Identification et description | |
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Nom du jardin | Parc du Château de Sart-Eustache |
Date de création | XVIIIe siècle |
Province | Namur |
Arrondissement | Namur |
Commune | Fosses-la-Ville |
Coordonnées | Rue du Bas-Sart, 225070, Sart-Eustache |
Localisation | Latitude : 50.3760112 |
Longitude : 4.597178799999938 |
A partir du XIIIe siècle, un moulin à eau puis une forge alimentée par la Biesme sont à l'origine du village. Une première maison, remplacée au XVIe siècle par un château - transformé au XVIIe siècle - est la propriété de la famille Desmanet, maîtres de forges jusqu'en 1836. Depuis l'entrée principale au nord-est, une surface gazonnée, ponctuée de quelques arbres solitaires, mène à la cour d'honneur précédée d'une tour-porche construite dans la seconde moitié du XVIIe siècle et d'un pont enjambant d'anciennes douves. Formant un quadrilatère au XVIIIe siècle (carte de Ferraris), le château actuel présente un plan en U. Le corps de logis contemporain de la tour-porche est couvert d'un badigeon rouge et coiffé d'une haute bâtière à croupes. L'entrée est marquée par un portail classique précédé d'un perron à double volée. La cour d'honneur, occupée par un parterre de gazon circulaire et fermée par une grille, précède un vaste parc. Depuis la grille s'ouvrent deux perspectives. La première, axée sud-ouest, offre une large vue sur une composition paysagère et champêtre ponctuée de la palette traditionnelle d'essences décoratives (hêtre pourpre, platane, etc.) et d'un verger plantés de variétés anciennes. La seconde, vers le sud, s'articule sur le thème de l'eau dont les éléments ne se dévoilent qu'au gré de la promenade. Lorsque P.-L. de Saumery visite le jardin vers 1740, il ne peut manquer de souligner l'importance du rôle de l'eau : « Les eaux vives y sont artistement conduites dans les cuisines, offices, et partout où elles sont utiles ou agréables. La Chapelle domestique en est très propre. On y aborde par une grande esplanade plantée de beaux arbres, et isolée par de belles eaux, ainsi que la Maison et les Jardins, qui sont embelis d'allées des mieux entretenuës ». Bordé de haies d'if et de charme, un premier plan d'eau rectangulaire est agrémenté d'un élégant pavillon-grotte animé de jeux d'eau dont l'implantation respecte le caractère axial de la composition. Une ouverture ménagée dans la haie de charme donne accès vers la partie arrière du parc. Conçu tel des théâtres de verdure, un buffet d'eau à cinq étages et un petit bassin hexagonal en vis-à-vis participent de la mise en scène de l'eau. Plus au sud, le bassin de Neptune forme un large canal agrémenté d'un îlot central arboré et d'un embarcadère. Une allée plantée de plusieurs variétés hautes tiges souligne le pourtour de ce plan d'eau et en accentue l'effet de perspective. En fond de propriété, une retenue d'eau détourne la Biesme afin d'alimenter les différents bassins et jeux d'eau du jardin.
Éléments architecturaux : Dans l'axe de l'entrée principale cantonnée de pilastres classiques, tour-porche rectangulaire de la seconde moitié du XVIIe siècle, autrefois défendue par un pont-levis. Fermant la cour d'honneur vers l'est, en face de l'entrée, longues dépendances bâties dans la première moitié du XVIIIe siècle, avec remises à voitures et communs. Au sud, tour d'angle du XVIIe siècle abritant jadis un pigeonnier. Dans l'angle sud-ouest, subsiste une imposante tour en brique de plan carré récemment restaurée, vestige de l'aile ouest aujourd'hui disparue. Refermant la cour d'honneur au sud, muret en pierre rehaussé d'une grille en fer forgé aux barreaux sagittés, cantonnée de quatre piliers en pierre calcaire de style classique, surmontés de vases en fonte. Dans l'axe du plan d'eau principal apparaît une fabrique - probablement un ancien pavillon de fraîcheur de la seconde moitié du XVIIIe siècle - reconverti en grotte mariale au début du XXe siècle. Elévation en brique et pierre bleue sur un plan carré, sa façade présente un pignon incurvé encadré de pots à feu. La porte moulurée en cavet à traverse droite et linteau bombé à clé saillante est surmontée d'un tympan orné en son centre d'un vitrail à l'effigie de la famille d'Orjo de Marchovelette. Présence d'une glacière creusée dans la roche au nord-est du bassin de Neptune.
Éléments végétaux : Depuis l'entrée ouest, et précédant la cour d'honneur, deux hêtres pourpres (Fagus sylvatica 'Atropurpurea'). Adossés au mur de la ferme du château, quelques poiriers menés en palmette verrière. Situés avant le pont enjambant les douves, quatre tilleuls argentés (Tilia tomentosa), un remarquable tulipier (Liriodendron tulipifera) et un hêtre pourpre (Fagus sylvatica 'Atropurpurea'). Au nord du potager, un autre hêtre pourpre (Fagus sylvatica 'Atropurpurea') solitaire. Dans l'axe du château, au sud, au-delà des grilles se dressent deux platanes (Platanus x acerifolia) qui comptent parmi les plus vieux arbres de la propriété. Bordant le premier bassin, une haie de charme (Carpinus betulus) ceinture la composition classique au sud, à l'est et à l'ouest, tandis qu'au nord, proche du potager, une haie d'if (Taxus baccata) cloture la perspective; parallèle à la haie de charme et bordant le bois, allée simple d'érable sycomore (Acer pseudoplatanus). Encadrant le pavillon-grotte, deux ifs fastigiés (Taxus baccata 'Fastigiata') en vis-à-vis. Près de la fontaine, un marronnier (Aesculus hippocastanum). Bordant le bassin de Neptune, deux allées de frêne (Fraxinus excelsior). Au-delà de la Biesme, vaste verger abritant de nombreuses vieilles essences fruitières.
Potager : Situé à l'est des dépendances du château, vaste potager principalement converti en surface gazonnée et en verger de basses tiges.
L'eau : Jouant un rôle essentiel dans la composition régulière, l'eau est le fil conducteur de cette partie du jardin. Séparant le verger du parc, la Biesme traverse la propriété depuis le sud vers l'ouest. Elle est détournée en amont par des digues et des vannes vers un premier étang dit « Bassin de Neptune », vaste plan d'eau rectangulaire agrémenté d'un embarcadère en bois et d'une île arborée. Le trop-plein de ce bassin alimente, en contrebas, un buffet d'eau à cinq étages, d'inspiration italienne, adossé à un mur de soutènement incurvé en brique. Le sommet du buffet s'inscrit dans un arc en plein cintre en pierre, à clé saillante, surmonté d'un couvre-mur débordant. Le mur se prolonge latéralement par deux épaulements terminés en volute au pied du buffet. Un autre bassin rectangulaire, terminé en octogone, correspond peut-être à un bassin de décharge ou à l'avant-scène d'une construction aujourd'hui disparue, dont la carte de Ferraris semble attester la présence. Aux abords du pavillon-grotte, jeux d'eau constitués de trois bouillons et d'une nappe d'eau s'écoulant dans un grand bassin rectangulaire aux angles incurvés. Aujourd'hui, partiellement envasées ou asséchées, des douves toujours bien visibles ceinturent encore le château sur deux côtés.
Éléments remarquables : Les plans d'eau et leurs jeux d'eau.
État de conservation : La composition actuelle du parc reste, dans son ensemble, fidèle aux levés établis pour la carte de Ferraris. Tous les éléments structurants (constructions et plans d'eau) correspondent aux indications fournies par celle-ci. Une serre, récemment disparue, s'adossait autrefois à l'extrémité de l'aile ouest. Aux abords du miroir d'eau, la carte de Ferraris signale deux autres constructions correspondant probablement au buffet d'eau et à un autre élément bâti aujourd'hui disparu. Ferraris ne fait toutefois pas état des douves. La carte militaire de 1893 atteste l'existence de douves alimentées par un bras détournant en partie la Biesme. Sans doute s'agit-il du canal bordé d'une allée de marronnier mentionné dans la description du château de Sart-Eustache par Saumery. Actuellement, ne subsistent que les douves. Une lithographie de Vasse reproduisant le miroir d'eau montre que la charmille bordant celui-ci est taillée en palissade dont le sommet est rythmé d'une suite de redents sommés de vases. Enfin, quelques grands arbres ont disparu lors des tempêtes des années 1980.
Maintenance : La propriété bénéficie de tous les soins nécessaires. Les surfaces gazonnées sont régulièrement entretenues, les nombreuses haies et allées ainsi que tous les arbres de la propriété font l'objet des soins les plus attentifs. Les jeux d'eau et les abords des différents plans d'eau sont maintenus en parfait état de fonctionnement. Toutefois, il serait souhaitable d'envisager le curage des étangs, en particulier du bassin de Neptune dont les abords directs mériteraient également d'être nettoyés et dégagés.
Château de Sart-Eustache, canton de Fosse, appartenant à M. de Bruge d'Ahérée. Lithographie de P. Lauters d'après un dessin de A. Vasse [1844]. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie
A l'extrémité du grand bassin, un élégant pavillon de fraîcheur en brique et pierre calcaire témoigne du raffinement des jardins d'eau aménagés par la famille de maîtres de forges Demanet au XVIIIe siècle. La façade à pignon incurvé, raidie de pilastres à refends et sommée de pots de feu, intègre dans le tympan de la porte, un vitrail tardif à l'effigie de la famille d'Orjo de Marchovelette. © Inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie
Le grand bassin et les hautes futaies qui désormais l'encadrent. Cliché G. Focant © Service Public de Wallonie (SWP)
Le grand bassin au sud-ouest de l'ensemble castral. La vue cadrée comme sur la lithographie permet à la fois de confirmer l'exactitude du dessin de Vasse et de constater l'important développement de la végétation environnante. Sur la gauche, les haies élégamment tailléees en redents ont disparu tandis que de nouveaux segments de charmes et d'ifs définissent le périmètre de la surface de l'eau. Cliché G. Focant © Service Public de Wallonie (SWP)
Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens du Comte de Ferraris (1771-1777) : 99/1
Carte topographique 1.20.000e (Dépôt de la Guerre) : 47/5 (Tamines) Impr. coul. 1893; 53/1 (Biesme) Impr. coul. 1892
Carte topographique 1.10.000e (Institut Géographique National) : 47/5
Orthophotoplan 1.10.000e (Service Public de Wallonie) : 47/5/4 et 53/1/2
Château de Sart-Eustache. Lithographie In : VASSE Abraham-Jacques, La province de Namur pittoresque ou vues des châteaux, des sites pittoresques, des ruines et des monuments de la province, dessinées d’après nature. Lithographiées par Lauters, Fourmois, Ghémar, Kindermans, Bruxelles-Paris, [1844].
DE SAUMERY Pierre-Lambert, Les délices du Païs de Liège, t. IV, Liège, 1738-1744, p. 405-406.
GENICOT Luc-Francis (dir.), Le grand livre des châteaux de Belgique, Bruxelles, Vokaer, 1977, t. 2, p. 227.
Le patrimoine monumental de la Belgique Wallonie, Liège, P. Mardaga, 1972 à 1997, vol. 5, t. 2, p. 701-703.
Mérite le classement pour : le parc avec les plans d'eau et les douves du château
Publié : oui
Superficie : 4 hectares
Auteur du formulaire : Didier Hoyos / Odile Moreau
Date de création de la notice : 2000-02-07
Statut du jardin : privé
Accueil du public : fermé au public
Type de jardin : À la française