Identification et description
Nom du jardin Parc du Château d'Arbre
Nom ancien Château d'En-Haut
Date de création vers 1776; début du XIXe siècle; après 1860; 1907
Province Namur
Arrondissement Namur
Commune Profondeville
Auteur/ Créateur Charles de Pierpont de Rivière (1907)
Coordonnées Rue des Fonds, 295170, Arbre
Localisation Latitude : 50.386649
Longitude : 4.908019400000057

Historique

Participant à l'activité industrielle intense que connaît alors la vallée du Burnot, le site est occupé dès le XVIIe siècle par une forge alimentée par des bassins et des retenues d'eau. En 1776, le bien devient propriété du maître de forge Henri Bivort qui fait édifier un château au coeur même du site industriel. Elevée sur un plan en U, la bâtisse d'ordonnance classique présente une façade symétrique en brique blanchie et pierre bleue, cantonnée aux angles de chaînages harpés et coiffée d'une toiture d'éternit à la Mansart. Au XIXe siècle, alors que la région abandonne peu à peu ses activités métallurgiques, le château est cédé à la famille Montpellier d'Arbre. Progressivement, les bâtiments industriels sont supprimés au profit de l'aménagement d'un parc paysager en façade tandis qu'à l'arrière les réservoirs alimentant les différents moulins sont transformés en bassins d'agrément, canal et buffet d'eau animant un jardin régulier. En 1907, Charles de Pierpont de Rivière, propriétaire des lieux, adjoint une tour et une annexe au château et apporte quelques modifications au parc. Depuis, la propriété enclavée dans l'étroite vallée du Burnot accueille deux jardins de sensibilité différente. Partant de l'entrée à l'est, un long chemin sinueux traverse le jardin paysager précédant le château. Bordée de massifs d'essences rares et d'une ceinture de hautes tiges, une longue et étroite pelouse traversée en souterrain par le Burnot, conduit le regard vers le château. A l'angle sud-est, le Burnot émergeant d'une voûte s'élargit et alimente un plan d'eau. Ses contours naturels, ses nombreuses variétés de plantes rivulaires et palustres renforcent le caractère volontairement sauvage de cette partie du parc. Par opposition, la partie arrière est agrémenté d'un jardin formel constitué de quatre parterres de gazon articulés autour d'un bassin central, et longé par un canal. Quelques topiaires taillés en tronc de cône en ponctuent les angles tandis que d'étroites plates-bandes fleuries lui apportent une touche colorée. Prolongeant la perspective à l'ouest, un buffet d'eau anime un espace gazonné traité en boulingrin, précédant un parterre de gazon en amphithéâtre. Deux alignements de tilleul encadrent la composition. Au-delà, le jardin légumier réduit de moitié au début du XXe siècle, a fait place à un labyrinthe constitué de hautes haies de charme et orné d'éléments décoratifs. L'espace de culture préservé conserve ses nombreuses divisions parcellaires bordées de buis, ainsi qu'une remarquable serre.

Description

Éléments architecturaux : L'entrée est marquée par deux piliers en pierre calcaire supportant une grille en fer forgé. A sa sortie du canal voûté passant sous une partie du jardin, le cours du Burnot est surmonté d'une rambarde en béton imitant le branchage. Une remise à voitures néoclassique (après 1907) en moellons de pierre de Meuse, coiffée d'une toiture d'ardoises à la Mansart, occupe la rive du Burnot. Quelques ponts et écluses permettent de franchir la rivière à divers endroits de son cours dont un portique en pierre, à trois vannes retenant les eaux du canal derrière le château. Dans le fond de la propriété, au bord du Burnot, un moulin en ruine du XVIIIe siècle rappelle la présence des forges qui occupaient autrefois les lieux.

Éléments végétaux : Dans la partie paysagère proche de l'entrée, un cèdre (Cedrus atlantica 'Glauca'), un marronnier d'Inde (Aesculus hippocastanum) et un érable plane (Acer platanoides). Près du plan d'eau, un thuya géant (Thuja plicata), un cyprès de Lawson (Chamaecyparis lawsoniana) et un cyprès (Chamaecyparis pisifera 'Plumosa') identifié par la Société Belge de Dendrologie comme champion de Belgique. Proche de l'embouchure du Burnot, un noyer (Juglans regia), un hêtre pleureur (Fagus sylvatica 'Pendula') et un autre champion de Belgique : une remarquable cépée de neuf troncs de thujopsis (Thujopsis dolabrata 'Variegata'), un des premiers implantés en Belgique dans la seconde moitié du XIXe siècle. Aux abords de l'ancien moulin, un vieux sapin de Norvège (Picea abies) centenaire. Le long du chemin menant au château, un jeune pin pleureur de l'Himalaya (Pinus Wallichiana) très prometteur, une sapinette d'Orient (Picea orientalis) et un érable argenté (Acer saccharinum). Aux abords de la façade avant du château, quelques corbeilles fleuries surmontées d'un yucca (Yucca filamentosa) et un frêne pleureur (Fraxinus excelsior 'Pendula'). Dans le jardin à la française, deux alignements de tilleul argenté (Tilia tomentosa), de nombreux topiaires d'if (Taxus baccata) taillés en cône tronqué. Clôturant la perspective ouest, haie courbe et dense en if (Taxus baccata) percée de niches abritant des reproductions sculptées. Au-delà, dans l'axe de la façade du château, labyrinthe de charme (Carpinus betulus) entièrement cerné sur ses quatre côtés d'une promenade plantée d'un double alignement. Un chemin axial plus large traverse la composition constituée de part et d'autre de petits cheminements obliques. Dans les zones boisées au sud, présence de beaux exemplaires de hêtre vert (Fagus sylvatica) et pourpre (Fagus sylvatica 'Atropurpurea').

Potager : Situé à la pointe ouest de la propriété, potager clos d'un mur sur deux côtés. Toujours en activité grâce à la passion du propriétaire mettant un point d'honneur à valoriser cette partie du jardin (trop souvent négligée), il accueille - outre ses nombreuses parcelles de culture bordées encore de haies basses de buis - des fruitiers conduits en espalierselon des formes traditionnelles et une remarquable serre métallique au profil caréné, en cours de restauration lors de la visite. Adossée au mur sud, elle s'ouvre en son centre par une porte surmontée d'un petit auvent rehaussé d'un couronnement décoratif en fer forgé. Cette serre abrite encore quelques pieds de vigne.

L'eau : Le Burnot qui traverse la propriété a été canalisé pour les besoins des forges dès le XVIIe siècle. La disparition progressive de l'activité industrielle a permis de réutiliser le cours d'eau comme élément décoratif déterminant dans la composition des jardins aux abords du château. A l'ouest, un ancien réservoir - connu par une lithographie de Vasse - est transformé en canal d'eau. Une petite cascade anime son extrémité ouest, tandis qu'à l'est subsiste une importante vanne dont le mécanisme de manœuvre est remarquablement conservé. Au-delà, le cours du Burnot se divise en deux bras : un premier alimentait un moulin dont il ne reste que l'oeillard en pierre accueillant jadis l'axe de la roue; le second bras voûté traverse une partie de la pelouse à l'est. Les deux cours se rejoignent ensuite pour former un petit ruisseau s'élargissant jusqu'à engendrer un plan d'eau aux formes sinueuses agrémenté d'un îlot. Aménagé entre 1907 et 1936, cet étang évolue en roselière. Détourné en amont, le Burnot alimente différentes petites scènes d'eau dans le jardin régulier. Dans le labyrinthe, une porteuse d'eau et un jet animent une petite chambre de verdure. Dans l'axe de la façade, un bassin en pierre à margelle quadrilobée forme miroir d'eau et, plus à l'est, un buffet d'eau à deux niveaux déverse ses nappes dans un petit bassin trilobé rehaussant les surfaces gazonnées traitées, à cet endroit, en boulingrin.

État de conservation : Au XVIIe siècle, les rives du Burnot sont occupées par de nombreux bâtiments de forge. En 1776, Henri Bivort maître de forges, devient propriétaire des lieux et fait édifier un château tout en y maintenant l'activité industrielle. Comme l'illustre la carte de Ferraris, un jardin régulier enclos d'un mur, en accord avec le style traditionnel de la demeure, agrémente l'arrière du château; en façade subsistent de nombreux bâtiments industriels. Vers 1844, une lithographie d'après un dessin de Vasse montre une vue romantique de l'arrière du château occupé par un vaste plan d'eau agrémenté d'une île plantée d'un saule pleureur, accessible par un petit pont. Vers 1850, sous la famille Montpellier d'Arbre, l'activité industrielle du site s'interrompt définitivement. Excepté un moulin en fond de propriété, tous les bâtiments à l'est sont démolis au profit d'un vaste aménagement paysager. En 1907, la propriété appartenant à Charles de Pierpont de Rivière connaît une nouvelle phase de transformation : le château est doté d'une tour à l'angle nord-est, les abords de celui-ci sont parés de nombreux parterres fleuris, et une partie du potager est plantée d'un labyrinthe de charme. Depuis cette époque, la propriété n'a plus connu de grand changement si ce n'est une légère simplification du tracé du labyrinthe et la suppression des haies basses de buis en bordure des parterres de gazon du jardin régulier. Au sud des anciennes remises à voitures et autres dépendances existait un second potager (aujourd'hui disparu) cotoyant un vaste verger où subsistent encore quelques vieux fruitiers dépérissants. Suite aux dégats provoqués par les tempêtes des années 1990, les propriétaires ont entamé la replantation d'essences hautes tiges.

Maintenance : La propriété bénéficie de tous les soins appropriés, et plus particulièrement le potager qui accueille une belle collection de variétés anciennes de légumes. Le parc, qui présente un bel étalement des âges de son patrimoine arboré, est régulièrement enrichi de nouvelles plantations. Dans le jardin régulier, une taille des lignes de tilleuls participerait davantage au caractère formel de cet espace.

Documents iconographiques

Bassin trilobé et buffet d'eau en regard de la façade. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie

Ancien réservoir des forges alimenté par le Burnot, transformé en canal d'agrément. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie

Cartographie

Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 117/4

Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 53/3 (Bioul) Impr. coul. 1901

Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 53/3/1

Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 53/3/1-2

Autre(s) source(s) cartographique(s) :
« Jardin anglais. Propriété de Mme Ch. de Pierpont. Arbre. Pr. de Namur ». Levé à l'éch. 1/500e dressé par Thierry de Pierpont de Rivière géomètre arpenteur, 1936.
« Jardin français. Propriété de Mme Ch. de Pierpont. Arbre. Pr. de Namur ». Levé à l'éch. 1/500e dressé par Thierry de Pierpont de Rivière géomètre arpenteur, 1936.

Iconographie

Autre(s) source(s) iconographique(s) :
Château d'Arbre. Lithographie In : VASSE Abraham-Jacques, La province de Namur pittoresque ou vues des châteaux, des sites pittoresques, des ruines et des monuments de la province, dessinées d’après nature. Lithographiées par Lauters, Fourmois, Ghémar, Kindermans, Bruxelles-Paris, [1844].

Bibliographie

BAUDOUIN Jean-Claude et de SPOELBERCH Philippe, Arbres de Belgique. Inventaire dendrologique 1987-1992, s.l., 1992, p. 238-239; 462.

DE GROOTE Christine, Le guide des jardins de Belgique, Bruxelles, éd Racine, 1995, p. 198-199.

Le patrimoine monumental de la Belgique Wallonie, Liège, P. Mardaga, 1972 à 1997, vol. 5, t. 1, p. 40-41.

Recensement des arbres et haies remarquables de Wallonie, Ministère de la Région Wallonne.

WITKOWSKA B., « La vie de château à Arbre », Weekend Le Vif/L'Express, 1997, p. 26-30.

Informations administratives

Mérite le classement pour : le jardin dit français avec canal, plans d'eau et labyrinthe

Publié : oui

Superficie : 6 hectares (comprenant les bois)

Informations complémentaires

Auteur du formulaire : Didier Hoyos / Odile Moreau

Date de création de la notice : 2000-04-05

Caractéristiques du parc/jardin

Statut du jardin : privé

Accueil du public : ouvert au public

Type de jardin : À la française