; 1930 (cour Verte); 1964 (bassin)
Province Namur
Arrondissement Namur
Commune Floreffe
Auteur/ Créateur Dermine, architecte belge (aménagement du bassin de la cour Verte, 1964)
Coordonnées Rue du Séminaire, 75150, Floreffe
Localisation Latitude : 50.4321875
Longitude : 4.759606699999949

Historique

Fondée il y a plus de 850 ans par l'ordre des Prémontrés, l'abbaye de Floreffe s'accroche à un éperon rocheux qui domine la vallée de la Sambre. Après la Révolution française, l'abbaye est rachetée en sous mains à Paris par le chanoine Ferdinand Richald et conserve ainsi, outre quelques terrains et les bâtiments conventuels, sa vocation première en abritant une communauté de religieux jusqu'en 1819. Le Petit séminaire épiscopal du diocèse de Namur occupe le site jusqu'au début des années 1960, lorsque l'ancienne abbaye accueille un collège. La cour Verte, autour de laquelle s'organisent les différents bâtiments et quartiers abbatiaux, est empreinte du classicisme du XVIIIe siècle durant lequel ont été construites les prélatures des trois abbés qui se sont succédés à la tête de l'abbaye. L'angle sud-est de cet espace est occupé par la prélature de l'abbé Van Werdt et le quartier des Etrangers, ensemble daté 1725. A l'arrière, la cour des Soeurs est occupée en son centre par un grand bassin en pierre que Saumery décrit en ces termes lors de sa visite de l'abbaye vers 1740 : « une Cour dont le milieu est orné d'un vaste Bassin fait en trèfle et revêtu de pierre, d'où jaillissent plusieurs Jets d'eau collatéraux qui se croisent avec celui du centre, qui y font un bel éfet ». Cet ensemble est prolongé au sud par la prélature de l'abbé Dartevelle, réalisée entre 1727 et 1732, d'une ordonnance plus sévère. Face à celle-ci, la cour Verte est agrémentée depuis 1930 de quatre parterres de gazon ponctués de topiaires de buis et de plates-bandes de rosiers encadrant un bassin circulaire. L'église abbatiale occupe l'extrémité nord de la cour et sa façade ne se découvre qu'une fois atteint le centre de celle-ci. Depuis l'église, une longue balustrade en fonte conduit jusqu'au pied des murs de soutènement du « jardin suspendu » surplombant la cour Verte. En vis-à-vis de l'escalier d'honneur de la prélature de l'abbé Dartevelle, un escalier double en pierre permet l'accès à ce jardin aménagé dès les années 1660 et étagé en deux terrasses. La première et la plus vaste est couverte par un carré de gazon divisé en croix de Saint-André et ponctué de quelques topiaires de buis; deux alignements simples de tilleul délimitent le jardin au nord et au sud. La seconde terrasse, longue et étroite, précède une galerie toscane flanquée d'une tour carrée, toutes deux contemporaines du jardin. Des nombreux jardins décoratifs que comptaient anciennement l'abbaye, seul subsiste donc ce jardin suspendu dont le dessin a été modifié à plusieurs reprises.

Description

Éléments architecturaux : Ceinturée par un mur du XVIIe siècle autrefois défendu par cinq tours carrées (partiellement conservées), l'ancienne abbaye de Floreffe s'élève au sommet d'un éperon rocheux autour duquel s'étagent de nombreuses constructions. Entre celles-ci, d'imposants murs de soutènement en pierre calcaire retiennent des terrasses accueillant autrefois plusieurs espaces de culture et jardins. Parmi ces constructions ne sont signalés ici que les bâtiments contigus aux jardins encore existants ou ayant existé. A l'entrée sud de l'enclos abbatial, face à la Porte blanche, les abords du vivier sont occupés par une tour-colombier carrée du début du XVIIIe siècle : petite construction de briques, à chaînage d'angle en calcaire coiffé d'un imposant clocheton d'ardoises. Un petit logis en L du début du XXe siècle est accolé contre la face est de la tour. Dans l'angle sud-est de la cour d'honneur dite cour Verte, s'inscrivent la prélature de l'abbé Van Werdt et le quartier des étrangers. L'ensemble, daté 1725 et percé d'un porche d'entrée dans l'aile sud, se prolonge vers le nord par la prélature de l'abbé Dartevelle édifiée entre 1727 et 1732, en même temps que le cloître situé à l'arrière. Ce quartier est entouré de bâtiments plus anciens dont la salle capitulaire (seconde moitié du XIIe siècle), l'infirmerie et la bibliothèque (seconde moitié du XIIIe siècle) et l'église abbatiale (construction de 1250, fortement remaniée de 1750 à 1755, et dotée d'une façade mêlant les styles baroque et Louis XIV). L'extrémité nord de la cour (côté vallée) est délimitée par une imposante balustrade en fonte rythmée de neuf pilastres de pierre surmontés de glands en fonte. A l'autre extrémité de la cour, une rampe conduit à la terrasse précédant la prélature de l'abbé Dufresne construite par l'architecte Jean-François Wincqz en 1781-1782 et contemporaine des anciennes écuries contiguës. Derrière la tour de 1660, grotte mariale de la fin du XIXe ou du début du XXe siècle. Au-delà, porte dite du Nangot (ou porte verte ou porte du pêcheur) sans doute contemporaine de la galerie.

Éléments végétaux : A l'entrée sud de l'abbaye, un érable (Acer pseudoplatanus) et une allée simple de tilleul de Hollande (Tilia platyphyllos). Sur la première terrasse à l'est, nombreux topiaires de buis (Buxus sempervirens) taillés en boule et plates-bandes de rosier (Rosa polyantha). Dans le « jardin suspendu », deux alignements de tilleul commun (Tilia vulgaris) plantés en 1875. Plus au nord-ouest, implanté sur un terrain escarpé, vaste verger abritant encore quelques vieux fruitiers.

Potager : Le site accueillait anciennement de nombreuses surfaces potagères réparties dans l'enceinte. Principalement exposées au sud, ces espaces sont enclos de murs de pierre calcaire. Une carte postale du début du XXe siècle atteste l'existence d'un « jardin d'expérience » occupant la terrasse comprise entre la Cour des Soeurs et le moulin-brasserie. Au sud-ouest de l'enceinte subsiste un vaste verger de six hectares, jadis prolongé par un vignoble.

L'eau : Implanté en 1964 au centre de la cour Verte, face au quartier de l'abbé Dartevelle, bassin circulaire en pierre animé de jets d'eau. Occupant le centre de la deuxième terrasse, petit bassin en pierre privé de son jet d'eau. Dans l'enceinte du potager, bassin en pierre rectangulaire servant jadis de vivier, déjà attesté par la carte de Ferraris. Dans la cour des Soeurs, grand bassin en pierre à haute margelle moulurée mis en place après 1725. Sa forme treflée était agrémentée de trois jets d'eau. Il est aujourd'hui envahi par la végétation et certaines pierres sont descellées.

Éléments remarquables : Vers l'ouest, en regard de la prélature de l'abbé Dartevelle, un escalier à volées latérales en pierre donne accès au « jardin suspendu » dont la limite ouest est occupée par une longue galerie rythmée en façade par huit arcades en plein cintre portées par des colonnes toscanes d'esprit Renaissance. Trois fenêtres au-dessus des arcades et une toiture percée de lucarnes donnent l'illusion d'un étage. Sur le mur intérieur de la galerie, des traces de peinture attestent l'existence antérieure d'un décor peint, sans doute en trompe-l'oeil. Jointive à la galerie, une tour carrée de deux niveaux en brique et pierre bleue, participant sans doute à l'ancien mur d'enceinte, est construite en 1660 sous l'abbé de Séveri dans un style traditionnel. Elle est couverte d'une haute flèche polygonale coiffée d'un chapeau à la base, ornée de glands lui conférant un caractère quelque peu exotique en vogue à cette époque. A droite de la galerie, pavillon carré du milieu du XVIIIe siècle, de deux niveaux, s'ouvrant au sud sur la terrasse supérieure du jardin.

État de conservation : Les nombreuses phases de construction qu'a connues l'abbaye ont également rythmé l'histoire de ses jardins, impliquant inévitablement des transformations et des suppressions. L'état des jardins à la fin du XVIIIe siècle est connu grâce à un plan figuratif en couleurs, daté 1783, et conservé aux Archives de l'Etat à Namur. Des vignes et un vaste verger occupent le coteau surplombant la Porte blanche. Déjà représentés sur des documents du XVIIe siècle, ceux-ci sont attestés à cet endroit de manière bien plus ancienne encore. Le vignoble disparaît en 1993 pour laisser place à un bâtiment scolaire. Au pied du vignoble et accolé au quartier de l'abbé Dufresne (1782) apparaît le jardin dit de Monseigneur. Le petit jardin clos composé de quatre parterres encadrant un bassin circulaire est marqué au sud par deux pavillons d'angle; converti en carrés de culture et doté d'une serre, il est finalement supprimé en 1964. Derrière les écuries, la pente du coteau est aménagée à l'aide de terrassements. Plusieurs volées d'escaliers escaladent le coteau de front tandis que des rampes latérales rejoignent un premier niveau de terrasse où une longue promenade est agrémentée de chambres de verdure. Une nouvelle volée d'escaliers conduit à un second espace traversé de manière plus libre par des cheminements sinueux. La promenade conduit vers le nord, à la galerie du XVIIe siècle et à sa tour carrée. Au pied de celles-ci apparaît le « jardin suspendu » réalisé plus d'un siècle auparavant, conforté par un haut mur de soutènement en calcaire. Son dessin complexe, en parterres géométriques, s'est progressivement simplifié au cours des siècles pour ne conserver qu'un tracé en croix. Enfin, un dernier jardin décoratif occupe une étroite bande de terrain prise sur les contreforts rocheux du versant nord de l'éperon dominant la Sambre. Accessible depuis la vallée par un étroit escalier adossé à la muraille d'enceinte, cette terrasse arborée est parcourue dans sa longueur par une promenade offrant un panorama sur la rivière. Au pied de la muraille, se succèdent des parcelles potagères. Contigüe au « jardin suspendu », la cour Verte a été longtemps occupée par une prairie mise en pâture. En 1911, elle reçoit un pavement avant d'être, pour la première fois, traitée en jardin en 1930 - à l'occasion du Centenaire de l'école du Petit Séminaire. Les parterres sont ornés de plates-bandes et de corbeilles associant rosiers et plantes vivaces. En 1964, un bassin circulaire est créé par l'architecte Derminne. Au sud du complexe abbatial, au-delà de la Porte blanche, le grand potager - bien qu'inexploité - est toujours compris dans son enceinte sur laquelle apparaissent les points d'ancrage de fruitiers jadis conduits en espaliers. Le vivier, déjà mentionné sur la carte de Ferraris, est également conservé de même que la tour-colombier récemment endommagée par l'incendie de juillet 1999. Ces deux espaces relèvent aujourd'hui d'une propriété voisine du Petit Séminaire.

Maintenance : L'ensemble des jardins, bien que fortement simplifié au fil des années, bénéficie toujours d'un entretien satisfaisant eut égard à la fréquentation importante du site. Les pelouses sont régulièrement tondues et les topiaires reçoivent les tailles nécessaires. Toutefois, le tracé du « jardin suspendu » disparaît progressivement, appelant une remise en état générale des sentiers et un reconditionnement des tilleuls de manière à reformer des rideaux de verdure.

Documents iconographiques

Huile sur toile marouflée, anonyme, s.d. [vers 1600] © Coll. de l'abbaye de Floreffe

Plan figuratif de l'enclos de l'abbaye et des environs. Première feuille du Recueil des cartes contenant les biens de l'Abÿe [sic] de Floreffe, levés et arpentés à la requisition de Monsieur J.B. Dufresne très révérend Abbé de la susdite Abaÿe, par le soussigné géomètre de S.M. l'Empereur et Roi (...), commencé en l'an 177... et achevé en l'an... 178. Signé B. Paine [ou Gaine]. Plan manuscrit en couleurs, détail des jardins jouxtant la grande cour (AEN, Archives ecclésiastiques). Cliché G. Focant © Service Public de Wallonie (SWP)

Tour-colombier et vivier du grand jardin fruitier. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie

Jardin "suspendu" et sa galerie. Carte posatale, s.d. [vers 1930] © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie

Jardin "suspendu" et les parterres de la cour Verte. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie

Cartographie

Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 116/3

Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 47/6 (Fosse) Impr. coul. 1890

Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 47/6

Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 47/6/2

Autre(s) source(s) cartographique(s) :
Plan figuratif de l'enclos de l'abbaye et des environs. Première feuille du Recueil des cartes contenant les biens de l'abbye [sic] de Floreffe, levés et arpentés à la réquisition de Monsieur J.B. Dufresne très Révérend Abbé de la susdite Abaÿe, par le soussigné géomètre de S.M. l'Empereur et Roi, lesquel biens ont été en même temps bornés tant juridiquement qu'à l'amiable, commencé en l'an 177… et achevé l'an 178… Signé B. Paine [ou Gaine]. Pkan manuscrit en couleurs sur papier, 82 x 64 cm (Archives de l'Etat à Arlon, Archives écclésiatiques, n° 3305).
Abbaye de Floreffe. Projet paysager pour la cour d'honneur, par l'architecte Derminne, éch. 1/200e, vers 1964.

Iconographie

L'abbaye de Floreffe. Gouache d'Adrien de Montigny, vers 1604.
Vue de l'abbaye. Anonyme, huile sur toile marouflée, non datée [vers 1660]. (Collection de l'abbaye de Floreffe).
Vue de l'abbaye et de ses environs. Dessin à la plume et lavis par Remacle Leloup, entre 1728 et 1740. (Coll. Bibliothèque des Chiroux, Liège).
L'abbaye de Floreffe. Gravure par Nicole, 1734. In : LOMBET J., L'abbaye de Floreffe, Gembloux, éd. Duculot (Coll. Wallonie, art et histoire), 1976, fig. 14.
Vue générale du site. Esquisse au crayon et à l'encre du Général de Howen, s.d. (vers 1820). In : BASTIN Nestor & DULIERE C., Namur et sa province dans l’oeuvre du général de Howen (1817-1830), Crédit Communal de Belgique, s.l., 1983 (Histoire, 11), p. 362-367.
Vue générale du site. Lithographie de Jobard d'après un dessin du général de Howen. In : DE CLOET Jean-Joseph, Voyage pittoresque dans le Royaume des Pays-Bas, dédié à S.A.I. et R. Madame la princesse d’Orange, Bruxelles, J.B.A. Jobard, 1825, 2 vol, n° 94.
Ancienne abbaye de Floreffe. Lithographie In : VASSE Abraham-Jacques, La province de Namur pittoresque ou vues des châteaux, des sites pittoresques, des ruines et des monuments de la province, dessinées d’après nature. Lithographiées par Lauters, Fourmois, Ghémar, Kindermans, Bruxelles-Paris, [1844].
Séminaire de Floreffe. Carte postale, non datée (vers 1900).
Séminaire de Floreffe. La grotte de N.-D. de Lourdes, la chapelle de la Sainte-Face et le portique avec jardin d'agrément de la cour Verte. Carte postale, s.d. (avant 1901).
Oeuvre des vieux journaux - Petit Séminaire de Floreffe - Cour Verte et portique. Cartes postales, éd. E. Castelein-L. Lagaert, Bruxelles, s.d. (avant 1902).
Séminaire de Floreffe - Quartier du proviseur. Carte postale, non datée (après 1911).
Séminaire de Floreffe - Portique de la cour Verte (XVIIe sciècle). Grotte et Jardin. Carte postale, s.d. (entre 1930 et 1960).
Séminaire de Floreffe - Jardin d'expérience. Carte postale, non datée (vers 1900).
Photographies N/B, 1902 et 1914 (Institut Royal du Patrimoine Artistique à Bruxelles).

Bibliographie

BASTIN Nestor, « Les jardins. Les écuries. La galerie toscane et ses alentours », L'ancienne abbaye de Floreffe 1121-1996, Direction Générale de l'aménagement du territoire, du logement et du patrimoine-Division du Patrimoine, Namur, 1991, p. 131-134. (Coll. Etudes et Documents, Monuments et Sites, II).

Catalogue de l'exposition : Floreffe, 850 ans d'histoire. Vie et destin d'une abbaye de prémontrés, Floreffe, 1973.

LOMBET J., L'abbaye de Floreffe, Gembloux, éd. Duculot (Coll. Wallonie, art et histoire), 1976.

Le patrimoine monumental de la Belgique Wallonie, Liège, P. Mardaga, 1972 à 1997, vol. 5, t. 1, p. 203-215.

Recensement des arbres et haies remarquables de Wallonie, Ministère de la Région Wallonne.

Informations administratives

Intitulé du classement : Monument et Site

Éléments classés : murs de soutènement (M) ; alentours (S)

Arrêté : 1977-11-08

Mérite le classement pour : la galerie du XVIIe siècle, la tour et le pavillon

Publié : oui

Superficie : 16 hectares

Informations complémentaires

Auteur du formulaire : Didier Hoyos / Odile Moreau

Date de création de la notice : 2000-04-17

Caractéristiques du parc/jardin

Statut du jardin : privé

Accueil du public : ouvert au public

Classement : Monument, Site

Type de jardin : À la française