Identification et description | |
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Nom du jardin | Parc du Château Saint-Roch |
Date de création | milieu du XIXe siècle (parc); vers 1950 (cour) |
Province | Namur |
Arrondissement | Philippeville |
Commune | Couvin |
Coordonnées | Route de Frasnes, 6-165660, Couvin |
Localisation | Latitude : 50.05197 |
Longitude : 4.494570000000067 |
Le site du château Saint-Roch est implanté sur la rive gauche de l'Eau Noire où il accueille, dans la première moitié du XVIIIe siècle, une intense activité sidérurgique conduite par Jean-Jacques Desaudrouin, propriétaire du domaine et important industriel de la région de Charleroi. A la fin de ce siècle, en pleine Révolution, les lieux sont réquisitionnés comme armurerie nationale et accueillent des fonderies à canons. En 1813, le maître de forges Hannonet-Gendarme y crée une industrie de hauts fourneaux qui fait faillite en 1833. Durant ces deux siècles, les bâtiments industriels se multiplient sur les lieux. Aujourd'hui, la vaste cour pavée est bordée au nord par un logis construit en trois étapes. Au centre, la partie la plus ancienne de style classique est datée 1739. Celle-ci est prolongée d'une aile vers la droite durant la seconde moitié du XVIIIe siècle et d'une autre à gauche au début du XIXe siècle. Au XXe siècle, une tour carrée apparaît au pignon ouest. Autour du logis s'articulent différents bâtiments : complexe agricole de la première moitié du XVIIIe siècle, écuries de la fin du même siècle, constructions industrielles des XIXe et XXe siècles. Cette industrialisation du site nécessite l'aménagement d'un réseau hydraulique avec retenue d'eau, pont-barrage, chute d'eau, canaux de dérivation. Vers le milieu du XIXe siècle, la propriété fait l'objet d'un nouvel aménagement intégrant ces témoins de l'hydraulique préindustrielle dans une composition paysagère. L'importante retenue d'eau, détournée de sa fonction originelle et agrémentée de deux petites îles, constitue aujourd'hui l'attrait principal du site par la diversité et la richesse de sa faune et de sa flore. Depuis le sud-ouest, une longue charmille de plusieurs centaines de mètres conduit au château, enjambant au passage le remarquable ouvrage d'art constitué par le pont-barrage, le canal de fuite et son bief. Depuis la façade nord-est du logis s'offrait une longue scène champêtre traversée par l'Eau Noire. Plusieurs ponts franchissant les bras d'eau proposaient différents circuits de promenade à travers la propriété. Cette longue perspective ponctuée de nombreux arbres séculaires, solitaires ou en bosquet, est bordée au nord-ouest d'une ceinture végétale et au sud-est d'un coteau arboré. Dans le courant des années 1950, la cour pavée est transformée en jardin régulier où des parterres de gazon ornés de topiaires de formes variées et de haies sont traversés de sentiers rectilignes. Dans les années 1960, l'agrandissement de la voirie limitrophe provoque la disparition d'une portion non négligeable du parc, privant celui-ci d'une partie du chemin de ceinture, de plusieurs arbres séculaires, de deux petites conciergeries et d'une partie du potager.
Éléments architecturaux : Parallèle à la chaussée, ensemble en moellons calcaires chaulés de la première moitié du XVIIIe siècle abritant l'ancienne ferme du château Saint-Roch composée d'une longue aile prolongée d'une grange et coupée d'un portail d'entrée. Celui-ci donne accès à une vaste cour pavée autour de laquelle s'articulaient autrefois corps de logis, bâtiments industriels de l'ancienne fonderie et écuries. Ce dernier bâtiment est une vaste construction en pierre de la fin du XVIIIe siècle montrant de nombreuses modifications dans les ouvertures aux XIXe et XXe siècles. Dans le prolongement de la ferme vers le sud, entrée de l'ancien potager marquée de piliers à refend en pierre classiques, surmontés chacun d'une urne également en pierre. A proximité de l'Eau Noire, ancien monte-charge formé d'une suite d'arches en plein cintre de hauteurs croissantes avec oculi circulaires dans les écoinçons. En regard du corps de logis, bâtiments néoclassiques et néogothiques de la fin du XIXe siècle. Au sud de l'ensemble bâti, pont-barrage du premier tiers du XIXe siècle, à trois arches surbaissées en calcaire et garde-corps en fonte. Implantée dans les bois à flanc de coteau, à l'est de l'Eau Noire, glacière sous tertre : petite construction circulaire précédée d'un couloir, dont la façade en moellons calcaires est percée en son centre d'une ouverture à linteau droit surmontée d'un fronton triangulaire. Sur l'Eau Noire, deux ponts métalliques : le premier (en amont) présente un tablier plat et un garde-corps simple; le second (au milieu des prairies), un tablier arqué. Enjambant le bief, trois petits ponts métalliques : les deux premiers simples et à tablier droit; le troisième en pierre avec tablier arqué et rambarde métallique est situé en fond de propriété, près d'un petit plan d'eau.
Éléments végétaux : Dans la cour d'honneur, quelques topiaires de buis (Buxus sempervirens) taillés en boule et une épaisse haie d'if (Taxus baccata), deux tilleuls de Hollande (Tilia platyphyllos) et deux marronniers d'Inde (Aesculus hippocastanum). Près de l'entrée du potager, un marronnier à fleurs rouges (Aesculus x carnea). Plus au sud, deux vieux charmes (Carpinus betulus) attestent encore l'existence d'une ancienne charmille disparue. Située au sud du vaste plan d'eau et bordant le chemin menant en fond de propriété, longue charmille (Carpinus betulus) de plusieurs centaines de mètres redevenue sauvage. Parallèlement à celle-ci, allée de marronnier d'Inde (Aesculus hippocastanum). Aux abords de l'ancien verger, un peuplier picard (Populus x canescens). Au nord-ouest de la ferme, alignement de tilleul (Tilia platyphyllos). A l'arrière du bâtiment principal, courte allée de platane (Platanus orientalis), quelques tilleuls communs (Tilia vulgaris). Bordant la propriété au nord et plantés en solitaires, quelques hêtres pourpres (Fagus sylvatica 'Atropurpurea'), frênes communs (Fraxinus excelsior), marronniers d'Inde (Aesculus hippocastanum), un frêne pleureur (Fraxinus excelsior 'Pendula') et un érable pourpre (Acer pseudoplatanus 'Atropurpureum'). Près du plan d'eau, un sorbier hybride (Sorbus x hybrida).
Potager : Situé à l'ouest de l'ancien complexe métallurgique, le potager a perdu sa fonction au début des années 1960 suite à l'élargissement de la route provinciale longeant la propriété. Une partie de celui-ci, ceinturée par un mur en pierre calcaire, a été reconvertie en pépinière. Une serre adossée au mur nord-est s'y trouvait encore à la fin des années 1970. La seconde partie clôturée à l'ouest par un mur en pierre calcaire percé d'une entrée cantonnée de piliers à refend, a été remplacée par une surface enherbée; ce mur porte encore la trace d'ancrages des fixations des anciens fruitiers palissés. Dans l'angle nord-ouest, ancienne serre dont ne subsiste que les murs de fondation. Une troisième serre, plus vaste, s'adossait au mur du potager face aux anciennes écuries. Il n'en demeure que les murs de soutènement et les points d'accroche de la verrière. A l'est, verger implanté dans les années 1960.
L'eau : Le site est traversé du sud au nord par l'Eau Noire. Au début du XIXe siècle, la retenue d'eau (au sud) déjà représentée sur les cartes de Ferraris est agrandie pour augmenter le débit d'eau alimentant le fourneau. Le réservoir couvrant plus d'un hectare compte deux petites îles boisées et abrite aujourd'hui une riche faune et une flore rivulaire. La digue de retenue est pourvue d'un ouvrage hydraulique dans son angle nord-ouest : un barrage et son système de vannes surmontent un pont en pierre à trois arches précédant un canal de fuite et un bief. Ce dernier qui alimentait jadis une roue hydraulique, longe le pignon sud-est du logis. Il serpente ensuite dans les pâtures où il alimente un plan d'eau long et étroit (au nord-est) avant de rejoindre en fond de propriété (au nord-ouest) le cours de l'Eau Noire. Deux passerelles métalliques et deux ponts enjambent le bief d'alimentation. Deux autres ponts métalliques permettent de franchir l'Eau Noire. Un dernier pont qui offrait une traversée en fond de propriété a été emporté par les inondations des années 1990.
État de conservation : Les espaces contigus aux bâtiments ont été réaménagés à plusieurs reprises pour l'exploitation hydraulique du site. Du vaste complexe métallurgique de la fin du XVIIe siècle, il ne reste que le monte-charge, le pont-barrage et ses murs de soutènement, l'important réservoir d'eau alimenté par l'Eau Noire et ses nombreuses dérivations alimentant jadis des roues à aubes. Vers le milieu du XIXe siècle, le bâtiment abritant les fourneaux est supprimé et de nouvelles constructions sont implantées au sud de la cour. A proximité du vaste réservoir, un second bassin de réserve est creusé. Offrant une étanchéité médiocre, il est rapidement asséché et accueille pendant de nombreuses années un verger (aujourd'hui disparu). Dans les années 1960, l'élargissement de la route provinciale ampute la propriété d'une large bande boisée, d'une partie du cheminement de ceinture côtoyant de nombreux arbres anciens ainsi que de deux petites conciergeries marquant les extrémités sud-ouest et nord-est de la propriété. En fond de propriété, un petit pont métallique a disparu lors des importantes crues de 1990. La large zone forestière à l'est se remet progressivement d'une surexploitation abusive dans les années 1990. Le 28 mai 2000, soit quelques jours avant notre visite, un arbre aux quarante écus (Gingko biloba), solitaire et contemporain de l'aménagement du parc paysager, est déraciné par une violente tempête.
Maintenance : La propriété bénéficie de soins attentifs aux abords immédiats des différents bâtiments. La simplification progressive et la suppression de certains éléments (potager et chemins) rendent au parc un caractère plutôt sauvage. Les vastes pâtures bordant la propriété au nord confèrent à l'ensemble un caractère champêtre. Toutefois, si la propriété compte encore de nombreux arbres remarquables et si de nouvelles générations de hautes tiges ont pris le relais, il conviendrait néanmoins de protéger les arbres solitaires ou plantés en bosquet des dégâts occasionnés par la présence du bétail.
Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 85/4
Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 57/8 (Couvin) Impr. coul. 1897
Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 57/8
Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 57/8/2
BAUDOUIN Jean-Claude et de SPOELBERCH Philippe, Arbres de Belgique. Inventaire dendrologique 1987-1992, s.l., 1992, p. 457.
Le patrimoine monumental de la Belgique Wallonie, Liège, P. Mardaga, 1972 à 1997, vol. 9, t. 1, p. 93-94.
RENSON M., « Couvin, le château et les forges Saint-Roch », In : Le patrimoine industriel de Wallonie, Ministère de la Région wallonne, Liège, 1994, p. 420-422. (Coll. inventaires thématiques).
Intitulé du classement : Site
Éléments classés : parc
Arrêté 1 : 1989-12-04
Publié : oui
Superficie : 53 hectares dont 22 hectares de bois
Auteur du formulaire : Didier Hoyos / Odile Moreau
Date de création de la notice : 2001-03-22
Statut du jardin : privé
Accueil du public : fermé au public
Classement : Site
Type de jardin : Paysager