Au coeur d'un vallon boisé s'élève le château de Fontaine, ancien siège de la seigneurie du même nom. Adoptant un plan en U, le château construit aux XVIe et XVIIe siècles est flanqué de trois tours d'angle circulaires et intègre, dans l'angle nord-est un donjon du XIIIe ou du XIVe siècle. D'après la description des lieux par Saumery et comme le montre encore la carte Ferraris, au milieu du XVIIIe siècle l'ensemble castral était accompagné de deux jardins emmurés formant terrasses : la terrasse méridionale était agrémentée d'un jardin régulier dont les angles sud étaient occupés par des pavillons d'angle carrés tandis que la terrasse orientale était réservée à la culture fruitière. Depuis la basse-cour, on entrait dans : « un beau Jardin, c'est un grand carré long en terrasse, soutenue d'un mur de pierre élevé à hauteur d'apui, et garni de tablettes de marbre brut, qui regne sur toute la longueur, parallele au corps de Logis bâti sur les longues faces de la Cour et de la basse Cour. Cette terrasse est bordée en dedans d'arbres fruitiers à demi vent, et le mur qui la soutient, est tapissé en dehors de très-beaux espaliers, ainsi que les murs des Bâtiments. Elle n'est séparée d'une prairie, qui regne au long, que par une haie d'Aubepine taillée à hauteur d'appui, et continuée tout autour; l'on y voit une quantité de toutes espèces d'arbres fruitiers de haut vent, dont elle est environnée. Du pié de cette haie s'élève, insensiblement une Coline, où l'on cultive un grand et beau verger, qui s'étend jusqu'au charmant Bocage, dont la pente et la cime sont couvertes. Au bout du Jardin est une grille, soutenuë de deux grands Pilastres d'ordre Toscan, qui en sont la communication avec un très-vaste verger des mieux entretenu, et borné par des Colines garnies de bois, dont la perspective est charmante. En face, à l'autre bout, est une petite loge, d'où l'on peut jouir de cette longue et agréable perspective. L'alée, qui regne au long de la terrasse, est terminée par un joli Pavillon en Mansarde, et ornée au milieu d'un jet d'eau avec bassin revêtu de belle pierre. La promenade y est des plus gracieuses par les amusantes perspectives qui s'y présentent en face et aux deux côtés. » (DE SAUMERY P.L., IV, p. 360-361).A l'ouest, longeant l'ancienne allée d'honneur, s'étend encore un vaste potager emmuré - dont l'implantation relève sans doute du début du XVIIIe siècle -, aujourd'hui divisé en son centre par un bâtiment (peut-être une ancienne orangerie) prolongé de remises en ruines. A l'est, différentes parcelles de culture s'articulaient autour d'un bassin central de plan carré. A l'ouest, un verger occupait l'entièreté de l'espace. Bien que délaissé depuis de nombreuses années, ce potager conserve la trace de son organisation ancienne encore matérialisée par la présence de segments de haies, d'un bassin central et de quelques fruitiers dépérissants sous le couvert d'un épais taillis. Fortement remaniée vers 1909, la propriété du vicomte Eugène de Jonghe est alors agrémentée de nouveaux jardins dessinés par le paysagiste parisien Achille Duchêne. Les anciennes terrasses au sud et à l'est sont maintenues mais réaménagées en jardins réguliers. La partie orientale du potager est remplacée par un petit jardin centré sur l'ancien bassin carré. Dans les années 1930, Eugène de Jonghe vend la propriété à son beau-fils René Boël qui la cèdera quelques années plus tard à un industriel de Beauraing, A. Swaelens. Ce dernier fait aménager des appartements et un restaurant dans le château. Depuis, les jardins d'Achille Duchêne ont été fortement simplifiés. Une suite de trois carrés de gazon rythme toujours la longue terrasse sud. Des topiaires de buis taillés en boule accompagnent les limites des carrés, contrastant avec les imposants topiaires cubiques d'if à deux étages marquant les angles. Un aménagement similaire mais simplifié, ainsi que la terrasse est, centré sur un petit bassin, subsiste sur le prolongement de l'enclos potager. Depuis les terrasses s'offre une large vue sur des prairies et des vergers (jadis plus nombreux) et, au-delà, vers les collines boisées ponctuées de quelques hêtres pourpres.