Identification et description | |
---|---|
Nom du jardin | Jardin du Château de Bonneville |
Date de création | première moitié du XVIIIe siècle; à partir de 1950 |
Province | Namur |
Arrondissement | Namur |
Commune | Andenne |
Coordonnées | Rue du Centre, 1245300, Bonneville |
Localisation | Latitude : 50.4709387 |
Longitude : 5.034234800000036 |
La première mention de Bonneville apparaît en 1208 dans un acte de Philippe Le Noble, comte de Namur. Une maison de bois (maison à blokehu ou « maison charpentée ») est signalée dès le XVe siècle, à laquelle succède une tour évoquée dès 1538. A partir de 1560, la tour est progressivement complétées de bâtiments agricoles et d'une habitation qui entourent une cour fermée. Ce quadrilatère qui constitue la cense de Jandren (aussi Jandrenne ou Jandraine), est vendu en 1617 à Jacques Zualart. C'est le fils de celui-ci, Tilman Zualart, qui entame la transformation de l'ancienne cense en château, mais c'est son successeur Jean-Hubert de Tignée qui la termine au début du XVIIIe siècle. Vers 1740, à l'époque des Jaminet, Saumery visite la propriété et décrit le jardin : « C'est un carré long bordé à gauche et en face d'une terrasse, où l'on monte dans le fonds par un beau Perron de pierre : les routes y forment une Croix, revêtue de gazon qu'accompagnent des plates-bandes, où les fleurs se trouvent mêlées à des Ifs et autres Arbustes prétieux. La terrasse n'est par-tout qu'un large Boulingrin, qui se termine à une Alée de charmille plantée au bout du Jardin (...) Le jardin entièrement détaché des Bâtiments, n'a de leur côté qu'une muraille à hauteur d'apui. » A l'époque, le château est encore ceinturé de ses fossés (asséchés) franchis par un pont-levis au pied de la façade nord. Ceux-ci ne disparaissent qu'au début du XIXe siècle. Les façades sont blanchies et le resteront jusqu'en 1934 lorsque le Comte Capelle fait décaper entièrement le château et remplacer les épis bulbeux qui coiffaient les deux tours d'angle par des girouettes. L'accès actuel se fait par l'aile est, à travers une entrée cochère donnant sur la cour intérieure. Celle-ci a remplacé, au début du XIXe siècle, l'ancienne entrée charretière précédée du pont-levis en regard de la façade nord, dispositif attesté notamment par la carte de Ferraris (vers 1770). Pour ce qui concerne les jardins, ce document est malheureusement peu éloquent. Le tracé de la grande terrasse étant peu lisible, il ne peut donc étayer les descriptions de Saumery. Un siècle plus tard, l'entièreté des jardins est affectée en potager et autres espaces productifs. Les jardins actuels résultent de replantations effectuées à partir de 1950. Cette année-là, une plantation en U de tilleul palissé est mise en place en regard de la façade principale (au nord). Celle-ci vient encadrer deux grands parterres de gazon aux angles découpés, traversés d'un chemin axial bordé de plates-bandes de rosiers incluant six topiaires de buis. Une grille basse ferme cette ancienne voie d'accès. La plus grande partie du jardin s'étend vers l'ouest, selon un axe perpendiculaire marqué à proximité de la tour par un large escalier en pierre. La longue terrasse engazonnée, rythmée de quelques ifs taillés, est maintenue sur l'emprise des jardins du XVIIIe siècle et toujours limitée, sur ses longs côtés, de ses murs d'enceinte anciens. A son extrémité ouest, deux courtes lignes de hêtre pourpre referment ce bel espace en l'isolant de la partie boisée du parc. Celle-ci se distribue de part et d'autre de la grande perspective axiale engazonnée, nouvellement replantée d'une allée de hêtre en direction d'une ancienne grille d'entrée.
Éléments architecturaux : La plus grande partie de la propriété est entourée de beaux murs en moellons calcaires, percés (au nord et à l'ouest) de deux entrées fermées par des grilles en fer forgé. Depuis le jardin bas, une large volée droite de six marches de calcaire, flanquée de piliers carrés sommés d'un amortissement décoratif, donne accès à la longue terrasse ouest. A l'extrémité de celle-ci et prolongeant cet axe, une deuxième volée droite plus élevée mène à une longue rampe gazonnée desservant l'entrée est. Deux petits escaliers occupent encore les angles nord-ouest et sud-ouest de la terrasse, aujourd'hui compris sous les frondaisons basses des hêtres pourpres plantés en alignement au pied du talus qui forme la limite orientale de la terrasse. Une colonne basse en calcaire baguée ponctue le centre de la composition.
Éléments végétaux : Le jardin bas est planté, sur trois côtés, d'un alignement simple de tilleuls à grandes feuilles (Tilia platyphyllos) palissés dont la disposition en U répond à l'emprise de la belle façade nord. Des topiaires de buis (Buxus sempervirens) rythmant d'étroites plates-bandes de rosiers rouges (Rosa polyantha) accompagnent le chemin axial gravillonné. Un frêne (Fraxinus excelsior) isolé occupe l'angle sud de ce jardin. Des topiaires en boule et une haie basse soulignent le pied de la façade. Sur la longue terrasse ouest, de maigres topiaires d'if (Taxus baccata) rythment l'allée principale axée sur la grande perspective tracée à partir de l'entrée ouest. Celle-ci a été tout récemment plantée d'une allée de hêtre pourpre (Fagus sylvatica 'Atropurpurea'). Deux sections (l'une de six et l'autre de sept sujets) de hêtre pourpre (Fagus sylvatica 'Atropurpurea') plantées au pied du talus de la terrasse, dans les années 1970, forment un écran végétal dense et sombre, interrompant la vue vers la partie haute du jardin occupée par un sous-bois mixte traversé d'allées.
Potager : Un schéma de plantation de la grande terrasse, dressé dans les années 1940, atteste d'une volonté d'associer des fruitiers en espaliers avec des groupes de vivaces. Parmi les nombreuses variétés de poires, sont mentionnées : « Beurré d'Amanlis, Double Philippe, Durondeau, Duchesse d'Angoulême, Beurré Hardy, Beurré Diel, Clapse Favorite, Jules d'Airoles, Doyenné du Comice, Conseiller à la Cour, Beurré Superfin, Alexandre Luca, Beurré d'Hardenpoint, Bon Chrétien William, Précoce de Trévoux, Zephirin Grégoire, Louis Bonne d'Avranche, Joséphine de Molène, Beurré Stedens, Beurré Sixte, Triomphe de Jodoigne ». Parmi les pommiers : « Empereur Alexandre, [Reinette] Sans Pareil, Pomme framboise, Cox Orange, Calville Rouge, Reinette de France, Reine des Reinettes, Reinette du Canada, Peas Good non Such, Calville Blanche, Reine des Vergers ». De ce projet témoignant d'une sélection représentative de pommiers et de poiriers, il ne subsiste que quelques sujets palissés sur le mur sud de la grande terrasse. Dans le mur opposé, une porte précédée de quelques marches donne accès à une cave probablement destinée à la bonne conservation des fruits et des légumes.
État de conservation : L'ensemble du jardin subsiste dans son emprise et ses niveaux anciens comme le montre bien l'interprétation réalisée à partir des descriptions de P.-L. de Saumery dans les « Délices du Païs de Liège » vers 1740. Toutefois, la totalité de son décor végétal a disparu, notamment les carrés en broderies ponctués de topiaires d'angle qui occupaient la grande terrasse et le jardin bas. La plus grande partie des murs de soutènement et des escaliers reliant les terrasses sont parfaitement conservés. Toutes les plantations décoratives ont été mises en place durant la première moitié du XXe siècle. En partie haute du jardin, deux galeries de treillage établies de part et d'autre de l'escalier central dominaient la grande terrasse où elles formaient deux couloirs ombragés ouvrant des vues en direction du château. Ces galeries ont disparu après la Seconde Guerre. Dans les sous-bois subsistent des parties d'un tracé ancien en étoile.
Maintenance : La grande terrasse et le jardin bas regardant la belle façade font l'objet de soins attentifs et justifiés. Des interventions et replantations récentes ont permis de dégager à nouveau la longue perspective en direction de l'est. De part et d'autre de celle-ci, il serait heureux de réorganiser l'espace, de manière à retrouver une lecture d'ensemble du jardin aujourd'hui troublée par la présence de la ligne de hêtre pourpre.
Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 136/2
Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 48/1 (Andenne) Impr. coul. 1891
Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 48/1
Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 48/1/3
Autre(s) source(s) cartographique(s) :
Schéma de plantation des fruitiers. Croquis à l'encre indiquant l'emplacement de chaque
souche, accompagné du nom de la variété, non daté (Archives du château).
Bonneville. Gouache d'Adrien de Montigny. In : DUVOSQUEL Jean-Marie (dir.), Album
de Croÿ, t. I : Propriétés des Croÿ (vol. I), Bruxelles, Crédit Communal de Belgique,
t. XV, 1987.
Vue du château de Bonneville. Dessin de Baudouin de Theux de Meylandt et Montjardin.
Interprétation d'après la description de Bonneville de Pierre-Lambert de SAUMERY In :
Les Délices du Païs de Liège, t. IV, 1744, p. 445.
DE GROOTE Christine, Le guide des jardins de Belgique, Bruxelles, éd Racine, 1995, p. 176.
DE SAUMERY Pierre-Lambert, Les délices du Païs de Liège, t. 4, Liège, 1738-1744, p. 445-446.
GENICOT Luc-Francis (dir.), Le grand livre des châteaux de Belgique, Bruxelles, Vokaer, 1977, t. 2, p. 79.
LAMARCHE M.-N., « Bonneville », Maisons d'Hier et d'Aujourd'hui, n° 53, mars 1982, p. 42-71.
Le patrimoine monumental de la Belgique Wallonie, Liège, P. Mardaga, 1972 à 1997, vol. 5, t. 1, p. 88-89.
Intitulé du classement : Site
Éléments classés : alentours du château
Arrêté : 1982-10-19
Publié : oui
Superficie : 6,5 hectares
Auteur du formulaire : Serge Delsemme / Nathalie de Harlez de Deulin
Date de création de la notice : 2000-02-06
Statut du jardin : privé
Accueil du public : fermé au public
Classement : Site
Type de jardin : À la française