Identification et description | |
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Nom du jardin | Jardins du Château de Flawinne |
Nom ancien | Château David de Lossy |
Date de création | années 1690; fin du XIXe siècle; années 1990 |
Province | Namur |
Arrondissement | Namur |
Commune | Namur |
Coordonnées | Château de Flawinne5020, Flawinne |
Localisation | Latitude : 50.4666794 |
Longitude : 4.801999000000023 |
Construit à partir de 1710 par Albert Nicolas d'Hinslin, le château de Flawinne est une élégante demeure de plaisance de sept travées cantonnées de pavillons en légère saillie, enfermée « dans une enceinte de murailles, avec une grande Cour bordée d'un fer à cheval de Bâtiments aussi beaux que solides » (DE SAUMERY Pierre-Lambert, Les délices du Païs de Liège, Liège, 1744). Cette cour occupe le niveau supérieur d'un complexe de terrasses aménagé dès cette époque en jardins réguliers à partir de déblais provenant du creusement de souterrains sous la citadelle de Namur. Une longue allée d'accès conduit déjà à l'entrée de la ferme clôturée, bâtie à la fin du XVIIe siècle autour d'une cour pavée. Ce dispositif d'accès n'a pas changé mais le château a été agrandi au XIXe siècle d'une aile sur la droite et d'un ensemble en L adossé à la façade arrière. Vers la vallée, une nouvelle façade d'esprit classique regarde vers une étroite terrasse établie au niveau de la cour d'honneur. L'ensemble formé par le château et ses jardins, la ferme domaniale et ses dépendances occupent le haut d'un versant regardant le midi, depuis lequel s'ouvrent de larges et longues vues sur le paysage de crêtes qui caractérise la vallée de la Sambre. Depuis leur création vers 1690 - état consigné par le dessin à la plume de Remacle Leloup - l'ensemble des jardins en terrasses a été maintenu sur cinq niveaux étagés, définis par leurs hauts murs de soutènement. Ce complexe était anciennement entouré sur trois côtés de vastes vergers coupés au nord-est par une longue allée d'accès. L'extrémité de celle-ci, donnant accès à la cour de la ferme, est toujours plantée de très vieux tilleuls tandis que le reste de l'allée est constitué de platanes relevant de replantations successives. Les derniers vergers en quinconce subsistent en contrebas de l'allée d'accès. Ces éléments participent à la mise en valeur de ce site exceptionnellement préservé, qui ne se découvre qu'au terme de l'allée et de la cour de ferme précédant la cour d'honneur du château. Cet espace, accueillant un carré de gazon en son centre, offre un panorama sur les jardins en terrasses et, au-delà de l'enceinte, vers la vallée de la Sambre (au sud-est). La terrasse principale, établie au pied de celle-ci et accessible par une large volée d'escalier, a conservé son tracé orthogonal ancien marqué par un bassin de fontaine circulaire tandis que le décor végétal relève d'une création récente. Seules d'étroites plates-bandes bordées de buis et une suite de colonnes d'if longent les circulations, formant une composition un peu austère. Deux étroites terrasses surplombent ce grand jardin au sud. La première conserve de petits compartiments de buis de la fin du XIXe siècle accompagnés de deux nouveaux bassins rectangulaires tandis que la terrasse supérieure a été entièrement redessinée de part et d'autre de l'élégant pavillon qui dominait déjà l'axe perpendiculaire des jardins au début du XVIIIe siècle. Un potager et un verger occupent les niveaux inférieurs de ce beau complexe caractérisé par ses importants ouvrages de soutènement récemment restaurés et remis en valeur.
Éléments architecturaux : Occupant l'angle oriental de la cour d'honneur, remises à voitures en briques et pierre contemporaines du château, creusées en façade de deux portails jumelés en plein cintre. Le volume, couvert d'une bâtière d'ardoises à croupe, abrite également une petite écurie. Derrière ce bâtiment (au nord-est), ferme clôturée en moellons calcaires enserrant une cour rectangulaire pavée. L'ensemble comprend un haut corps de logis de la fin du XVIIe siècle (à l'est), des étables du XVIIIe siècle modifiées au XIXe (en retour d'équerre), une grange également modifiée et d'autres dépendances (au nord-est). Au centre de la cour d'honneur, puits surmonté d'un ouvrage décoratif en fer forgé reposant sur quatre montants. Bordant la cour côté jardin, garde-corps métallique peint en blanc, constitué de longs panneaux traversés d'une croix de Saint-André. Les deux petits panneaux centraux à motif rayonnant ouvrent sur l'escalier descendant à la terrasse principale.
Éléments végétaux : Conduisant au château depuis le nord-est, longue allée simple de 800 mètres constituée de platanes (Platanus x acerifolia) plantés en 1935 au départ de la chaussée, et de vieux tilleuls à grandes feuilles (Tilia platyphyllos) à l'extrémité rejoignant la cour de ferme. Au nord de celle-ci, rehaussant le pied du coteau enherbé, un grand tulipier (Liriodendron tulipifera) suivi d'un cèdre de l'Atlas (Cedrus atlantica), de deux hêtres pourpres (Fagus sylvatica 'Atropurpurea'), d'un mélèze (Larix decidua) et d'un châtaignier (Castanea sativa) menant à quelques bouquets d'arbres. Les jardins en terrasses ont été presque entièrement replantés depuis le début des années 1990. Sur la terrasse supérieure, de hautes haies d'if (Taxus baccata) encadrent une allée de charme fastigié (Carpinus betulus 'Fastigiata'). Ce dispositif est accompagné de larges plates-bandes d'arbustes à fleurs parmi lesquels de l'abélie (Abelia x grandiflora), du cornouiller à fleurs (Cornus kousa), de la viorne (Viburnum plicatum 'Mariesii') et de nombreux orthensias en variétés différentes. Aux deux extrémités de cette terrasse, petits portiques en montants de bois destinés à supporter des roses et des clématites. Sur la terrasse suivante, la plus étroite, quatre petits parterres à compartiments de buis (Buxus sempervirens) de la fin du XIXe siècle, toujours plantés d'annuelles, alternent avec deux bassins rectangulaires récents ceinturés d'un bandeau de lavande (Lavandula x officinalis). Une haie d'if (Taxus baccata) dans laquelle a été plantée une douzaine d'arbres fruitiers forme la limite de la terrasse. La terrasse principale est réorganisée à partir de longues haies basses de buis (Buxus sempervirens) suivant les deux axes du jardin, comprenant des plates-bandes fleuries et marquées d'un ensemble de hautes colonnes d'if (Taxus baccata) encore en formation. Au pied du mur de terrassement court une longue plate-bande plantée pour partie de roses anciennes et d'une association de fusain (Euonymus alatus) et de plantes vivaces (Tellima grandiflora, Waldstenia ternata, Helleborus hybride). Une haute haie d'if (Taxus baccata) taillée sépare cette terrasse du potager. En contrebas de cet ensemble vers le sud-est, au pied de l'escalier à volées convergentes, reliefs d'une plantation de buis (Buxus sempervirens) du XIXe siècle coupant la terrasse-verger dans sa largeur. Dans le nouveau jardin d'agrément établi dans la cour sud du château, de petites chambres de verdure en charme (Carpinus betulus) accueillent des mixed-borders, des compartiments de buis (Buxus sempervirens), des massifs de roses et un ensemble d'arbustes à fleurs de collection.
Potager : Occupant la terrasse la plus au nord, long enclos rectangulaire divisé en carrés et plates-bandes de culture par des chemins engazonnés. Des effondrements du terrain ont provoqué d'importants dégats aux ouvrages de soutènement de cette terrasse. Un pavillon occupe l'angle sud-est.
L'eau : Au centre de la terrasse principale, bassin de fontaine circulaire en pierre calcaire au milieu duquel a été replacé un élément cracheur. Dans l'étroit jardin dominant la grande composition, deux longs bassins rectangulaires en résine récents. Dans le jardin d'agrément, petit bassin rectangulaire à parois de béton.
Éléments remarquables : L'ensemble du jardin des années 1690 subsiste sur cinq terrasses étagées retenues par de hauts murs de soutènement en moellons calcaires délimitant un grand enclos rectangulaire. Sur la terrasse supérieure, en fin de perspective axiale, petit pavillon en briques couvertes d'un badigeon avec chaînages d'angle, couronné en façade d'un fronton triangulaire. Façade percée d'une porte échancrée à refends surmontée d'un grand oculus; à l'intérieur, le décor stuqué du plafond a disparu. Les terrasses sont reliées par une suite d'escaliers. Depuis la grande terrasse principale, deux volées droites à forte inclinaison conduisent respectivement à la cour d'honneur et à la longue terrasse principale. A l'extrémité sud-est de celle-ci, importante volée double à montées convergentes, flanquée de courts piliers carrés sommés d'urnes en pierre. Cet escalier descend aux anciens jardins productifs. Un dernier escalier similaire (en ruine) relie la terrasse principale au jardin potager situé en contrebas. Un petit pavillon carré occupe l'angle est du potager.
État de conservation : La superstructure des jardins datant de l'extrême fin du XVIIe siècle est encore entièrement en place avec ses cinq niveaux étagés et ses importants ouvrages de soutènement parmi lesquels un très long mur d'enceinte délimitant l'emprise générale des jardins, du château, de la ferme et de ses dépendances. Une grande partie des murs de soutien des terrasses et de leurs escaliers ont fait l'objet d'importants travaux de restauration incluant le remontage des maçonneries sur leurs fondations anciennes. L'ensemble du décor végétal des jardins a quant à lui été entièrement recréé à partir des années 1990. Quelques éléments isolés relèvent toutefois de la fin du XIXe siècle : quatre petits parterres de buis de forme circulaire ou carrée, conservés sur la terrasse la plus étroite, et un ensemble disparate de pieds de buis à l'abandon sur la terrasse-verger. Du XIXe siècle subsiste également la courte scène paysagère plantée en contre-haut de la cour d'honneur. Jusqu'à la fin des années 1970, une ligne de marronnier délimitait la terrasse supérieure de part et d'autre du pavillon.
Maintenance : Depuis quelques années, les jardins en terrasses ont été replantés sur un tracé régulier s'inspirant librement d'une composition traditionnelle du XVIIIe siècle. Cet espace, toujours en formation, fait l'objet de soins attentifs et réguliers. Actuellement, les travaux d'entretien les plus importants sont réservés à la bonne conduite des haies d'if destinées à structurer le nouveau dispositif planté sur la terrasse supérieure et à l'ensemble des tapis de gazon qui couvrent une grande partie des jardins. La terrasse-verger au sud-est ne reçoit que des soins minimums de manière à respecter l'esprit d'un jardin productif.
© Nathalie de Harlez (septembre 2009)
Grande terrasse médiane replantée et murs de soutènement restaurés des terrasses supérieures. © N. de Harlez
Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 116/1
Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 47/3 (Namur) Impr. coul. 1902
Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 47/3
Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 47/3/3
Autre(s) source(s) iconographique(s) :
Vue du château de Flawinne prise du côté de la chaussée, Comté de Namur. Dessin à
l'encre de R. Leloup, vers 1738. In : Les délices du pays de Liège. Fac-similé des dessins complémentaires et restés inédits
de Remacle Leloup, Liège, [1903].
Vue générale de l'est. Dessin à l'encre de R. Leloup, vers 1738. In : Les délices du pays de Liège. Fac-similé des dessins complémentaires et restés inédits
de Remacle Leloup, Liège, [1903].
Château de Flawinne (Province de Namur). Carte postale, éd. Ern. Thill, Bruxelles,
n.d.
Château de Flawinne. Ferme et jardins. Carte postale, éd. Ern. Thill, Bruxelles, n.d.
DE GROOTE Christine, Le guide des jardins de Belgique, Bruxelles, éd Racine, 1995, p. 193-195.
DE HARLEZ DE DEULIN Nathalie, « Les parcs et jardins historiques de Wallonie » In : BAUDOUX Laurence & GIRY-DELOISON Charles, Le jardin dans les anciens Pays-Bas, Arras, Artois Presses Université, 2002, 2002, p. 319.
DE SAUMERY Pierre-Lambert, Les délices du Païs de Liège, Liège, 1738-1744, t. IV, p. 329-330.
GENICOT Luc-Francis (dir.), Le grand livre des châteaux de Belgique, Bruxelles, Vokaer, 1977, t. 2, p. 114.
Jardins ouverts, 1999, p. 60-61.
Le patrimoine monumental de la Belgique Wallonie, Liège, P. Mardaga, 1972 à 1997, vol. 5, t. 1, p. 192-195.
Recensement des arbres et haies remarquables de Wallonie, Ministère de la Région Wallonne.
Intitulé du classement : Site
Éléments classés : château et alentours
Arrêté : 1980-10-15
Publié : oui
Mérite le classement pour : terrasses, murs de soutènement des jardins et pavillon (co Monument).
Superficie : environ 1,5 hectare de jardins en terrasses
Auteur du formulaire : Serge Delsemme / Nathalie de Harlez de Deulin
Date de création de la notice : 2000-08-02
Accueil du public : ouvert au public
Classement : Site
Type de jardin : À la française