Identification et description | |
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Nom du jardin | Parc du Château de Villers-sur-Lesse |
Date de création | années 1770; à partir de 1837; années 1920-1930 |
Province | Namur |
Arrondissement | Dinant |
Commune | Rochefort |
Auteur/ Créateur | non identifié |
Coordonnées | rue de la Famenne, 1085580, Villers-sur-Lesse |
Localisation | Latitude : 50.1547311 |
Longitude : 5.096510999999964 |
Avant le XIVe siècle, le village de Villers relève de la Prévoté de Revogne. Cette seigneurie avait été acquise par l'Evêque de Liège, Henri de Leez, en 1154 pour faire du château féodal de Revogne une place-forte. Au début du XIVe siècle, Villers-sur-Lesse et ses dépendances (Genimont, Nanfal et Vignée) sont détachés de la Prévoté pour former une seigneurie propre dans les mains de la famille de Sevry. Au XVe siècle, celle-ci passe à la Maison de Beaufort, dite de Celles, et ce jusqu'en 1637 lorsqu'une descendante la fait entrer dans la Famille de Mérode. En 1733, le dernier représentant de cette Maison vend la seigneurie de Villers à Gédéon Desandrouin, Seigneur d'Heppignies ayant fait fortune dans l'industrie verrière, auquel succède son fils cadet Pierre-Benoît, Commissaire impérial et Grand Mayeur de Namur qui, entre ses voyages à Vienne et ses obligations à Namur, privilégie ses séjours à Villers. C'est lui qui transforme l'ancienne forteresse entourée de douves sèches en demeure de plaisance en U dans les années 1770 et aménage un vaste parc (38 hectares) traversé par des allées de chasse en étoile.D'après son beau-père, le comte de Nény qui appréciait grandement la beauté du parc, cette étoile aurait pu être appelée « Salon d'Adonis » car c'était « un vrai salon de verdure entrelacé de fleurs » (11 avril 1774). Non loin de la Lesse, le vicomte Desandrouin fait aménager un vivier pour les besoins de la maison et, derrière le château, une glacière creusée dans la roche. Ces faits sont connus grâce à la correspondance échangée entre les deux hommes qui souvent évoque le mode de vie à Villers, la pêche, la chasse à courre, mais aussi certains événements touchant le parc comme la perte des cornouillers (19 juin 1779). On y apprend que les « aleriers » (alisiers), les merisiers, les nèfliers, les « cognatiers » (cognassiers) et les « bonnets de prêtre » plantés par Desandrouin s'y portent bien quant-à eux. En juin 1788, le domaine sert de cadre au mariage de sa fille Julie avec le comte Hilarion de Liedekerke Beaufort, Colonel au service du Roi de France puis Grand Maréchal de la Cour du Royaume-Uni des Pays-Bas, qui mène une vie mondaine au château où il décède en 1841.En 1857, un violent incendie détruit les bâtiments à l'exception des deux tourelles circulaires cantonnant le U vers la vallée. Le corps de logis central est abattu tandis que l'aile droite est restaurée et agrandie, et l'aile gauche reconstruite. Le 18 avril 1892, le Roi Léopold II désireux d'étendre le domaine d'Ardenne acheté par son père en 1837 acquiert la propriété de Villers et l'ensemble des biens alors détenus par les comtes de Cunchy soit 1640 hectares incluant les fermes de Jamblinne, Nâron, Nanfal, Villers, Jambjoül et Vignée. Le 31 décembre 1903, Léopold II cède la totalité de son domaine à l'Etat Belge en confiant la gestion à l'Administration de la Donation Royale tout en réservant la jouissance de ces biens à la famille royale. Mais le château de Villers est vite délaissé au profit de celui de Ciergnon. Entre 1926 et 1934, il accueille néanmoins les séjours du prince Léopold et de la princesse Astrid puis, en 1953-1954, durant la restauration de Ciergnon, ceux du roi Léopold III et de la princesse Liliane. Malgré l'irrégularité de son occupation, le château et le parc sont entretenus de manière constante. La princesse Astrid particulièrement attachée à la propriété y fait réaliser d'importants travaux. Jusqu'en 1955, quatre jardiniers étaient affectés à la maintenance du grand jardin potager, du verger et de la serre à vignes adossée au mur extérieur de la cour d'honneur.Surplombant le village, le château est encore partiellement entouré de douves sèches enjambées au sud par un pont de brique et pierre calcaire à trois hautes arches, daté 1826. Celui-ci donne accès, au-delà d'une grille entre pilastres, à la cour d'honneur fermée du côté de la vallée par des panneaux en fer forgé. Le château en brique chaulée et pierre calcaire est constitué de deux ailes de bâtiment en vis-à-vis, en grande partie reconstruites après l'incendie de 1857 mais toujours accostées au sud de deux tourelles antérieures. Dans le prolongement de la cour, à l'emplacement du jardin décoratif, n'existe plus aujourd'hui qu'une surface enherbée plantée de quelques arbres fruitiers. En contre-haut du château et de ce jardin, une longue terrasse fauchée rythmée d'arbres issus de semis naturels conduit à l'entrée du parc forestier marquée par deux pilastres en pierre, aujourd'hui privés de leurs panneaux ouvrants. De larges chemins de fauche délimitent de longues parcelles boisées composées en majorité de chênes et d'érables desquels se dégagent les hautes silhouettes de pins sylvestres.
Éléments architecturaux : La cour d'honneur est fermée au sud (vers la vallée) par des panneaux en fer forgé posés sur un muret de soutènement et accrochés à deux hauts pilastres en calcaire sommés d'amphores encadrant deux panneaux ouvrants. A la lisière du parc, des panneaux similaires flanquent deux piliers carrés surmontés de vases à couvercle et panse godronnée sur piédouche. Les panneaux ouvrants de cette grille de la fin du XVIIIe siècle ne sont plus en place. Ils étaient surmontés des initiales « DSN » (pour Desandrouin - de Neny). Dans les bois vers l'est, une petite chapelle de style néogothique en brique imitation colombage domine le versant descendant vers la Lesse. L'oratoire qui est couvert d'une toiture d'ardoise en bâtière et croupe polygonale à l'arrière, sommée d'un clocheton de deux niveaux, aurait été utilisé comme ermitage par la comtesse Maximilienne-Ermeline de Cunchy (1791-1870).
Éléments végétaux : A l'exception de quelques éléments de buis (Buxus sempervirens) taillés à proximité des douves sèches et d'un ailanthe (Ailanthus altissima) isolé devant la grille d'entrée du parc, les essences présentes sur le site relèvent de plantations forestières. On y retrouve quelques 70% de feuillus (chêne pédonculé, chêne sessile, chêne d'Amérique, hêtre, tilleul, frêne, érable sycomore, noyer) pour 30 % de conifères (épicéa, douglas, pin sylvestre, sapin de Nordman, tsuga, mélèze, if, cyprès). Une des prairies dite « le grand pré » est ponctuée d'une plantation en cercle composée de seize charmes (Carpinus betulus), quatre chênes pédonculés (Quercus robur) et quatre pins sylvestres (Pinus sylvestris).
Potager : Deux espaces productifs jouxtaient le château au XIXe siècle : un verger à l'ouest précédant l'église et un jardin compartimenté dans le prolongement de la cour d'honneur. Le premier a totallement disparu tandis que le second, traité de manière décorative jusque dans les années 1940, ne comprend plus que quelques fruitiers hautes tiges.
État de conservation : Les jardins productifs et décoratifs encore en place au début du XXe siècle ont disparu. Dans le prolongement de la cour d'honneur, un jardin organisé autour d'une corbeille centrale comprenait vers 1935 (d'après une photo) de nombreux petits arbustes à fruits plantés au pourtour de carrés de gazon délimités par des filets de buis. A cet endroit ont été replantés quelques fruitiers il y a quelques décennies. Vers 1900, le pont donnant accès à la cour d'honneur était précédé de corbeilles de fleurs en losange accueillant des massifs d'annuelles. Depuis la fin du XVIIIe siècle, la plus grande partie du site est occupée par un vaste parc de chasse atteignant 800 hectares à cette époque. Celui-ci était traversé par une grande étoile. Pierre-Benoît Desandrouin avait également planté des ensembles d'arbustes à baies (merisiers, néfliers, alisiers, …) ainsi que des poiriers (Beurré et Bon Chrétien William) dont il envoyait des lots de fruits à son beau-père le comte de Neny (DOUXCHAMPS-LEFEVRE C., 1989).
Maintenance : L'Administration de la Donation Royale gère le parc en tant que domaine forestier, y maintenant les nayes de chasse et assurant le bon développement des masses arborées. Les espaces correspondant aux jardins productifs sont fauchés régulièrement et quelques arbres issus de semis naturels sont intégrés dans les zones voisines.
Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 140/2
Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 59/2 (Han-sur-Lesse) Impr. coul. 1891
Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 59/2
Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 59/2/1
Autre(s) source(s) cartographique(s) :
Domaine royal de Ciergnon et Villers-s/Lesse réunis. Ech. de 0,001 m/m pour 2 mètres.
Dressé par l'architecte paysagiste soussigné E. Lainé, septembre 1892. Plan aquarellé
sur papier calque (Archives du Palais royal. Plans de la Liste Civile. Farde n°193,
plan 5526).
Autre(s) source(s) iconographique(s) :
VASSE Abraham-Jacques, La province de Namur pittoresque ou vues des châteaux, des sites pittoresques, des
ruines et des monuments de la province, dessinées d’après nature. Lithographiées par
Lauters, Fourmois, Ghémar, Kindermans, Bruxelles-Paris, [1844].
BAUDOUIN Jean-Claude et de SPOELBERCH Philippe, Arbres de Belgique. Inventaire dendrologique 1987-1992, s.l., 1992, p. 462.
DE SAUMERY Pierre-Lambert, Les délices du Païs de Liège, Liège, 1738-1744, t. 3, p. 40.
Dossier de classement (Archives de la Commission royale des Monuments sites et fouilles).
DOUXCHAMPS-LEFEVRE C., « P.B. Desandrouin, dernier seigneur de Villers et Jamblinne », De la Meuse à l'Ardenne, 1989.
Ecole communale Villers-sur-Lesse, Villers-sur-Lesse. Sa terre et son château. Document dactylographié, s.d. [2000].
Le patrimoine monumental de la Belgique Wallonie, Liège, P. Mardaga, 1972 à 1997, vol. 3, t. 22, p. 1020-1021.
VASSE Abraham-Jacques, La province de Namur pittoresque ou vues des châteaux, des sites pittoresques, des ruines et des monuments de la province, dessinées d’après nature. Lithographiées par Lauters, Fourmois, Ghémar, Kindermans, Bruxelles-Paris, [1844], p. 13-14.
Publié : oui
Superficie : 25 hectares
Auteur du formulaire : Serge Delsemme / Nathalie de Harlez de Deulin
Date de création de la notice : 2002-04-17
Statut du jardin : privé
Accueil du public : fermé au public
Type de jardin : Jardins productifs, Parc de chasse