Identification et description | |
---|---|
Nom du jardin | Jardins de l'abbaye Notre-Dame de Saint-Remy |
Date de création | milieu du XVIIIe siècle; début du XIXe siècle; années 1970; 1990 |
Province | Namur |
Arrondissement | Dinant |
Commune | Rochefort |
Coordonnées | Abbaye de Saint-Remy5580, Rochefort |
Localisation | Latitude : 50.17836670000001 |
Longitude : 5.2210966999999755 |
L'abbaye fondée en 1230 par Gilles de Walcourt, seigneur de Rochefort, abrite jusqu'en 1464 des moniales cisterciennes, remplacées à partir de cette date par des moines. Initialement dédiée au « Secours Notre-Dame », elle prend ensuite le nom de Saint-Rémy, patron de l'église paroissiale d'un village voisin aujourd'hui disparu. L'ensemble clôturé en brique et pierre calcaire est isolé au cœur de la vallée du Biran, au nord de la ville de Rochefort. Au début du XVIIIe siècle, Saumery souligne déjà les qualités du site, des magnifiques bois de haute futaie qui l'environnent et du beau marbre que l'on extrait des carrières proches. Supprimée à la Révolution française, l'abbaye n'est officiellement rétablie qu'en 1887 par l'ordre de la Trappe. Le complexe édifié du XVIe au XVIIIe siècle est partiellement détruit au début du XIXe siècle, notamment l'église abbatiale, un grand vaisseau gothique dont le volume dominait au sud le quartier de l'abbé et le cloître jointif.Au nord-est, un porche gothique (1525-1539) de deux niveaux percé d'un portail charretier en plein cintre cotoye la Porterie transformée en 1883. Des passages carrossable et piéton donnent accès à une vaste cour fermée au nord et au nord-est par deux ailes perpendiculaires d'étables, à l'ouest par le quartier des hôtes et la brasserie (1960) et, vers l'ouest, par une grange en long (1701) prolongée perpendiculairement par une aile de dépendances comprenant un moulin à grains dont la machinerie occupe encore deux des trois niveaux tandis que la grande roue métallique est protégée à l'arrière sous un étroit appentis du XIXe siècle. Actuellement mise hors service, son alimentation est assurée par deux grands bassins-réservoirs situés vers le sud. Le bassin supérieur, le plus grand est compris hors de l'enceinte, tandis que le second, partiellement aménagé pour l'agrément, participe du jardin extérieur de l'abbaye planté dans les années 1970. Celui-ci est parcouru d'une promenade agréable et variée agrémentée d'une circulation d'eau reliant le pied de la Porterie à l'extrémité sud de l'enceinte où la vue s'ouvre sur une colline boisée.Les jardins intérieurs sont accessibles depuis une cour-jardin aménagée entre le quartier de l'abbé et les volumes du moulin. Des haies et des végétaux taillés accompagnés d'arbustes variés définissent deux espaces de repos autour de beaux bassins de marbre polylobés, seuls éléments anciens de cet ensemble. Au-delà d'une clôture, on accède au grand jardin intérieur établi sur plusieurs niveaux du coteau dominant l'abbaye au sud-ouest. L'angle inférieur à l'ouest abrite un jardin rectangulaire « intra-muros » bordé sur un côté par une galerie de bois dont le centre est occupé par un bassin circulaire reposant sur un emmarchement de pierre. Deux portes de bois sont percées dans l'enceinte. La principale, au sud, s'ouvre sur le repos d'un escalier à double volée convergente. Déjà évoqué sur les documents anciens, ce jardin a été entièrement redessiné dans les années 1970 par un membre de la communanuté qui s'est librement inspiré de l'esprit d'un jardin clos médiéval.En regard de l'entrée haute de ce jardin, un bassin circulaire formé d'une margelle en marbre moulurée intègre quatre beaux visages sculptés évoquant des masques dont les bouches crachent de hauts et fins jets d'eau s'entrecroisant au-dessus du bassin. A ce niveau du jardin subsiste l'ancien espace potager converti en surface gazonnée. Depuis le bassin, de courtes volées d'escaliers montent doucement vers une allée de marronnier plantée sur la longueur du coteau puis, sur la droite, au cimetière enclos de la communauté dont l'entrée est scandée de hauts piliers de pierre reliant des panneaux grillagés. La totalité des tombes est constituée de volumes de buis taillé, rythmés de sobres croix de métal identiques.Ces jardins, en grande partie réaménagés dans les années 1970, exploitent avec raison et intelligence les caractères naturels et les potentialités hydrauliques du site ancien. la sobriété des aménagements intégrant toutefois des ambiances végétales contrastées, participe d'une volonté d'offrir à la communauté religieuse différents espaces jardinés invitant à la rélfexion et à la méditation. Le dernier jardin créé en 1990 devant l'église en exploitant les qualités de pérennité du buis associées à la symbolique des formes géométriques simples, respecte les mêmes principes.
Éléments architecturaux : A proximité du pignon sud-ouest des dépendances, deux hauts piliers carrés en marbre de Saint-Rémy du XVIIIe siècle, épaulés de murets courbes, marquent encore l'entrée d'un ancien jardin dont l'entièreté du décor a disparu. Deux courts piliers et deux amortissements décoratifs rehaussent le dispositif. Une seconde paire de piliers, plus récente, flanque l'entrée surélevée du cimetière des moines. En contrebas, deux piliers panneautés posés sur de hautes basses carrées et sommés d'amortissements sphériques encadrent une élégante volée de cinq marches prise dans un mur de soutènement. Le même dispositif se répète sur l'axe perpendiculaire conduisant à la partie haute des terrasses au sud-est. On pénètre dans le jardin enclos ouest en passant une porte de bois insérée dans un mur de pierre donnant sur un repos vers lequel convergent deux volées droites hautes et étroites descendant vers l'étonnant bassin surélevé encadré de carrés de Simples.
Éléments végétaux : Dans l'axe de la Porterie (nord-ouest), courte allée de tilleul (Tilia x europaea) plantée après 1945. En contrebas de l'étang-réservoir « intra-muros », longues allées respectivement de marronnier et de tilleul implantées sur la longueur d'une des quatre terrasses étagées sur le coteau sud-est Plusieurs petits ensembles de topiaires de buis (Buxus sempervirens) en boule, plantés sur une trame serrée, accompagnent les anciens piliers d'entrée et les petits ouvrages de soutènement. Dans le cimetière des moines, les tombes sont matérialisées par des tables et des haies basses de buis (Buxus sempervirens). Quelques hauts arbres et bouquets d'arbres indigènes (hêtre, bouleau, érable, chêne) apparaissent de manière dispersée, principalement sur le haut et le bas du coteau. Le jardin enclos à l'ouest est divisé en une suite de vingt-quatre petits carrés de culture consacrés aux simples (plantes officinales et médicinales) dont l'usage est couramment attesté dans les abbayes cisterciennes.
Potager : Disparu depuis 1960, il occupait l'actuelle terrasse gazonnée précédée de hauts piliers accostés de murets courbes.
L'eau : Un important réseau hydraulique lié à la fois à l'activité économique de l'abbaye par l'alimentation de son moulin à grains et l'approvisionnement d'une suite de bassins de fontaine décoratifs constitue un témoignage tout à fait remarquable de l'utilisation et de la conduite des eaux au sein d'un site cistercien.
Éléments remarquables : Au sud-est des bâtiments abbatiaux figurent deux grands étangs-réservoirs destinés à l'alimentation du moulin auquel ils sont reliés par divers ouvrages d'adduction et de régulation. Le plus grand des deux, de forme trapézoïdale, est situé à l'extérieur de l'enceinte. Ses berges en moellons de grès ont fait l'objet d'un remontage récent. Le second étang de plus petite taille, rectangulaire et compris en contrebas, a été aménagé vers 1950 en bassin de natation. Deux buffets d'eau récents (XXe siècle) sont compris dans les talus gazonnés qui surplombent les circulations conduisant aux étangs respectifs. Plusieurs bassins décoratifs en marbre de Saint-Remy rehaussent les jardins intérieurs de l'enclos abbatial.A proximité de la Porterie et de l'aile des dépendances sud-est, un premier bassin polylobé à angles droits sortants s'inscrit au centre d'une aire de repos. Au pied du quartier de l'Abbé figure un bassin quadrilobé à margelle moulurée sur plusieurs niveaux, dont le centre est occupé par un élément en pierre évasé et sculpté entièrement moussu. Un troisième bassin circulaire, particulièrement élégant, rehausse le cœur des jardins. Bordé d'une fine margelle moulurée, il est ponctué de quatre beaux masques de pierre sculptée d'où s'élancent de hauts jets d'eau en arc de cercle. Un jardin enclos rectangulaire occupe l'angle ouest d'un parc bordé d'un promenoir de bois. Un grand bassin circulaire à hautes parois serties dans un anneau de végétal taillé en occupe le centre où il repose sur un large emmarchement carré. Contrairement aux trois précédents, ce bassin a été rapporté d'un jardin de France où il avait fonction de réservoir.
État de conservation : Dès le milieu du XVIIIe siècle, l'abbaye possède un moulin à grains justifiant la présence de deux grands bassins-réservoirs au sud-est de l'enclos monastique participant aujourd'hui à l'alimentation du réseau hydraulique à travers les jardins. Vers la même époque, et attesté par la carte du Comte de Ferraris, existe déjà dans l'angle nord-ouest, un grand jardin enclos divisé symétriquement en son cpar quatre carrés cultivés entourant un bassin circulaire. Cet espace est actuellement partiellement occupé par un nouveau jardin de simples réparti en petits carrés au pied d'un ample bassin circulaire rapporté dont les parois sont couronnées d'un large tore. L'entièreté des circulations de ce jardin, des revêtements de sol et de la galerie de bois au nord résultent d'une intervention des années 1970, époque où les moines de l'abbaye ont remodelé une grande partie des jardins tant à l'intérieur de l'enclos qu'à l'extérieur. La dernière création (1990) est le jardin de buis précédant la nouvelle église abbatiale dont le matériau souligne le caractère éminemment symbolique.La perte des archives antérieures au XIXe siècle et l'absence de sources iconographiques fidèles pour cette époque rend la lecture historique du site difficile et aléatoire. Trois des bassins en marbre local sont anciens (XVIIIe et XIXe siècle) mais ont probablement été déplacés à plusieurs époques. L'aménagement du coteau, en contrehaut du grand jardin enclos, semble plutôt relever du début du XIXe siècle sans pouvoir toutefois le dater plus précisemment. La lithographie d'après Vasse (vers 1844) où figurent les hauts piliers d'entrée du potager pourrait corroborer cette hypothèse.
Maintenance : La majorité des espaces réaménagés dans les années 1970 comporte un grand nombre d'éléments végétaux taillés avec soin et précision, en particulier dans le cimetière des moines, dans le jardin de l'église abbatiale (1990) et à proximité des hauts piliers en calcaire et des ouvrages de soutènement au pied du coteau. L'ensemble du réservoir d'alimentation est maintenu en parfait état de fonctionnement approvisionnant quatre bassins décoratifs. Les promenades le long du coteau sont proprement dégagées et les surfaces enherbées sont régulièrement tondues.
Grand bassin supérieur inclus dans l'enceinte abbatiale mais relevant du jardin extérieur. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie
Bassin de fontaine au cœur des jardins intérieurs. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie
Des suites de topiaires et de petits ouvrages d'art en pierre ponctuent les cheminements des jardins intérieurs réservés aux membres de la communauté. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie
Le cimetière de la communauté traité en jardin clos occupe une des terrasses des jardins intérieurs. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie
Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 157/3
Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 59/3 (Rochefort) Impr. coul. 1909
Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 59/3
Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 59/3/1
Autre(s) source(s) iconographique(s) :
DE SAUMERY Pierre-Lambert, Les délices du Païs de Liège, Liège, 1743, t. 3, p. 55.
VASSE Abraham-Jacques, La province de Namur pittoresque ou vues des châteaux, des sites pittoresques, des
ruines et des monuments de la province, dessinées d’après nature. Lithographiées par
Lauters, Fourmois, Ghémar, Kindermans, Bruxelles-Paris, [1844].
Le patrimoine monumental de la Belgique Wallonie, Liège, P. Mardaga, 1972 à 1997, vol. 3, t. 22, p. 1010-1014.
VASSE Abraham-Jacques, La province de Namur pittoresque ou vues des châteaux, des sites pittoresques, des ruines et des monuments de la province, dessinées d’après nature. Lithographiées par Lauters, Fourmois, Ghémar, Kindermans, Bruxelles-Paris, [1844], p. 30-31.
Mérite le classement pour : ensemble du parc y compris les deux étangs-réservoirs
Publié : oui
Superficie : environ 2 hectares
Auteur du formulaire : Serge Delsemme / Nathalie de Harlez de Deulin
Date de création de la notice : 2002-03-27
Statut du jardin : privé
Accueil du public : fermé au public
Type de jardin : À la française