Identification et description | |
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Nom du jardin | Parc du Château de Mianoye |
Nom ancien | Mianoie |
Nom ancien | Mienoye |
Province | Namur |
Arrondissement | Namur |
Commune | Assesse |
Auteur/ Créateur | Louis Fuchs, paysagiste d'origine allemande installé à Bruxelles |
Coordonnées | Rue Mianoye, 105330, Assesse |
Localisation | Latitude : 50.338218 |
Longitude : 4.982848699999977 |
A la fin du Moyen-Age, Mianoye est aux deux tiers un fief relevant de la principauté de Liège tandis que l'autre partie, plus petite, relève de la seigneurie de Spontin. Le château est en terres liégeoises, aussi en trouvons nous une description - particulièrement élogieuse par ailleurs - dans les « Délices du Païs de Liège ». A l'époque, le domaine appartient à N.-E. de Mettecoven. Le château, élevé sur le sommet d'une colline, est environné de bois de haute futaie, de campagnes cultivées, de vastes prairies, de vergers et d'« Alées de Noiers [qui] forment de charmantes avenuës. » On y trouve « quatre Jardins en amphitéâtre, curieusement entretenus, étant réunis dans un tableau (...) Deux superbes Terrasses occupant un terrein de trois cens piés de long sur deux cens de large, l'une au-dessus de l'autre, forment deux Jardins. Le plus élevé est un agréable Parterre, comparti avec beaucoup de grâce; il est orné de quantité d'arbres artistement taillés, et entouré de murailles. On y a bâti une Mansarde, qui contient deux forts beaux Salons (...) La seconde Terrasse contient un Jardin potager (...) terminé par un Mur de pierre de taille, haut de plus de vingts piés, baigné des eaux d'un grand Etang, qui y fait une charmante nape, et cantonné d'un grand Cabinet, assorti d'un Balcon (...) Une longue Avenuë de superbes Noiers, qui coupe le grand chemin de Hui à Dinant, conduit à une chapelle (...) Un bois de haute futaie, des plus propres et ouvert par quantité de belles Alées impénétrables aux raions du Soleil, la borde de près, et forme une solitude enchantée » (DE SAUMERY Pierre-Lambert, Les délices du Païs de Liège, Liège, 1743). Depuis 1671, la chapelle est reconnue paroissiale. En 1731, elle est dotée d'un porche d'entrée et d'un décor intérieur stuqué. Récemment restaurée (1968-1969), on y vient encore en pèlerinage le 1er septembre invoquer saint Gilles. Un plan terrier établi en 1797 permet déjà d'apprécier l'étendue du domaine qui compte alors près de 300 hectares. Dans les années 1830-1840, le château subit d'importantes transformations et la cour de ferme est ouverte sur les jardins, comme l'atteste une lithographie d'après un dessin de A. Vasse. Toutefois, en 1867, Alfred Vermeulen fait démolir le complexe castral dont il ne conserve que la chapelle, une des deux tours rondes qui flanquent les dépendances à l'ouest et le « grand Cabinet » dans les jardins. Entre 1868 et 1872, le couple Vermeulen fait élever par l'architecte Henri Maquet (1839-1909) une imposante construction (40 x 20 m) en brique rythmée de bandeaux de pierre de taille, couverte de hautes toitures encore couronnées de balcons. Pillé et dévasté par l'occupant en 1940 et 1944, et devenu trop lourd d'entretien, le château Vermeulen est à son tour démoli en 1970. Son parc, commandé au paysagiste Louis Fuchs, a quant-à lui subsisté en grande partie. Sur le plan daté 1874, on reconnaît à quelques détails près le tracé actuel du parc. Portant sur près de 45 hectares, les travaux s'étendent sur plusieurs années, donnant naissance à neuf longues perspectives rayonnantes qui, au sud, sont coupées à travers les anciennes futaies de chêne existantes, complétées d'arbres d'ornement (hêtres greffés, érables) et de deux massifs de rhododendron mis en place à grands frais sur un sol inadapté. La vaste composition paysagère intègre habilement deux édifices préexistants : la chapelle castrale et l'élégant pavillon du jardin régulier du début du XVIIIe siècle. Un étonnant jardin d'hiver est adossé au pignon est du château, décoré de gros blocs de roche naturelle évoquant l'intérieur d'une grotte, et plantée de palmiers et de plantes grasses. En 1831, au décès d'Ernest Vermeulen, le domaine qui atteint 800 hectares est partagé en deux parties. Roch de Diesbach reprend le château, ses dépendances, le parc et la moitié du domaine, soit environ 400 hectares. L'autre part est vendue. Depuis, une villa en briques peintes des années 1970 occupe la limite sud du plateau central du château à partir duquel rayonnent les différents chemins de promenade. Par sa composition dominante, la nouvelle habitation de Fuchs met particulièrement en valeur les reliefs et les accidents naturels du terrain. Malgré un développement naturel des masses plantées tendant à renfermer progressivement les perspectives initiales et les remaniements consécutifs à la disparition du château, le parc conserve toute sa cohérence paysagère.
Éléments architecturaux : Dans les prairies en contrebas de l'habitation, petite tour circulaire également en grès, sous voûte de briques et toiture d'ardoises octogonale. Au-dessus de la porte à linteau courbe, dalle armoriée de remploi datée 1729. Cette tour a été aménagée à la fin du XIXe siècle en glacière puis, vers 1920, en pigeonnier.
Éléments végétaux : Constituant l'accès principal de la propriété et jadis axée sur le château, longue allée simple de tilleul (Tilia x europaea) dont quelques sujets ont disparu. Dans la seconde moitié de l'allée, un groupe de rhododendron planté vers 1985 à l'endroit des tilleuls manquants illumine la promenade ombragée. Celle-ci se termine en regard de l'ancienne maison du garde réaménagée en 1968, annonçant les premières grandes masses arborées du parc paysager. Disposées à l'est et au nord de l'assise du château disparu, celles-ci se composent principalement de chêne, d'érable et de hêtre. Quelques hêtres pourpres (Fagus sylvatica 'Atropurpurea') rehaussent la frange plantée en regard de l'ancienne tour nord-est du château. A l'opposé, une scène végétale forme avant plan à la chapelle, dont les effets décoratifs sont obtenus par le contraste des silhouettes des hêtres pourpres (Fagus sylvatica 'Atropurpurea'), de deux hêtres pleureurs (Fagus sylvatica 'Pendula' et Fagus sylvatica 'Atropurpurea Pendula'), des cyprès (Chamaecyparis lawsoniana), d'un groupe de mélèze (Larix decidua) et d'un épicéa (Picea hybride) dont la haute cîme se dégage de l'ensemble. A l'emplacement du château disparu, plusieurs cèdres (Cedrus atlantica 'Glauca') sont accompagnés de groupes arbustifs à fleurs. Au nord, le versant opposé est couvert par un large sous-bois naturel constitué en partie haute majoritairement de chêne et en partie basse de frêne. Au coeur de celui-ci, une belle clairière est délimitée par un cercle de grands hêtres verts (Fagus sylvatica). Depuis le château, deux longues perspectives encadrées d'importantes franges végétales mixtes, chacune ponctuée sur le haut du coteau enherbé d'un massif de rhododendron, se prolongent bien au-delà des limites du parc planté en direction de Ciney et du village de Sovet. Le long du chemin redescendant le coteau apparaît un beau bouquet d'érable argenté (Acer saccharinum) aux troncs bosselés, dont les ramures basses et vigoureuses forment un seul volume de feuillage arrondi.
Potager : Derrière la ferme, rectangle de culture partiellement cultivé, relevant du XIXe siècle.
Éléments remarquables : Au nord-ouest du château, chapelle d'esprit classique dédiée à saint Gilles, remodelée en 1731 par l'adjonction d'un porche d'entrée (à l'ouest). Elégante construction de grès terminée par un choeur à trois pans et dominée par une haute flèche hexagonale à ressauts couverte d'ardoises. Au sud-est, élégant « cabinet » du XVIIIe siècle en moellons de grès rehaussés de chaînages d'angle et d'encadrements de baies en calcaire, couvert d'une toiture d'ardoises à la Mansart. Façade nord percée d'une porte sous linteau courbe, d'un oculus et de deux fenêtres rectangulaires. Au-dessus de la baie gauche, dalle armoriée datée 1734. Façade sud dotée d'un petit balcon surplombant un plan d'eau, aujourd'hui en voie d'assèchement.
État de conservation : En 1970, le château Vermeulen est démoli pour construire une longue villa. Cinq ans plus tard, l'autoroute E411 vient couper le domaine en deux parts pratiquement égales, empiétant de ce fait sur l'extrémité sud-ouest du parc paysager. Pour le reste, le parc conserve sa composition d'origine telle que l'a dessinée le paysagiste Fuchs en 1874. Tant le tracé des promenades formant de grandes boucles à travers des îlots de verdure que les longues perspectives s'étendant vers le sud-est au-delà des limites du parc, sont toujours clairement perceptibles. Les deux grands massifs de rhododendron plantés sur la ligne de crète au sud encadrent la perspective orientée vers l'église de Sovet. Sur le plateau autrefois occupé par le château, on remarque la disparition des corbeilles fleuries et de la surface gazonnée plantée d'arbres qui reliait le château et les bâtiments de la ferme. Quelques plantations arbustives ont été ajoutées au nord, en regard de la nouvelle habitation. Dans le grand sous-bois sud, avait été initialement édifié un pavillon en branchage coiffé d'une haute toiture débordante de deux niveaux et couverte de chaume. De cette construction pittoresque, il ne subsiste qu'une partie de sa toiture effondrée recouverte d'ardoises. Quelques chênes et des érables solitaires plantés dans les prairies au sud du château sont tombés dans les années 1970. Les éléments antérieurs au parc paysager sont la grande allée d'accès à l'est, la chapelle et le « cabinet de maçonnerie » du XVIIIe siècle.
Maintenance : La plus grande partie des prairies est traitée en pâtures. Le piétinement du bétail sous les couronnes des quelques grands arbres isolés qui y avaient été plantés a provoqué l'asphyxie de leurs racines et la perte de ceux-ci. Par son ampleur et la force de sa composition, le parc se satisfait de travaux d'entretien limités au dégagement des chemins et à la replantation d'arbres dans le grand sous-bois. Toutefois, le développement naturel du sous-bois tend à condamner lentement certaines perspectives vers le sud.
Perspective depuis le sud vers la nouvelle habitation construite en 1970 au sud du château démoli. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie
Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 137/3
Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 54/1 (Natoye) Impr. coul. 1891
Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 54/1
Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 54/1/1
Autre(s) source(s) cartographique(s) :
Plan terrier. Dressé par Henri Bonnet, Géomètre arpenteur juré à Assesse, le 15 mars
1864. Plan à l'encre aquarellé et rehaut coloré au crayon (Archives de Diesbach).
Plan du parc de Monsieur Vermeulen-Gourcy. Château de Mianoye près Assesse. Plan en
couleur par Louis Fuchs, mars 1874 (Archives de Diesbach).
Plan à l'encre et lavis. Projet signé J. Gindra à Tilleur, le 6 juillet 1850. Non
exécuté (Archives de Diesbach).
Autre(s) source(s) iconographique(s) :
Château de Mianoye. Lithographie In : VASSE Abraham-Jacques, La province de Namur pittoresque ou vues des châteaux, des sites pittoresques, des
ruines et des monuments de la province, dessinées d’après nature. Lithographiées par
Lauters, Fourmois, Ghémar, Kindermans, Bruxelles-Paris, [1844].
Vues du parc de Mianoye, chapelle et maison du jardinier, kiosque, jardin d'hiver,
pavillon. Photographies, 1884 et 1955 (coll. de Diesbach).
DE DIESBACH Ch.-A., « Mianoye en Condroz. Son domaine, ses châteaux disparus, ses habitants successifs », Maison d'Hier et d'Aujourd'hui, n° 110, juin 1996, p. 33-43.
DE SAUMERY Pierre-Lambert, Les délices du Païs de Liège, Liège, 1738-1744, t. III, p. 95-97.
Le patrimoine monumental de la Belgique Wallonie, Liège, P. Mardaga, 1972 à 1997, vol. 5, t. 1, p. 46.
Intitulé du classement : Monument
Éléments classés : et site : chapelle Saint-Gilles et alentours
Arrêté : 1949-06-20
Publié : oui
Mérite le classement pour : le pavillon du XVIIIe siècle
Superficie : plus de 20 hectares
Auteur du formulaire : Serge Delsemme / Nathalie de Harlez de Deulin
Date de création de la notice : 2000-07-14
Statut du jardin : privé
Accueil du public : fermé au public
Classement : Monument
Type de jardin : Paysager