Identification et description | |
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Nom du jardin | Parc du Castel Sainte-Marie et du Castel Saint-Pierre |
Nom ancien | Château de Beauraing |
Date de création | XVIe siècle; 1776-1785; 1855; 1860-1870; 1927-1940; 1990 |
Province | Namur |
Arrondissement | Dinant |
Commune | Beauraing |
Auteur/ Créateur | Strassgut, jardinier (vers 1855) |
Auteur/ Créateur | Charles Lenelle, géomètre (1930 et 1940) |
Auteur/ Créateur | Espaces verts de la Commune de Beauraing (1990) |
Coordonnées | rue des Ardennes, 57 et 835570, Beauraing |
Localisation | Latitude : 50.1067109 |
Longitude : 4.956356899999946 |
Le château de Beauraing occupe le sommet d'un plateau calcaire dominant les plaines du Biran, affluent de la Lesse, à la limite des premiers contreforts ardennais. L'origine de la propriété remonte au Moyen-Age, aux environs de 1180 lorsqu'elle est cédée en accensement par l'abbé de saint-Denis en Brocqueroie. En 1450, le château rentre dans la famille Berlaymont qui le garde en sa possession jusqu'en 1620. La construction quadrangulaire, flanquée de trois imposantes tours d'angles, est articulées autour de la cour haute et précédée à l'ouest d'une cour basse épaulée de deux tours d'angles plus petites. Une rampe longeant le flanc nord du château conduit jusqu'à la cour basse bordée au sud d'un haut mur de soutènement en moellons de calcaire contre lequel s'étagent trois terrasses. A la mort du dernier seigneur de Berlaymont, le bien revient à la famille d'Egmond puis, en 1740, par héritage, à Guillaume E.J. de Beaufort-Spontin. Lors de sa visite des lieux vers 1738, Saumery ne décrit guère de jardins. Uniquement un environnement agreste constitué de « Collines chargées de superbes bois et de hautes futaies, des rocailles qui imitent milles Figures amusantes, des Vallons abondants en Paturages et biena rrosés, des Villages, des Châteaux, des Champs, des Vergers, des Prairies, des Ruisseaux (…) ». La famille Beaufort effectue vers 1785 d'importants travaux d'aménagement dans le château. Toutefois, en 1793, le bâtiment est partiellement détruit par les flammes révolutionnaires. Passé par alliance dans la Maison d'Ossuna, la propriété connaît sa période de plus grande splendeur sous le duc Mariano d'Osuna. Le château est reconstruit entre 1855 et 1857 avec l'aide de l'architecte français Mestral tandis que les aménagements extérieurs sont confiés au jardinier Strassgut de Cologne qui définit les grands orientations du parc paysager. De larges percées sont ouvertes dans les zones boisées qui entourent le château, de larges pelouse sont traversées par le cours sinueux d'un ru alimenté par la fontaine dite de « Dame Maron ». Des allées sont plantées (peupliers, tilleuls, marronniers) et des arbres d'essences variées rehaussent la qualité paysagère du parc : de nombreux hêtres pourpres, des mélèzes du Japon et notamment une dizaine de wellingtonias offerts - selon la légende - au duc d'Osuna par le chef apache Geronimo.Le château, à nouveau détruit par le feu en 1889 est occupé par M. Charneux (1897-1914) puis par M. Matys (1914-1930) avant d'être racheté par le géomètre Charles Lenelle qui entrerpend des travaux de restauration du château et de consolidation des ruines de la forteresse. De petis jardins sont aménagés dans la cour basse - devenue cour d'honneur - ainsi que dans la cour haute ceinturée des vestiges du premier château. D'après une carte postale datée approximativement des années 1940, la cour d'honneur présente un parterre de gazon divisé en triangles par des sentiers dont la croisée est marquée par un puits central en béton surmonté d'une pergola. Les compartiments de gazon sont soulignés par des plates-bandes fleuries rythmées de topiaires et marquées aux angles par des ifs fastigiés. La cour haute est également agrémentée d'un parterre de gazon divisé en croix. En 1946, Charles Lenelle revend le château, les dépendances et les parties alentours à une congrégation religieuse et conserve la partie sud-ouest avec la chapelle romane et les nombreux viviers créés quelques années auparavant. Une habitation modeste de style néoclassique est construite et de nombreux éléments mobiliers (statue, lanternes chinoises...) situés autrefois à proximité du château sont rapportés pour agrémenter les abords de l'habitation. Une grotte en béton imitant la rocaille est placée à quelques distances de la chapelle. Les jardinets des cours sont fortement simplifiés dans les années 1960 : la cour haute n'est plus occupée que par une simple pelouse et le parterre ornant la cour d'honneur, dominée par la pergola, est réduit à des triangles de gazon ponctués de topiaires d'if. Les sentiers gravillonnés font place à un revêtement asphalté. Les trois terrasses au sud sont alors réservées à des carrés de culture, la terrasse supérieure accueillant jusqu'en 1958 un remarquable complexe de serres. En 1960, une partie des bâtiments et la muraille est s'effrondrent provocant la disparition des platanes plantés en 1776. A la fin des années 1960, une partie des bâtiments est racheté par la Commune de Beauraing qui complète les collections d'arbres (arboretum), aménage de nouveaux espaces de loisirs, et élargit sensiblement les chemins de promenade.
Éléments architecturaux : L'ensemble du site de l'ancien château de Beauraing est ceinturé d'un mur de clôture en moellons de calcaire édifié entre 1860 et 1870 et percé de plusieurs entrées : à l'est, entrée cantonnée de piliers en pierre calcaire ; au nord-ouest, porche monumental de style néo-médiéval construit au XIXe siècle en remployant les pierres moulurées du portail du XVe siècle. Un porche en brique cimentée, pastiche du précédent, ouvre sur la partie dite aujourd'hui « Castel Saint-Pierre ». A droite de l'entrée, conciergerie construite en 1946 lors de la division du domaine en deux propriétés distinctes. Au haut du monticule au sud-ouest se dresse une chapelle, ancienne église de la paroisse de Loyers, village déserté en 1557. Ensemble en moellons de grès d'époque romane (sans doute du XIIe siècle) composé d'une mononef de deux travées et d'un choeur d'une travée droite clôturée par une abside semi-circulaire en retrait. Vers l'est, sorte de grotte de rocaille en béton réalisée vers les années 1950 et cachée dans les feuillages. Plus loin, bordant la promenade à travers bois, ruines d'une maison dite « des Corbeaux ». Dans le Castel Sainte-Marie, à l'ouest des ruines du château, s'étagent quatre terrasses soutenues par d'imposants murs en moellons de calcaire du XVIe siècle.En contrebas du château (au sud), ensemble des XVIIIe et XIXe siècles en brique peinte et pierre bleue, accueillant remises à voiture et dépendances ordonnées autour d'une cour rectangulaire. Les remises à voitures, de la première moitié du XVIIIe siècle, s'ouvrent par trois portails en plein cintre encadrés par les portes des écuries à linteau droit. Au pied de la tour nord du château, au bas d'une rampe grimpant vers la cour d'honneur, portail d'entrée en anse de panier d'esprit Louis XIV, daté 1747. Encadré par des colonnes annelées de type toscan, il est surmonté d'un entablement et coiffé de vases en fonte, probablement du XIXe siècle. A droite, petite construction rectangulaire en moellons. Au centre de la cour intérieure du château, ouverture donnant accès à une ancienne glacière.
Éléments végétaux : Dans l'actuel arboretum (Castel Saint-Pierre), on note au moins un arbre remarquable : un pin noir (Pinus nigra 'Laricio'). Le long des nombreux chemins de promenade, différentes espèces botaniques se côtoient dont : l'érable sycomore (Acer pseudoplatanus), le merisier (Prunus avium), l'épicéa (Picea abies), le marronnier d'Inde (Aesculus hippocastanum), le chêne pédonculé (Quercus robur), le pommier sauvage (Malus sylvestris), l'alisier (Sorbus torminalis), de nombreux rejets d'orme (Ulmus campestris), le hêtre fayard (Fagus sylvatica), le Douglas (Pseudotsuga menziesii), le peuplier d'Italie (Populus nigra 'Italica'), le frêne commun (Fraxinus excelsior), le mélèze japonais (Larix leptolepis), le platane (Platanus orientalis), le châtaignier (Castanea sativa), le tilleul à grandes feuilles (Tilia platyphyllos), le hêtre pourpre (Fagus sylvatica 'Atropurpurea'), le saule pleureur (Salix babylonica), le noyer (Juglans regia) et le chêne rouge d'Amérique (Quercus rubra).Dans la partie du Castel Sainte-Marie : dans la cour d'honneur, quelques topiaires de buis (Buxus sempervirens) et d'if (Taxus baccata). Sur la terrasse supérieure du potager, un murier blanc (Morus alba). A l'ouest, un tilleul à grandes feuilles (Tilia platyphyllos) et un marronnier d'Inde (Aesculus hippocastanum). Au nord, courant le long du mur de soutènement, allée de tilleul d'Europe (Tilia x europaea). A l'est du complexe de dépendances, quelques marronniers d'Inde (Aesculus hippocastanum), un platane (Platanus orientalis), trois wellingtonias (Sequoiadendron giganteum), cadeau de Geronimo, et quelques vestiges de topiaires d'if (Taxus baccata) et de buis (Buxus sempervirens).
Potager : A l'ouest des dépendances et en contrebas du château s'articulaient autrefois un petit espace potager et un verger autour d'une petite pièce d'eau (disparue). Seuls quelques fruitiers y subsistent. Depuis la cour d'honneur s'étagent trois courtes terrasses nord/sud cantonnées entre d'épais murs de soutènement en pierre calcaire construits vraisemblablement au XVIe siècle. Les deux terrasses inférieures, accessibles par quelques volées de marches, sont toujours occupées par des parcelles de cultures; quelques alignements de topiaires rappellent les anciennes haies délimitant les carrés de culture et des crampons aux murs attestent l'existence ancienne de fruitiers palissés remplacés depuis par quelques fruitiers basses tiges. La troisième terrasse était occupée jusqu'en 1958 par une impressionnante serre attestée par une carte postale à dater des années 1940. Véritable ouvrage ornemental, celle-ci occupait toute la longueur de la terrasse, s'adossant au mur de soutènement extérieur de la cour d'honneur. La partie centrale couverte d'une verrière en demi-berceau, était rehaussée en son milieu d'un dôme de plan carré coiffé d'un lanterneau tandis que deux ailes latérales plus basses, également couvertes de verrières en demi-berceau, flanquaient l'ensemble.
L'eau : Dans l'actuel parc Saint-Pierre, sept bassins alimentés par la fontaine dite « Dame Maron » se succèdent sur un axe nord/sud étagé. Adoptant des formes naturelles, certains sont animés de cascades et deux d'entre-eux sont agrémentés d'un îlot arboré. Dans la cour d'honneur, petit puits ou bassin central en béton daté 1557 mais réalisé vers 1930. A l'est des dépendances, petit puits surmonté d'une simple dalle de pierre.
État de conservation : Les murs de soutènement des terrasses orientées sud ainsi que le maintien de l'implantation du château en partie haute du site sont les plus anciens témoins visuels des aménagements réalisés au XVIe siècle. Si aucun document ne confirme l'existence de jardins réguliers sur ces terrasses ou au-delà, l'hypothèse paraît vraissemblable. A la fin du XVIIIe siècle, sous la famille Beaufort-Spontin, le château de Beauraing connaît une nouvelle phase de construction accompagnée de l'aménagement d'un parc, probablement régulier, dont il ne reste aucun témoin. Quelques platanes plantés en 1776 au pied de la façade est du château - initialement destinés au château d'Annevoie - ont été abattus en 1960 suite à l'effondrement de la muraille orientale. En 1793, le château est dévasté par un incendie et abandonné durant de nombreuses années. En 1855, un nouveau château est érigé sur les bases de l'ancienne forteresse suivant les plans de l'architecte français Mestral et un jardin paysager est créé par le jardinier allemand Strassgut. Différentes petites constructions sont disséminées dans le parc, notamment : une maisonnette d'un seul niveau en pierre du pays couverte de tuiles rouges, dénommée « Maison Thiry », comportait une pièce entièrement couverte de carreaux de faïence; une tour en brique rouge voisine de deux bâtiments couverts de toitures de chaume constituait une « faisanderie » complétée d'une basse-cour exotique (oies, pintades, dindons, agamis, grianneaux, poules de Cochinchine et de Houdan, paons, etc.). En contrebas de la cour, de vastes serres abritaient quantité de plantes gélives et arbustes en pot : orangers, citronniers, palmiers, cactus, aloes, etc. (THONNART, p. 117-118).1860 et 1870, le domaine est ceinturé d'un mur de clôture en pierre calcaire englobant, à l'ouest, la chapelle Saint-Pierre-aux-Liens du XIIe siècle, desservant anciennement le hameau de Loyers déserté au milieu du XVIe siècle. En 1889, le château est à nouveau dévasté par un incendie. En 1930, la propriété est acquise par le géomètre Charles Lenelle et, durant cette période, une vaste serre est implantée sur la terrasse supérieure du potager (début du XXe siècle). Des jardins sont redessinés dans la cour d'honneur et dans la cour de l'ancien château. Durant la Seconde Guerre, plusieurs plans d'eau sont creusés à des fins piscicoles dans les parties sud et ouest du parc. En 1946, l'ensemble est divisé en deux propriétés et plusieurs éléments mobiliers sont transférés près de la chapelle. La première, comrenant les ruines du château, les fortifications ainsi que les annexes, est rachetée par une congrégation religieuse. Dans les années 1950, l'espace potager situé à l'ouest des annexes et en contrebas des fortifications est supprimé, le plan d'eau central est remblayé et le jardin régulier de la cour d'honneur est simplifié. De nombreux topiaires et plates-bandes fleuries sont supprimés ainsi que le petit jardin régulier dans la cour du château. De nouveaux cheminements sont tracés aux abords du château pour les besoins de la congrégation. En 1958, les vastes serres sont démontée. Enfin, depuis les années 1960, sept des dix séquoias offerts par le chef apache Geronimo aux ducs d'Ossuna ont disparu. La seconde propriété (au sud) abritant la chapelle et les viviers, est acquise à la fin des années 1980 par la Commune de Beauraing qui la valorise en y créant un arboretum et un espace de loisirs ouvert au public. A cette fin, de nouvelles infrastructures y sont installées dans les années 1990.
Maintenance : L'ensemble de la propriété bénéficie d'un entretien suivi et régulier. La replantation de hautes tiges entamée depuis de nombreuses années devrait garantir l'avenir du parc. Les cheminements dans la partie du Castel Saint-Pierre ont été élargis et nouvellement empierrés. Dans le nouvel arboretum, de nombreux agrès (poubelles et zones de loisirs, bancs) permettent de maîtriser les déprédations entraînées par la fréquentation importante de cette zone ouverte au public.
Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 140/3
Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 58/4 (Beauraing) - 58/8 (Vencimont) Impr. coul. 1892-1895
Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 58/4 - 58/8
Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 58/4/4 - 58/8/2
Autre(s) source(s) iconographique(s) :
Vue d'une ruine dans le parc. Esquisse au crayon et à l'encre par le Général de Howen,
7 mai 1819.
VASSE Abraham-Jacques, La province de Namur pittoresque ou vues des châteaux, des sites pittoresques, des
ruines et des monuments de la province, dessinées d’après nature. Lithographiées par
Lauters, Fourmois, Ghémar, Kindermans, Bruxelles-Paris, [1844].
Beauraing - Château féodal. Vue actuelle des Ruines. Carte postale, n.d. [vers 1940].
Beauraing - Château féodal. Vue d'ensembles des Ruines. Carte postale, n.d. [vers
1940].
BAUDOUIN Jean-Claude et de SPOELBERCH Philippe, Arbres de Belgique. Inventaire dendrologique 1987-1992, s.l., 1992, p. 457.
L'Arboretum de Beauraing. Parc communal du Castel Saint-Pierre, Office du Tourisme de Beauraing, s.d.
Le patrimoine monumental de la Belgique Wallonie, Liège, P. Mardaga, 1972 à 1997, vol. 1, t. 22, p. 124-128.
Recensement des arbres et haies remarquables de Wallonie, Ministère de la Région Wallonne.
THONNARD F., Histoire de Beauraing et de son château des origines à 1948. (…) A la mémoire de mon grand-père Etienne Gigot, faisandier du duc d'Osuna, Beauraing, éd. A. Remy, 1948.
VASSE Abraham-Jacques, La province de Namur pittoresque ou vues des châteaux, des sites pittoresques, des ruines et des monuments de la province, dessinées d’après nature. Lithographiées par Lauters, Fourmois, Ghémar, Kindermans, Bruxelles-Paris, [1844], p. 47-48.
Intitulé du classement : Site
Éléments classés : parc
Arrêté 1 : 1947-09-26
Arrêté 2 : 1990-05-29
Arrêté 3 : 1990-08-29
Publié : oui
Superficie : 72 hectares
Auteur du formulaire : Didier Hoyos / Odile Moreau
Date de création de la notice : 2001-06-27
Statut du jardin : privé
Accueil du public : ouvert au public
Classement : Site
Type de jardin : À la française