Identification et description
Nom du jardin Parc du Château d'Yvoir
Date de création vers 1785-1790; 1860; 1963 (cour)
Province Namur
Arrondissement Dinant
Commune Yvoir
Auteur/ Créateur Adolphe Dapsens, propriétaire (1860)
Coordonnées rue du Redeau, 25530, Yvoir
Localisation Latitude : 50.33164910000001
Longitude : 4.896362700000054

Historique

Un premier château est construit sur ce site bordé par le Bocq en 1388. Propriété durant quatre siècles des seigneurs Wéry de Corioul de Poilvache, il est détruit au XVIe siècle. Un deuxième édifice est élevé en 1679 - en témoignent les ancres millésimées en partie gauche de la façade - fortement agrandi dans les années 1785/90 ainsi qu'au début du XIXe siècle. L'important ensemble est disposé autour d'une cour fermée à front de rue par une aile basse de remise à voitures interrompue par une tour-porche élevée sur un haut appareillage de pierre de taille et harpée aux angles. Les portails disposés dans l'axe du perron du château sont cintrés en plein cintre et flanqués de chasses-roues. A doite du porche subsistent les bâtiments de l'ancienne forge Gobaux exploitée au XVIIIe siècle par la famille Montpellier. Le château est construit en pierre calcaire très blanche provenant de la carrière voisine. Il présente, côté cour, une façade classique à frontispice de quatre travées enserrant une entrée monumentale entre pilastres surmontée d'un fronton chantourné en bois cantonné de hautes vasques de pierre. La belle façade, côté jardin, plus homogène, distribue huit travées de part et d'autre d'un frontispice d'une seule travée également flanquée de pilastres monumentaux sommés de hautes vasques.Au-delà d'une terrasse empierrée s'étire un long dispositif paysager établi à partir de 1860 en bordure du Bocq, qui intègre le cours tantôt canalisé tantôt naturel de la rivière et différentes scènes d'eau décoratives. La plus composée, et visible depuis la majeure partie du parcours paysager grâce à sa position surélevée, intègre une longue passerelle arquée jetée sur une dérivation de la rivière prolongée en un large bras d'eau. Les hauts troncs des arbres qui voisinent avec la passerelle participent à l'élan de la scène. Un deuxième petit ensemble pittoresque est formé par une tour-belvédère - aujourd'hui enfouie sous une épaisse couverture végétale - occupant un îlot en limite sud de la composition, à proximité des planches de légumes cultivées au pied du mur d'enceinte. Cet espace était jadis occupé par un verger de plein vent tandis que les parcelles potagères s'étiraient le long du mur jusqu'au château. Quelques arbres fruitiers complètent encore cette zone potagère.Deux ponts de pierre traversent le Bocq et conduisent vers le sud à de vastes prairies relevées de quelques beaux bouquets d'arbres au sein desquels se distingue un remarquable platane. Cette zone champêtre du parc, contournée par une promenade tracée au pied de la paroi rocheuse, contraste avec le caractère très composé de la première partie du parc dont elle est séparée par le cours de la rivière. Depuis un kiosque à décor de faux branchage élevé à l'aplomb du coteau, on bénéficiait d'une large vue sur le parc paysager. Au pied de la paroi, un sentier ombragé longeant le Bocq canalisé rejoint le moulin jouxtant le château. Le dessin régulier de la cour d'honneur résulte d'un réaménagement de 1963 lorsqu'à été supprimé un parterre à l'anglaise. Les bancs rocheux liés à l'exploitation des carrières de pierres locales jouxtant le mur d'enceinte nord forment un étrange et puissant décor à la longue et étonnante composition paysagère tirant parti des qualités naturelles d'un site hydraulique ancien.

Description

Éléments architecturaux : Sur une île cernée par la rivière, tour-belvédère en moellons de calcaire dotée d'un escalier extérieur tournant conduisant à une plate-forme aujourd'hui dissimulée sous une épaisse couverture végétale de lierre arborescent. A l'intérieur, l'appareillage rustique intègre des banquettes en pierre. Plusieurs ponts et passerelles enjambent le Bocq et ses bras d'eau décoratifs. La plus proche du château est une longue passerelle métallique arquée à rambarde et main courante jetée sur le bras d'eau décoratif se terminant en plan d'eau dans la perspective du château. Deux ponts de pierre à tablier droit à arche unique traversent le cours naturel de la rivière, l'un bordé de balustrades et l'autre de merlons reliés par des panneaux en fer forgé ouvragés. A l'aplomb de la paroi rocheuse dominant le cours du Bocq au sud, kiosque polygonal en ruine enfui sous un épais couvert végétal. L'édicule devenu difficilement accessible est couvert d'une toiture d'ardoise supportée par des arcades en faux branchage. Un garde-corps dans le même matériau relie la base des colonnes.

Éléments végétaux : Accompagnant la longue passerelle métallique, un premier groupe planté comprend un hêtre pourpre (Fagus sylvatica 'Atropurpurea') de 1786, un robinier (Robinier pseudoacacia), un frêne commun (Fraxinus excelsior), un arbre aux écus (Ginkgo biloba), un faux-févier (Gleditsia triacanthos) et un mélèze (Larix decidua). Cette scène est encadrée par deux jeunes hêtres pourpres dont l'un planté en 1953. En contrebas, un faux-févier est à nouveau associé à un mélèze. En regard, de l'autre côté du plan d'eau, un beau hêtre pleureur (Fagus sylvatica 'Pendula') est accompagné de deux érables trifoliolés (Acer negundo). A proximité du potager, un hêtre pourpre (Fagus sylvatica 'Atropurpurea'). Parmi les arbres se distinguant en bordure directe du Bocq, un autre hêtre pourpre, un tilleul à petites feuilles (Tilia petiolaris), un sapin (Picea abies), un sapin de Nordman (Abies nordmanniana), un sapin bleu (Picea pungens 'Glauca'). Dans les prés de fauche au-delà du cours de la rivière (au sud), des pins noirs (Pinus nigra) sont associés à de beaux érables sycomores (Acer pseudoplatanus) et à des hêtres pourpres (Fagus sylvatica 'Atropurpurea') relevant de trois périodes de plantation : 1862, 1929 et 1948.Un remarquable platane (Platanus x acerifolia) apparaît en situation isolée. En bordure de la zone boisée, trois pins Weymouth (Pinus strobus) se distinguent du coteau boisé. Cinq chênes pédonculés (Quercus robur) sont plantés près du kiosque. Dans la cour d'honneur, un volumineux if taillé en dôme surplombe deux parterres de gazon dont les angles sont occupés par d'étroits topiaires de buis. Sur le côté sud (vers le Bocq), un cèdre (Cedrus brevifolia).

Potager : Au pied du long mur de clôture nord s'étire une étroite parcelle de culture légèrement relevée, rythmée de lignes de légumes. Un sentier en cendrée bordé d'épaisses haies de buis isole les planches de culture du pied du mur où sont plantés des fruitiers palissés en palmette en U. Un long mixed-border composé de groupes de hautes vivaces de couleurs pastels précède cet espace légumier toujours en culture. Fruitiers palissés et rosiers grimpants alternent en arrière plan de ce bel ensemble fleuri.

L'eau : Le cours naturel du Bocq traverse le site sur plus d' 1 km, canalisé dans de hauts murs en moellons sur un long segment au pied de la paroi rocheuse. Au-delà, vers l'est, ses berges sinuant dans les prairies sont naturellement enherbées. Plusieurs vannes de régulation à crémallières et étroites passerelles rythment cette courbe plus champêtre de la rivière. Un de ces ouvrages dévie une partie du débit du Bocq vers un important bras d'eau se terminant par une surface d'eau décorative. Cet élargissement est précédé d'un escalier d'eau au milieu duquel est aménagé un bel enrochement supportant une figure sculptée. En amont, d'autres petites cascades et glissières étaient jadis destinées à la régulation du débit des eaux de plusieurs moulins hydrauliques en aval. Ces anciens ouvrages participent aujourd'hui au parcours paysager du parc entièrement conditionné par la présence et les bruissements de l'eau.

État de conservation : Un premier jardin régulier est consigné sur la carte de Ferraris. Il s'étend au pied du long mur d'enceinte nord, prolongé par un verger contourné par le cours du Bocq. Un des arbres les plus anciens du parc est un hêtre pourpre planté en 1786 en regard de l'angle sud de la façade arrière du château, à l'époque où le bâtiment fait l'objet d'importants agrandissements. Cet arbre serait issu de semis naturels de hêtre greffés par Charles-Alexis de Montpellier à Annevoie. Le parc paysager est créé vers 1860 par Adolphe Dapsens. Plusieurs grands arbres, dont un hêtre pourpre (1862) conservé en regard du potager, attestent de cet aménagement. De nombreux groupes plantés et sujets isolés sont venus le compléter durant le XXe siècle des deux côtés de la rivière. Le parcours de l'eau à travers le site a été tracé dans les années 1860 à partir du cours naturel du Bocq et de plusieurs biefs d'alimentation d'un moulin et d'une forge. Le débit important et rapide de la rivière a permis le maintien de ce parcours artificiel jusqu'à nos jours. Les différents ponts et passerelles présentent un état tout à fait satisfaisant tandis que les fabriques (tour-belvédère, kiosque, tour aux daims) sont fortement dégradées.

Maintenance : Par ses dimensions et par la nécessaire gestion de l'eau, la propriété requiert une lourde charge d'entretien appliquée jusqu'à nos jours parallèlement à un renouvellement régulier des plantations arborées. Les berges des bras d'eau décoratifs, pour partie maçonnées et pour partie enherbées, sont régulièrement nettoyées afin d'en conserver les limites précises. En contrebas de la passerelle arquée, des groupes de fougères et des végétaux des lieux humides nécessitent des soins importants de nettoyage pour éviter des colonisations désordonnées. Le potager et le long mixed-border qui le précède sont cultivés avec attention. Malheureusement, les fruitiers en espaliers qui garnissent le mur de ces jardins ne sont plus remplacés.

Documents iconographiques

Un important bras d'eau dont les berges accueillent diverses plantes des lieux humides traverse les prairies avant de s'élargir pour former un étang aux contours souples dans l'axe de la demeure. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie

De belles scènes plantées accompagnent la longue passerelle métallique et les berges talutées des bras d'eau. On distingue un robinier (Robinia pseudoacacia), un frêne commun (Fraxinus excelsior), un arbre aux quarante écus (Ginkgo biloba), des faux féviers (Gleditsia triacanthos), des mélèzes (Larix décidua) et de jeunes hêtres pourpres (Fagus sylvatica 'Atropurpurea'). © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie

Cascades et glissières, jadis destinées à la régulation des débits des eaux de plusieurs moulins en aval, participent à l'attrait sensuel du site par les bruissements de leurs écoulements. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie

Cartographie

Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 118/2

Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 53/4 (Yvoir) Impr. N/B 1890

Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 53/4

Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 53/4/3

Bibliographie

DE GROOTE Christine, Le guide des jardins de Belgique, Bruxelles, éd Racine, 1995, p. 201-202.

Le patrimoine monumental de la Belgique Wallonie, Liège, P. Mardaga, 1972 à 1997, vol. 3, t. 22, p. 1200-1201.

Recensement des arbres et haies remarquables de Wallonie, Ministère de la Région Wallonne.

Informations administratives

Publié : oui

Superficie : 8 hectares

Informations complémentaires

Auteur du formulaire : Serge Delsemme / Nathalie de Harlez de Deulin

Date de création de la notice : 2002-04-17

Caractéristiques du parc/jardin

Statut du jardin : privé

Accueil du public : ouvert au public

Type de jardin : Paysager