Identification et description
Nom du jardin Jardin du Château de Lesve
Nom ancien Château Frahan
Date de création début du XVIIIe siècle; première moitié du XIXe siècle; à partir des années 1960
Province Namur
Arrondissement Namur
Commune Profondeville
Coordonnées Rue Jules Demeuse, 105170, Lesve
Localisation Latitude : 50.3730927
Longitude : 4.780828700000029

Historique

Ancien siège d'une seigneurie hautaine concédée en 1626 à J. de Souhait puis vendue en 1700 à Denis-François de Retz de Brisuela de Chanclos, le château-ferme de Lesve est implanté sur une colline dominant la vallée du Burnot. L'ancien logis seigneurial du début du XVIIIe siècle forme avec l'exploitation agricole du XIXe siècle sise en contrebas, un vaste ensemble en moellons de grès autrefois chaulés. A la demeure initiale, ont été ajoutées durant la seconde moitié du XVIIIe siècle de nombreuses annexes et dépendances respectant toutefois l'ordonnance classique. Le corps de logis occupe le petit côté de la terrasse médiane du jardin régulier. Lors de sa visite vers 1738, Saumery décrit précisément l'ornementation des terrasses : « Le Château, situé entre la forêt de Marlaigne et la Plaine de saint Gérard, a pour assiete une Coline, d'où la vûë découvre un païsage charmant formé par des Montagnes et des Plaines a perte de vûë, mêlées de Vergers et de Bois (...) Cette Porte communique à une Terrasse ornée d'Ifs et d'Espaliers qui aboutit à l'extrémité d'un corps de Logis par un Perron de onze degrés (...) De l'autre côté il y a ses vûës sur un beau Jardin coupé en Terrasses sur la pente de la Coline : la plus basse de ses parties communique au rez de chaussée par la terrasse dont nous avons déjà parlé : ce premier jardin est partagé par une route en croix, que bordent des ifs mêlés à des espaliers. Le centre en est occupé par un beau Bassin de pierre de taille bordé d'Ifs et d'Orangers, du milieu duquel s'élève un Jet d'eau : la première terrasse en est séparée par une Alée, plus haute de deux marches qu'elle-même, et plus basse que la seconde de douze. Cette Alée aboutit de part et d'autre à une porte de treillage, qui forme une arcade renversée; cette terrasse forme aussi un jardin partagé en quatre quarrés, terminés par des espaliers en haies : on voit entre eux un second bassin octogone pareil au premier; delà on monte encore un Perron de douze degrés, pour parvenir à une seconde terrasse, ornée d'un Pavillon de maçonnerie. Ce terrein le plus élevé du jardin borde le corps de Logis et communique de plein pié à sa partie supérieure, dont la porte fait face à une alée de Charmille, terminée par des peupliers (...) » (DE SAUMERY Pierre-Lambert, Les délices du Païs de Liège, Liège, 1744). Si cette ordonnance classique des jardins en terrasses - bien que simplifiée - caractérise aujourd'hui encore le site, elle a été complétée dans la première moitié du XIXe siècle par un aménagement paysager répondant à la mode de l'époque. Situé dans le prolongement de la terrasse médiane, ce nouvel espace est planté de grands arbres décoratifs (hêtres pourpres) ou exotiques (tulipier et séquoia) et agrémenté d'un chemin de promenade ponctué de quelques éléments insolites.

Description

Éléments architecturaux : Deux hauts piliers en pierre à panneaux couronnés de vases avec guirlandes encadrent l'entrée principale de la propriété (à l'est). Une clôture en fer forgé s'ouvre sur une cour bordée au nord par une suite d'annexes : anciennes écuries, remises à voitures et dépendances en briques du XIXe siècle, rythmées par des arcades en plein cintre sous bâtière d'ardoise et d'éternit. Face à ces dépendances et en contrebas, l'entrée de l'ancienne ferme du château est annoncée par une tour-porche de plan rectangulaire, en briques avec chaînage d'angle, couverte d'un pavillon d'ardoises. Disposée autour d'une cour trapézoïdale, l'exploitation agricole en moellons de grès des XVIIIe et XIXe siècles est séparée de la cour du château par un mur de soutènement en moellons de grès, sommé d'urnes en pierre. La promenade dans la partie boisée longe un curieux aménagement de rocaille en « pierre de lune », probablement des moraines scandinaves regroupées en trois monticules. A l'extrémité ouest du parc, la promenade mène à une grotte de fraîcheur : élévation basse en moellons bruts de pierre calcaire, percée de deux ouvertures côte à côte, et dont les parois intérieures sont recouvertes de silex concassés. Deux étroits pilastres de pierre portant des panneaux ouvrants en fer forgé marquent l'entrée ouest de la propriété. En regard de l'entrée, une petite chapelle figure au milieu d'un verger.

Éléments végétaux : Situés sur la terrasse médiane face à la demeure, un houx (Ilex aquifolium), un séquoia (Sequoiadendron giganteum), un tulipier (Liriodendron tulipifera), quatre topiaires de buis (Buxus sempervirens) en boule disposés autour du bassin accompagnés de quatre gros topiaires d'if (Taxus baccata) aux formes arrondies, un érable à feuille de frêne (Acer negundo). Côtoyant l'allée de tilleul commun (Tilia vulgaris) reliant l'orangerie à l'ancienne entrée ouest, portion de charmille (Carpinus betulus) soutenue par une armature métallique, deux frênes (Fraxinus excelsior) et trois hêtres verts (Fagus sylvatica). Le long du sentier de promenade ceinturant l'espace en regard de la terrasse médiane, des hêtres pourpres greffés (Fagus sylvatica 'Atropurpurea') attestent une plantation antérieure à 1875, trois hêtres fayards (Fagus sylvatica) et deux châtaigniers (Castanea sativa). Disposés autour du bassin de la terrasse inférieure, haute et épaisse charmille (Carpinus betulus) et quelques vieux topiaires d'if (Taxus baccata) confirment un ancien tracé en croix, ainsi que quelques fruitiers basses tiges.

Potager : Implanté dès ses origines au nord-est des bâtiments castraux, le potager s'étageait en trois parcelles de culture, encore exploitées il y a quelques années. Les parcelles closes d'un mur en moellons calcaire abritaient des carrés légumiers en partie supérieure et des plantations fruitières sur les terrasses en contrebas. Elles sont aujourd'hui reconverties en espace d'agrément. Au XIXe siècle, un autre potager plus vaste est aménagé sur la terrasse inférieure des jardins réguliers, à l'arrière du château. Transformé récemment en espace de loisir, il conserve encore les traces d'une serre à l'angle sud-ouest, des couches toujours utilisées au pied du mur de soutènement sud, et quelques fruitiers basses tiges à l'est.

L'eau : Marquant le centre de la terrasse médiane, bassin octogonal en pierre souligné d'une plate-bande fleurie. Rappelant la croisée des chemins de l'ancien aménagement de la terrasse inférieure, bassin octogonal en pierre identique au précédant et actuellement ceinturé d'une palissade en charme percée d'ouvertures en direction des points cardinaux.

Éléments remarquables : Derrière le château, les jardins s'étagent en trois terrasses perpendiculaires à la demeure, retenues par des murs de soutènement en moellons de grès. Un bel escalier en pierre bleue, à emmarchement adouci, relie la terrasse médiane à la terrasse supérieure; il est encadré à son sommet par deux pilastres Louis XVI en pierre bleue, surmontés de vases. Cet escalier conduit à une orangerie de plan carré, en moellons de grès et chaînage d'angle coiffée d'une toiture à la Mansart, couverte d'ardoises disposées en écaille. Sa façade principale (au sud), prolongée vers l'est et l'ouest par un mur en moellons de grès, est percée par deux fenêtres bombées à clé sur montants harpés, encadrant une porte de même type. Probablement de peu antérieure au château actuel, cette orangerie du début du XVIIIe siècle abrite une très belle cheminée en pierre. Elle s'ouvre à l'est sur une charmille et à l'ouest sur un petit potager. Dans l'axe du premier escalier, une nouvelle volée droite en pierre encadrée de pilastres en pierre bleue conduit à la terrasse inférieure.

État de conservation : Le jardin du château de Lesve, créé au début du XVIIIe siècle, se présente dans un remarquable état de conservation. Selon la description qu'en fait Saumery vers 1740, le château était alors agrémenté d'un jardin régulier s'étageant en trois terrasses. Comme le confirme la carte de Ferraris, une longue allée rejoignait depuis l'ouest la terrasse inférieure du château. Bien que l'accès au parc ne se fait plus par ce côté, le tracé de cette allée reste perceptible. Bordée d'if et d'arbres conduits en contre-espalier - probablement des tilleuls - la terrasse inférieure était divisée par des chemins en croix à partir d'un bassin de pierre central animé d'un jet d'eau bordé de topiaires d'if et d'orangers en pots. Reconvertie en potager dans le courant du XIXe siècle, cette terrasse est la partie qui apparaît la plus modifiée. Le bassin central est traité en plan d'eau décoratif, entouré de haies de charme à la manière d'un petit théâtre. Implantée à un niveau intermédiaire, une allée dont les extrémités aboutissaient à des niches de treillage, séparait cette terrasse de la seconde. Cette allée est aujourd'hui occupée par des serres et des couches. Située au niveau du château, la terrasse médiane respectait la même ordonnance en croix, clôturée par des espaliers et occupée en son cpar un bassin octogonal. Bien que simplifiée depuis la suppression du chemin axé sur la façade du château, cette terrasse conserve son caractère ancien. La terrasse supérieure, plus courte, est occupée par un « cabinet de maçonnerie » autrefois relié au logis (à l'est) par une charmille. Celle-ci a disparu pour majeure partie, à l'exception d'un segment conservé à l'ouest du pavillon. Les vestiges de petites remises, de serres et de couches clôturent cette extrémité de la terrasse. Dans le courant du XIXe siècle, la partie boisée à l'ouest a été plantée d'arbres rares et coupée de sentiers bordés d'éléments insolites tels trois petits monticules de « pierres de lune » et une grotte de fraîcheur en fond de propriété. Un sentier (aujourd'hui disparu) reliait directement le château à l'église toute proche. Dans les années 1980, les petites surfaces de culture (potager et vergers) au nord-est du château, ont été converties en espaces d'agrément.

Maintenance : L'ensemble de la propriété bénéficie de tous les soins nécessaires à sa conservation. Divers essais de plantations peu heureux, réalisés durant les années 1960 sur la terrasse supérieure, ont été supprimés récemment et remplacés par des mixed-borders soulignés de haies basses de buis. Les propriétaires placent tous leurs soins dans l'entretien des nombreux parterres fleuris dont les sélections s'orientent vers des tons pastels adoucissant quelque peu la rigueur de l'ensemble.

Documents iconographiques

Terrasse médiane des jardins. © N. de Harlez

Cartographie

Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 117/1

Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 53/3 (Bioul) Impr. coul. 1901

Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 53/3

Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 53/3/1

Iconographie

Autre(s) source(s) iconographique(s) :
Lesve. Château ferme. Carte postale, non datée [après 1965] (Archives du château).
Photographie aérienne N/B, [vers 1990] (Archives du château).

Bibliographie

DE GROOTE Christine, Le guide des jardins de Belgique, Bruxelles, éd Racine, 1995, p. 198-199.

DE SAUMERY Pierre-Lambert, Les délices du Païs de Liège, Liège, 1738-1744, t. IV, p. 342-343.

L'Eventail, n°6, sept. 1996, p. 29-33.

Le patrimoine monumental de la Belgique Wallonie, Liège, P. Mardaga, 1972 à 1997, vol. 5, t. 1, p. 354.

Recensement des arbres et haies remarquables de Wallonie, Ministère de la Région Wallonne.

Informations administratives

Intitulé du classement : Site

Éléments classés : cours, dépendances, jardin - Monument : orangerie et murs de soutènement

Arrêté : 1993-06-14

Publié : oui

Superficie : 7 hectares (comprenant prairies, bois et potager)

Informations complémentaires

Auteur du formulaire : Didier Hoyos / Odile Moreau

Date de création de la notice : 2000-03-22

Caractéristiques du parc/jardin

Statut du jardin : privé

Accueil du public : ouvert au public

Classement : Site

Type de jardin : À la française