Identification et description
Nom du jardin Parc du Château de Taviet
Nom ancien Tavier
Nom ancien Taviers
Date de création vers 1877
Province Namur
Arrondissement Dinant
Commune Dinant
Auteur/ Créateur Louis Fuchs, paysagiste d'origine allemande installé à Bruxelles
Coordonnées Taviet, 15500, Taviet
Localisation Latitude : 50.2669437
Longitude : 5.014713400000005

Historique

Situé jadis au point de rencontre de six voies antiques, le village de Taviet (anciennement Taviers ou Tavier) tire son nom du mot latin « Taverna » ou « Taberna », relais fortifié. En tant que seigneurie, le château de Taviet conserve des origines médiévales bien qu'il ait été entièrement recouvert d'une enveloppe moderne lors de transformations successives au cours des siècles. Relevée en 1319 par Jean de Taviers, la terre éponyme passe successivement aux Merdorp, Creu puis H(o)uyet (1538) qui en restent maîtres jusqu'en 1706 lorsque le Baron de Rougrave en hérite. Le dernier seigneur en sera Philippe-Bernard Comte de Rougrave de Salon qui reçoit la visite de P.-L. de Saumery peu avant 1740. Celui-ci rapporte combien le lieu est « champêtre & solitaire ». Le donjon sis dans une cour fermée de murs bas et ceinturée de larges douves, consiste en un beau pavillon en mansarde flanqué de deux tours rondes. On y monte par un perron double accompagné d'une rampe en fer forgé . En regard de l'entrée au nord et de son pont-levis, se trouve une vaste basse-cour fermée de bâtiments agricoles à l'ouest et au nord. Vers le sud apparaît « un terrain oblong, partagé en six Quarrés bordés de Fleurs & d'Espaliers en éventail [accompagnant] un petit Bassin ». Les murs de ce jardin sont garnis « d'Espaliers et d'une haute Palissade de Charmille, terminée par deux Cabinets du même Arbre ». Mais le dispositif le plus remarquable - et représenté avec précision par Remacle Leloup - est une ample patte d'oie constituée d'allées de charmille taillée reliant les abords de la porte de la basse-cour à un petit bois au nord-est, traversant des vergers.Au XIXe siècle, Taviet est successivement vendu aux comtes de Gourcy Serainchamps (1828), aux Thibaut (1842) puis au Baron d'Huart (1877) qui y réalise de grands travaux : les douves sont comblées, les ponts supprimés et le château reçoit un aspect néorenaissant d'influence flamande. Le parc paysager est aménagé à cette époque sur un dessin du paysagiste d'origine allemande, Louis Fuchs. En 1938, la propriété passe par alliance aux Hardy de Beaulieu qui rendent au château un caractère plus classique, supprimant les ajouts de la fin du XIXe siècle et replaçant une haute bâtière d'ardoise sur le corps principal, un pavillon sur la tour rectangulaire tandis que les deux tours rondes sont coiffées de toitures coniques à pans surmontées de petits bulbes. Une terrasse bordée d'une balustrade accessible par une large volée droite précède la façade orientale. Au nord-ouest du château, des dépendances en T pour partie du XVIIIe siècle occupent l'emplacement des anciennes fortifications de la Basse-cour.Le grand tracé paysager créé vers 1877 a transformé d'anciennes prairies situées au sud et au sud-ouest de l'ensemble ancien, empiétant sur l'emprise des jardins réguliers disparus. Depuis la route de Dinant, un long et large chemin courbe rejoint le château et ses dépendances installés dans un fond de vallée ouvert vers le sud-ouest. Comme d'autres créations de Louis Fuchs, le parc inclut en son cœur une vaste surface d'eau mise en valeur par un arrière-plan de grands prés de fauche et, latéralement, par des massifs arborés devant lesquels se distinguent de petits groupes plantés, régulièrement ponctués par les hautes couronnes des hêtres pourpres émaillant le parc. Un court bras d'eau enjambé par une passerelle arquée forme la plus jolie scène et la plus caractéristique du dispositif paysager. La composition végétale qui accompagne cette scène est caractérisée par les silhouettes contrastées d'un hêtre pleureur, une belle cépée d'if et un grand hêtre pourpre se réflétant dans le plan d'eau. Une zone isolée au sud-est du parc, aujourd'hui fortement dégradée, atteste du goût de Fuchs pour la mise en scène d'enrochements associés à l'eau. Un seul élément des jardins compartimentés du XVIIIe siècle a été conservé et intégré par le paysagiste dans le jardin productif. Il s'agit d'un beau et rare pavillon, témoin des cabinets de maçonnerie qui rehaussait traditionnellement les enceintes des jardins de la principauté de Liège et des Pays-Bas méridionnaux.

Description

Éléments architecturaux : En limite nord du potager, interrompant un mur d'enceinte en moellons de calcaire, petite construction de plan carré avec chaînages de deux niveaux sur caves partiellement enterrées, couverte d'une toiture à quatre pans. Le pavillon, quelquefois dénommé « maladrie », est décrit par Saumery comme un « Cabinet de maçonnerie [servant] d'Infirmerie à la Maison ». La précision de la gravure qui accompagne la description confirme cette identification. Des annexes tardives y sont aujourd'hui accolées : une haute orangerie doublée en façade d'une serre.

Éléments végétaux : Proche de l'entrée de la propriété, plusierus châtaigniers (Castanea sativa). De nombreux hêtres pourpres (Fagus sylvatica 'Atropurpurea') sont disséminés dans le parc. Au pied du pont sur le bras d'eau, un beau hêtre pleureur (Fagus sylvatica 'Pendula') accompagné d'une importante cépée d'if (Taxus baccata). Un peu plus loin, en bordure du bras d'eau, un rare exemple d'érable plane (Acer platanoides 'Dissectum') dont les longues branches s'étendent vers les rives. Au nord-ouest de l'étang, deux châtaigniers (Castanea sativa), un tilleul (Tilia x europaea) et un érable sycomore à feuilles pourpres (Acer pseudoplatanus 'Purpureum'). Près du château (vers l'est), quatre tilleuls (Tilia x europaea) plantés en carré. Autres sujets isolés à proximité et un groupe associé à des érables planes (Acer platanoides). Parmi les conifères, un sapin de Nordmann (Abies nordmanniana), un wellingtonia (Sequoiadendron giganteum) et un cèdre bleu (Cedrus atlantica 'Glauca').

Potager : Etabli pour partie à l'emplacement du jardin régulier disparu, il est divisé en carrés cultivés et plates-bandes de fleurs à couper comprenant de nombreuses vivaces et des roses anglaises. L'espace est toujours fermé au nord par le mur en calcaire du jardin disparu, accompagné de son pavillon auquel ont été tardivement accolé une haute annexe vitrée et une serre métallique.

L'eau : Un vaste étang accompagné d'un petit îlot en friche occupe le cœur du parc. A son extrémité sud, un court bras d'eau s'écoulant sous une passerelle métallique arquée à garde-corps décoratif participe d'une des plus jolies scènes du parc. Les prés de fauche au-delà de l'étang (vers l'ouest), libres de plantation, permettent une perception précise des contours de cette vaste surface d'eau. En partie sud-est de la propriété existait un plan d'eau alongé, aujourd'hui asséché et dissimulé sous un épais couvert végétal. Son extrémité logée dans le coteau conserve les reliefs d'enrochements décoratifs sur lesquels s'écoulait des filets d'eau d'une source proche.

État de conservation : Du jardin régulier décrit au début du XVIIIe siècle par Saumery, il ne subsiste que le mur d'enceinte nord accompagné d'un haut pavillon aujourd'hui intégré au potager. L'entièreté du parc paysager actuel relève d'un seul grand geste mis en place à partir de 1877. L'ample composition demeure parfaitement lisible grâce à l'importante emprise de l'étang dans les prés de fauche. Les grands cheminements courbes qui contournaient l'étang et traversaient les sous-bois au sud ont pratiquement disparu. Par des travaux de dégagement de la végétation spontanée, le propriétaire s'attèle à retrouver le tracé des anciens chemins. Isolée au sud-est du grand étang, la scène décorative accompagnant la pièce d'eau rectangulaire est malheureusement en voie de disparition. La restauration de ce petit ensemble indépendant nécessiterait d'importants moyens et représenterait une charge déraisonnable étant donné l'importance du parc paysager.

Maintenance : Les travaux essentiels consistent dans la fauche des grands prés voisinnant avec les berges de l'étang, garantissant le maintien des zones libres en contraste avec les surfaces d'eau et les zones plantées.

Cartographie

Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 138/3

Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 54/5 (Achêne) Impr. coul. 1933

Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 54/5

Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 54/5/1

Iconographie

Autre(s) source(s) iconographique(s) :
DE SAUMERY Pierre-Lambert, Les délices du Païs de Liège, Liège, 1743, t. 3, p. 89.
VASSE Abraham-Jacques, La province de Namur pittoresque ou vues des châteaux, des sites pittoresques, des ruines et des monuments de la province, dessinées d’après nature. Lithographiées par Lauters, Fourmois, Ghémar, Kindermans, Bruxelles-Paris, [1844].

Bibliographie

DE BORMAN Paul, « Les châteaux de la province de Namur - Château de Taviet », Le Guetteur wallon, n°193, 1952, p. 50-51.

DE SAUMERY Pierre-Lambert, Les délices du Païs de Liège, Liège, 1738-1744, t. 3, p. 89-90.

Le patrimoine monumental de la Belgique Wallonie, Liège, P. Mardaga, 1972 à 1997, vol. 2, t. 22, p. 520-523.

Recensement des arbres et haies remarquables de Wallonie, Ministère de la Région Wallonne.

Informations administratives

Publié : oui

Superficie : 3 hectares

Informations complémentaires

Auteur du formulaire : Serge Delsemme / Nathalie de Harlez de Deulin

Date de création de la notice : 2002-03-20

Caractéristiques du parc/jardin

Statut du jardin : privé

Accueil du public : fermé au public

Type de jardin : Paysager