Identification et description
Nom du jardin Parc du Château de Vonêche
Nom ancien Verrerie Ste Anne
Nom ancien Verrerie impériale et royale de Vonêche
Nom ancien Cristallerie de Vonêche
Date de création 1806; 1823 (pavillon chinois); 1844-1846 (orangerie); 1902; à partir de 1970
Province Namur
Arrondissement Dinant
Commune Beauraing
Auteur/ Créateur comte Cornet de Ways-Ruart (1844-1846)
Coordonnées rue Le Parc5570, Vonêche
Localisation Latitude : 50.0568513
Longitude : 4.980962200000022

Historique

Sur le plateau planté jadis de coudriers et déjà occupé à partir de 1778 par la verrerie Sainte-Anne, le maître verrier français Aimé-Gabriel d'Artigues, créateur du cristal de Baccarat, fonde une cristallerie qui rivalisera avec celle du Val-Saint-Lambert jusqu'en 1830, date de sa fermeture définitive. Au nord-ouest de celle-ci est construit en 1804 un château de style néo-classique. Les façades, en briques enduites et pierres calcaires,sont largement ouvertes par neuf travées de fenêtres à linteau droit. Le portail est précédé d'un grand escalier du début du XXe siècle orné de vases en fonte. L'ensemble est coiffé d'une imposante toiture à la Mansart éclairée par trois niveaux de lucarnes ainsi que par un belvédère garni de balustrades en bois; l'ensemble est couvert d'une toiture bulbeuse. Depuis ce belvédère, grâce à de larges percées tracées dans les zones boisées, s'ouvre un panorama axé au nord sur l'Ardenne et au sud sur la Famenne. Une lithographie d'après Wasse présente une vue de la façade sud précédée d'un petit jardin régulier disposé sur une terrasse retenue par un mur de soutènement et marqué en son centre par un bassin animé d'un jet d'eau. S'il est vraisemblable qu'un tel jardin ait existé, la topographie des lieux apparaît fantaisiste.En 1823, le parc est enrichi d'un pavillon chinois en bois provenant de Baccarat. Entre 1844 et 1846, les bâtiments de l'ancienne verrerie sont démolis et la propriété est aménagée en parc à l'anglaise par le comte Cornet de Ways-Ruart, ingénieur agronome et passionné d'horticulture. Les zones boisées sont réduites et replantées d'essences nobles ou converties en surfaces enherbées mettant en valeur le relief ondoyant naturel du terrain. Au sud, un bassin rectangulaire creusé dans un léger boulingrin précède un jardin vallonné ponctué de nombreuses plantations paysagères (cèdre de l'Atlas, marronniers, tulipiers) délimitant différents espaces gazonnés et encadrant de nouvelles perspectives. Au nord, en vis-à-vis du château, est construite en 1846 une imposante orangerie comptant aujourd'hui parmi les plus remarquables de Belgique. Un vaste plan d'eau établi aux abords de l'édifice conclut cette longue perspective rythmée de nombreux arbres solitaires.La propriété appartenant depuis 1890 au comte d'Huart est saccagée en 1902 par de violentes tempêtes. Le château est foudroyé à plusieurs reprises et de nombreux arbres remarquables sont décimés. L'ensemble du domaine fait alors l'objet d'importants travaux de reconstruction et de restauration tout en conservant la composition originale du parc. Quelques années plus tard, celui-ci est agrandi; de nouvelles plantations sont mises en place (dont de nombreux séquoias), la topographie des pelouses accuse un relief plus marqué et de nouvelles échappées sont ménagées dans les zones boisées. L'une d'entre elles conduit à l'authentique pavillon chinois environné de massifs de rhododendron.Une ancienne piscine transformée en bassin d'agrément et décorée d'éléments pittoresques d'inspiration orientale (passerelle et lanternes) complète l'ensemble depuis les années 1970. Lors des deux grandes guerres, la propriété désertée est réquisitionnée par l'Occupant et de nombreuses dégradations y sont malheureusement occasionnées tant au bâti qu'au parc. En 1945, le vaste potager abritant une serre à vigne est définitivement désaffecté. Depuis les années 1950, de nouvelles plantations complètent le dispositif ancien et des massifs fleuris placés à l'avant scène des perspectives rehaussent ce bel ensemble paysager.

Description

Éléments architecturaux : Au nord, une grille d'entrée s'ouvre sur la propriété. Au sud-ouest du parc, une glacière sous tertre en grande partie effondrée est aujourd'hui condamnée. Au nord se dressent les murs de clôture en moellons calcaires de l'ancien potager.

Éléments végétaux : Cette vaste propriété accueille de nombreux sujets remarquables. Le long du chemin reliant le château à l'orangerie, un cèdre de l'Atlas dépérissant (Cedrus atlantica), un wellingtonia (Sequoiadendron giganteum), deux tulipiers (Liriodendron tulipifera), un genévrier de Virginie (Juniperus virginana), un pin sylvestre (Pinus sylvestris), un frêne commun (Fraxinus excelsior). A l'arrière de l'orangerie, bordant un plan d'eau, un chêne des marais (Quercus palustris), une allée de marronnier d'Inde (Aesculus hippocastanum) et quelques vestiges de topiaires d'if (Taxus baccata) et de buis (Buxus sempervirens). A l'ouest du château, deux houx (Ilex aquifolium) et un massif de rhododendron (Rhododendron ponticum). Au nord de la propriété, le long des sentiers de promenade ou isolés dans les larges pelouses, un catalpa (Catalpa bignonioides), un robinier faux-acacia (Robinia pseudoacacia), un tsuga du Canada (Tsuga canadensis), trois wellingtonias (Sequoiadendron giganteum), un hêtre pleureur (Fagus sylvatica 'Pendula'), un sapin pectiné (Abies alba), un marronnier d'Inde (Aesculus hippocastanum) et un chêne des marais (Quercus palustris). Dans la zone boisée proche de la glacière, une cépée d'érable sycomore à cinq troncs (Acer pseudoplatanus). Quelques massifs de rhododendron (Rhododendron ponticum) disséminés dans le parc.

Potager : Situé au sud de la propriété et à l'ouest de l'orangerie, vaste potager d'un hectare ceinturé d'un haut mur en pierre. Les murs nord et sud sont interrompus par une grille cantonnée de piliers en pierre. Désaffecté depuis 1945, ce vaste espace enherbé flanqué d'une vieille serre à vigne adossée au mur sud devrait prochainement accueillir une pépinière d'arbustes de collection.

L'eau : Plusieurs plans d'eau agrémentent la propriété. Le long du chemin menant à l'orangerie, petit bassin en pierre asséché. Au sud-est de l'orangerie, vaste plan d'eau de forme ovoïde ceinturé de hautes tiges. Dans l'axe de la façade, bassin rectangulaire en pierre inscrit dans un boulingrin, alimenté par une source canalisée située hors des limites du domaine. En vis-à-vis du pavillon chinois, une ancienne piscine est transformée depuis les années 1970 en plan d'eau décoratif. Une petite passerelle en béton d'inspiration orientale, ponctuée de lanternes chinoises, est jetée sur sa largeur.

Éléments remarquables : En regard du château se dresse une orangerie remarquable par son classicisme et ses dimensions. Construite en 1846 sous le comte Cornet de Ways-Ruart, sa façade se compose de onze travées rythmées par des colonnes ioniques. Des pilastres soulignent la travée centrale. L'ensemble est surmonté d'un entablement en bois et d'un attique en pierre scandé de piédestaux qu'interrompt au centre un fronton évidé d'un arc dans lequel s'encastre un cadran solaire en schiste. Les faces latérales du bâtiment sont divisées par trois travées en plein cintre séparées de pilastres. L'ensemble est coiffé d'une bâtière d'ardoise à croupes. A l'intérieur, on retrouve la même alternance de pilastres et d'arcades stuquées en plein cintre. Le plafond en berceau est d'une hauteur impressionnante. Autrefois, cette orangerie bénéficiait d'un système de chauffage logé dans les dépendances à l'arrière. Sur le sol, le carrelage de terre cuite a disparu suite aux dommages causés par les tanks allemands entreposés durant la Seconde Guerre mondiale. Derrière le château, la perspective principale s'achève sur un pavillon chinois importé depuis Baccarat par Aimé-Gabriel d'Artigues en 1823. L'édicule octogonal en bois où des panneaux peints de scènes chinoises alternent avec des portes vitrées, est surmonté d'une lanterne coiffée autrefois de tuiles bleues vernissées aujourd'hui remplacées par des tuiles de terre cuite. Lors de ces travaux de rénovation, la courbe de la toiture a malheureusement été abandonnée au profit de huit pans de toiture droits. Un lanterneau à huit pans éclaire le centre du pavillon. A l'intérieur, un parquet en étoile et des potences en fonte pour la suspension de rideaux sont conservés.

État de conservation : En 1806, Aimé-Gabriel d'Artigues, maître verrier français, fait édifier un château à l'est du village de Vonêche. Au nord-est de la demeure s'étendait déjà la verrerie Sainte-Anne de 1778 qui perdurera pendant de nombreuses années avant de disparaître complètement vers 1830. Un jardin régulier agrémentait probablement la façade sud du château comme semble le confirmer une lithographie d'après Wasse présentant une vue axiale du château. Cette représentation d'un jardin régulier paraît quelque peu utopique eut égard à la topographie actuelle du site qui accuse à cet endroit une forte pente et ne conserve aucun élément des soutènements visibles sur la lithographie. En 1823, sous Artigues, une pagode chinoise octogonale est transférée de Baccarat à Vonêche et implantée au sud du château. Vers 1844, sous le comte Cornet de Ways-Ruart, les abords du château et des différents bâtiments reçoivent un aménagement paysager précédé de quelques éléments traditionnels (un bassin rectangulaire axé sur la façade arrière, une cour d'honneur hémisphérique, un chemin axial reliant le château à une imposante orangerie de style classique construite en 1846) toujours existants.A partir de 1890, la propriété du comte d'Huart accueille une congrégation religieuse pendant quelques années. En 1902, de violentes tempêtes ravagent l'ensemble de la propriété. La majorité des hautes tiges déracinées dans les massifs boisés est enlevée et replantée à l'identique et une partie du château est reconstruite. A cette époque également, lors d'importants travaux de restauration, le parc fait l'objet d'une nouvelle étude paysagère. La topographie du terrain est modifiée, de nouvelles hautes tiges - dont plusieurs séquoias - sont plantées dans les pelouses et quelques échappées sont percées; la plus remarquable et la mieux conservée est celle axée sur l'authentique pavillon chinois ramené par d'Artigues. Durant la Première Guerre, le château est abandonné et occupé par l'armée italienne qui l'affecte en hôpital. Dès 1940, le château est réquisitionné par l'armée allemande. L'orangerie est transformée en atelier de réparation de tanks provocant la perte de son carrelage en terre cuite centenaire. D'importantes déprédations sont alors occasionnées dans la propriété, principalement aux arbres. En 1945, le vaste potager est définitivement désaffecté. Dans les années 1970, une piscine est creusée en regard de la pagode et rapidement transformée en bassin d'agrément décoré de sculptures et d'une passerelle d'inspiration chinoise. Depuis une cinquantaine d'années, des replantations sont effectuées de manière régulière. A la fin de l'année 2000, une bande boisée a été expropriée pour élargir la voirie longeant la propriété au nord-ouest.

Maintenance : Cette vaste propriété bénéficie d'un entretien suivi et continu. Les grandes surfaces enherbées sont tondues ou fauchées régulièrement, les nombreux massifs fleuris et arbustifs reçoivent tous les soins nécessaires. Les nombreux éléments pittoresques du parc (orangerie, glacière, pagode... ) font l'objet d'une vigilance constante afin de les préserver. Si l'état sanitaire de nombreux arbres remarquables contemporains des premiers aménagements sont dans un état médiocre, la replantation des années 1902 et le renouvellement continu assuré depuis une cinquantaine d'années garantissent d'ores et déjà la pérennité du parc. Les percées réalisées dans la zone boisée mériteraient d'être mieux ouvertes.

Cartographie

Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 141/1

Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 58/8 (Vencimont) Impr. coul. 1895

Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 58/8

Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 58/8/2

Iconographie

Autre(s) source(s) iconographique(s) :
VASSE Abraham-Jacques, La province de Namur pittoresque ou vues des châteaux, des sites pittoresques, des ruines et des monuments de la province, dessinées d’après nature. Lithographiées par Lauters, Fourmois, Ghémar, Kindermans, Bruxelles-Paris, [1844].

Bibliographie

BAUDOUIN Jean-Claude et de SPOELBERCH Philippe, Arbres de Belgique. Inventaire dendrologique 1987-1992, s.l., 1992, p. 457.

GENICOT Luc-Francis (dir.), Le grand livre des châteaux de Belgique, Bruxelles, Vokaer, 1977, t. 2, p. 272.

Le patrimoine monumental de la Belgique Wallonie, Liège, P. Mardaga, 1972 à 1997, vol. 1, t. 22, p. 198-200.

Recensement des arbres et haies remarquables de Wallonie, Ministère de la Région Wallonne.

Informations administratives

Mérite le classement pour : orangerie néo-classique (1846) et pavillon chinois co monument; le parc co site.

Publié : oui

Superficie : 19 hectares

Informations complémentaires

Auteur du formulaire : Didier Hoyos / Odile Moreau

Date de création de la notice : 2001-07-09

Caractéristiques du parc/jardin

Statut du jardin : privé

Accueil du public : fermé au public

Type de jardin : À la française