Identification et description | |
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Nom du jardin | Parc du Château d'Onthaine |
Date de création | début du XVIIIe siècle; vers 1780; XIXe siècle |
Province | Namur |
Arrondissement | Dinant |
Commune | Ciney |
Auteur/ Créateur | Achille Duchêne, paysagiste français à Paris (vers 1910) |
Coordonnées | Onthaine, 15590, Achêne |
Localisation | Latitude : 50.2685477 |
Longitude : 5.043268200000057 |
Au XVe siècle, la seigneurie d'Onthaine est un fief liégeois aux mains de la famille Salmier qui la conserve jusqu'en 1747. A cette époque, « le Château est presque entièrement enseveli sous ses ruines » tandis que « deux Tours placées aux Angles du Nord-Ouest et du Sud-Est défendent tout l'extérieur » (de Saumery). Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, le domaine devient la propriété des Montpellier d'Annevoie qui rénovent le château, avant de passer par alliance, dans la première moitié du XIXe siècle, aux mains du Baron d'Huart, premier Ministre des Finances du jeune Etat belge. Restauré et remis en valeur par ses descendants après la Seconde Guerre, le château - pour majeure partie du XVIIIe siècle - se compose d'un long corps de logis en brique et pierre bleue de deux niveaux sous une haute batière d'ardoise des années 1780, flanqué de deux courtes ailes bases perpendiculaires ajoutées dans la première moitié du XIXe siècle. La façade, d'ordonnance classique, s'ouvre sur une cour d'honneur délimitée par des murets bas sommés de vases précédant une longue perspective gazonnée encadrée de grands arbres où s'étageaient anciennement des jardins en terrasses. La façade sur la cour d'honneur de la ferme est flanquée de deux tourelles circulaires tandis que sous la bâtière est conservée une frise de brique redentée témoignant de la construction originelle du XVIIe siècle, agrandie vers 1780. La ferme en moellons de grès et de calcaire est disposée en U de part et d'autre d'une haute grange en large datée 1749, agrandie au XIXe siècle. L'ensemble est prolongé au sud-ouest par un ancien potager emmuré doté d'une tour d'angle néoromane en grès de 1855 à usage de belvédère. Des jardins existent dès avant 1770, comme en témoigne la carte de Ferraris. Déjà doté de quatre plans d'eau à usage de réservoirs, le parc est coupé au nord-ouest du château par deux longues allées plantées perpendiculaires isolant le grand réservoir amont. En regard de la façade est du château, au-delà d'une cour apparaît un petit jardin régulier délimité par trois pans de mur. Au-delà figurent plusieurs bâtiments aujourd'hui disparus (dont une chapelle démolie vers 1950). Après 1780, les Montpellier aménagent perpendiculairement à cet axe des jardins en terrasses orientés au sud et dotés, à mi-pente, d'un long canal de glaise maçonné dont l'extrémité nord-est est marquée par un élégant pavillon circulaire inspiré des pavillons de thé construits en bordure de la Vecht (reliant Amsterdam à Utrecht) entre le XVIIe et le XIXe siècle. Encore attesté par des photographies d'Après Guerre, ce pavillon a ensuite été supprimé privant le canal de son principal attrait. Une passerelle de bois puis de métal l'enjambait à mi-parcours. Une nouvelle passerelle a été installée en 2015. En contrebas du canal subsistent les murs de soutènement des deux terrasses dont la plus haute a accueilli tardivement un espace de culture. Le jardin inférieur est occupé en son centre par un grand bassin circulaire - à sec depuis de nombreuses années - accompagné par un petit temple à fronton d'inspiration antique ouvert en façade et dont le mur du fond était rehaussé d'un décor peint. Les abords de cette scène pittoresque ont été restaurés sur base de vestiges de charmilles définissant quatre petits salons de verdure reliés par d'étroits chemins gazonnés. Cette partie basse des jardins est délimitée sur trois côtés par de hautes futaies. De la cour d'honneur du château, quelques marches interrompant un muret bas descendent vers des parterres de gazon délimités par de larges allées gravillonnées flanquées de grands arbres. Cette perspective axée sur le château se prolonge au-delà des limites du jardin du début du XVIIIe siècle jusqu'à un point de vue aménagé bénéficiant d'un panorama sur le grand étang décoratif occupant le fond de la vallée et bordé par le chemin d'accès. Depuis la disparition du pavillon du canal et du mail de tilleul qui le bordait, les champs de vision élargis permettent aujourd'hui d'appréhender depuis cet endroit différentes scènes du parc initialement perçues de manière indépendante. Les lignes de tilleul formaient un rideau de feuillage derrière lequel seulement s'ouvrait une perspective sur le jardin en terrasses et sa fabrique en temple antique. Par leur positionnement dans le parc, les différents pavillons et fabriques participaient d'ingénieux effets perspectifs qui renforçaient la qualité et l'originalité de la composition. L'attribution récente à Achille Duchêne des aménagements en façade du château (parterres, murets et vases) et de la longue perspective arborée vers la vallée, confère un intérêt supplémentaire à cette belle propriété.
Éléments végétaux : De longues allées de tilleul (Tilia x europaea) traversent la partie nord et nord-ouest du parc, isolant l'ensemble bâti et son jardin de la zone de pâtures et des grands étangs-réservoirs. La longue perspective descendante axée sur la façade du château est encadrée de groupes d'arbres incluant des chênes pédonculés (Quercus robur), des hêtres verts (Fagus sylvatica), des tilleuls (Tilia x europaea) et de nombreux hêtres pourpres (Fagus sylvatica 'Atropurpurea'). Des sous-bois mixtes (érable, frêne, chêne) encadrent l'ancien jardin en terrasses conduisant au petit temple derrière lequel ils se prolongent. Des plantations de charme (Carpinus betulus) ont été récemment mises en place en limite des sous-bois de manière à constituer quatre chambres de verdure circulaires reliées par des chemins bordés de haies.
Potager : Au sud-ouest de l'ensemble formé par le château et la ferme, long rectangle clos de hauts murs de pierre, anciennement potager. L'angle nord de l'enclos est marqué par une haute tour carrée de style néoroman élevée en 1855, utilisée comme belvédère.
L'eau : Dès le XVIIIe siècle au moins, quatre grands réservoirs sont présents sur le site, étagés sur le versant au nord du château. Le plus grand d'entre-eux, situé en aval, est transformé par la suite en plan d'eau décoratif. Depuis ses berges, une allée percée dans le sous-bois au nord-est conduisait par une rampe gazonnée à une tour carrée à péristyle et toiture plate. Etabli à mi-pente de l'ancien jardin en terrasses orienté nord/sud, long canal (85m x 9m) jadis aboutissant à un élégant pavillon circulaire sous dôme disparu après la Seconde Guerre. Ce canal a été construit selon les techniques traditionnelles consignées dans les traités du XVIIIe siècle. Les murs sont élevés en maçonnerie de moellons bruts et de briques enserrant un corroi d'argile. Le haut des murs est constitué de lits de briques posées à plat tandis que des moellons équarris disposés en grand appareil constituent le parement intérieur. Le fond du canal est formé d'une couverture de briques posées à plat.Comme en témoigne une photographie du début du XXe siècle, les hauts des murs du canal étaient couverts d'un court talus gazonné destiné à les protéger de l'action du gel et du soleil. L'ensemble a été restauré en 2003 et à nouveau en 2015 à l'est d'une maçonnerie cimentée. Au pied du jardin en terrasses, en avant-plan du petit temple, grand bassin circulaire en pierre, privé d'eau et dont le fond est partiellement recouvert d'herbe.
Éléments remarquables : Au sud du château, en contrebas du canal et du jardin en terrasses, fabrique de jardin adoptant la forme d'un temple antique à piliers carrés in-antis, en pierre sous fronton triangulaire. L'édicule de plan rectangulaire est fermé sur trois autres côtés par des murs en moellons de calcaire surmontés de lits de briques supportant la corniche et la toiture à deux versants. L'ensemble était couvert d'un enduit clair visible en façade sur le fronton. Sur le mur de fond intérieur subsistent les traces d'un décor polychrome. Les murs latéraux sont respectivement percés d'une haute ouverture. Ce petit temple est un rare exemple conservé en Wallonie de cette typologie de fabrique de jardin très utilisée dans les grands parcs pittoresques anglais au XVIIIe siècle.
État de conservation : Les éléments les plus anciens du site - attestés dès le XVIIIe siècle - sont les quatre grands réservoirs d'eau et les grandes allées plantées dont les axes conservés et replantés déterminent toujours l'organisation actuelle de la partie nord de la propriété. Dès cette époque existe un petit jardin régulier en bordure de la cour d'honneur. Le canal, son pavillon disparu et son jardin en terrasses au sud relèvent d'une importante campagne de travaux menée vraissemblablement à la fin du XVIIIe siècle. Quant au petit temple, non consigné sur la carte topographique militaire (1868), sa mise en place semble postérieure à ces travaux sans toutefois pouvoir être datée. Jusqu'au milieu du XXe siècle, quatre lignes de tilleuls taillés bordaient le mur sud du canal, isolant celui-ci des terrasses en contrebas. Au-delà de cette promenade ombragée, on bénéficiait d'une vue privilégiée sur la terrasse sud et son petit temple. Une autre fabrique de jardin du XIXe siècle a disparu dans les bois du nord de l'étang inférieur ; adoptant la forme d'une tour carrée percée de deux fenêtres et formant sans doute belvédère au coeur du sous-bois, on ne l'apercevait que depuis les bords du grand étang.
Maintenance : La plus grande partie du parc y compris la zone nord comprenant les réservoirs à ciel ouvert est maintenue en état par des soins réguliers et attentifs permettant la mise en valeur des longues allées de tilleul et de la grande perspective gazonnée axée sur le château. Le jardin en terrasses dont les murs de soutènement sont parfaitement conservés fait l'objet, depuis quelques années, de travaux de nettoyage et de replantations de charmilles en partie basse, environnant le petit temple.
De longues allées de tilleul rappellent les axes anciens des jardins, notamment la longue perspective ascendante de la vallée vers le château. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie
L'élégante demeure classique, précédée d'une cour d'honneur, domine d'anciens jardins réguliers. Sur la gauche, le canal. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie
Grand ensemble arboré prolongeant la cour d'honneur. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie
Le grand étang aval occupe le vallon au pied des jardins. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie
Le canal est ponctuellement surplombé par de beaux ensembles arborés comprenant des hêtres pourpres, des chênes pédonculés et des tilleuls. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie
Fabrique en temple antique et son bassin axial terminant la perspective des jardins en terrasses. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie
Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 138/3
Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 54/1 (Natoye) Impr. coul. 1891
Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 54/1
Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 54/1/3
Autre(s) source(s) iconographique(s) :
VASSE Abraham-Jacques, La province de Namur pittoresque ou vues des châteaux, des sites pittoresques, des
ruines et des monuments de la province, dessinées d’après nature. Lithographiées par
Lauters, Fourmois, Ghémar, Kindermans, Bruxelles-Paris, [1844].
Vue du canal et son pavillon. Photographie n/bl., (début XXe s.).
Canotage sur le canal. Photographie n/bl., (mil. XXe s.).
Passerelle sur le canal. Photographie bistre (mil. XXe s.).
Vue sur le grand étang. Photographie bistre, (début XXe s.).
Tous les documents : Archives du château d’Onthaine.
BAUDOUIN Jean-Claude et de SPOELBERCH Philippe, Arbres de Belgique. Inventaire dendrologique 1987-1992, s.l., 1992, p. 457.
DE SAUMERY Pierre-Lambert, Les délices du Païs de Liège, Liège, 1738-1744, t. III, p. 91.
GENICOT Luc-Francis (dir.), Le grand livre des châteaux de Belgique, Bruxelles, Vokaer, 1977, t. 2, p. 203.
Le patrimoine monumental de la Belgique Wallonie, Liège, P. Mardaga, 1972 à 1997, vol. 1, t. 22, p. 255-257.
Recensement des arbres et haies remarquables de Wallonie, Ministère de la Région Wallonne.
Mérite le classement pour : le parc (comme site) - la fabrique de jardin en temple antique (comme monument)
Publié : oui
Superficie : 14 hectares
Auteur du formulaire : Serge Delsemme / Nathalie de Harlez de Deulin
Date de création de la notice : 1902-01-03 ; mise à jour 2016-07-31
Statut du jardin : privé
Accueil du public : fermé au public
Type de jardin : À la française