Identification et description
Nom du jardin Parc du Château de Sans Souci
Nom ancien Château de Scy
Date de création milieu du XVIIIe siècle; vers 1830; vers 1960; à partir de 1993
Province Namur
Arrondissement Dinant
Commune Hamois
Auteur/ Créateur Benoît Fondu, paysagiste à Merksem (à partir de 1993)
Coordonnées rue Hector Monjoie, 75361, Scy
Localisation Latitude : 50.306712
Longitude : 5.210327099999972

Historique

La seigneurie de Scy - première pairie du comté de Namur - dépendait anciennement de la Prévôté de Poilvache. A la fin du XVIIe siècle, elle passe des mains de la famille Lebeau à Pierre-François Woot de Trixhe puis, à partir de 1737, aux comtes de Beauffort-Spontin. En 1767, les terres de Scy sont vendues à Jean-Guillaume de Propper qui les transmet à ses héritiers. La seigneurie passe ensuite par alliance aux Desmanet puis aux d'Espiennes. Joseph-Gabriel d'Espiennes, qui obtient la reconnaissance du titre de Comte en 1821, s'installe à cette époque au château avec son épouse Marie-Thérèse Desmanet. Il deviendra bourgmestre de Scy et sénateur La propriété s'est transmise jusqu'à nos jours à ses héritiers. Au milieu du XVIIIe siècle, la terre de Scy constitue une enclave namuroise à l'intérieur de la principauté de Liège. D'après la carte de Ferraris levée vers 1770, le château forme un large U ouvert vers l'est, où figure en retrait un volume de dépendances. Des vergers apparaissent au sud et à l'ouest tandis que plusieurs bassins se succèdent sur un axe nord-sud légèrement oblique souligné par une allée plantée vers le sud. Vers 1830, un nouveau château néoclassique est élevé par le maître de forges Desmanet.Il comprend un long corps de logis de neuf travées de deux niveaux et demi séparés par des cordons larmiers, flanqué de deux ailes latérales terminées en hémicycle. L'ensemble en U ouvert vers l'est est couvert de toitures plates couronnées de balustrades. L'extrémité de l'aile droite est occupée par la chapelle castrale élevée sur le caveau funéraire. Un volume de dépendance figure en retrait sur la gauche.Dynamité par l'armée en 1960, le château est remplacé dans les années 1990, sur le coteau opposé, par une longue suite de volumes peints rythmés de porches comprenant une importante habitation, une ample pièce bibliothèque suivie de remises à voitures. Des terrasses couvertes de dalles de calcaire et délimitées de longues haies d'if surplombent des tapis de gazon descendant vers le plus grand étang.Depuis cet endroit, l'oeil est attiré vers l'ouest par une fabrique en pyramide reposant sur une large base de pierre carrée récemment élevée à mi-pente, au-delà de l'étang. Vers le sud, une étroite digue enherbée sépare ce grand plan d'eau d'une deuxième surface d'eau plus petite, elle-même précédée d'un petit réservoir agrémenté d'une silhouette en fonte d'un Neptune couché déversant l'eau de son urne. Une allée ascendante de hêtre pourpre prolonge cet axe ancien des jardins attesté dès la seconde moitié du XVIIIe siècle. A proximité du réservoir de Neptune subsistent les arbres les plus anciens du parc. Cette longue perspective traversant les surfaces d'eau aboutit aujourd'hui à une nouvelle fabrique de jardin inspirée du petit temple à péristyle de la fin du XVIIIe siècle conservé dans le parc du château d'Onthaine (Ciney).Non loin du réservoir de Neptune vers le sud-ouest, une allée ancienne de tilleul délimite un canal précédé d'une goulotte d'alimentation. Ce rare témoin du parc ancien ne participe plus à la composition en place. On peut penser que la perspective initiée par l'allée et son canal s'orientait vers des éléments du jardin répondant à la première implantation du château sur le coteau ouest. La partie sud-est du parc est occupée par une zone boisée découpée par des chemins droits rejoignant plusieurs éléments construits dont une chapelle du XIXe siècle, une borne-potale datée 1776 et une glacière sous tertre, attestant du caractère d'agrément de cette partie du parc aujourd'hui en attente d'une remise en valeur.Les importants travaux de restauration entrepris dans le parc depuis 1993 témoignent de la volonté d'un propriétaire passionné et féru d'histoire des jardins de reconstituer dans un site ancien un nouveau parc paysager directement inspiré des jardins pittoresques de la fin du XVIIIe siècle.

Description

Éléments architecturaux : Marquant l'entrée du parc au sud-est, deux piliers carrés à bossages en pierre calcaire sommés de vases pansus à couvercle sont flanqués de murets en quart de cercle en brique peinte. A l'extrémité de l'allée de hêtre, deux pilastres en calcaire cantonnés d'ailerons - datant de la seconde moitié du XVIIIe siècle - sont sommés de figures de bélier en ronde-bosse rapportées. En contre-haut des étangs, fabrique récente (1996) en pyramide couverte de feuilles de zinc imitant un grand appareil de pierre, édifiée sur une haute fondation carrée en moellons de calcaire à l'emplacement de l'ancienne chapelle du château démoli. A l'extrémité du premier étang nord, autre fabrique nouvelle adoptant la forme d'un petit temple à péristyle sous fronton triangulaire dont le mur de fond et le fronton reçoivent un badigeon jaune paille. Les surfaces d'eau offrent un joli reflet à cette fabrique en trompe l'oeil. Dans la zone boisée occupant la partie sud-est du parc, petite chapelle en moellons de calcaire de plan carré du XIXe siècle, sous toiture à quatre pans (récente). Le petit bâtiment est précédé de quelques marches de pierre et sa porte est soulignée d'un encadrement mouluré. En contrebas vers le nord, glacière à cuve ovoïde sous tertre. A l'extrémité d'une longue percée aujourd'hui plantée de hauts thuyas - dite drève de Saint-Hubert -, borne-potale en pierre constituée d'une élégante niche cantonnée d'ailerons sous un larmier cintré et mouluré. L'édicule repose sur un socle central droit à décor de panneau mouluré, millésimé 1776, accosté de deux larges épaulements monolithiques. Sa dédicace au saint patron des chasseurs justifie l'appellation donnée à l'allée plantée.

Éléments végétaux : Reliant les deux paires de pilastres de l'entrée sud-est de la propriété, longue allée double de hêtre vert (Fagus sylvatica) prolongée, à l'entrée du parc, de plantations récentes de cubes d'if (Taxus baccata) alternant avec deux lignes de quatre noisetiers de Byzance (Coryllus colurna). Au sud des étangs, axée sur ceux-ci, large et jeune allée de hêtre pourpre (Fagus sylvatica 'Atropurpurea') et, parallèle à cette dernière, allée de tilleul (Tilia platyphyllos) très ancienne et incomplète plantée de part et d'autre d'un canal d'eau. Dans la zone boisée comprise entre la chapelle et la borne-potale, vestige d'une ancienne charmille (Carpinus betulus) abattue dans les années 1960 et replantée de thuya. A proximité du plan d'eau sud et du départ des deux allées, ensemble planté comprenant notamment un hêtre pleureur (Fagus sylvatica 'Pendula'), un hêtre à feuilles laciniées (Fagus sylvatica 'Heterophylla'), un marronnier (Aesculus hippocastanum) et plusieurs tilleuls (Tilia platyphyllos). Sur la berge est du premier étang, un cyprès chauve (Taxodium distichum) isolé. Isolé dans les surfaces gazonnées, un wellingtonia (Sequoiadedron giganteum). Derrière le petit temple, une frange serrée de conifères suivie de pins sylvestres (Pinus sylvestris) forme un arrière plan végétal sombre.Des topiaires et des haies basses d'if (Taxus baccata) rythment les pieds des bâtiments. Une large haie de hêtre pourpre (Fagus sylvatica 'Atropurpurea') marque la limite de la propriété du côté du village. Dans la cour d'honneur, un nouveau massif de même essence complète cet ensemble.

Potager : Disparu.

L'eau : Trois plans d'eau en ligne se succèdent sur un axe sud-est / nord-ouest. Les deux premiers depuis le nord sont séparés par une étroite digue enherbée. Le troisième, de petite taille et formant réservoir aux sources du Bocq, est doté d'un mur en moellons décoratifs (dégradés) au centre duquel a été placé une silhouette en fonte représentant un Neptune couché tenant une urne inclinée. A l'exception d'un haut cyprès chauve solitaire conservé au nord, aucune plantation décorative ne vient plus relever les berges. Une végétation naturelle du bord des eaux est laissée libre au pourtour des différents étangs. Au sud et légèrement décalé par rapport à ce grand axe subsiste un étonnant canal d'eau de courte longueur encadré d'alignements de tilleul. Plusieurs sources souterraines alimentent le parc grâce à un ingénieux réseau de distribution constitué d'étroits aqueducs en pierre calcaire souterrains ou à ciel ouvert, complétés de petits regards et de rigoles d'écoulement. Ces nombreux petits ouvrages assurent aujourd'hui encore une alimentation régulière des plans d'eau malgré un certain état d'abandon. L'originalité et l'ancienneté du réseau justifieraient une étude approfondie portant sur l'ensemble de la conduite des eaux à travers le site.

État de conservation : Vers le milieu du XVIIIe siècle, un premier ensemble en U fermé à l'est par un volume rectangulaire surplombe deux longs bassins en ligne alimentés au sud par un étroit canal et prolongés par un axe planté. Un nouveau château est reconstruit vers 1830; il sera accompagné d'un réaménagement des bassins en trois plans d'eau paysagers contournés par de longues promenades. Un vaste carré potager divisé en croix flanque le complexe de bâtiments au sud. Cet état est consigné par les levés de la carte topographique au 120.000e, révisée en 1882. Suite à la destructuration du château en 1960, un nouvel ensemble de bâtiments de près de septante mètres de façade est implanté à partir de 1993 en limite ouest du village de Scy, sur le versant opposé du vallon, profitant désormais d'une exposition sud et d'une vue dominant les étangs. L'entièreté du coteau rejoignant les étangs a été remaniée pour y tracer un large chemin d'accès en dolomie aboutissant au sud à la nouvelle entrée basse de la propriété où ont été replacés deux élégants pilastres surmontés de figurent de béliers en vis-à-vis.Deux fabriques nouvelles rehaussent les abords du grand plan d'eau : une pyramide élevée sur l'ancien caveau funéraire des comtes d'Espiennes et un petit temple antique dont le fronton repose sur quatre colonnes de pierre. Au sud-est des étangs et du canal subsiste une importante zone boisée traversée de longues promenades rectilignes conduisant notamment à une borne-potale datée 1776 et à une chapelle du XIXe siècle.

Maintenance : Les nouvelles haies de hêtre pourpre et les tables d'if plantées dans la cour d'honneur et sur la terrasse sud sont taillées avec netteté. Les gazons descendant vers les étangs traversés par le chemin d'accès sont tondus courts avec fréquences de coupe rapprochées contrastant avec le caractère naturel des berges des étangs. Dans la zone arborée au sud-est, seuls les axes principaux sont dégagés pour former des promenades enherbées.

Projet de restauration : Restauration du canal d'eau et du réservoir de Neptune.

Documents iconographiques

Plusieurs longues allées de hêtre marquent le territoire de Sans Souci. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie

Une étroite digue contient les eaux du premier bassin formant réservoir pour les étangs décoratifs en ligne. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie

Canal dans le parc du château. Photographie du comte Ernest d'Espiennes (Scy, Archives des comtes d'Espiennes, Album, inv. 154). © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie

Une fabrique récente en pyramide, installée à mi-pente du versant enherbé, joue le rôle d'"eye-catcher". © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie

Cartographie

Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 156/1

Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 54/2 (Ciney) - 54/3 (Maffe) 1891; 1893

Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 54/2 - 54/3

Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 54/2/4 - 54/3/3

Autre(s) source(s) cartographique(s) :
Carte figurative du château de Scÿ avec ses dépendances appartenant à Madame Desmanet née de Propper de Hun. Levée et dessinée par le soussigné f.j. denis arpenteur et géomètre à Namur. Dessin à l'encre aquarellé, non daté (début du XIXe siècle) (Archives de Sans Souci).
Plan du parc pour Monsieur le comte d'Espiennes. Château de Scy près de Hamois, par Louis Fuchs. Dessin aquerellé, non signé (photographie dans les archives de Sans Souci).

Iconographie

Autre(s) source(s) iconographique(s) :
VASSE Abraham-Jacques, La province de Namur pittoresque ou vues des châteaux, des sites pittoresques, des ruines et des monuments de la province, dessinées d’après nature. Lithographiées par Lauters, Fourmois, Ghémar, Kindermans, Bruxelles-Paris, [1844].
Photographies réalisées par le Comte Ernest d'Espiennes (plaques conservées au Musée de la Photographie à Marchienne-au-Pont).

Bibliographie

ESPIENNES (comte d'), Titres et documents de la terre & seigneurie de Scy. Première pairie de la comté de Namur (…), Huy, Impr. A. Charpentier et Emond, 1883.

HIERNAUX L. et WEBER J.-P., « Les albums d'un photographe d'agrément. Le comte Ernest d'Espiennes », De la Meuse à l'Ardenne, n° 33, 2001.

JADOT L., Scy. Eglise Saint-Martin. La vie rurale à Scy au XIXe siècle, s.l., 1997.

Le patrimoine monumental de la Belgique Wallonie, Liège, P. Mardaga, 1972 à 1997, vol. 2, t. 22, p. 636.

Recensement des arbres et haies remarquables de Wallonie, Ministère de la Région Wallonne.

Informations administratives

Publié : oui

Superficie : 10 hectares

Informations complémentaires

Auteur du formulaire : Serge Delsemme / Nathalie de Harlez de Deulin

Date de création de la notice : 2002-01-05

Caractéristiques du parc/jardin

Statut du jardin : privé

Accueil du public : fermé au public

Type de jardin : Paysager