Identification et description
Nom du jardin Jardins du Château de La Forge
Nom ancien Château d'Anthée
Date de création début du XVIIIe siècle; 1760; XIXe siècle; fin des années 1990
Province Namur
Arrondissement Dinant
Commune Onhaye
Auteur/ Créateur Pierre Coulon (1760)
Coordonnées rue de la Forge, 25520, Anthée
Localisation Latitude : 50.2919409
Longitude : 4.804294600000048

Historique

Le site, implanté au creux d'un vallon traversé par le Flavion, accueille dès 1460 une importante forge précédée de bassins de retenue. A partir du XVIe siècle, sous la famille Godart, la forge se développe et le modeste corps de logis est transformé en château. En 1666, la propriété passe par alliance aux Jacquier de Rosée qui la conserve jusqu'à la fin du XIXe siècle. Au début du XVIIIe siècle, Jacques-Gabriel du Jacquier de Rosée, profitant du relief naturel des lieux, aménage un jardin en terrasses au nord du château. Le premier document iconographique connu illustrant ces jardins est le croquis dressé par Remacle Leloup vers 1738. L'ensemble du bâti esquissé a peu évolué depuis même si quelques bâtiments à l'ouest ont disparu en 1760 et si la galerie à colonnade toscane clôturant la cour d'honneur au sud a fait place à une grille dans le premier tiers du XIXe siècle.A l'arrière du château s'étageait un jardin de trois terrasses ceinturé par un mur. Quelques volées d'escaliers donnaient accès aux différents niveaux divisés en parterres réguliers. La terrasse supérieure était occupée en son centre par un bassin circulaire et la perspective axiale se clôturait sur un petit pavillon carré surmonté d'un toit à la Mansart. D'après le dessin, les jardins semblaient désaxés par rapport au château. Lors de sa visite des lieux vers 1740, Pierre-Lambert de Saumery décrit les jardins en ces termes : « ... De cette principale Cour, on pénètre dans une seconde dont trois faces sont remplies de corps de Logis bâtis à la moderne (...); un bassin revêtu de belle pierre, rempli de l'eau d'un jet d'eau, est placé au milieu de la Cour, dont il fait l'agrément ainsi que l'utilité des cuisines et des offices (...). Les agréments du dehors répondent à ce bel inventaire; un des principaux, est le magnifique Jardin qu'on y voit : ce sont trois longues, larges et belles terrasses, toutes dans une même enceinte de murs bien bâtis, tapissés d'espaliers des meilleurs fruits, et des plus soigneusement cultivés. Chaque terrasse est revêtuë, et soutenuë de bons murs couverts d'espaliers. On monte à la première par un escalier de huit degrés, qui répond à ceux de deux autres terrasses, par de belles alées, ornées de plates bandes en fleurs. Celui qui conduit à la seconde terrasse, est composé de treize marches de pierre, et celui, qui mène à la dernière, est un Perron doublé de huit degrés, qui conduit à un terre-plein, élevé jusqu'à hauteur d'appui, et couvert de tablettes de pierre ainsi que les murs de terrasses. De ce palier, naît un second escalier à cinq marches accompagné de deux Pilastres; l'alée, qui est en face, conduit à un grand Pavillon quarré en mansarde, saillant hors du Jardin bien vitré et proprement meublé; ce petit Bâtiment offre une retraite solitaire, dont le silence n'est interrompu que par le bruit d'un jet d'eau, qui est reçu dans un grand bassin placé en face, au milieu de l'alée, sa vûë est sur une belle alée, qui borde la muraille par dehors ». Vers 1760, l'architecte français Pierre Coulon prolonge les jardins en terrasses vers l'est et agrémente le nouvel axe de bassins à jet d'eau et de topiaires. La carte de Ferraris consigne cet état. Il est vraisemblable que le bassin et les escaliers préexistants décrits par Saumery 20 ans auparavant aient été démontés et replacés sur le nouvel axe. A la même époque, plusieurs annexes de 1651 sont supprimées au sud-ouest de manière à ouvrir la vue sur la vallée. Il faut attendre le milieu du XIXe siècle pour assister à quelques transformations : les terrasses et les alentours du jardin sont replantés d'arbres hautes tiges et les pelouses sont ornées de parterres en broderies de plantes annuelles.En 1888, le baron Félix du Jacquier de Rosée, dernier représantant de la lignée, transforme le château, le privant en grande partie de son caractère classique pour une allure faussement traditionnelle. A partir de 1951, un foyer d'accueil, un centre de vacances puis un camp de travail occupent le château. Depuis les années 1990, la société acquéreuse mène d'importants travaux de rénovation et de ré-affectation tant sur le château que sur les jardins dont la structure en terrasses préservée avec son pavillon constitue un précieux témoignage de l'art des jardins du XVIIIe siècle dans les Pays-Bas méridionaux.

Description

Éléments architecturaux : A l'est du château s'étend une vaste basse-cour aux nombreuses dépendances formant un ensemble en moellons et pierres calcaires du début du XVIIIe siècle. Des murs de soutènement en moellons calcaires séparent les terrasses s'étageant à l'arrière du château. Dans le potager, le mur en moellons calcaires intègre un pavillon sous Mansart d'ardoise à croupes, percé d'une porte encadrée de deux baies à linteau plat côté potager. A l'angle nord-ouest, grille en fer forgé encadrée de deux piliers en pierre calcaire présentant un traitement en pointe de diamant.

Éléments végétaux : Deux imposants topiaires d'if (Taxus baccata) et de buis (Buxus sempervirens) en boule ornent la terrasse inférieure. Bordant l'escalier menant à la terrasse médiane, haie de buis (Buxus sempervirens). Sur celle-ci, un vieux frêne pleureur (Fraxinus excelsior 'Pendula') domine un nymphée. Dans l'espace potager de la terrasse médiane, quelques anciennes charmilles (Carpinus betulus). Sur la terrasse supérieure et encerclant un bassin de pierre, plantation de quinze tilleuls à grandes feuilles (Tilia platyphyllos). A l'ouest, ancienne allée de tilleul (Tilia platyphyllos) rejoignant jadis l'entrée nord-ouest. Au-delà de la terrasse supérieure, pecière (Picea abies) en lieu et place d'un ancien verger.

Potager : Sur la terrasse médiane, deux surfaces potagères encadrent l'axe central. Ceinturées d'un haut mur en pierre et brique, elles devraient prochaînement être réhabilitées. A l'ouest subsistent quelques anciens bâtiments destinés aux jardiniers - dont un élégant petit pavillon déjà représenté par Remacle Leloup vers 1738 - complétés de quelques couches et d'une serre. La partie est (qui devrait être prochainement transformée en verger) est marquée en son centre par un puits tandis que quelques charmilles rappellent le tracé du potager disparu.

L'eau : Le jardin en terrasses compte trois bassins soulignant la perspective axée sur la façade arrière du château. Face au portail, un premier bassin trilobé encadré d'une rocaille s'intègre dans le mur de soutènement de la terrasse inférieure. Sous un frêne pleureur dominant la terrasse inférieure se niche une seconde rocaille de laquelle l'eau jaillissait autrefois. Celle-ci se déversait dans un bassin circulaire, l'ensemble formant un petit nymphée de jardin ou une source artificielle. De chaque côté, deux escaliers courbes mènent à la terrasse médiane. La perspective s'achève sur un grand bassin circulaire occupé en son centre par un rocher à jet d'eau. Ce dernier bassin, alimenté par le drainage des pâtures et des bois dominant la propriété, déverse son trop-plein dans les bassins en aval. Les vestiges d'un emmarchement ont été découverts dans le fond de ce bassin. Précédant le château, un vaste plan d'eau créé à partir d'une retenue sur le Flavion figure aujourd'hui hors des limites de la propriété.

Éléments remarquables : A l'arrière de la demeure s'étagent des jardins sur trois terrasses soutenues par des murs en moellons calcaires. La terrasse supérieure est agrémentée d'un bassin circulaire de fontaine. La terrasse médiane conserve un pavillon couvert d'une toiture à la Mansart. L'ensemble relève du XVIIIe siècle.

État de conservation : De l'activité de la forge d'Anthée implantée sur les rives du Flavion dès le XVe siècle, aucun élément n'est conservé si ce n'est la retenue d'eau nécessaire à son alimentation et à son approvisionnement. Au début du XVIIIe siècle, Jacques-Gabriel du Jacquier de Rosée transforme la demeure féodale et ses nombreuses annexes en un ensemble homogène d'allure classique et y crée des jardins en terrasses. Ceux-ci sont illustrés par un dessin de Remacle Leloup vers 1738 montrant trois terrasses retenues par des murs de soutènement à l'arrière du château. La terrasse supérieure est déjà agrémentée d'un bassin circulaire animé d'un jet d'eau devançant un pavillon à toit mansardé. En 1760, la propriété fait l'objet d'une deuxième phase de transformation dirigée par l'architecte français Pierre Coulon, originaire de Givet. Les terrasses sont prolongées vers l'est et le nouvel axe est ponctué de bassin et jeux d'eau. L'ensemble de ce dispositif est toujours visible aujourd'hui même si certains jeux d'eau ne fonctionnent plus.Au début du XIXe siècle, les annexes au sud-ouest sont supprimées permettant d'aménager un petit jardin autour du bassin du début du XVIIIe siècle. Au devant, un plan d'eau agrémenté d'un îlot complétait la scène. Il ne subsiste aucune trace de ce jardin de cour représenté sur une lithographie d'après un dessin de A.-J. Wasse (1844) ni du plan d'eau romantique (au sud-ouest) disparu dans le courant du XXe siècle. Son empreinte au sol demeure toutefois visible sous une plantation de peuplier.Vers 1850, les jardins sont replantés de nombreux arbres hautes tiges. De cette époque datent la longue allée de tilleul bordant le potager et menant à la cour arrière du château ainsi que les quinze tilleuls entourant le grand bassin de la terrasse supérieure. Quelques parterres fleuris et plates-bandes sont également introduits comme en témoignent d'anciennes carte postales. Depuis le rachat du château en 1951 par l' association sans but lucratif « La Femme Prévoyante » qui l'aménage en centre de vacances, les jardins pâtissent d'un évident manque d'entretien et d'aménagement non respectueux du site. Depuis la fin des années 1990, l'ensemble de la propriété fait à nouveau l'objet d'importants travaux de restauration.

Maintenance : Peu entretenue et laissée ensuite à l'abandon pendant de nombreuses années, la propriété fait actuellement l'objet d'un vaste projet de restauration. Les murs de soutènement sont dégagés et consolidés. Les pelouses sont régalées et réensemencées, les topiaires retrouvent progressivement leur forme d'origine. Les nombreux arbres hautes tiges ont bénéficié d'un élagage et présentent un bon état sanitaire. Le potager et les annexes (serres, pavillon et communs) seront bientôt réhabilités et un nouveau verger devrait être planté dans le potager est.

Projet de restauration : Aménagement d'un verger avec fruitiers palissés et contre-espaliers, restauration du petit pavillon, des communs et de la serre dans le potager.

Documents iconographiques

Les jardins en terrasses étaient jadis agrémentés de plusieurs bassins de fontaine. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie

Cartographie

Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 118/3

Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 53/6 (Rosée) Impr. coul. 1891

Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 53/6

Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 53/6/2

Iconographie

Autre(s) source(s) iconographique(s) :
Vue du château d'Anthée entre Sambre et Meuse, comté de Namur. Dessin à l'encre de Remacle Leloup, 1738 au plus tard.
VASSE Abraham-Jacques, La province de Namur pittoresque ou vues des châteaux, des sites pittoresques, des ruines et des monuments de la province, dessinées d’après nature. Lithographiées par Lauters, Fourmois, Ghémar, Kindermans, Bruxelles-Paris, [1844].

Bibliographie

DE SAUMERY Pierre-Lambert, Les délices du Païs de Liège, Liège, 1738-1744, t. 4, p. 356.

Le patrimoine monumental de la Belgique Wallonie, Liège, P. Mardaga, 1972 à 1997, vol. 2, t. 22, p. 845-846.

Informations administratives

Mérite le classement pour : les jardins en terrasses co monument.

Publié : oui

Superficie : 3 hectares de parc

Informations complémentaires

Auteur du formulaire : Didier Hoyos / Odile Moreau

Date de création de la notice : 2002-01-02

Caractéristiques du parc/jardin

Statut du jardin : privé

Accueil du public : fermé au public

Type de jardin : À la française